Louis I le Pieux
Louis est le troisième fils de la troisième femme (Hildegarde) de
Charlemagne. Il est né en 778 à
Chasseneuil près de
Poitiers et mort le 20 juin 840 à Petersaue en Allemagne.
De 781 à 814, Louis est roi d'Aquitaine sous la tutelle de conseillers choisis par son père comme l'évêque de Limoges Rigobert. Il réside principalement soit à
Doué la Fontaine soit à Chasseneuil ou encore à Ebreuil à la limite du Berry et de l'
Auvergne.
A la fin de 811, Louis se trouve, par la mort de ses frères, seul héritier de son père.
En septembre 813, à Aix la Chapelle, Louis, qui est le seul fils légitime survivant, est désigné comme le successeur de
Charlemagne et Empereur.
Charlemagne meurt en janvier 814.
Louis apprend la mort de
Charlemagne alors qu'il réside dans sa villa de
Doué la Fontaine en
Anjou et il lui succède de 814 à 840, il s'établit à Aix la Chapelle.
Louis a épousé en premières noces Ermengarde de Hesbaye, de la même famille que les Robertiens. Elle est morte à Angers le 3 octobre 818. Il épouse ensuite Judith de la famille des Welfs.
Il a pour enfants de la première: Lothaire (né en 795, Empereur, règne sur l'Italie et la Lorraine), Pépin (né en 797, roi d'Aquitaine), Louis (né en 806, roi de Bavière et de Germanie), et deux filles Rotrude et Hildegarde.
De sa seconde épouse, Judith, il a Charles le Chauve (roi de la Francie de l'Ouest) qui nait le 13 juin 823. Disposant d'une forte influence sur son époux, Judith a constamment cherché à augmenter l'héritage de son seul fils, Charles le Chauve.
Avant son mariage avec Ermengarde Louis a eu des enfants illégitimes: Alpaïs épouse de Bégon comte de Toulouse puis de Paris, qui est son principal conseiller, et Arnulf comte de Sens.
L'Empire Carolingien reposait sur l'envergure et l'autorité de Charlemagne. Louis I le Pieux n'a pas eu les capacités de son père et pendant son règne l'Empire se désagrège progressivement, en particulier à l'occasion des luttes avec ses fils. Louis I est à deux reprises destitué par ses fils, puis rétabli les deux fois (830 et 834), mais à sa mort l'Empire Carolingien sombre.
D'une grande piété, Louis se laisse aussi et parfois à tort influencer par le clergé.
Dès son arrivée à la cour d'Aix la Chapelle Louis établit ses propres règles: il renvoie ses soeurs et demi-soeurs, qui vivaient assez librement, dans des couvents, il contrôle ses demi-frères illégitimes.
Il renvoie des conseillers importants de son père comme Adalard et Wala qui rentre au monastère de Corbie et il les remplace par ses propres conseillers (Hélisachar, Ebbon et surtout Benoit d'Aniane) quand il était roi d'Aquitaine , il place aussi ses fidèles en créant une certaine confusion. Avec ceux-ci il engage une réforme de l'Empire mais aussi de l'Eglise Franque. Par la suite Wala, ancien conseiller de
Charlemagne devenu celui de
Lothaire reprend de plus en plus d'influence.
Dès 816 un concile se tient à Aix la Chapelle sous l'impulsion de Benoit d'Aniane, l'objectif est d'unifier les pratiques religieuses dans l'Empire.
En 817 Louis choisit de fixer le destin de l'Empire Carolingien par une
Ordonnance Impériale. A l'assemblée d'Aix-la-Chapelle en juillet 817,
Lothaire est désigné co-Empereur et héritier, Pépin est confirmé dans la possession de l'
Aquitaine et de la
Bourgogne, et la Bavière revient à
Louis le Germanique.
Dans un premier temps, il confirme à son neveu Bernard le royaume d'Italie, héritage de Pépin, qui était le frère ainé de Louis I, et autorisé par
Charlemagne en 813, mais Bernard est placé aussi sous la tutelle de
Lothaire ce qu'il n'accepte pas.
Bernard se révolte et il est vaincu par l'armée Impériale. La punition est terrible, les grands aristocrates associés à Bernard sont exécutés, les évêques sont destitués, Bernard est aveuglé et meurt de ses blessures en 818.
En outre Louis Ier envoie ses demi-frères encore présents à la cour dans des monastères: Drogon à Luxeuil et Hugues à
Charroux.
En dotant de manière prématurée
Lothaire (22 ans), Louis I a créé une situation dangereuse. En outre il n'a pas prévu qu'il va devenir père d'un nouvel enfant, Charles : l'Impératrice Ermengarde meurt en 818 et quatre mois plus tard Louis épouse Judith de la famille des Welf.
Charles nait en 823.
Au début des années 820, l'Empire est calme, Louis Ier pardonne aux complices de Bernard d'Italie, Adalard et Wala et les les demi-frères de Louis peuvent revenir à la cour Impériale. Les évêques Jonas d'Orléans, Agobard de Lyon, Ebbon de Reims, les comtes
Hugues de Tours et Matfrid d'Orléans deviennent très influents.
En 826, Bernard comte de Barcelone doit faire face à une révolte soutenue par l'Emir de
Cordoue,
Hugues de Tours et Matfrid d'Orléans conduisent une armée pour le secourir mais en pratique sa progression est tellement lente que Bernard doit se débrouiller seul, il y réussit. Au début de 828, les deux comtes sont déposés et Matfrid est remplacé à
Orléans par Eudes qui est un neveu de Bernard.
En 829, lors de l'Assemblée de Worms, l'Empereur Louis attribue l'Alémanie à Charles, le fils de Judith.
Lothaire qui se sent lésé se révolte alors et appuyé par ses frères
Pépin et
Louis, il dépose l'Empereur. Ce dernier est cependant restauré lors de l'Assemblée de Nimègue en Octobre 830. Quatre mois plus tard, en février 831, l'Assemblée d'Aix la Chapelle établit une nouvelle répartition:
Lothaire obtient l'
Italie. En 832 Louis I le Pieux retire l'Aquitaine à
Pépin pour l'attribuer à
Charles.
Les trois frères se révoltent alors une seconde fois avec le soutien du Pape Grégoire IV et lors d'une réunion près de Sigolsheim en Alsace ils déposent à nouveau leur père (octobre 833). Pour autant les prétentions de Lothaire, il veut être Empereur à part entière, rompt la coalition des trois frères.
En Mars 834, Louis I fait la paix avec
Pépin et
Louis le Germanique et il est à nouveau restauré.
Pendant ce temps les les Vikings développent leurs incursions le long des rivages de l'Empire sans rencontrer de résistance organisée, les armées franques étant occupées à se battre entre elles. De même les Sarrazins pillent les côtes de la mer Méditerranée dans une relative impunité, Marseille est attaquée en 838.
Un peu plus tard
Lothaire seul se soulève, échoue et doit se réfugier en
Italie. Encouragé par ces succès l'Empereur attribue plus de territoires à
Charles lors des Assemblées de Aix la Chapelle et Nimègue en 837 et 838. Les autres frères acceptent de mauvaise grace et en 839
Louis le Germanique se révolte à son tour, mais il doit se réfugier en Bavière.
Entre temps, Pépin est mort (838) et à l'Assemblée de Worms le 30 Mai 839 une nouvelle répartition est établie. L'Empire est divisé entre
Lothaire et
Charles, seule la Bavière reste à
Louis le Germanique.
L'Empereur convoque une Assemblée à Worms pour le 1 Juillet 840, mais il meurt auparavant pres d'Ingelheim sur le Rhin.
Désagrégation de l'Empire
La désagrégation de l'Empire est issue de l'incapacité de
Louis Ier à gérer sa propre famille en particulier après son mariage avec Judith.
Après la naissance de
Charles, Judith impose sa présence à la cour Carolingienne. Elle réclame un royaume pour son fils et s'oppose au principal conseiller de
Louis Ier, Wala, partisan du statu quo. Judith, qui a de l'influence sur l'Empereur, place ses fidèles à des postes clefs. C'est le début de rivalités entre les partisans de Louis, de Judith et de Wala qui vont conduire à la désagrégation de l'Empire.
Bernard de Septimanie, fils de Guillaume de Toulouse, est du parti de Judith. En 826 il doit faire face à une offensive des
Arabes d'Al-Andalus contre la
Catalogne, construction de son père.
Wala désigne
Hugues de Tours et Matfroi d'Orléans pour diriger l'armée chargée de secourir Bernard. En fait les deux chefs trainent et Bernard affronte seul les Arabes, qu'il repousse. Hugues et Matfroi sont condamnés pour trahison et exilés. A Worms en 829
Louis Ier prononce la disgrace de Wala et ordonne à
Lothaire de partir pour l'
Italie, Bernard de Septimanie devient le principal conseiller de l'Empereur.
Pour autant Wala manoeuvre et parvient à déstabliser Bernard. Lothaire, Pépin et Louis s'associent pour destituer l'Empereur qui doit composer avec eux. Bernard rejoint pour toujours le Sud et
Barcelone.
A partir de ce moment la guerre civile devient une réalité dans la vie de l'Empire, de 828 à 840 (date de la mort de
Louis Ier) tout se disloque.
Suite à la trahison de son armée au
Champ du Mensonge,
Louis Ier est déposé le 7 octobre 833 dans l'Abbaye Saint Médard de Soissons par l'archevêque Ebbon de Reims. Il est rétabli à Metz le 28 février 835. Lothaire se revolte à nouveau et échoue, il se réfugie en
Italie.
Encouragé par ces succès l'Empereur attribue plus de territoires à
Charles lors des Assemblées d'Aix la Chapelle et de Nimègue en 837 et 838. Les autres frères acceptent de mauvaise grace et en 839
Louis le Germanique se révolte à son tour, mais il doit se réfugier en Bavière.
Entre temps, Pépin est mort (838) et à l'Assemblée de Worms le 30 Mai 839 une nouvelle répartition est établie. L'Empire est divisé entre
Lothaire et
Charles, seule la Bavière reste à
Louis le Germanique.
Louis Ier meurt le 20 juin 840, dans une Ile du Rhin, alors qu'il est à la tete d'une armée qu'il conduit contre son fils
Louis le Germanique.
De 840 à 843 se déroule une guerre fratricide entre
Lothaire,
Louis le Germanique et
Charles le Chauve.
A la mort de
Louis Ier,
Lothaire, qui avait semblé accepter le partage de son père ne tient pas ses engagements et réclame toute la succession, il trouve un allié avec Pépin II d'Aquitaine.
Charles le Chauve et
Louis le Germanique font alliance. La bataille décisive a lieu à
Fontenoy en Puisaye près d'Auxerre le 25 juin 841. Lothaire et Pépin sont vaincus par
Charles et
Louis le Germanique et ils battent en retraite. Bernard de Septimanie présent sur le lieu de bataille resta neutre avant de se rallier à
Charles le Chauve.
Le 14 février 842,
Charles et
Louis le Germanique prononcent le
Serment de Strasbourg qui renforce leur alliance.
En le 10 août 843 à Verdun, les deux cadets,
Louis le Germanique et
Charles le Chauve, imposent à leur ainé
Lothaire un traité (le
Traité de Verdun) qui divise le monde Franc en trois parties presque égales et trace des frontières qui ont conditionné l'histoire de l'Europe jusqu'à nos jours.
L'Empire est divisé en trois en fonction des positionnements des grands aristocrates par rapport aux trois frères, ce sont ces aristocrates qui ont négocié ce partage pendant près d'un an.
Une partie correspond à l'Ouest de la France, elle revient à
Charles le Chauve, une partie correspond à la future Allemagne, elle est attribuée à
Louis le Germanique et les régions au centre (la Lotharingie, l'I
Italie) vont à
Lothaire.
Lothaire reste Empereur en titre mais sans prééminence sur ses deux frères.
La division de l'Empire Carolingien au Traité de Verdun (843)
C'est l'acte d'initialisation de la
France et de l'
Allemagne, entre les deux se trouve une région qui sera disloquée à nouveau entre les pays du Bénélux, la Suisse et l'
Italie.
Ce traité est un des plus importants des deux millénaires passés.
Charles II le Chauve
Charles est le fils de
Louis Ier le Pieux et de Judith, de la famille des Welfs. Il est né le 13 juin 823 et règne de 840 à 877. Il devient Empereur en 877.
Charles épouse en 842 en premières noces Ermentrude, le fille d'Eudes d'Orléans et d'Ingeltrude, elle est la nièce du Sénéchal Adalard un des plus puissants aristocrates du royaume et Abbé laïc de Saint Martin à Tours. Ils ont neuf enfants dont le futur roi Louis II le Bègue, les autres fils sont morts avant leur père.
Il épouse en secondes noces Richilde, la soeur de Richard le Justicier, duc de Bourgogne, et de Boson, roi de Provence. Il en a une fille Rohaut, Abbesse de Chelles, épouse de Hugues comte de Bourges.
Charles peut aussi compter (au début de son règne) sur le soutien des Rorgonides, il nomme à la tête de la Chapelle Palatine un de ses membres, l'évêque Ebroïn de Poitiers qui est aussi Abbé de Saint Germain des Prés à Paris. Son Chancelier Louis, un petit-fils de Charlemagne, est de la même famille et il est aussi Abbé de Saint Denis.
Plus généralement Charles a le soutien d'une bonne partie des ecclésiastiques du royaume.
Bible de Charles le Chauve
Au
Traité de Verdun Charles reçoit la Francie occidentale, c'est à dire la partie Ouest de l'Empire. Son territoire est séparé de celui de
Lothaire par une ligne proche du cours de quatre fleuves: l'Escaut, la Meuse, la Saone et le Rhône. La Burgondie Franque est coupée en deux.
Charles le Chauve est un chef d'Etat et un chef militaire et un homme de culture. Cependant son aspiration à la couronne Impériale l'a conduit à négliger son royaume.
En novembre 843, au plaid de Coulaines près
du Mans, Charles le Chauve établit un nouveau type de relations avec les grand notables, il n'est que le premier d'entre eux, son autorité est moins absolue que celle de ses predécesseurs. Il a en effet besoin du concours de ses pairs pour s'opposer aux incursions Bretonnes et Normandes qui épuisent son royaume.
Charles le Chauve et les Bretons
Dans l'Ouest de la France
Louis Ier le Pieux avait organisé des expeditions punitives contre les Bretons puis nommé en 831 un chef Breton Nominoë comme Missus Dominicus.
Profitant des luttes de succession entre les trois fils de
Louis Ier le Pieux, Nominoë prend son autonomie et s'allie à Lambert qui s'est approprié le comté de
Nantes en 843 contre la volonté du roi.
Charles le Chauve est battu par Nominoë à Redon le 22 Novembre 845, il est obligé de le reconnaitre. En 849 Nominoë s'empare du comté de Rennes et Lambert contrôle celui de
Nantes. Nominoë veut plus, il souhaite dégager la
Bretagne de la tutelle politique des Carolingiens et de la tutelle religieuse de l'
Archevêché de Tours, il demande, sans succès, au Pape de créer un archeveché à Dol.
A l'occasion d'une offensive en profondeur en Francie, Nominoë meurt près de
Vendôme le 7 mars 851. Son fils Erispoe, qui lui succède, bat l'armée royale le 20 aout 851 à Juvardeil près de Segré. Il prend alors le titre de roi des Bretons.
Le roi Charles le Chauve essaie alors de se le concilier, il le reconnait comme roi des Bretons et propose le mariage de son fils Louis avec la fille de Erispoe, sans doute avec l'appui de la famille des
Rorgonides qui tient le
Maine et est liée aux Carolingiens.
Louis recoit alors le titre de roi et règne sur la majeure partie de la Neustrie. Le rapprochement de Erispoe avec les Carolingiens n'est pas du goût de tous les Bretons, Erispoe est assassiné en 857. Son cousin Salomon le remplace et conspire contre le roi Charles le Chauve. A ce moment, les
Rorgonides n'ont plus la faveur de Charles (le comte Gauzbert est exécuté en 853) et les
Robertiens se réconcilient avec lui en 861 et prennent la place des
Rorgonides.
Robert le Fort recoit le titre de duc avec la mission de défendre la région entre Seine et Loire contre les Bretons et les Normands. Il lutte alors contre les
Rorgonides alliés à Salomon et même contre
Louis le Bègue qui s'était révolté contre son père Charles le Chauve.
Robert le Fort est récompensé par l'obtention du titre d'
Abbé laïc de Saint Martin de Tours.
En 863, Charles le Chauve reconnait Salomon comme roi des Bretons, mais celui-ci preprend ses incursions et sème la terreur jusqu'
au Mans et même à
Tours, Charles finit par lui accorder le Cotentin en 867.
En 874 Salomon est assassiné à l'initiative de deux aristocrates Bretons qui s'installent comme seigneurs l'un à Vannes, l'autre à Rennes. Les désordres consécutifs à ces luttes favorisent les Normands qui pillent la
Bretagne et s'installent dans l'estuaire de la
Loire.
Charles le Chauve et les Aquitains
A l'avènement de Charles le Chauve l'Aquitaine est en plein désordre.
Pépin II garde des partisans dans la région et en Septimanie Bernard (ancien favori de
Louis le Pieux et de sa femme Judith) s'est taillé une grande principauté qui comprend la Marche d'Espagne (
comté de Barcelone).
Personne n'obéit au roi de la Francie de l'Ouest. Au début de 844 Charles fait le siège de Toulouse qui tient pour
Pépin II. Il y capture Bernard de Septimanie, celui-ci est exécuté pour haute trahison, en conséquence son fils Guillaume s'engage dans le parti de
Pépin II.
A la mi-juin 844, les partisans de
Pépin II remportent une victoire, près d'Angoulême, sur une armée qui arrive pour appuyer le roi. La parti de Charles y laisse de nombreux morts: l'historien Nithard (petit-fils de
Charlemagne), Hugues Abbé de Saint Quentin, Ricbod Abbé de Saint Riquier, etc. D'autres sont fait prisonniers comme l'évêque Ebroïn de Poitiers et l'abbé Loup de Ferrières.
Charles est contraint de traiter avec
Pépin II. Lors d'une rencontre à l'
Abbaye de Saint Benoit sur Loire il accorde à
Pépin II l'Aquitaine sauf le
Poitou, la Saintonge et l'Aunis.
En 847 les Aquitains sont mécontents de
Pépin II qui reste inactif devant les incursions Normandes, ceux-ci font le siège de Bordeaux en 847 et prennent et pillent la ville en 848. Une partie de l'aristocratie de l'Aquitaine appelle à l'aide Charles qui est reconnu comme roi d'Aquitaine.
Certains aristocrates luttent toujours contre Charles, c'est le cas de Guillaume, le fils de Bernard de Septimanie, qui va jusqu'à s'allier avec les Musulmans. Charles le Chauve envoie une armée qui reprend le contrôle de la Marche d'Espagne, Guillaume est tué en 849.
Quant à
Pépin II, il est fait prisonnier en 852 par le comte de Gascogne Sanche Sanchez et livré à Charles le Chauve qui le fait enfermer dans l'Abbaye Saint Médard de Soissons, il s'en échappe ensuite. Il recommence la lutte en s'alliant aux
Rorgonides qui sont des opposants au roi dépuis l'exécution du comte Gauzbert en 853. Ils font appel à Louis le Jeune, fils de
Louis le Germanique qui renonce rapidement.
A nouveau des aristocrates Aquitains font appel à Charles le Chauve qui nomme roi d'Aquitaine (sous sa tutelle) son second fils Charles (il n'a alors que huit ans), il est couronné à
Limoges en octobre 855.
Cependant bien vite certains Aquitains sont mécontents et font appel en 856 à
Pépin II et
Louis le Germanique.
Leur mécontentement s'agrège avec celui des
aristocrates d'autres régions du royaume.
Charles le Chauve et les Normands
Les Normands (Vikings: ce sont principalement des Danois) sont apparus dans la Manche autour des années 800, ils étaient attirés par les richesses de l'Europe Occidentale. Ils s'attaquent d'abord aux îles Britanniques et à l'Irlande. Ils se sont ensuite répandus dans toute la partie Ouest de la Francie.
C'est à partir des années 830, à la faveur des
guerres civiles, que leurs incursions se généralisent et deviennent plus dévastatrices. Les flottes sont de plus en plus importantes et les attaques ont lieu simultanément sur plusieurs endroits. Ils passent l'hiver dans des refuges le long des côtes, ainsi l'île de Noirmoutier dès 836 puis la basse vallée de la Seine autour de 850.
Le 12 mai 841 les Normands ravagent la ville de Rouen, Quentovic en 842, le 24 juin 843 c'est le tour de
Nantes et même Toulouse en 844 et
Paris en 845. Ils sont très actifs dans la vallée de la Seine et dans la basse
vallée de la Loire dans les années 850.
De très nombreuses villes et abbayes sont dévastées et les populations massacrées. Les Normands réclament aussi des tributs que les villes, les monastères et même le pouvoir royal acceptent de payer. Les Vikings sont parfois recrutés comme mercenaires par les différents partis qui se combattent dans la Francie de l'Ouest.
Souvent les moines décident de fuir vers l'Est et abandonnent leurs monastères en emmenant leurs trésors et reliques. Ainsi les moines de Saint Philibert de Noirmoutier passent sur le continent à Grandlieu (Déas) dès 836, ils sont à
Cunault en 858, dans le
Poitou en 862 et s'établissent finalement à Tournus en
Bourgogne en 875.
Charles le Chauve engage la lutte contre les Normands, mais son succès est limité, ainsi le roi doit payer le départ des Normands qui sont entrés dans Paris le 28 mars 845. Ils continuent à piller des villes et des villages de Francie, le pouvoir royal se révéle incapable de les repousser. Ils pillent Saintes et
Bordeaux et remontent la Garonne juqu'à Toulouse. Ils pénètrent même en
Galice.
Ils prennent
Angers et
Tours où ils incendient la
Basilique Saint Martin et l'
Abbaye de Marmoutier.
Les Vikings sont particulièrement actifs de 856 et jusqu'en 862 alors qu'à la même époque le roi est occupé à faire face aux révoltes des grands
aristocrates. En 858 il est confronté à un soulèvement de ceux-ci qui sont conduits par
Robert le Fort, ils font appel à
Louis le Germanique.
En 861, un compromis est trouvé et
Robert le Fort reprend une place importante auprès du roi, il est investi d'un grand commandement militaire sur la région entre la Seine et la
Loire. Il lutte avec tenacité contre les Normands, mais il est tué dans un combat en 866 à Brissarthe, au Nord de l'
Anjou. Charles le Chauve attribue ses fonctions et titres à un de ses parents,
Hugues l'Abbé de la famille des Welfs.
La mort de
Robert le Fort permet aux Normands de relancer et même de développer leurs incursions dévastatrices dans tout l'Ouest de la Francie. En 873 Charles le Chauve met le siège devant
Angers où les Normands se sont installés depuis plusieurs années. Charles est appuyé par les soldats de Salomon, roi des Bretons. Les Normands capitulent et signent un traité qui permet d'obtenir quelques années de tranquillité dans ces régions de l'Ouest.
C'est dans ce contexte qu'
Ingelger est chargé de défendre, en 879,
Angers et la partie orientale de l'
Anjou contre les Normands. Ingelger est le fondateur de la dynastie des
comtes d'Anjou appelée à un grand avenir.
Dans le Nord du royaume, Baudouin de Flandres qui a épousé Judith, la fille de Charles le Chauve, parvient à s'opposer avec succès aux Normands et à préserver ses possessions de leurs pillages.
Charles le Chauve, les grands aristocrates et l'émergence de la féodalité
La situation politique du pays et sa recherche du titre Impérial conduisent Charles le Chauve à faire de nombreuses concessions aux grands aristocrates de Francie. En 858 il est confronté à un soulevement des grands aristocrates qui font appel à
Louis le Germanique. Louis part de Worms fin aout et recoit les envoyés des
Bretons et des
Aquitains à
Orléans en septembre, puis il se rend à Troyes.
Charles le Chauve se réfugie en
Bourgogne auprès de ses derniers fidèles, les Welfs, et en particulier Conrad comte d'Auxerre, Roul Abbé de Jumièges et Hugues abbé de Saint Germain d'Auxerre. Le 7 décembre 858,
Louis le Germanique signe, à Attigny, un diplome comme roi de la Francie Occidentale. Pourtant Louis se trouve confronté aux évêques de Francie, conduits par Hincmar archevêque de Reims, ils refusent la spoliation.
Charles le Chauve a reconstitué ses forces alors que Louis préoccupé par des invasions sur sa frontière orientale doit aller dans son royaume de Germanie au début de 859. Les évêques négocient la réconciliation entre les deux frères, acquise le 7 juin 860 à Coblence, et Charles reprend sa fonction de roi et pardonne à ceux qui avaient rejoint
Louis le Germanique, en particulier
Robert le Fort.
Le duché entre Seine et Loire qu'il lui confie n'est au début qu'un commandement militaire, il deviendra un grand fief. A la même époque Baudouin Bras de Fer, à partir de 863, constitue en Flandre sa propre principauté et reste fidèle à Charles le Chauve.
En
Aquitaine se constituent également de puissantes principautés.
Bernard de Gothie rassemble le Berry, la Septimanie et la
Marche d'Espagne. Bernard Plantavelue contrôle l'
Auvergne mais aussi le
Limousin, le Rouergue et la région de Toulouse.
Ramnulf II est comte de
Poitiers, mais il possède aussi la partie Nord de l'Aquitaine, il est à Brissarthe en 866 avec
Robert le Fort et il y meurt également.
Le
Capitulaire de Quierzy (877) contient des dispositions amenant à l'hérédité des honneurs et des bénéfices. Le monde
féodal commence à apparaitre. La force, le prestige du pouvoir central et de la royauté en sortent affaiblis.
Charles le Chauve, les frontières de l'Est et l'Empire
En 863 Charles de Provence meurt sans enfant, son royaume est
partagé entre ses deux frères l'Empereur et roi d'Italie Louis et Lothaire II. En 869 c'est au tour de
Lothaire II de mourir sans héritiers.
Charles en profite pour se faire couronner roi de Lorraine mais il doit ensuite composer avec son frère
Louis le Germanique. Au
Traité de Meersen, en 870, la frontière Est du royaume de Charles est modifiée, l'accroissement du domaine et sensible. Charles conduit son armée vers la vallée du Rhône, il en chasse le comte Girard de Vienne et met à sa place son beau-frère Boson.
L'Empereur
Louis II meurt le 12 aout 875, aussitôt Charles le Chauve réclame le titre Impérial.
Louis le Germanique conteste cette prétention mais sa tentative d'invasion de la Francie de l'Ouest échoue. Charles est couronné Empereur dans l'église Saint Pierre de
Rome le 25 décembre 875.
Seuls quelques évêques ont soutenu Charles dans cette entreprise: Anségise de Sens,
Actard de Tours et Eudes de Beauvais. La plupart des grands aristocrates ont été très réticents sinon même opposés estimant qu'il fallait d'abord se préoccupper des problèmes de la Francie de l'Ouest. Seul Boson y trouve son compte, il épouse Ermengarde une fille de l'ancien Empereur Louis II et devient vice-roi d'Italie.
Le 31 janvier 876 il devient roi d'Italie à Pavie. Le 28 aout 876
Louis le Germanique meurt à Francfort, Charles essaie aussitôt de s'emparer d'une bonne partie de ses domaines. Un des fils de
Louis le Germanique, Louis le Jeune, attaque l'armée de Charles le Chauve et la vainc complètement à Andernach le 8 octobre 876.
Charles le Chauve se rend à la mi-877 en
Italie pour rencontrer le Pape, de nombreux seigneurs Italiens l'abandonnent pour Carloman, un fils de
Louis le Germanique. En Francie de nombreux seigneurs sont mécontents et entrent en révolte:
Hugues l'Abbé, Bernard d'Auvergne et
Bernard de Gothie et même Boson.
Charles rentre alors en Francie et il meurt le 6 octobre en 877 dans un village des Alpes, à Avrieux au pied du Mont Cenis.
Son fils
Louis II le Bègue lui succède dans un contexte difficile.