Des châteaux méritant le détour sont répartis de part et d'autre de la ville et du cours de l'Indre, par exemple le château de l'Islette.
C'est aussi entre Azay le Rideau et Artannes que se développe la Vallée du Lys, là où l'écrivain Balzac a situé son célèbre roman: Le Lys dans la Vallée. Balzac venait souvent à Saché pour écrire ses romans.
Le château qui a été reconstruit à la fin du XVème siècle n'a pas de rôle militaire, c'est une construction résidentielle de type Renaissance. Il a été réalisé sur une île de l'Indre à l'emplacement d'un ancien château-fort et il est entouré naturellement par des douves.
Philippe Lesbahy était la fille unique du seigneur d'Azay et elle a hérité de lui d'un château-fort en mauvais état. Elle épouse Gilles Berthelot, un riche financier apparenté au surintendant des Finances, Semblancay, qui est encore plus riche. Gilles est le fils de Marcelin Berthelot (Maitre de la Chambre des Deniers des rois Louis XI et Charles VIII).
Par la suite Gilles Berthelot devient Maitre des Comptes, Maire de Tours et un des Trésoriers de France.
Le nouveau château est commencé par Gilles et Philippe Lesbahy avant 1518, époque à laquelle 120 ouvriers travaillent en permanence à l'ouvrage. C'est Philippe Lesbahy, qui a conduit l'essentiel des travaux de construction de 1518 à 1524 avec le concours d'Etienne Rousseau, de Pierre Maupoint et de Jacquet Thoreau pour la charpente.
En 1527, Semblançay, victime des manoeuvres de la reine mère Louise de Savoie, est accusé de détournement des finances de l'Etat. Il est pendu au gibet de Montfaucon.
Chateau d'Azay le Rideau, façade Ouest
Gilles Berthelot se trouve compromis dans le scandale qui a fait condamner Semblancay, en 1527 il préfère fuir la France et se réfugie en Lorraine, il meurt à Cambrai en 1530, ses biens sont confisqués.
C'est pourquoi Azay est un chateau inachevé, dans le plan initial il devait former un quadrilatère mais les deux ailes complémentaires n'ont jamais été construites.
Le roi François I attribue le château d'Azay le Rideau à l'un de ses compagnons d'armes, Antoine Raffin, dont la famille l'occupe jusqu'à la Révolution française. En 1791, il est racheté par Charles de Biencourt, dont les descendants le conservent pendant tout le XIXe siècle, ils aménagent le parc.
Le château et son parc ont été achetés par l'Etat Francais en 1905.
L'influence italienne est nette à Azay, les tours et machicoulis sont des ornements et la décoration intérieure du monument est très artistique. Les fossés sont transformés en plan d'eau et le parc du chateau est un lieu de promenade.
Les façades sur la cour
Le château est construit sur une île de l'Indre, il est composé d'un bâtiment principal et d'une aile en équerre sur le côté Ouest.
Les façades sur la cour du château illustrent le type de construction dite de la Première Renaissance. Elles sont encadrées par des tours d'angles.
Les fenêtres sont superposées et forment des travées régulières. Ces fenêtres sont encadrées par des pilastres, celles du haut portent une décoration.
Le façades sur cour (Nord et Est) et le Grand Escalier, tour d'angle à droite
Le rez-de-chaussée a été réaménagé au XIXème siècle. Le salon des Biencourt est en style néo-Renaissance, il présente des portraits, peintures et photographies de membres de cette famille qui était la propriétaire à cette époque. Les autres pièces à visiter sont la salle de billard, la cuisine, la salle à manger et la bibliothèque.
Le Grand Escalier se situe à l'intérieur et au centre du logis principal, la base était l'entrée d'honneur du château. Il comporte trois étages de loggias ouvertes dont l'extérieur est richement décoré.
Il est à rampe droite et à l'intérieur il est recouvert par un plafond à caissons orné de médaillons avec des motifs végétaux (cf photo ci-contre).
Plafond à caissons du Grand Escalier
Premier étage
Au premier étage de la façade orientée Est (cf photo ci-dessous à droite, côté droit) se trouve une chambre dite Renaissance avec une grande cheminée de cette époque.
Sur la gauche une petite pièce avait la fonction d'oratoire pour les chambres qui l'entourent.
Sur la gauche encore se trouve une chambre dite du Maitre de maison qui servait à la fois de pièce de séjour et de travail.
A l'angle des deux ailes (cf photo au-dessus), une grande salle accueillait les événements importants comme les festins ou les bals. La grande cheminée est encadrée par des colonnes et des pilastres. Elle est ornée de tapisseries des XVIème et XVIIème siècles.
Sur la gauche de cette salle se trouve l'escalier qui lui donnait un accés direct. De l'autre côté de l'escalier un antichambre précédait la Grande Chambre (à l'extrémité Est) destinée à un séjour éventuel du roi de France.
Vue du château côté Est Vue de la façade sur cour orientée Est
La façade Sud
La façade Sud (cf photo ci-dessous) est particulièrement élégante, ceci provient en bonne partie de sa parfaite symétrie. Les fenêtres sont exactement superposées entre les étages, elles encadrées par des pilastres reliés par des bandeaux horizontaux.
Les tourelles d'angles qui sont en surplomb au-dessus des douves créent une impression de légèreté.
Au niveau supérieur les lucarnes sont richement décorées avec des thèmes variés: antiquité, moyen-âge, renaissance, ...
Chateau d'Azay le Rideau, la façade Sud est parfaitement symétrique
La photo ci-dessus montre aussi le flanc Est qui est le plus étroit, il est dans un style identique à celui de la façade Sud.
L'intérieur du chateau
L'intérieur du château est un véritable musée de la Renaissance.
Coffre Renaissance Salon des Biencourt: cheminée et tableaux de Henri III et Catherine de Médicis Tableau de la Dame au bain
Une bonne partie du mobilier date du début du XVIème siècle, les coffres et le style gothique sont encore présents avec des décorations de style Italien.
Les meubles sont sculptés et possèdent des incrustations et des éléments finements travaillés.
Le chateau abrite également de nombreuses tapisseries et peintures. Un ensemble de tapisseries retrace l'histoire de Renaud, le croisé, et Armide.
Voyager, c'est aussi rêver. Rêver, par exemple, aux endroits incomparables qui jalonneront votre parcours tout au long de la Loire.
Les prises de vue sont superbes ; elles sont commentées par des textes qui font la part belle aux curiosités que vous rencontrerez en chemin et vous fournissent une myriade de renseignements utiles.
Abandonnez les sentiers battus et laissez- vous envoûter par les destinations magiques du Val de Loire...
(1995) de Le Guillou Jc -- Broché -- ISBN : 2271052858
Histoire de ce célèbre château édifié en 1518 sur un îlot de l'Indre pour le financier Gilles Berthelot. Rappelant par sa silhouette la forteresse féodale, Azay appartient à la Renaissance par le gracieux dessin de ses façades, la symétrie de son ordonnance et sa belle ornementation, directement inspirée de l'Italie. Le château d'Azay est aujourd'hui à la fois un musée et un monument historique.
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Chateau d'Azay le Rideau (juin 1985) - de Bernadette Roberjot, Mariecke de Bussac, Alain de Bussac - ISBN: 2864040182
Livre maquette comprenant un texte historique, avec 6 planches couleur à découper permettant de construire très précisément en volume la maquette d'un des châteaux de la Loire les plus représentatifs de l'architecture du XVIème siècle (échelle 1/250, base 26 x 31 cm, hauteur 12 cm).
Traduction incluse en anglais, allemand, japonais.
La ville d'Azay le Rideau
La ville d'Azay le Rideau s'est constituée au XIème siècle autour d'un château-fort qui contrôlait le passage de l'Indre et d'un Prieuré qui relevait de l'Abbaye Saint Paul de Cormery.
Le centre ancien d'Azay le Rideau conserve de belles maisons sont certaines remontent au XVème siècle.
La plupart sont cependant des constructions en pierre de taille (tuffeau) des XVIIIème et XIXème siècles.
Maison ancienne à colombages
Fenêtres trilobées en haut à droite
La maison ancienne sur les photo ci-contre et ci-dessus est la plus belle d'Azay le Rideau.
Elle remonte au XIIIème siècle comme le montre les fenêtres trilobées sur la photo ci-dessus à gauche et la cave qui est voûtée. Pour autant le principal de l'édifice est du XVème siècle.
Elle se situe en haut de la rue de l'Abreuvoir sur laquelle donne son pignon. Elle s'appuyait sur les anciennes fortifications de la ville.
Le côté Nord (sur la rue de la Mairie) possède un étage en colombages, le rez de chaussée était occupé par des échoppes.
Dans les environs, quelques châteaux intéressants sont proches de la ville, on peut citer ceux de l'Islette et de La Chatonnière.
Les fortifications médiévales
Au Moyen-Age Azay le Rideau était une ville fortifiée. Sur son flanc Ouest la ligne des remparts suivait l'actuelle rue Carnot jusqu'à la maison et la tour de la photo ci-contre, elle se poursuivait selon la rue de l'Abreuvoir qui comme son nom l'indique débouche sur l'Indre.
En 1418, pendant la Guerre de Cent Ans, la garnison, qui tient la place pour le duc de Bourgogne, insulte le Dauphin Charles (futur Charles VII) alors que celui ci passe près de la ville avec ses troupes.
Pour se venger, il en fait le siège et la prend d'assaut. Les 350 soldats de la garnison sont pendus, le chateau et les fortifications de la ville sont rasées.
Tour médiévale qui faisait partie des fortifications d'Azay le Rideau
Ce n'est que cinquante ans plus tard qu'elles seront complètement rétablies après que Charles VII ait autorisé en 1442 la reconstruction de la place forte.
Eglise Saint Symphorien
L'Eglise est placée sous le patronage de Saint Symphorien, sans doute en relation, à l'époque Carolingienne, avec l'archevêque de Tours Adalard, issu d'une grande famille de la région et également implantée à Autun dont le patron est Saint Symphorien. L'édifice conserve plusieurs parties et éléments de style Roman.
Façades, nefs et clocher Eglise Saint Symphorien d'Azay le Rideau Chevet avec la chapelle carrée du début du XVIIème
Les parties les plus anciennes de l'église sont donc du XIème siècle à la réserve de réemploi d'éléments de l'édifice antérieur.
Nef Sud, choeur et abside de l'intérieur de l'église Saint Symphorien
L'église Saint Symphorien n'a pas un style homogène, elle comporte deux nefs.
La nef principale est au Sud (à droite sur la photo ci-contre), elle remonte au XIème siècle, cependant les arcs brisés et les voûtes avec arêtes sont du XIIème, elle s'achève avec le choeur et une abside elle aussi du XIIème siècle. Cette abside est bordée par une chapelle seigneuriale sur le flanc Sud, celle-ci a été réalisée en 1603.
Des fresques murales ont été mises en évidence dans le choeur qui a l'origine était entièrement décoré.
L'autre nef (côté Nord) est du XIIème siècle sauf les deux travées Ouest et la façade (à gauche sur la photo ci-contre) qui sont du début du XVIème siècle.
Le clocher est lui aussi du XIIème siècle.
La Façade de la nef Sud
La partie la plus intéressante du monument est sur la façade de la nef la plus ancienne, au dessus du portail de droite. Ce portail est très postérieur et la fenêtre qui le surmonte est du XIIIème siècle.
Dans cette partie (cf photo ci-dessous) la pointe du pignon d'origine est bien visible, ce qui permet de visualiser les travaux d'agrandissement postérieurs à la première construction (peut-être du Xème siècle).
Le parement du pignon d'origine est en petit appareil réticulé. On retrouve la même configuration dans les eglises voisines de Saint Germain de Bourgueil et de Restigné.
En dessous le fronton est divisé en deux registres par des cordons sculptés et une corniche avec des modillons: les sculptures du registre supérieur sont de meilleure qualité que celles du registre inférieur. Les dalles portant les sculpture font environ 90 centimètres de hauteur sur sur 30 à 35 centimètres de largeur.
Partie de la façade de l'église Saint Symphorien
Le registre supérieur (cf photo ci dessous) a un parement en moyen appareil sauf aux extrémités qui présentent un triangle avec un parement en petit appareil réticulé. La trace de triangles plus petits se laisse deviner, ils ont été dégradés par les travaux postérieurs.
La partie centrale est une frise avec sept sept personnages sculptés placés chacun sous une arcade. Le Christ est au centre (auréole avec une croix) il tient l'Evangile ouvert sur sa poitrine.
Il est entouré par des saints, celui à droite du Christ sur la photo ci-dessous est tourné vers lui et tient la colonne avec ses deux mains, les deux premiers à gauche tiennent aussi la colonne avec leurs mains et les autres sont tous présentés de face. Celui en deuxième position sur la droite(sur la photo) tient une croix. Les vêtements sont des tuniques ou des manteaux. Les trois saints à gauche sur la photo n'ont pas d'auréoles.
Registre supérieur: statues du Christ et de saints
Le registre inférieur (cf photo ci-dessous) comporte aussi une double frise avec sept personnages sculptés, quatre sur la gauche dont le dernier est tronqué) et trois à droite de la fenêtre qui est de style Gothique. A noter la sculpture à l'extrémité droite, le personnage tourne le dos aux autres et a la main posée sur la colonnette extérieure.
Il est probable que les dalles portant les sculptures n'ont pas été remises dans la disposition d'origine quand la fenêtre gothique a été percée.
Registre inférieur: statues du Christ et de saints
La corniche au bas du pignon comporte à chaque extrémité un bas-relief sculpté avec des représentations d'animaux (cf photos ci-contre).
Deux loups debout qui s'affrontent face à face
Un chien attaque un loup qui a pris un lièvre
Les dalles portant les sculptures ne sont pas à leur emplacement d'origine sans que l'on puisse préciser d'où elles venaient.
Deux kilomètres à l'ouest d'Azay le Rideau, le long de l'Indre, se trouve le Chateau de l'Islette.
Il a été construit à la meme époque que celui d'Azay entre 1526 et 1531 par René de Maillé.
En plus modeste il a un style comparable à celui de son célèbre voisin. Le sculpteur Rodin y a habité à la fin du XIXème siècle.
Le château de l'Islette au bord de l'Indre
Et maintenant, sur les pas de Balzac visitez la Vallée du Lys
Lignières de Touraine
Lignières de Touraine est un village qui se situe au carrefour de quatre châteaux de la Loire. En effet, il est à cinq kilomètres au Nord d'Azay le Rideau, à trois kilomètres de Marnay où passe l'Indre, mais aussi à la même distance de la Loire et de Langeais. Pour complèter cette situation, le château de Villandry est à huit kilomètres vers l'Est et celui d'Ussé à une douzaine de kilomètres à l'Ouest.
Eglise Saint Martin de Lignières de Touraine
L'église Saint Martin faisait partie d'un Prieuré, elle comporte deux parties bien visibles sur les photos ci-dessus, le choeur et la nef principale sont du XIIème siècle et de style Roman, la nef côté Sud est du début du XVIème siècle. L'église a été restaurée au milieu du XVIIIème siècle.
La Création d'Eve, le Jardin d'Eden et la Tentation d'Adam et Eve, Adam et Eve chassés du Paradis
La restauration de l'église conduite en 2009 a permis de dégager un ensemble de fresques murales qui ont été réalisées à la fin du XIIème siècle et remaniées dans les deux siècles suivants.
Ces fresques sont situées dans le choeur, sur la voûte de l'abside.
Les Chateaux de la Loire ont presque tous été construits au XVIème siècle, à l'époque de la Renaissance.
L'historien de la Renaissance Ivan Cloulas montre la faveur progressive des Chateaux de la Loire comme lieux de retraite, fortifiés d'abord, sous Charles VII et ses deux successeurs; ensuite, comme lieux privilégiés de la cour, cette société fermée avide de plaisirs mondains, sous Louis XII et ses deux successeurs. Dans ces demeures somptueuses s'agite tout un monde dont l'auteur décrit les goûts, les habitudes et les extravagances.