Bourgueil est une ville qui se situe à 5 kilomètres au Nord de la Loire. Elle est à 20 kilomètres à l'Est de Saumur et 12 kilomètres au Nord de Chinon.
Jadis Bourgueil faisait partie de l'Anjou, pour autant la région a été rattachée au département d'Indre et Loire au moment de la Révolution Française, il est vrai que de nombreux liens existaient entre Bourgueil et Chinon.
Centre ville: Ancienne Mairie de Bourgueil
Le principal monument de la ville est l'ancienne Abbaye de Bourgueil dont il reste peu d'éléments, elle mérite néanmoins d'être visitée. Les autres monuments sont l'église Saint Germain et les Halles.
Bourgueil est surtout connu pour ses Vins avec deux appellations appréciées: Bourgueil et Saint Nicolas de Bourgueil.
La région de Bourgueil était assez prospère au début du XIXe siècle, mais l'arrivée des chemins de fer vers 1850 a provoqué l'effondrement de la Marine de Loire.
Les villes de Chouzé et de La Chapelle sur Loire, qui étaient plus peuplées que Bourgueil, se sont alors vidées de leurs habitants.
La région de Bourgueil possède des châteaux intéressants comme celui des Réaux et celui de Gizeux et ausi des sites à parcourir comme Benais et Chouzé. L'église Saint Martin de Restigné est remarquable.
Vers l'An Mil, Bourgueil faisait partie avec Saumur et Chinon du patrimoine initial de la famille des comtes de Blois alors en pleine expansion.
Bourgueil et l'abbaye au début du XVIIème siècle
C'est la comtesse de Poitiers Emma de Blois, la fille de Thibault le Tricheur comte de Blois, qui fonde en 990 l'Abbaye de Bourgueil.
Le premier abbé est un parent d'Emma, Gausbert, les premiers moines viennent de l'Abbaye de Saint-Julien de Tours. L'église abbatiale est consacrée en 1001, elle est de style Roman. Elle comporte une tour de sept étages.
Le successeur de Gausbert est Bernon qui exerce de 1005 à 1014, le troisième abbé est Teudon (1012-1045), c'est un moine de l'Abbaye de Saint-Julien de Tours.
Dès cette époque, l'abbaye devient de plus en plus importante et riche, elle contrôle des dizaines de prieurés et de paroisses répartis sur de nombreuses régions Françaises.
Baudri de Bourgueil un des personnages les plus savants de son époque, il devient abbé en 1089 et le reste jusqu'en 1107.
L'église abbatiale est reconstruite au XIIe siècle. Le pignon du Cellier (cf photo ci-dessus à droite) est du XIIIème siècle, il est encadré par deux tourelles.
En 1156, Henri II Plantagenêt y réunit une assemblée avec les représentants des provinces composant son Etat.
En 1179, Barthélemy de Vendôme, archevêque de Tours, attribue l'église de la Sainte-Croix à Tours à l'abbaye de Bourgueil,
En 1361, pendant la Guerre de Cent Ans, Bourgueil et son abbaye sont incendiées. Le roi de France Charles V fait fortifier l'abbaye.
Une nouvelle église abbatiale est reconstruite, elle est entourée par un château abbatial, un cloître et de nombreux bâtiments monastiques, elle est inaugurée vers 1420.
Eustache de Maillé, issu de la famille des seigneurs de Maillé, devient abbé en 1426 jusqu'en 1439. En 1428, des combats opposent les Anglais et les partisans du Dauphin dans la ville de Bourgueil et à l'intérieur de l'abbaye.
Dès le milieu du XVIème siècle les abbés sont devenus commendataires, c'est à dire qu'ils bénéficient des revenus de l'abbaye sans être obligés à un rôle ou une obligation religieuse. Parmi les abbés à commendes on peut citer le Cardinal de Guise, Louis de Bussy d'Amboise, un des acteurs du roman d'Alexandre Dumas La Dame de Montsoreau, et Charles de Bourbon-Vendôme archevêque de Rouen. Plus tard, le Cardinal Dubois, ministre du Régent Philippe d'Orléans, a aussi été abbé de Bourguei dans la première moitié du XVIIIème siècle.
L'abbaye est à nouveau victime de dégradations pendant les Guerres de Religion à la fin du XVIème siècle.
L'abbaye a adopté la règle de Saint Maur en 1630 et a continué à exister jusqu'au XVIIIème siècle.
Anciens bâtiments monastiques de l'abbaye de Bourgueil
En 1791, au moment de la Révolution Française, l'Assemblée Nationale dissout l'abbaye et chasse les moines. L'abbaye de Bourgueil est ruinée par les destructions qui s'ensuivent, mais néanmoins quelques bâtiments subsistent: le cellier du XIIIe siècle (cf photo au-dessus), des bâtiments du XVIIIème siècle (cf photo ci-dessous) et l'ancien château du XVIIème siècle.
Eglise Saint Germain
L'église Saint Germain de Bourgueil remonte au début du XIIème siècle, sa dédicace a eu lieu en 1115.
Côté Nord Eglise Saint Germain de Bourgueil Façade Ouest
Le clocher date du début du XIIème siècle, il est de style Roman (cf photo ci-dessus à gauche), il est percé par deux baies en plein cintre sur chaque côté.
Le pignon d'origine est toujours visible côté Ouest, il est composé en petit appareil (petites pierres régulières) formant un réticule (cf photo ci-dessus à droite).
La nef dans son ensemble a été restaurée et les collatéraux refaits à la fin du XIXème siècle (1887-1888).
Le choeur (cf photo ci-dessous à droite) comporte trois vaisseaux de trois travées, c'est un exemple de l'architecture Angevine de la fin du XIIème siècle. Les arcs des voûtes retombent sur quatre colonnes formant un carré et surmontées de chapiteaux sculptés. Les clefs de voûtes et celles des doubleaux sont décorées avec des personnages sculptés.
A l'extérieur, les modillons portent des sculptures de têtes de personnages grotesques.
Nef d'origine Romane Eglise Saint Germain de Bourgueil Voûtes d'ogives de style Angevin
Les Halles
Les Halles constituent le coeur de la ville, elles sont entourées par les principaux commmerces et services du centre ville.
Sur son côté Sud, le bâtiment de l'ancienne Mairie lui est accolé, il est du début du XIXème siècle et donne sur le flanc Nord de l'église Saint Germain.
Intérieur des Halles de Bourgueil
Les Halles ont été reconstruites au début du XIXème siècle sur l'emplacement d'une halle antérieure.
Depuis longtemps le marché de Bourgueil est connu pour être un des plus importants de la Touraine.
Halles de Bourgueil
Histoire de Bourgueil
L'histoire de la ville de Bourgueil est en fait très liée à celle de son Abbaye.
Pour autant le site est occupé des l'époque Gallo-Romaine, c'est une mansio (gîte) sur la voie Romaine qui va de Caesarodunum (Tours) à Juliomagus (Angers.
Vers 990 Hugues Capet, le nouveau roi de France remporte près de Bourgueil une bataille sur le comte de Poitiers Guillaume Fier à Bras.
En 1061 le bourg est détruit par un incendie.
Vers 1260 nait Étienne de Bourgueil, d'abord professeur de Droit puis archevêque de Tours.
En 1361, lors de leur passage les Grandes Compagnies (armées de mercenaires qui pillaient le pays en dehors des périodes de guerre) brulent l'Abbaye et le bourg.
Vers 1420, pendant la Guerre de Cent Ans, le Dauphin Charles VII confie à Pierre de Culant le soin de protèger la région contre les Anglais, en pratique ses troupes mirent le pays en coupe réglée.
Enfin pendant les Guerres de Religion, en 1562, les Protestants s'emparèrent de Bourgueil et y font de nombreux dégats.
Jadis Bourgueil faisait partie de l'Anjou, pour autant la ville et sa région ont été rattachés au département d'Indre et Loire au moment de la Révolution Française.
La population de Bourgueil et de son canton aux XIXe et XXe siècles
Le canton de Bourgueil (présenté sur le graphique ci-dessous) a compté prés de 17000 habitants e 1831, en 1999 il n'en a plus que 11000.
Bourgueil a subi une correction sévère jusqu'en 1936, avant de bien se redresser dans le dernier demi-siècle, ceci a pour origine le succès des vins de Bourgueil et de Saint Nicolas de Bourgueil et l'implantation de la centrale nucléaire d'Avoine-Chinon de l'autre côté de la Loire.
La population des autres communes du canton passe de 13400 à 6800, elle est presque divisée par deux. Chouzé et La Chapelle sur Loire s'effondrent après 1831 jusqu'en 1936, ceci est dû au déclin de la Marine de Loire face aux chemins de fer.
Le village de Saint Nicolas de Bourgueil est surtout connu pour la qualité de ses Vins (rouges) qui comptent parmi les meilleurs de la région.
Le village possèdait une église dédiée à Saint Nicolas et qui appartenait à l'origine à l'Abbaye de Bourgueil.
Elle a malheureusement été démolie et remplacée en 1830 par celle que l'on voit sur la photo ci-contre.
Eglise de Saint Nicolas de Bourgueil
Saint Nicolas a subi à deux reprises des inondations dévastatrices de la Loire en 1482 et 1856. En 1482, les dégats furent tels que le Roi accorda aux habitants deux ans de remise d'impots.
Le château des Réaux
Le château des Réaux est situé à quatre kilomètres au Sud de Bourgueil, près de la Loire. Anciennement ce lieu s'appelait Plessis Rideau.
Il a été construit sur l'emplacement d'un ancien château-fort en 1462 par Jean Briconnet, Maire de Tours, et par son fils Guillaume Briconnet Surintendant des Finances et à la fin de sa vie Cardinal et Archeveque de Reims.
Il se remarque par l'alternance des briques rouges et de la pierre blanche, soit en damier comme sur la façade Ouest soit en diagonale comme sur la façade coté cour. Le portail comporte deux tours avec des machicoulis décorés (cf photo ci contre).
A partir de 1651 le chateau est devenu la propriété de Gédéon Tallemant des Réaux. C'est à ce moment que la terre s'est appelée Réaux à la place de Plessis-Rideau.
Tallemant est l'auteur d'un ouvrage: les Historiettes, décrivant la vie du XVIIème siècle et plus particulièrement la société de l'Hotel de Rambouillet. Il a sans doute écrit cet ouvrage dans ce château à partir de 1657.
Le château des Réaux
Gédéon Tallemant est le second fils de Pierre Tallemant et de Marie de Rambouillet. Il est né à La Rochelle le 7 novembre 1619. Gédéon épouse en janvier 1646 Elizabeth de Rambouillet, sa cousine germaine, qui lui apporte une fortune significative. Ses liens familiaux le mettent en relation et en amitié avec Julie d'Angennes, Marquise de Rambouillet, qui animait dans son Hotel un salon Parisien célèbre. Tallemant en était un acteur régulier et apprécié. C'est à partir de son vécu dans ce Salon et des nombreuses personnalités qu'il y a rencontrées qu'il a pu écrire ses Historiettes. Il est mort le 6 novembre 1692 à Paris.
Chouzé sur Loire
Chouzé est une petite ville sur la Loire à cinq kilomètres au Sud de Bourgueil et à seulement à un kilomètre du château des Réaux.
Jusqu'au début du XXème siècle cette petite ville accueillait un port fluvial qui était un des points forts de l'activité de la Marine de Loire.
C'est sur ses Quais que se faisaient l'embarquement, sur des Navires fluviaux, des fûts contenant la production en vins de la région de Bourgueil.
Des Coches d'eau remontaient alors la Loire vers Tours et Orléans ou au contraire la descendait vers Angers et Nantes.
Le service entre Orléans et Nantes était assuré deux fois par semaine, le voyage durait huit jours. En sens inverse, il fallait remonter le courant et le voyage prenait alors quinze jours. La nuit le trafic s'arrêtait et les passagers couchaient à terre, d'où l'importance des ports de Chouzé et de La Chapelle sur Loire.
Le bourg de Chouzé a compté prés de 4000 habitants entre 1830 et 1840.
L'arrivée du Chemin de fer à la fin du XIXème siècle a entrainé le déclin rapide et l'arrét de cette activité jadis florissante, Il en reste des Quais pour se promener et se détendre.
Les anciens quais du port fluvial de Chouzé sur la Loire
Restigné
Restigné est un bourg situé à 5 kilomètres à l'Est de Bourgueil, il est connu pour ses vins (appellation Bourgueil).
Restigné possède une église dédiée à Saint Martin remontant à l'époque Carolingienne. L'église actuelle a été construite à partir du XIème siècle, elle a été remaniée aux XIVème, XVème et XVIème siècles, puis au XIXème et XXème siècles.
Chevet, clocher et flanc Sud Eglise Saint Martin de Restigné Façade Ouest, nef et clocher
L'église s'achève sur le côté Est par un chevet plat (cf photo ci-dessus à gauche) avec deux fenêtres en plein cintre, la chapelle Sud a des fenêtres en arc brisé. Les photos ci-dessus montrent bien les deux époques principales de la construction: la nef au XIème siècle et le choeur et le chevet au début du XIIIème siècle.
La façade Ouest est une partie caractéristique de cet édifice (cf photo ci-contre à droite). On y voit la trace du pignon d'origine en petit appareil réticulé (il est plus marqué que celui de l'église Saint Germain de Bourgueil). Ce pignon est épaulé par des contreforts rectangulaires, il a été surélevé au XVème siècle.
La base du clocher (cf photo ci-dessus à droite) est une tour rectangulaire du XIIème siècle renforcée par des contreforts plats, en hauteur il est percé par deux baies en plein cintre sur chaque face. Il a été réaménagé et réhaussé d'un étage au XIVème siècle avec la mise en place d'un nouveau beffroi octogonal, celui-ci a été remplacé par le beffroi actuel au début du XXème siècle.
Nef Eglise Saint Martin de Restigné Voûte du choeur
La nef est très ancienne (cf photo ci-dessus à gauche), elle a été remaniée au XIème siècle en style Roman. A l'intérieur, la toiture lambrissée est de la fin du XVème siècle, les poutres horizontales sont décorées par des gueules de monstres à leurs extrémités.
Le bas-coté nord possède trois arcades ouvrant sur la nef, il est du XIIème siècle et il a été restauré au XIVème siècle puis de manière discutable au XIXème siècle.
Le choeur est du début du XIIIème siècle, il est légèrement desaxé par rapport à la nef (cf photos ci-dessus à gauche). Il comporte deux travées de plan carré couvertes d'une voûte d'ogives de style Angevin. Les nervures retombent sur des colonnes assez fines surmontées de chapiteaux sculptés.
La chapelle du bas-côté Nord est dite de la Vierge, elle est du milieu du XIIIème siècle, elle est couverte par une voûtes d'ogives à six branches de style Angevin. Elle s'ouvre à la fois sur le choeur et la nef.
Flanc Sud Eglise Saint Martin de Restigné Tympan du Portail
Le flanc Sud (cf photo ci-dessus à gauche) de la nef est également remarquable. Il possède un porche en charpente est du XVème ou XVIème siècle.
Ce porche protège un portail de la fin du Xème siècle mais comportant sans doute des éléments antérieurs (cf photo ci-dessus à droite).
Le tympan comporte à la base quatre pierres sculptées avec un lion, deux animaux fantastiques et Daniel entouré par deux lions debouts.
Benais est un bourg qui se situe à trois kilomètres au Nord-Est de Bourgueil.
Eglise Saint Germain de Benais
Cette église faisait partie d'un ancien Prieuré fondé en 1378 par Guy de Laval et sa femme Jeanne de Pommereux Seigneurs de Benais. Ce Prieuré a été doté par les seigneurs de Benais de nombreux domaines, en particulier à Vivy (Pocé).
Eglise Saint Germain de Benais
Benais est la patrie de Pierre de Benais, d'humble origine, qui est devenu évêque de Bayeux, à la fin du XIIIème siècle, grace à l'influence de son beau-frère Pierre de la Brosse, Grand Chambellan et Ministre du roi de France Philippe III le Hardi.
Chateau de Benais
Au milieu du XIIIème siècle la seigneurie de Benais appartenait à la famille de Beaucay.
Au début du XIVème siècle Eustache de Beaucay épouse André de Laval, fils de Guy VIII seigneur de Laval et de Vitré et de Jeanne de Beaumont.
Benais appartient alors à une branche cadette de la famille des seigneurs de Laval pendant près de trois siècles (1300-1600). Cette branche a également détenu, au début du XVIème siècle, la seigneurie de Maillé (Luynes).
Entrée du château de Benais
Gizeux
Gizeux se situe à une quinzaine de kilomètres au Nord de Bourgueil dans une région verdoyante et boisée.
Le château de Gizeux
Un château (cf photo ci-contre) y a été construit sur l'emplacement d'un ancien château-fort du XIVème siècle. La seigneurie de Gizeux a appartenu à la famille du Bellay de 1315 à 1660.
Le village conserve une église avec une abside Romane du XIIème siècle, les chapelles latérales sont de la Renaissance.
La Centrale Nucléaire d'Avoine-Chinon
Centrale Nucléaire d'Avoine
La Centrale Nucléaire de Avoine-Chinon est ouverte à la visite à certaines périodes de l'année. Pour autant elle ne fait pas partie des richesses touristiques de la région, elle mérite néanmoins d'etre signalée car elle y apporte une activité économique appréciable.