La Provence est une région originale de la France, située au bord de la mer Méditerranée, elle est la première région de la Gaule a avoir accueilli des civilisations évoluées: Grecque et Romaine. Elle en conserve de nombreux monuments surtout pour la période Romaine.
Vers 600 av J-C, des Grecs venant de Phocée sur la côte d'Asie Mineure, s'installent à Massalia (Marseille). Le pays est alors occupé par des tribus d'origine Ligure auxquelles vont s'imposer des Celtes, d'où leur nom: Celto-ligures.
La cité de Massaliase développe et établit des comptoirs en particulier à Nikaia (Nice), Antipolis (Antibes) et Olbia (Hyères). Plus généralement des Grecs s'installent sur la côte méditerranéenne et y apportent leur civilisation.
C'est au IIème siècle av J-C que Rome commence à s'intéresser à la Gaule Transalpine. Les Romains sont sollicités par les habitants de Massalia et de ses comptoirs qui sont de plus en plus menacés par les tribus Celto-ligures.
Pendant une cinquantaine d'années (de 150 à 100 av J-C), les Romains assistent Massalia et la population Grecque. La Provincia romaine (Gaule Transalpine) est établie autour de 120 avant J-C, elle devient ensuite la Narbonnaise qui est le trait d'union entre l'Italie et l'Espagne.
La Maison Carrée à Nimes
En 102 av J-C, le Consul Marius écrase les Teutons prés d'Aquae Sextiae. A partir de là, la région est romanisée en profondeur. En 58 av J-C, elle sert de base à César pour la conquête de la Gaule. Le nom de Provence est issu de celui de Provincia, ce qui illustre bien son imprégnation dans le monde romain.
C'est en 27 avant J-C que Auguste redéfinit le découpage territorial des Gaules, la Gaule Transalpine est alors renommée Narbonnaise.
Avant le Ve siècle avant J.-C. le peuplement du Sud de la Gaule est diversifié. Le Languedoc a une forte composante Ibérique et l'espace compris entre le Rhône et l'Italie est peuplé par des Ligures.
Au Vème siècle avant J-C, les Celtes, qui viennent du centre de l'Europe, envahissent le territoire de l'actuelle Provence en pénétrant par la vallée du Rhône. Ils sont peu nombreux mais plus guerriers que les Ligures, ils prennent le pouvoir puis se mélangent avec les Ligures et forment une civilisation originale à l'est du fleuve, celle des Celto-Ligures qui va subsister jusqu'à l'invasion Romaine.
A l'Ouest du Rhône, Les Celtes repoussent les Aquitains au Sud de la Garonne. Des confédérations de peuples se constituent aux IIIe et IIe siècles avant J-C, les Volques Arécomisques, les Salyens, les Voconces, les Allobroges et plus au nord, les Arvernes.
Les Salyens (ou Salluviens) sont installés en Basse Provence, les Cavares dans le Comtat-Venaissin, les Voconces dans la Drôme, les Oxybiens dans le Var et les Déciates dans les Alpes-Maritimes. Ils sont entourés au Nord et à l'Ouest par des tribus Celtes: les Allobroges en Dauphiné et les Arvernes dans le Massif Central.
Massalia (Marseille) a été fondée par des Grecs de Phocée, en Asie Mineure, elle a implanté plusieurs comptoirs dans la région et répand une influence Hellénique.
Au début, les Celto-Ligures n'interviennent pas contre les établissements grecs qui sont implantés sur la côte, ils font même du commerce avec ceux-ci. Les relations changent au milieu du IIème siècle av J-C, les Celto-Ligures deviennent agressifs, ce qui conduit la population Grecque à demander l'aide de Rome.
Les Oppida du Sud de la Gaule
Un habitat fortifié se développe dans le Sud de la Gaule à partir du Vème siècle avant J-C, ce sont les oppida (pluriel de oppidum). La plupart sont construits en hauteur bien que certains soient en plaine (par exemple Lattes en Languedoc). Ensérune, au sud de Béziers, et Entremont, la capitale des Salyens, au Nord d'Aix en Provence, sont des oppida bien connus.
Ces oppida sont très nombreux, on en a dénombré plus de 150 dans le Var, près de 300 dans les Alpes-Maritimes et eniron 200 dans le Gard.
Tous ne sont pas des agglomérations d'habitants, certains ne sont que des postes fortifiés servant de refuge. Leur implantation est caractéristique : ils sont situés sur la voie Héracléenne, importante depuis la Préhistoire, le long des vallées fluviales qui permettent de pénétrer dans l'intérieur des terres en zone Celte (le long de l'Aude, de l'Hérault, de l'Orb, du Rhône .).
Leurs fonctions sont diverses, ce qui traduit un niveau de développement inégal. Entremont (détruit lors de la conquête romaine) est la capitale religieuse de la confédération Celto-ligure des Salyens. Par contre Nages (Gard) construit autour de son fanum reste un centre local, la ville est construite selon un plan préétabli : îlots parallèles séparés par des rues rectilignes.
Ensérune, dans l'Hérault, est une ville agricole et commerçante, elle commerce avec Massalia (Marseille), avec l'Ibérie, avec le monde Celtique de l'intérieur et, à partir du IIe siècle avant J-C, avec l'Italie (notamment la Campanie).
Ces oppida restent avant tout des centres ruraux, mais les fouilles prouvent aussi l'existence d'activités artisanales : textile, teinturerie, métallurgie, fabrication de céramique locale imitée des vases grecs et dans certains cas exploitation du sel. Les échanges sont actifs, ils portent sur les produits du sol et aussi sur les ressources du sous-sol (or et argent des Pyrénées, plomb argentifère et cuivre de la Montagne Noire, fer, argent, or, marbre et albâtre des Alpes).
Ces échanges commerciaux se développent dans toutes les directions et sur toutes les distances, par exemple avec le monde Grec d'Orient, ou avec les Cassitérides dont l'étain gagne la Méditerranée par Massalia, par la région Nîmes-Béziers et par Montlaurès (site pré-romain de Narbonne). Ces centres ont donc des fonctions commerciales diversifiées, puisqu'il y a à la fois du commerce d'importation, d'exportation et de transit.
Massalia (Marseille) et les Grecs en Provence
Selon la légende, autour de 600 avant J-C, des navigateurs grecs, originaires de Phocée, une cité grecque d'Ionie, en Asie Mineure (près de l'actuelle Izmir, sur la côte ouest de la Turquie), pénètrent dans la calanque du Lacydon, aujourd'hui occupée par le Vieux-Port. Le chef de l'expédition, Protis, s'unit à Gyptis, la fille du chef de la population locale celto-ligure, et fonde Massalia (on dit aussi Massilia). Cette légende a sans doute une part de vérité historique.
Les Comptoirs sont en rouge, les autres cités sont sous l'influence de Massalia
Massalia se développe bien au IVème siècle, sa superficie atteint peut-être une cinquantaine d'hectares, elle est alors une des plus grandes villes de la Méditerranée occidentale.
C'est par la ville de Massalia que va se développer l'influence Grecque dans la région, elle crée de surtout le long de la cote Méditerranéenne.
Elle crée de nombreux comptoirs sur la côte : Ampurias, Agathe (Agde), La Ciotat, Olbia (Hyères), Antipolis (Antibes), Nikeia (Nice), et à l'intérieur des terres : Thelene (Arles), Rhodanousia, Avenio (Avignon), Cabellio (Cavaillon).
A partir du IIème siècle avant J-C, le commerce se développe en Gaule sous le contrôle des notables locaux, mais les commerçants romains deviennent de plus en plus présents. Massalia contribue à intégrer la Gaule méridionale et intérieure à l'économie méditerranéenne.
Elle achète des matières premières et de la main d'ouvre pour ses besoins propres mais aussi pour exporter. Ces échanges font évoluer les modes de vie, les techniques et l'organisation des populations voisines. Des sites comme Entremont et Glanum illustrent bien l'influence grecque et des agglomérations urbaines comme Vienna (Vienne), Avignon ou Nîmes ont déjà une certaine importance quand Rome en fait des capitales de cité.
La ville étend son commerce trés loin et l'influence de Marseille s'étend sur toute la côte méditerranéenne, y compris vers l'Espagne actuelle, l'Egypte, la Bretagne (Grande-Bretagne) et la Baltique.
Les autres points de pénétration en Gaule des commerçants romains sont Narbo Martius (Narbonne), qui dès sa fondation en 118 avant J-C est un centre d'importation et d'exportation important. Les sites de Carcassonne et de Tolosa (Toulouse) sont sur l' isthme qui relie l'Atlantique à la Méditerranée par la Gironde, la Garonne et l'Aude, ils sont occupés depuis le VIe siècle avant J-C. Tolosa (Toulouse) est un centre de redistribution très actif vers l'Aquitaine. Sur le Rhône, Vienna (Vienne a un rôle identique pour les communications entre Massalia et le Nord de la Gaule.
Massalia se trouve bientôt confrontée aux Etrusques et aux Carthaginois. Elle s'allie alors avec la République de Rome et aprés une lutte à rebondissements les deux alliés sortent victorieux du conflit.
Devant la recrudescence d'incursions des tribus Celto-Ligures (Salyens), Marseille demande à Rome d'intervenir en Gaule. Rome y est d'autant plus intéressée qu'elle vient de conquérir l'Espagne. Le consul Sextius Calvinus s'empare et détruit Entremont, la capitale des Salyens, il édifie en remplacement une nouvelle ville qui prend le nom d'Aquae Sextiae (Aix-en-Provence).
Massalia a donc une alliance étroite avec Rome, mais en 49 av J-C, elle choisit le parti de Pompée dans le conflit qui oppose celui-ci à César. L'armée de César fait le siège de la ville et s'en empare. Elle est durement sanctionnée, une bonne partie de ses domaines sont attribuées à une ville qui a aidé César : Arelate (Arles). C'en est fini de la grandeur de Massalia.
Massalia est désormais une cité fédérée qui reconnait la suprématie de Rome, elle a un Conseil des 600 et une oligarchie des anciens. Marseille devint une ville intellectuelle agent de la diffusion de la civilisation et de la culture grecque dans le monde romain.
Nikaia (Nice)
Le site de Nice est occupé par les hommes depuis les temps les plus anciens, bien au delà de 100000 ans avant J-C. On a en effet découvert à Terra Amata des traces d'utilisation du feu par l'homme remontant à environ 400000 ans avant J-C. Plus prés de nous, des grottes de la Vallée des Merveilles contiennent des peintures rupestres qui datent de 1800 à 1500 av J-C.
Les premiers habitants connus de la région Niçoise sont des Ligures auxquels vont se rajouter ensuite une composante Celte.
Aux Vème et IVème siècles avant J-C les Phocéens établis à Marseille repèrent la qualité du site et y installent un comptoir qui porte le nom de Nikaia, juste au bas de la colline qui portait le chateau.
Menacés par les populations Celto-Ligures locales (Oxybiens et Déciates), les comptoirs de Nikaia (Nice) et Antipolis (Antibes) appellent les Romains à l'aide, ceux-ci vainquent les tribus Celto-ligures. Ils s'établissent le long de la cote Méditerranéenne et créent la ville de Cemenelum (Cimiez) sur une des collines dominant Nice. Celle-ci se développe aux dépens du site initial de Nice, en bord de mer.
Antipolis (Antibes)
La ville d'Antipolis (Antibes) a été créée au Vème siècle avant J-C par les marins, d'origine Grecque, de Massalia (Marseille) qui implantaient des comptoirs sur la côte Méditerranéenne (Nice a la même origine).
Trés tôt la ville est confrontée aux tribus indigènes, les Décéates et les Oxybiens, qui sont installées dans le voisinage et en particulier à Biot.
En 154 avant J-C les habitants d'Antipolis (Antibes) sont obligés de faire appel à Rome pour les aider à se défendre contre les Oxybiens dont le port se situait à l'arrivée de la rivière La Brague. C'est dans les environs qu'a eu lieu le combat entre ceux-ci et les Romains, un monument rappelait cette bataille dans la pinède de Juan les Pins, il a été transféré au musée d'Antibes en 1949.
Les Romains en profitent pour s'installer eux memes dans la région, c'est leur première implantation en Gaule. Pendant prés de sept siècles la ville va pleinement s'intègrer dans la civilisation Romaine.
La chute de l'Empire Romain d'Occident favorise l'avancée des Barbares qui s'installent dans la région.
Olbia (Hyères)
La ville d'Olbia (Hyères) a été fondée vers 330 av J-C par des Grecs de Massalia (Marseille) sur une petite hauteur, en bord de mer, dans une lagune proche de la presquîle de Giens. De nombreux vestiges, Grecs et Romains, y ont été trouvés.
Au début c'était un simple casernement, protègé par des remparts, avec un plan carré et des rues étroites qui se croisaient à angles droits. Il y avait des lieux de cultes et des des espaces publics, mais aucun temple ou agora n'a été identifié. Le site n'a plus été habité aprés le Vème siècle aprés J-C, les populations se sont réfugiées dans la ville proche d'Hyères, beaucoup plus facile à protèger.
La Provence dans l'Empire Romain: Gaule Transalpine et Narbonnaise
La Provincia de l'Empire Romain s'étendait au delà des limites actuelles de la Provence puisque dénommée Gaule Transalpine puis Narbonnaise, elle incorporait en outre la côte languedocienne et le territoire des Allobroges avec la la cité de Vienna (Vienne).
D'ailleurs longtemps la capitale en a été Narbo Martius (Narbonne).
Massalia appelle les Romains à son aide à plusieurs reprises à partir du début du IIe siècle avant J-C : en 181 avant J-C, contre les pirates Ligures, en 154 contre deux peuplades Celto-ligures, les Déciates et Oxybiens, qui assiégent les comptoirs d'Antipolis (Antibes) et de Nikaia (Nice). Le but est d'aider les Massaliotes, mais aussi de sécuriser la liaison entre l'péninsule Hispanique et l'Italie, devenue stratégique pour Rome. Le Consul Opimius intervient et vainc ces tribus.
En 125 avant J-C, celles-ci cherchent à nouveau à reprendre la côte aux Grecs. Massalia fait de nouveau appel aux Romains, En 124, le Sénat Romain envoie le consul M. Fulvius Flaccus contre les Celto-ligures, les Voconces et les Salyens, cette-fois les Romains ne vont plus repartir.
Le Consul Sextius Calvinus s'empare d'Entremont, la capitale des Salyens, et la détruit. En remplacement, en 122 avant J-C, il établit un poste militaire au pied de cet oppidum. Il devient une colonie romaine dénommée Aquae Sextiae qui va devenir Aix en Provence. La Provincia (qui est appelée Gaule Transalpine puis Narbonnaise) est établie à partir de 120 av J-C. C'est du terme Provincia que vient le nom de la Provence.
La guerre se poursuit contre les Allobroges qui ont accueilli les chefs Salyens vaincus. En 121, le Consul Domitius Ahenobarbus bat les Allobroges à Vindalium (au nord-est d'Avignon) et peu après, le consul Q. Fabius Maximus, arrivé en renfort écrase une coalition d'Allobroges et d'Arvernes au confluent de l'Isère et du Rhône.
A partir de là, Domitius Ahenobarbus se rend maitre des territoires entre le Rhône et les Pyrénées. Il fait construire une liaison terrestre commode et sûre entre la péninsule Hispanique et l'Italie : la Via Domitia. L'emprise romaine s'affirme avec la fondation, en 118 avant J-C, d'une colonie à Narbo Martius (Narbonne).
A ce moment, Rome contrôle les débouchés des deux grands axes Gaulois entre l'Europe du nord et la Méditerranée : le couloir rhodanien et la route de l'étain (issu de (Grande-)Bretagne) par l'Isthme gaulois (Aude, Garonne, Gironde) et l'Atlantique. Domitius Ahenobarbus conclut un traité d'alliance avec les Volques Tectosages et une garnison romaine s'installe à Tolosa (Toulouse).
Autour de 100 avant J-C, le Consul Marius vainc les envahisseurs Teutons prés d'Aquae Sextiae. Cette victoire parachève la conquête de la région par Rome qui y étend son influence.
Les territoires conquis restent longtemps de simples districts militaires, le premier Gouverneur connu est Fonteius en 70 avant J-C. C'est sans doute une Lex Provinciae de Pompée qui unifie la province de Gaule Transalpine, des Pyrénées aux Alpes. Les Romains doivent mater de nombreuses révoltes pour pacifier cette nouvelle province.
Jules César est nommé Proconsul de la Narbonnaise en 58 avant J-C, il trouve une province calme, qui reste loyale pendant les huit années de son proconsulat en Gaule.
A partir de cette Province il entreprend et mène à bien la conquête des Gaules dans les années 50 avant J-C. De nombreux nobles de la province de Gaule Transalpine ont servi dans les armées de César, ils en sont remerciés par l'octroi de la citoyenneté. Jules César crée également un certain nombre de colonies, pour installer des vétérans en Gaule Transalpine et aussi accentuer sa romanisation.
Lors de la Guerre Civile entre Pompée et César, Massalia choisit le camp de Pompée. Une fois César vainqueur, en 49 avant J-C, l'influence Massalia se trouve amoindrie.
L'organisation administrative
Lors de la réorganisation de 27 avant J-C, La Gaule Transalpine est renommée la Narbonnaise. Elle devient une Province Sénatoriale placée sous l'autorité d'un Gouverneur, Proconsul pris parmi les sénateurs de rang prétorien. En résidence à Narbo Martius, il est secondé par un Légat et par un Questeur qui s'occupe des questions financières.
Les fonctions du Gouverneur sont étendues. Détenteur de l'imperium, il rend la justice au nom de l'empereur, il traite en première instance de toutes les causes capitales (sauf celles concernant les citoyens romains) et juge en appel les autres affaires, d'abord soumises aux magistrats des cités.
Le Gouverneur supervise les travaux publics et aucune construction importante ne se fait sans son accord ou celui de l'Empereur. Il contrôle l'activité civique et financière des cités et le fonctionnement régulier des institutions locales. En pratique ses pouvoirs sont limités par la vaste dimension de la province et par la légèreté de l'appareil administratif à la tête duquel il est placé. Il n'y a aucun relais au niveau local, les services et les bureaux sont concentrés dans la capitale provinciale et seules les tournées permettent au Gouverneur de se rendre compte des situations locales.
L'autre personnage important de la province est le Procurateur impérial qui est indépendant du Gouverneur. Il est responsable de l'assiette du tribut et de sa rentrée dans les caisses du fisc. Ce tribut est un impôt de répartition pesant essentiellement sur la terre. La perception elle-même est assurée par les communautés locales. L'établissement du cens, qui est la base fiscale, relève d'un niveau supérieur au Procurateur, il est confié à des légats spéciaux (legati ad census ou censitores).
En pratique, l'administration locale des communautés repose sur les notables. Ce sont donc les élites indigènes qui font le relais entre le pouvoir central et la masse de la population, l'intégration des élites est donc pour le pouvoir romain une nécessité vitale.
La Provence était une importante région de communication et d'échanges de l'Empire Romain. Elle était dotée de plusieurs voies romaines comme les Via Aurélia, Domitia, Aquitania, Agrippa.
La Via Domitia a été réalisée par le Consul Domitius Ahenobarbus autour de 118 avant J-C, elle permettait de joindre l'Espagne à l'Italie. Elle rentrait en Narbonnaise à partir du col du Perthus, rejoignait Narbo Martius (Narbonne), la capitale de la Provincia, Nemausus et Arelate où elle franchissait le Rhône et rejoignait la Via Aurelia qui par Forum Julii et Cimiez atteignait l'Italie.
La Provence possèdait aussi des voies navigables (en particulier le Rhône) qui aboutissaient à la mer Méditerranée par Massalia, Arelate, Narbo Martius, ... Tous ces ports permettaient d'assurer le ravitaillement de Rome et de commercer dans l'espace méditerranéen.
Arelate éclipse Massalia et devient le point central de la tutelle Romaine. Le Préfet des Gaules finit par s'y installer quand la ville de Trèves est abandonnée devant l'avancée des Germains.
L'Empire Romain en crise
En effet à partir de 250 aprés J-C la Gaule et la Provincia entrent dans une période difficile avec les invasions barbares de 276 et les guerres civiles. L'Empire subit une grave crise qui se traduit, en particulier créées par la sécession de la partie occidentale avec la création de l'Empire Gaulois. L'Empire est cependant réunifié à la fin du IIIème siècle par Dioclétien.
En 413, l'Empereur Honorius autorise les Wisigoths à s'installer dans le Sud-Ouest de la Gaule, ils prennent Arelate et l'estuaire du Rhône.
Un peu avant 450, les Burgondes quittent les montagnes Suisses et descendent vers la Provence. Finalement quand l'Empire Romain d'Occident disparait la Durance devient la frontière entre les Burgondes (installés au nord du fleuve) et les Wisigoths qui ont investi la partie sud de la Provence.
La reconstitution est l'un des meilleurs moyens pour comprendre les vestiges gallo-romains qui peuplent notre sol. Ne faut-il pas une part de rêve pour saisir de manière plus sensible et évocatrice ce que racontent les fouilles les plus méticuleuses, les monuments les plus ruinés ? Vivants et suggestifs, les textes de Gérard Coulon se conjuguent harmonieusement avec les magnifiques et minutieuses évocations de Jean-Claude Golvin.
Des restitutions qui, basées sur les études les plus récentes, sont l'aboutissement de multiples esquisses et d'un incessant dialogue avec les archéologues. Du 1er siècle au Ve siècle de notre ère, l'ensemble du territoire français est ici pris en compte, d'Amiens à Strasbourg, de Lyon à Saintes, de Bordeaux à Fréjus...
Et au fil des pages, le lecteur parcourt les campagnes, sillonne les voies romaines, se prélasse aux thermes, frémit dans l'arène aux combats de gladiateurs et, au cirque, vibre aux exploits des conducteurs de chars. On ne pourra plus regarder un site archéologique gallo-romain de la même façon après avoir refermé ce livre. La Gaule romaine telle que vous ne l'aviez encore jamais vue, c'est ce que propose cet ouvrage où les monuments qui parsèment la France reprennent une vie qui nous émerveille.
La Romanisation de la Narbonnaise
Au début, la Romanisation se traduit d'abord par une occupation étrangère et par des confiscations de terre. Autour de Narbo Martius (Narbonne), ce sont des citoyens romains qui sont lotis comme colons par Rome. Dans l'ensemble de la province, des Romains et des Italiens s'installent, achètent ou accaparent des terres, ils introduisent les méthodes de culture en pratique en Italie.
Le soutien de Rome est acquis pour les aristocraties locales qui peuvent renforcer leur domination sociale et avoir la perspective d'accéder à la citoyenneté romaine.
Les fondations romaines existent mais sont peu nombreuses : Aquae Sextiae (Aix en Provence), Narbo Martius (Narbonne), Lugdunum Convenarum (Saint Bertrand de Comminges), Forum Domitii, Forum Voconii. Des Romains résident dans des agglomérations d'origine indigène, en particulier dans des sites d'emporium (place de marché).
Au total, la romanisation de la province de Gaule Transalpine est progressive et elle reste superficielle jusqu'au milieu du Ier siècle avant J-C, lorsque Jules César en devient proconsul.
César amplifie la création de colonies en mettant en place un délégué chargé d'installer des colonies, Tiberius Claudius Nero, le père du futur empereur Tibère. Ces fondations coloniales ont pour rôle de contrôler un point stratégique, de faire des déductions, c'est-à-dire d'installer des citoyens romains (surtout des vétérans qui sont nombreux à l'époque des guerres civiles), sur des terres généralement confisquées.
Une fondation coloniale est la mise en place d'un pôle solide de romanisation. Les déductions sont souvent, mais pas toujours des créations ex-nihilo. Certaines agglomérations ont reçu le titre de colonie romaine sans déduction, ce sont alors des colonies honoraires comme, par exemple, Vienne et Valence.
Tiberius Claudius Nero procéde entre 46 et 40 à plusieurs déductions dont à coup sûr Arelate (Arles) et Narbo Martius (Narbonne) (déjà colonie mais qui reçut une seconde déduction) et Béziers. A Octave (futur Auguste) revient la création, avec déduction, d'Arausio (Orange) et de Forum Julii (Fréjus). Ce dernier site avait probablement été créé par César au début de la guerre des Gaules, sous le nom de Forum Julii, pour servir d'étape sur la Via Domitia.
D'autres fora de ce genre, comme Carpentras et Lodève, sont connus et semblent aussi dater de l'époque césarienne, mais elles n'ont pas reçu le titre colonial.
Les Oppida d'avant la conquête ont des destins diversifiés. Certains disparaissent, comme Entremont. La plupart subsistent jusqu'aux premières années de notre ère, ainsi Enserune et Nages. D'autres survivent plus longtemps : Le Cayla de Mailhac (Aude) jusqu'à la fin du Ier siècle, Laudun (Gard) jusqu'au début du IIe siècle, Vié Cioutat (arrondissement d'Alès) devient une agglomération romaine très prospère.
Parfois la nouvelle ville romaine se juxtapose à l'ancienne ville gauloise, comme la colonie de Narbo Martius (Narbonne), dont la déduction ne met pas fin à l'existence de Montlaurès. Parfois une ville romaine se superpose à l'oppidum : tel est le cas de Béziers lors de la fondation de la colonie en 36-35 avant J-C.
La Romanisation est manifeste au vu des inscriptions qui montrent la latinisation de l'onomastique. En outre, les auxiliaires gaulois de l'armée romaine, à la fin de leur service, reviennent dans leur pays avec un pécule et constituent autant d'agents de romanisation. Cependant, l'influence méditerranéenne ne s'étend pas toujours très loin dans l'intérieur des terres.
Par la suite, un certain nombre de communautés de la Narbonnaise reçoivent le droit latin, un statut inférieur au droit romain mais qui apporte cependant d'importants privilèges juridiques. Parmi celles-ci on citera les noms de Tolosa (Toulouse), Nîmes, Avignon, Forum Voconii, Aquae Sextiae (Aix en Provence), Glanum (Saint Rémy de Provence), Carcassonne, Apt, etc. Il n'y a pas pour ces villes de création ou de déduction mais plutôt une promotion de centres préexistants, en reconnaissance, peut-être, de leur loyalisme pendant la conquête de la Gaule Chevelue.
Arelate (Arles)
Le comptoir Grec et l'apport Ligure
L'origine d'Arles est ancienne, vers le VIème siècle avant J-C, une petite agglomération Ligure est déjà nommée Arelate (la ville prés des marais). Elle est transformée en comptoir commercial par des Grecs, sans doute originaires de Massalia, au Vème siècle avant J-C et portait alors le nom de Théline.
Ce comptoir (emporion) a une activité économique intense, les échanges se font avec Massalia mais aussi avec le reste du monde Méditerranéen.
Au IVème siècle, la ville accueille à nouveau de nombreux Ligures qui se mélangent avec les Grecs, l'artisanat s'amplifie et des ateliers navals ont été identifiés. Le rôle portuaire, débouché du Rhône sur la Méditerranée prend toute son importance. La ville reprend le nom d'Arelate.
La conquête Romaine
En 102 avant J-C, en attendant de combattre les Cimbres et les Teutons, le Consul Marius fait creuser par ses Légions un canal (les fosses Mariennes) reliant la ville et le Rhône à la mer Méditerranée (golfe de Fos). A cette époque, Arelate est plus proche de la mer qu'aujourd'hui et les grands navires peuvent y accéder facilement. Mais c'est Massalia qui perçoit les péages du canal, Arelate reste en dépendance économique.
La Colonie Romaine
En 49 avant J-C, la cité soutient César contre Pompée et réalise trés rapidement les navires (des trirèmes à éperon) dont il a besoin pour le siège de Marseille.
La ville est récompensée, les vétérans de la VIème Légion viennent s'y installer en 46 av J-C et elle devient une Colonie Romaine. Une bonne partie du territoire marseillais lui est attribuée. Son développement est alors rapide d'autant qu'elle est un noeud de communication important. Le pont sur le Rhône permet d'assurer le trafic entre l'Espagne et l'Italie, c'est là que la Via Domitia et la Via Aurelia se rencontrent.
La Via Agrippa permet la desserte de la Gaule du Nord par voie terrestre et le Rhône par voie fluviale. Arelate devient un centre commercial et d'échanges prospère. De nombreux édifices sont construits à l'époque d'Auguste: forum, théatre, amphithéatre, thermes, et même une vaste nécropole le long de la Via Aurelia: les Alyscamps.
Arelate devient une ville administrative et militaire importante, elle est protégée par une enceinte fortifiée percée de quatre portes, une sur chaque côté. Elle est organisée selon une structure typiquement romaine: les rues se croisent à angle droit et forment un damier, beaucoup sont dotées de dalles qui recouvrent des égouts.
On perçoit toujours ce parcellaire régulier dans la ville ancienne: le decumanus (axe est-ouest) correspond à peu prés à l'actuelle rue de la Calade et le Cardo (axe nord-sud) est l'actuelle rue de l'Hotel de Ville.
Plan du centre d'Arles
De la fin du Ier siècle au milieu du IIIème siècle
A partir du règne de l'Empereur Vespasien (69 - 79), Arelate connaît une grande prospérité qui la fait déborder des murailles élevées un siècle plus tôt.
Le quartier de Trinquetaille accueille de riches villas, au nord, le long de la rive droite du Rhône. Des quais et des entrepôts sont construits. Sur la rive gauche, un nouveau quartier est restructuré autour de l'amphithéâtre et à l'ouest est réalisé un cirque important (450 mètres de longueur), le centre ville lui-même n'est pas en reste.
Les troubles de la fin du IIIème siècle
Des tribus Barbares font des incursions destructrices dans toute la Gaule à partir du milieu du IIIème siècle. Elles sont aggravées par des guerres civiles qui opposent des prétendants à l'Empire. Arelate, comme bien d'autres cités, est durement frappée. Sa prospérité est atteinte et des portions de la ville sont abandonnées.
Les IVème et Vème siècles
La période la plus glorieuse d'Arelate commence au début du IVème siècle aprés J-C, l'Empereur Constantin y fait plusieurs séjours, il y tient un Concile en 314. Des administrations impériales s'installent dans la ville comme l'atelier monétaire d'Ostie en 313.
Ce succés est amplifié quand Trêves (à la frontière de la Germanie) devient trop vulnérable aux incursions des Germains. Au début du Vème siècle, Arelate devient la Préfecture des Gaules (Gaules, Espagne et (Grande-)Bretagne) aprés la décision des Empereurs d'Occident de quitter Trêves et de fixer leur résidence à Arelate.
En 418, le Préfet du Prétoire, un dignitaire important de l'Empire, vient également s'y fixer . Bien que la période soit difficile, tout ceci contribue à accroitre l'activité et la prospérité de la ville, certains textes et édits de l'Empereur Honorius (384-423) en portent témoignage.
L'évêché chrétien d'Arles apparait dès le IIIème siècle (l'évêque Marcianus est cité en 254). La position de la ville au début du Vème siècle incite l'évêque Patrocle (412-426) à revendiquer son autonomie par rapport à son évêque métropolitain installé à Vienne. Ses successeurs font de même et finissent par obtenir l'autorité sur le territoire de l'ancienne Narbonnaise. De grands évêques comme Honorat et Hilaire occupent le siège d'Arles. Vers 450, ce territoire est partagé entre Arles et Vienne. Un autre grand évêque officicie à Arles: Césaire.
Les Invasions Barbares de la fin du Vème siècle
La ville subit durement les conséquences des invasions barbares du Vème siècle et celles de la chute de l'Empire Romain d'Occident en 476.
A partir de 480, Arles passe sous le contrôle des Wisigoths puis est successivement soumise aux Burgondes, Ostrogoths et enfin, en 536, aux Francs. La ville se resserre autour de son noyau, les grands monuments comme l'amphithéâtre, sont transformés en places fortes. Le déclin de la ville dure jusqu'à la fin du IXème siècle et la fondation du royaume d'Arles.
Les monuments d'Arles antique Le Théâtre antique date de l'époque d'Auguste. Il a presque totalement disparu car, à partir du Vème siècle, il a commencé à servir de carrière pour la construction des églises, des remparts et des habitations. Son dégagement est entrepris à partir de 1833, l'opération ne s'achève qu'en 1908. Il en subsiste des gradins et des arcades intégrées à la Tour Roland (cf photo ci-contre) et quelques colonnes du mur du théâtre.
Le Théâtre d'Arles peu aprés son dégagement (Aquarelle de G Revoil 1856 -Musée d'Arles) L'Amphithéâre
L'Amphithéâtre a été réalisé à l'époque de l'Empereur Hadrien. Il pouvait accueillir prés de 26000 spectateurs et formait une ellipse de 136 mètres sur 107, sa surface était supérieure à 1,1 hectare. Le 3° étage a complètement disparu et la hauteur des murs qui entourent la piste montrent que des combats de bêtes fauves s'y déroulaient habituellement.
Au VIIIème siècle, il est transformé en forteresse pour pour faire face aux incursions Arabes. Dans la suite du Moyen-Age l'édifice est occupé par des habitations, on y compte encore prés de 200 maisons au début du XIXème siècle.
Son dégagement commence en 1825 et il retrouve sa vocation de lieu de spectacle dès juillet 1830 où une fête y commémore la prise d'Alger.
L'Amphithéâtre d'Arles
Les Thermes de Constantin
La ville d'Arelate possèdait plusieurs établissements de bains. Ainsi il y avait des Thermes au sud, sous l'actuelle place de la République.
Les Thermes du nord sont attribués à l'Empereur Constantin, au début du IVème siècle, en bordure du Rhône. Ce sont les plus vastes de la Provence avec une dimension de 100 mètres sur 45. Seule une partie est visible (cf photo ci-contre), les autres restes sont enfouis sous les rues et maisons du voisinage.
Ces thermes ne sont qu'un élément d'un vaste ensemble monumental qui s'étendait au Nord de la ville, entre le Forum et les rives du fleuve. La photo montre les murs extérieurs du Caldarium, la salle chaude.
Les Thermes de Constantin
Les Remparts romains
La Tour de Mourgues (cf photo ci-contre) à l'angle sud-est de la ville remonte au castrum romain, c'était une grande tour cylindrique de 6 mètres de haut. Le rempart médiéval du XIVème siècle a en effet repris, dans cette portion, le tracé de l'enceinte romaine et englobé la tour d'origine.
La Tour de Mourgues
La Nécropole des Alyscamps
Elle a été établie le long de la Via Domitia. Elle a été à peu prés préservée au Moyen-Age mais s'est trouvée endommagée à partir de la Renaissance. Les moines qui en avaient la garde ont utilisé les pierres tombales pour la construction d'églises.
Le Cirque Antique d'Arles
Ce cirque était important, il était situé dans la partie Ouest de l'agglomération. L'obélisque de ce cirque a été découvert en 1389 et dégagé en 1675 pour être placé au centre de la place de la République.
Mais ce sont les travaux réalisés dans les années 1970-80 qui ont permis de mieux identifier sa configuration. Il faisait environ 450 mètres de longueur sur 101 mètres de largeur. Il a été construit à la fin du Ier siècle et est rentré en service au début du second. Il a été utilisé jusqu'au VIème siècle.
L'Obélisque sur la place de la République, à gauche la façade de l'église Saint Trophime
L'aqueduc de Barbegal
Cet aqueduc faisait 51 kilomètres de long, il rassemblait de l'eau des sources situées sur la face nord des Alpilles, dans la région d'Eygalières.
Plusieurs ponts-aqueducs et conduites souterraines amenaient l'eau. L'eau arrivait à la ville dans un chateau d'eau situé prés de l'amphithéâtre, des canalisations desservaient les thermes, les fontaines et les habitations.
Dans le vallon de Barbegal, une meunerie hydraulique fournissait la farine pour Arles, l'eau activait seize roues à aubes qui actionnaient des meules à grain, capables de produire plus de deux tonnes de farine par jour.
Nemausus (Nîmes)
Nîmes est une ville trés ancienne, elle est située à une quarantaine de kilomètres au Nord de la côte méditerranéenne et 25 kilomètres à l'ouest du Rhône. Elle est à la limite de la Provence moderne, mais dans l'antiquité, elle participait à part entière dans la vie de la Provincia.
A l'origine, Nemausus était la capitale des Volques Arécomiques. A cette époque, c'est déjà une ville importante et elle se compose d'un grand Oppidum situé sur les pentes du Mont Cavalier, il date du VIème siècle av J-C. Prés de cet oppidum se trouve la source du dieu celte local: Nemausus, qui va donner son nom à la ville.
Au IVème siècle av J-C, les premières habitations en pierre apparaissent. L'oppidum est dominé par une tour pleine, dont la base est conique, elle fait partie des remparts, c'est l'ancêtre de la Tour Magne.
Nîmes: gravure du XVIème siècle, le tracé de l'enceinte Romaine est plus vaste que la ville de cette époque. En haut, sur cette enceinte on aperçoit la Tour Magne.
Nemausus est conquise par les Romains en 120 av J-C, c'est déjà une ville peuplée à cette époque. La ville a une importance stratégique car elle est sur la ligne de communication entre le Rhône et les Pyrénées et surtout entre l'Italie et l'Espagne, également possèdée par les Romains. Elle est sur la Via Domitia construite à partir de 118 av J-C par le Consul Domitius Ahenobarbus.
Un siècle plus tard, à l'époque de l'Octave (Auguste) est fondée une colonie (Colonia Augusta Nemausus) qui accueille des Vétérans des Légions.
La ville est protègée par une enceinte qui est réalisée autour de 15 av J-C, il en reste quelques éléments et son tracé est visible sur la gravure ci-dessus.
Les Romains continuent d'honorer Nemausus et la source sacrée, ils lui édifient un sanctuaire. La plupart des édifices importants de la cité ont d'ailleurs été réalisés à la période d'Auguste: La Maison Carrée située sur le Forum, l' Amphithéâtre, ....
Pour approvisionner la ville en eau, un grand aqueduc est réalisé au milieu du Ier siècle aprés J-C, celui qui comporte le Pont du Gard. Il franchit en tunnel les collines de Nîmes et alimente un château d'eau avec un bassin de répartition (castellum divisorum), qui est toujours visible. A partir de là des tuyaux de plomb assurait l'alimentation en eau des différents quartiers de la ville. Ils desservaient les thermes, les jardins et les fontaines. L'aquarius (porteur d'eau) puisait l'eau dans les fontaines et la transportait aux domus et insulae.
A partir du milieu du IIIème siècle jusqu'au Vème siècle aprés J-C, l'insécurité se développe en Gaule et la ville se transforme. L'amphithéâtre commence à être utilisé comme un abri pour la population.
Pour autant Nemausus ne semble pas avoir été victimes des Alamans (IIIème siècle) ou même , au début du Vème siècle des Alains ou des Suèves. A la fin du Vème siècle, Nîmes fait partie du royaume Wisigoth qui a intégré progressivement la Narbonnaise.
Les monuments de Nîmes antique
La Maison Carrée La Maison Carrée (cf photo ci-contre) est un temple dédié à Caïus et Lucius César, petit-fils et héritiers d'Auguste.
Ceux-ci étaient morts jeunes en Espagne pour l'un et en Arménie pour l'autre. Ce temple, achevé en 3 aprés J-C, participait donc au culte impérial, il a été édifié sur le côté sud du Forum.
Ce monument traduit l'influence grecque sur l'architecture romaine. Il a une forme rectangulaire et mesure 26 mètres de long sur 15 de large et 17 de hauteur.
Le Sanctuaire de la Fontaine Ce monument se situe dans le nord-est de la ville dans le jardin de la Fontaine. Avant même la présence romaine, un culte y était pratiqué en l'honneur du dieu Nemausus. A l'époque Romaine, la fontaine fait partie d'un ensemble architectural, il participait, lui aussi, au culte impérial.
Le Temple de Diane Prés du Sanctuaire de la Fontaine se situe les restes d'un Temple dit de Diane, mais seule l'origine romaine de l'édifice est certaine sans que sa fonction soit identifiée. Ce Temple est resté pratiquement intact jusqu'au XVIème siècle car, au Moyen-Age, il était intègré à un monastère.
L'Amphithéatre L'Amphithéatre a été construit à la fin du Ier siècle aprés J-C, c'est un de ceux les mieux conservés du monde Romain.
La façade extérieure comporte deux étages égaux, sa hauteur est de 21 mètres. Dans la partie supérieure, on peut toujours observer le dispositif qui permettait de déployer le velum pour abriter les spectateurs.
L'amphithéâtre a une forme elliptique et mesure 131 mètres sur 100, il pouvait accueillir jusqu'à 23000 spectateurs.
L'aménagement intérieur de la Cavea a été conçu pour faciliter la circulation des spectateurs, quelque soit la place, il y a toujours un vomitoire à proximité. Les gradins étaient divisés en trois zones en fonction de la hierarchie sociale romaine. La piste est une ellipse de 69 mètres sur 38, les combats de gladiateurs y étaient fréquents.
Nîmes: l'Amphithéatre
Aprés la période antique, l'amphithéâtre a servi de forteresse pour abriter la population de Nîmes, des murailles de protection lui ont été ajoutées.
Pendant le Moyen-Age, l'amphithéâtre a été investi par un chateau-fort et des habitations, il y avait même deux églises.
La Tour Magne La Tour Magne se situe au sommet du Mont Cavalier, elle est issue d'une ancienne tour de guet remontant à la période protohistorique (âge du fer).
Les Romains réutilisent la base de cette tour pour réaliser l'édifice dont nous voyons maintenant les restes (cf photo ci-contre). Elle a été intégrée dans l'enceinte construite à l'époque d'Auguste et qui protègeait les 220 hectares de la colonie.
Au cours du temps, la tour a perdu son dernier étage qui faisait une dizaine de mètres de hauteur.
Les Portes d'Auguste et de France Ces portes étaient aussi des éléments de l'enceinte romaine. La Porte d'Auguste s'ouvrait sur la Via Domitia en direction, d'Arelate. La Porte de France donnait accés en direction de l'Espagne.
Le Théâtre Un théâtre a été identifié sur les pentes du Mont Cavalier, prés du Sanctuaire de la Fontaine.
Le Pont du Gard
Le Pont du Gard, élement d'un Aqueduc Romain
Le Pont du Gard se situe une vingtaine de kilomètres au Nord de Nîmes, prés de Remoulins. Il enjambe la rivière le Gardon, un cours d'eau trés irrégulier aux crues violentes, c'est pour celà que l'édifice est si grand et si solide, les piles du pont ont une forme en étrave de bateau pour mieux fendre le courant.
Le Pont du Gard a été construit entre 38 et 52 aprés J-C, il a nécessité le travail d'environ un millier d'hommes et a utilisé plus de 50000 tonnes de pierres issues de la carrière de l'Estel à 400 mètres en amont de l'ouvrage.
Avec ses 49 mètres, c'est le plus haut pont de l'Empire Romain, la longueur de la partie supérieure est de 490 mètres. Le premier et le deuxième niveau ont respectivement six et onze grandes arches qui sont superposées, leurs largeurs sont remarquables puiqu'elles varient de 15,5 mètres à 24,5 mètres. Le troisième niveau avait 47 arches (12 ont été détruites au moyen-âge) de 4,8 mètres de large, c'est lui qui supporte le canal.
Le Pont du Gard faisait partie d'un aqueduc de 50 kilomètres qui alimentait en eau la ville de Nîmes avec ses thermes, fontaines et jardins. L'eau provenait des sources d'Eure, prés d'Uzès, à une trentaine de kilomètres au Nord-Ouest de Nîmes. Le denivelé total de l'aqueduc était de 17 mètres, soit 34 centimètres par kilomètre, son débit était de 35000 mètres cubes par jour.
Les invasions barbares du Vème siècle ont réduit l'importance de Nîmes et le nombre de ses habitants, pour autant l'aqueduc a vraisemblablement continué à fonctionner jusqu'au IXème siècle.
Par la suite, au Moyen-Age, il sert de pont pour passer d'une rive à l'autre du Gardon et des pierres de l'édifice ont été utilisées pour les constructions des habitations voisines.
L'Empereur Napoléon III, amateur d'archéologie, a fait restaurer le Pont du Gard, au milieu du XIXème siècle, en lui redonnant son apparence d'origine.
Orange se situe à quelques kilomètres à l'Est du Rhône, à 30 kilomètres au Nord d'Avignon. C'est maintenant une petite ville traditionnelle et tranquille.
Les origines
Arausio était au départ une ville d'une tribu Celto-ligure, les Cavares. Ceux-ci occupent la plaine alors que les montagnes voisines sont tenues par les Voconces.
Les Cavares sont une confédération de plusieurs peuples autour des villes d'Acusio (Montélimar), Avennio (Avignon), Cabellio (Cavaillon) et Arausio (Orange). La ville d'origine était sur la colline de Lampourdier, cinq kilomètres au Sud de la ville actuelle.
Les Cavares deviennent des alliés de Massalia et de Rome. Ainsi, en 218 av J-C, ils tentent de s'opposer au franchissement du Rhône par l'armée d'Hannibal, qui marchait sur Rome.
La conquête Romaine
En 104 avant J-C, des tribus Germaniques, les Cimbres et les Teutons, menacent Arausio et la Provincia. Les Germains remportent une grande victoire sur le Consul Servilius Coepio. Les Romains reprennent la situation en main grâce au Consul Marius qui écrase les Cimbres et les Teutons prés d'Aix, en 102 av J-C.
En 35 avant J-C, Arausio devient une colonie de droit romain car elle accueille les Vétérans de la IIème Légion Gallica de Octave (Auguste), cette légion a sans doute été dissoute suite à des mutineries et les soldats sont envoyés en Gaule comme colons. Cette Légion est remplacée, en 27 avant J-C, par la IIème Légion Augusta.
La civilisation Romaine
Pendant la Pax Romana, Orange devient une ville importante et prospère. Elle est dotée de nombreux monuments: théâtre, amphithéâtre, cirque, gymnase et un splendide arc de triomphe. Elle est entourée d'une enceinte qui englobe la ville basse et la colline Saint Eutrope.
Les monuments d'Orange antique Les premières restaurations des monuments antiques d'Orange remontent à 1835, elles sont dues à un architecte: Auguste Caristie.
Le Théâtre
Le Théâtre d'Orange a été réalisé à l'époque de l'Empereur Auguste (au début du Ier siècle), il est un des mieux conservé du monde romain, son mur est remarquable (103 mètres de long sur 36 mètres de hauteur), Louis XIV l'appelait la plus belle muraille de mon royaume.
La cavea (ensemble des gradins et voies d'accés) est en hémicycle avec des escaliers radiaux. Les gradins pouvaient accueillir jusqu'à 7000 spectateurs et la scène (61 mètres de long sur 13 de profondeur). Ces gradins s'appuient sur la colline Saint Eutrope, ce qui a significativement simplifié la réalisation de l'ouvrage.
Le mur s'organise en trois niveaux. Pour la partie extérieure, le premier comporte 19 arcades, au second on en trouve 21, mais elles ne sont que dessinées (cf photo ci-dessous à droite). La partie supérieure possède le dispositif pour faire fonctionner un velum qui protègeait la cavea de la pluie ou du soleil. Le mur de scène (cf photo ci-dessous à gauche) est lui aussi divisé en trois niveaux. Le premier comporte la Porte Royale au centre et des portes latérales. Les autres niveaux étaient richement décoré avec des colonnades encadrant des niches contenant des statues. Au troisième niveau se trouve une grande statue de l'Empereur Auguste haute de 3 mètres 55.
Côté nord, le théâtre jouxte une place à laquelle on accède par un portique.
Le Théâtre a été sauvé par les habitations qui s'y sont implantées des le Haut Moyen-Age. Elles ont été dégagées au début du XIXème siècle lors de la première campagne de restauration.
Le Théatre antique est classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, il sert de nos jours pour accueillir divers spectacles et en particulier les Chorégies d'Orange.
Le mur de scène du Théâtre d'Orange Le mur extérieur du Théâtre d'Orange
L'Arc de Triomphe L'Arc de triomphe se situe au Nord de la ville, sur l'ancienne Via Agrippa, à l'intersection du Cardo et du Pomerium (limite de la ville).
Sa structure est à trois arcades surmontées d'un attique assez haut. Son décor comporte des colonnes Corinthiennes et des reliefs élaborés, les sculptures font référence aux thèmes traditionnels de la victoire de l'Empire Romain et de la Paix.
Il fait 20 mètres de haut sur 20 de largeur et 8 mètres de profondeur. La face Nord est bien conservée, elle est décorée de sculptures qui décrivent l'armement des Gaulois à la fin du règne d'Auguste. Le côté Ouest a été pratiquement refait au XIXème siècle.
Au XIIIème siècle Raymond des Baux, Prince d'Orange, le transforme en ouvrage de défense de la ville, sa base est renforcée et il est surélevé et doté de créneaux. A partir de 1824, l'architecte Auguste Caristie s'est attaché à lui redonner son aspect originel.
Ci-dessous, la photo montre le relief décorant le socle central de l'attique supérieur de la façade nord. Il représente un combat entre les Romains et les Barbares.
Relief de l'attique supérieur de l'Arc de Triomphe d'Orange
Le Temple, le Gymnase et le Capitole
Prés du théâtre se trouvait trouvait un Temple et peut-être un grand Gymnase qui mesurait 400 mètres de longueur sur 80 de largeur.
Sur la colline Saint Europe, dominant le tout, théâtre et gymnase, un Capitole comportant trois temples était relié à l'hémicycle du bas par un escalier.
Ruines du Temple d'Orange
Le Temple (cf photo ci-contre) mesurait 24 mètres de large sur 35 de long, sa façade comportait huit colonnes et s'ouvrait au Nord sur un grand podium qui précedait l'éventuel gymnase. Il semble avoir été dédié au culte impérial.
Ce Gymnase aurait comporté une grande cour et un champ de course bordés de portiques et il avait ses propres thermes. Le champ de course disposait de trois pistes droites de 180 mètres.
Le Forum
Il ne reste pas grand chose du Forum d'Orange. Un grand mur de 16 mètres de haut et de 100 de long sur la rue de Pontillac est sans doute le mur d'enceinte ouest de ce Forum, une arcature y a été percée pour permettre le passage (cf photo ci contre).
Le Cadastre
Le Cadastre Romain décrivait le découpage des territoires conquis dans l'objectif d'en réaliser des attributions ou des ventes ou de déterminer les impôts dûs. L'unité du cadastre est la centurie qui correspond à un carré de 710 mètres de côté. Un colon (vétéran de l'armée) se voyait en général attribuer un lot de un tiers de centurie.
Le Cadastre d'Orange est un des seuls qui nous soit parvenu du monde Romain. Les 416 fragments de cadastre retrouvés à Orange, pour l'essentiel au milieu du XXème siècle, sont des tables de pierre gravées d'inscriptions qui décrivent la centuriation de portions de territoires autour d'Orange et dans la vallée du Rhone.
Il y a en fait trois cadastres appelés A, B, C. Le plus grand est le B, il concerne la zone autour d'Orange (44 kilomètres de long sur 19 de large), la cadastre lui-même fait plus de 7,6 mètres de large sur 5,6 de haut.
Glanum (Saint Rémy de Provence) se situe au pied de la chaine des Alpilles entre Avignon et Arles. Le site de Glanum a été occupé dès avant le VIème siècle av J-C jusqu'au IIIème siècle aprés J-C. Il possède de nombreux monuments civils et religieux issus des différentes périodes de son histoire.
Vue d'une partie de la cité antique de Glanum
Les Celto-Ligures
Les premiers habitants étaient des Ligures auxquels ont succèdé les Celto-ligures, ils ont fondé un sanctuaire dédié à Glan, divinité associée à la présence d'une source.
L'influence Grecque (VIème - fin du IIème siècle av J-C)
La cité passe ensuite sous l'influence de Massalia qui cherche à assurer des débouchés à son commerce. Les Massaliotes occupent progressivement le territoire longeant le Rhône depuis son embouchure jusqu'au confluent avec la Durance.
Dès le VIème siècle av J-C, ils atteignent le site de Glanum. La cité se développe et au IIème siècle av J-C se dote des monuments caractèristiques de la civilisation grecque: agora, bouleutérion, ... Ceci se retrouve aussi dans les habitations, comme le montre la Maison des Antes qui est dotée d'un impluvium central et d'un péristyle. Les constructions de cette période se caractérisent par l'emploi de grandes pierres appareillées sans mortier.
On a également retrouvé de belles monnaies de cette époque (surnommées Glaniques)
L'époque Romaine (Ier siècle av J-C - fin du IIIème siècle)
Aprés la victoire de Marius sur les Cimbres et les Teutons, en 102 av J-C, les Légions occupent le territoire voisin de la mer Méditerranée et Glanum s'adapte rapidement à la conquête romaine.
En 49 av J-C, César s'empare de Massalia, qui a pris le parti de son adversaire Pompée, en conséquence l'influence de cette ville se réduit. Les cités de la Provincia s'émancipent dans le cadre Romain. En 19 avant J-C, Agrippa dédie un temple à la déesse de la santé Valetudo.
La ville basse voit s'élever des temples, un forum, une basilique et des thermes, elle est même dotée d'égouts qui passent sous la rue principale.
A l'entrée de la ville, aux Antiques, se situe un arc de triomphe et un mausolée (cf photo ci-contre) qui glorifie la famille de César et d'Auguste, les Julii. Les constructions de cette époque se caractérisent par l'emploi de moellons liés par un mortier trés dur.
Glanum se voit attribuer le privilège de la citoyenneté romaine,
Glanum: Mausolée et Arc de triomphe des Julii
La destruction de Glanum
La destruction de Glanum est le résultat des violentes incursions Barbares de la seconde moitié du IIIème siècle aprés J-C et plus particulièrement de celle de l'an 276.
Vasio Vocontiorum (Vaison la Romaine)
Vaison la Romaine (Vasio) était la capitale des Voconces du Sud, cette tribu est parmi celles vaincues par le Consul Fulvius Flaccus en 125 av J-C puis par Sextius Calvinus en 124 av J-C.
La ville de Vaison et la cité associée deviennent une Citée fédérée lors de la création de la Provincia en 120 av J-C: elle garde une grande autonomie en contrepartie d'une fidélité absolue à Rome. Vaison devient alors une cité commerçante s'appuyant sur la navigation sur l'Ouvèze.
Elément des Thermes du centre et rue des boutiques
Aquae Sextiae (Aix en Provence)
Restes des remparts d'Aix sur l'emplacement des Thermes de Sextius
Au IVème siècle avant J-C, la région autour d'Aix est occupée par une tribu Celto-ligure, les Salyens. Leur capitale est à Entremont, un oppidum situé à 3 kilomètres au nord d'Aix.
Les Salyens supportent mal la concurrence de Massalia et se montrent agressifs vis à vis d'elle. En 125 avant J-C, Massalia demande l'assistance des Romains. Le Consul Sextius Calvinus prend et détruit Entremont en 124 av J-C. Pour protèger la région conquise, Sextius établit en 122 av J-C, prés de sources thermales, un camp retranché qui prend le nom d'Aquae Sextiae (les eaux de Sextius), c'est l'origine de la ville d'Aix en Provence.
En 102 av J-C, les Cimbres et les Teutons, qui viennent du nord de la Germanie, arrivent prés d'Aix. Le Consul Marius et ses Légions les y attendent, ils remportent une grande victoire, les Germains sont décimés. Marius engage alors l'aménagement de la ville, des monuments et aqueducs sont édifiés.
Autour de 50 av J-C, César lui attribue le titre de colonie. Par la suite, elle devient la capitale de la seconde Narbonnaise, elle est alors une ville prospère. A partir du IIIème siècle aprés J-C, elle est concurrencée puis supplantée par Arelate.
Forum Julii (Fréjus)
Vue de Fréjus à l'époque Romaine (extrait du Point du 13/8/99)
La ville de Fréjus a été fondée par Jules César sur un butte dominant la plaine de l'Argens et ses marécages. Le nom de Fréjus vient de Forum Julii (marché de Jules).
En 35 av J-C, une colonie de Vétérans de la VIIIème Légion y est installée par Octave (Auguste). Un plan d'eau de 17 hectares est aménagé, et un chenal d'un kilomètre et demi est réalisé pour lui donner accés à la mer Méditerranée.
Le rôle portuaire va devenir essentiel essentiel, c'est le plus important port militaire de la Gaule Romaine. Octave y établit une base navale avec un arsenal, on y construit des galères rapides qui contribuent à la victoire d'Octave (Auguste) à Actium (31 avant J-C) sur Marc-Antoine et Cléopatre. En complément ce port devient un place commerciale active.
Aprés cette victoire, Octave ramène à Fréjus les navires Egyptiens qui ont été capturés. Fréjus devient d'ailleurs un port d'attache des flottes romaines jusqu'au règne de Vespasien (69-79 aprés J-C). Par la suite, avec l'établissement de la Pax Romana, le commerce devient l'activité principale du port et de la ville.
Le tout périclite au Vème siècle avec les incursions Barbares et le développement des troubles dans l'Empire Romain.
Les monuments de Fréjus Fréjus est disposée selon le schéma habituel des villes romaines avec des rues perpendiculaires. Elle possède un théâtre, un amphithéâtre et des thermes auxquels les habitants accèdent gratuitement.
La Porte d'Orée
Ce édifice (cf photo ci contre) est le vestige d'une salle à arcades qui faisait partie d'un des Thermes de la ville. Ceux-ci étaient situés au sud de la cité prés du port et du site de la Butte Saint-Antoine.
La Porte d'Orée à Fréjus
La Lanterne d'Auguste C'est une tour hexagonale qui est toujours visible, elle indiquait l'entrée du port de Forum Julii, elle a été remaniée au Moyen-Age. Le port communiquait avec la mer Méditérranée par un chenal large de 30 mètres et long de 500.
Une autre tour identique se situait de l'autre côté du chenal, une chaîne était tendue, la nuit, entre ces deux tours ce qui interdisait le passage aux navires. Le port de Fréjus était important, il avait une superficie de 22 hectares et comportait 2 kilomètres de quais (il en subsiste des éléments).
L'Aqueduc de la Siagnole Fréjus était alimenté en eau par l'Aqueduc de la Siagnole qui faisait 40 kilomètres de long et arrivait sur le côté Est de la ville. Il commençait du côté de Mons, un village des préalpes de Grasse, il en reste quelques éléments (piliers et arcades en ruines). L'eau arrivait dans un château d'eau (Castellum) qui la distribuait ensuite aux thermes et fontaines de la ville.
L'Amphithéâtre
Il se situait à l'extrémité Nord-Ouest de la ville, il en subsiste des parties (cf photo ci-contre). Il avait la forme d'une ellipse et mesurait 114 mètres de long sur 82 de largeur, il pouvait accueillir prés de 10000 spectateurs. L'amphithéâtre était plus simple que ceux de Arles ou Nîmes, car la population de Fréjus était surtout composée de soldats et de marins, moins raffinée que celles des villes précitées.
Le Théâtre
Le Théâtre se situait au nord-est de la ville et mesurait 84 mètres sur 60. Il en restes quelques élements et on peut percevoir sa structure: orchestre, scène, ...
La Porte des Gaules
La Porte des Gaules à Fréjus
La Porte des Gaules se situait à l'entrée ouest de Fréjus sur la Via Aurelia et amorçait le Decumanus maximus, une des deux rues principales de la ville. Cette Porte avait la forme d'un hémicycle de 50 mètres de diamètre limité aux deux extrémités par une Tour ronde (cf photo ci-dessus). La porte, au centre, avait une largeur de 5 mètres pour les charriots et 2 accés piétons.
Cette porte faisait partie des remparts de Fréjus dont il subsiste des éléments significatifs (parties Nord-Est et Sud).
Cimiez (Nice)
Cimiez (Cemelanum) est situé en hauteur à 2 kilomètres du rivage de la Méditerranée, le site fait maintenant partie de l'agglomération de Nice.
A l'origine, c'est la ville principale des Ligures Vediantii aux IIIème-IIème siècles av J-C. Cimiez doit son développement à la victoire de l'Empereur Auguste sur les tribus Celto-ligures des Alpes entre 16 et 14 av J-C.
Le Trophée de La Turbie porte le témoignage de cette victoire. Auguste crée la Province des Alpes-Maritimes et lui donne pour capitale Cemenelum (Cimiez) qui devient une ville de garnison traversée par la Via Julia Augusta.
Aux IIème et IIIème siècles aprés J-C, Cemenelum (Cimiez) rassemble un amphithéâtre et trois ensembles thermaux avec, à proximité, des habitations et des boutiques. A cette époque la ville compte plusieurs milliers d'habitants, les arènes pouvaient contenir jusqu'à 4000 spectateurs. Les thermes comportaient, sur près de deux hectares, piscines, salles de bains froids, tièdes et chauds, étuves, palestres...
A partir du milieu du IIIème siècle, la région est frappée par les invasions barbares. Cemenelum (Cimiez) est abandonné à la fin du IIIème siècle, et réapparait au début du Vème siècle comme un ensemble chrétien avec cathédrale et baptistère, ce sont les dernières traces de vie urbaine .
Suite aux invasions du Vème siècle, la région est controlée successivement par les Wisigoths, les Ostrogoths puis les Francs et finalement les Sarrazins qui font des incursions dévastatrices jusqu'au XIème siècle. Pendant plusieurs siècles le pays reste devasté et dépeuplé. Quand le calme revient Cimiez a perdu son importance et c'est à nouveau le site du bord de mer qui attire les populations: Nice.
Le village de La Turbie est sur la Grande Corniche, à 480 mètres d'altitude. Il est placé sur la Via Julia Augusta et il domine toute la partie Est de la Côte d'Azur. De ce point de vue les panoramas sont splendides.
Le Trophée de la Turbie a été édifié en 6 avant J-C à l'initiative du Sénat de Rome et du Princeps Auguste qui souhaitaient commémorer la victoire sur les 44 tribus alpines qui s'opposaient à la tutelle romaine. C'est le seul monument romain de ce type qui subsiste.
Pendant plus de 3 ans, de 16 à 14 avant J-C, Auguste, Drusus, Tibère conduisirent des campagnes militaires contre ces tribus qui menaçaient les liaisons avec la Provincia, la Gaule, la Germanie et l'Espagne.
La victoire établie, la Province des Alpes-Maritimes fut constituée avec pour capitale Cimiez, elle devint une Province Impériale, des Légions stationnaient sur son sol.
Le Trophée des Alpes mesurait à l'origine 50 mètres de hauteur et reposait sur une base de 38 mètres de côté. Le coeur du monument est circulaire et est constitué de grandes colonnes doriques avec des niches qui accueillaient les statues des généraux qui avaient participés aux campagnes.
L'ensemble était surmonté d'une coupole conique qui servait de support à une grande statue d'Auguste. Des hauts reliefs en marbre montraient des captifs enchainés et des trophées d'arme, ces figures symbolisent la victoire de Rome et de Auguste sur les barbares.
L'édifice a été utilisé comme une forteresse féodale au Moyen-Age, sérieusement endommagé sous Louis XIV, il a ensuite servi de carrière de pierres pour la construction de l'église St Michel l'Archange de La Turbie (elle date du XVIIIème siècle). Il en est ressorti à l'état de ruines. Sa restauration a été éffectuée de 1929 à 1933, financée par l'Américain Edward Tuck, l'édifice actuel n'a plus que 35 mètres de hauteur, il est néanmoins visible de loin.