Vous etes ICI : Accueil > France > Poitou > Eglises Romanes du Poitou-Charentes
Le Poitou est une des régions où l'Art Roman (XIème et XIIème siècles) s'est le mieux épanoui. Bénéficiant de l'acquis, même lointain, des modèles de l'architecture Gallo-Romaine, les architectes et artistes médiévaux sont parvenus a concevoir et réaliser en Poitou des édifices exceptionnels.
Ces édifices sont parfois dûs à l'initiative de grands féodaux, à commencer par les comtes de Poitou (devenus aussi ducs d'Aquitaine) ou leurs principaux vassaux: les vicomtes et sires.
Ils sont aussi dus aux nombreuses Abbayes du Poitou et des régions alentour qui développent leur réseau de Prieurés.
Autre facteur important, les chemins du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle, en effet les ressources données par les nombreux pélérins contribuent à l'édification des plus belles églises Romanes. En pratique, souvent, tous ces facteurs jouent simultanément.
La construction des églises Romanes aux XIème et XIIème siècles
Le développement et la construction des églises Romanes doit être resitué dans le contexte socio-économiques de l'époque où elles ont été réalisées, c'est à dire entre l'An Mil et le début du XIIIème siècle.
D'abord les hommes de la campagne ont rarement un habitat solitaire, ils vivent en groupe dans des hameaux ou villages. Le village est le cadre normal de l'existence, il s'y créait des usages et des coutumes respectés de tous.
Dès le Xème siècle l'activité économique est en reprise et corrélativement la population des villages s'accroit et de nouveaux lieux de peuplement apparaissent. Tous ces sites peuplés éprouvent le besoin d'une protection, c'est pourquoi la plupart se développent à proximité de lieux faciles défendre et donc de châteaux.
Un autre facteur déterminant est l'emprise de plus en plus forte de l'Eglise sur la pratique religieuse et même sur de nombreux actes de la vie courante. En particulier les dons aux institutions religieuses sont importantes ce qui leur permet de construire des monastères et églises.
Au XIème siècle les seigneurs féodaux et comtes sont donc souvent à l'initiative des créations d'églises paroissiales à proximité de leurs châteaux. Les plus importants créent et dotent des abbayes qui en retour établissent des prieurés et églises dans leurs domaines.
Jusque là la plupart des bâtiments (forteresses, églises) étaient édifiés en bois et donc vulnérables, en particulier au feu, c'est pourquoi il n'en reste quasiment pas. L'amélioration économique donne les moyens financiers pour construire en pierre, les églises vont désormais perdurer à travers les siècles.
Le nombre important d'églises construites en Poitou, Saintonge et en Angoumois illustre en premier lieu cette prospérité et l'accroissement de population.
Elle se caractérise par une façade couverte de sculptures, organisée sur deux étages, chacun ayant une ouverture centrale (portail en bas, fenêtre à l'étage). Le portail est une vaste baie généralement en plein cintre et le plus souvent sans tympan, les voussures de ce portail sont généralement recouvertes de sculptures.
A l'intérieur, bien souvent les voûtes sont en pierre. Les collatéraux de la nef ont une hauteur approchant celle de cette nef ce qui leur permet d'épauler celle-ci, c'est par eux que s'effectue l'éclairage de la nef.
Les clochers sont assez souvent une tour carrée avec un nombre réduit d'étages et surmontée par une pyramide (ou un cône) parfois recouverte par une simulation d'écailles.
Poitou Roman de Laurence Brugger - Zodiaque - ISBN: 2736903137
Cette nouvelle (et troisième) version de Poitou roman renoue avec la première, qui recouvrait l'ensemble des monuments de l'ancien diocèse de Poitiers, sans distinguer le Haut du Bas Poitou.
Une sélection plus étroite des églises bénéficiant de notices particulières a donc été nécessaire, même si, concurremment, des monuments délaissés ont regagné le devant de la scène artistique. Grâce à un découpage et un regroupement des édifices en itinéraires, l'ensemble du livre permet un survol exhaustif de l'expression romane en Poitou.
Passionnée d'iconographie médiévale, Laurence Brugger a initié ses études à l'Université de Genève, auprès du Professeur Yves Christe, avant d'élargir son champ de recherches d'abord à l'Italie, puis à la France, où elle a officié en qualité de directeur d'études invité à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
Comme Professeur de recherches auprès de l'Université de Fribourg, elle a poursuivi des recherches sur l'Espagne romane, et se consacre aujourd'hui l'élaboration d'un vaste corpus iconographique des voussures romanes et gothiques.
La région Poitou-Charentes est une des régions les plus riches de France en patrimoine roman.
Elle offre à découvrir plus de sept cent cinquante églises et une centaine de donjons sur ses territoires chargés d'histoire, auxquels s'ajoutent les collections d'art et d'archéologie de ses musées.
Avec Saint-Savin-sur-Gartempe et une vingtaine d'autres églises, elle possède un ensemble de peintures murales de l'époque romane unique en France, en quantité et en qualité.
Parcourant ces chemins de l'art roman en Poitou-Charentes, les auteurs ont choisi un bouquet de sites pour offrir au lecteur comme au visiteur un aperçu de ces merveilles.
Vocabulaire de l'Architecture Religieuse du Moyen-Age
La description des églises et édifices de l'architecture religieuse nécessite la connaissance d'un vocabulaire spécialisé dont les expressions ne sont pas intuitives. Pour vous aider vous pouvez vous appuyer sur cette page:
Poitiers est une ville qui a un grand passé historique. Il lui en reste de nombreux monuments et en particulier plusieurs églises totalement ou partiellement Romanes.
Contrairement à ce que son nom indique cette église n'est pas très grande.
La construction de Notre-Dame la Grande remonte au XIème et XIIème siècles. C'est un des joyaux de l'Art Roman en France en particulier avec la façade Ouest (du XIIème siècle) qui est spectaculaire, le nombre de sculptures et leur finesse impressionnent d'emblée.
Façade de la Collégiale Notre Dame la Grande
La façade est encadrée par deux massifs de colonnes portant chacun un lanternon coiffé d'une flèche en pomme de pin. En bas, le portail est entouré par des arcatures aveugles.
L'église comporte une nef centrale et deux bas-côtés qui sont de dimensions presque égales en largeur et en hauteur, ces constructions sont des XIème et XIIème siècles. L'édifice compte neuf travées et l'ensemble est couvert d'une toiture unique. De puissants piliers supportent le clocher.
Le choeur est couvert de fresques de la fin du XIème siècle et qui ont été reprises au XIIIème siècle.
La crypte de l'église conserve des peintures murales de la fin du XIème siècle.
Eglise Notre-Dame la Grande de Poitiers, sur le flanc Sud, Porche Gothique et Porche Roman
Saint Hilaire est issu de l'aristocratie Gallo-Romaine, il devient le premier évêque de Poitiers en 353 par le choix des chrétiens de la ville. Il lutte fortement contre l'hérésie Arienne. Il est exilé puis revient à Poitiers vers 360, la ville devient un centre de la chrétienté en Gaule. Il est mort en 368 et à partir de ce moment un pélerinage se développe sur son tombeau.
A l'époque de Saint Hilaire, Poitiers comptait sans doute plus de 10000 habitants, ce qui en faisait une des plus grandes villes de la Gaule. En 360, son disciple Saint Martin fonde le Monastère de Ligugé avant de devenir évêque de Tours.
Eglise Saint Hilaire de Poitiers: chevet avec ses absidioles et transept Sud
L'église qui porte le nom de Saint Hilaire le Grand a été construit sur l'emplacement du sanctuaire qui a été réalisé autour de son tombeau. A l'époque il était extérieur à la ville près de la voie Romaine qui se dirigeait vers Saintes et Bordeaux.
Il est une première fois pillé par les Arabes puis plus d'un siècle plus tard par les Normands en 863. Les reliques de Saint Hilaire sont alors transférées au Puy en Velay (une partie est ramenée au milieu du XVIIème siècle).
Autour de 970, Ebles, évêque de Limoges et trésorier de l'abbaye Saint Hilaire, frère de Guillaume Tête d'Etoupe, fait construire une enceinte pour protéger l'abbaye.
L'église actuelle a été reconstruite au XIème siècle et sa dédicace a eu lieu en 1049, elle a été complétée au XIIIème siècle. Cette reconstruction est due d'abord à la reine Emma de Normandie, épouse de Ethelred puis de Cnut le Grand, rois d'Angleterre, puis surtout à Agnès de Bourgogne comtesse de Poitiers. Elle est reprise à la fin du XIème siècle.
L'église Saint Hilaire le Grand a subi de nombreuses modifications à travers les siècles, mais elle reste principalement de style Roman. Elle est classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
Cette église a pris le nom de la Sainte, en 587, quand celle-ci y a ete inhumée, elle est rapidement devenue un centre de pélerinage.
La crypte se situe sous le choeur, elle abrite le tombeau de Sainte Radegonde dans un sarcophage qui date de 587, année de sa mort. Elle était la femme du roi Mérovingien Clotaire Ier.
L'église a été très endommagée au moment des Invasions Normandes.
L'édifice actuel a été construit aux XIème et XIIème siècles, son architecture a été adaptée aux besoins générés par l'important pélerinage sur le tombeau de Sainte Radegonde.
L'église est de style Roman, les premiers niveaux du clocher-porche (cf photo ci-contre), l'abside avec son déambulatoire et les chapelles rayonnantes sont de cette époque.
Clocher de l'église Sainte Radegonde
La nef est du XIIIème siècle, elle comporte quatre travées, elle de style Gothique Plantagenêt.
Dans l'abside les chapiteaux des colonnes sont sculptés avec des feuillages, des animaux et des scènes bibliques, certains étaient peints.
La voûte de l'abside est couverte de peintures murales du XIIIème siècle, elles ont restaurées au XIXème siècle.
Chapiteaux et fresques de l'église Sainte Radegonde
Ce sont les seigneurs de Lusignan qui sont à l'origine de l'église Notre-Dame et Saint Junien. Hugues IV le Brun en initialise la construction à proximité de son chateau en 1025, il en confie la tutelle à l'Abbaye de Nouaillé dont elle devient un Prieuré.
L'église est achevée par Hugues VI autour de 1110. L'édifice est endommagé par les conflits entre Henri II Plantagenet et les sires de Lusignan, elle est reconstruite à la fin du XIIème siècle.
Elle est à nouveau endommagée au moment de la Guerre de Cent Ans. En 1373 les Anglo-Gascons s'emparent de Lusignan et Du Guesclin, Connétable du Royaume de France, vient assièger le château, qui est proche de l'église. Les combats provoquent l'effondrement du clocher et des voûtes.
L'édifice est restauré à partir de 1377 par le duc Jean de Berry qui est aussi comte de Poitou.
Côté Nord de l'église Notre-Dame et Saint Junien de Lusignan
A la base, l'édifice est de style Roman. Les murs de la nef et le bras Nord du transept (cf photo ci-contre) proviennent de l'église du XIème siècle.
A la fin du XIIème siècle des modifications notables sont apportées: piliers pour porter les voûtes (cf photo ci-dessous à droite), carré du transept et clocher, bras Sud du transept (cf photo ci-dessous à gauche) et son absidiole, choeur en hémicycle.
Le chevet est renforcé par des contreforts formés de faisceaux de trois colonnes, les arcs cintrés des fenêtres sont sculptés.
La nef comporte sept travées sur 60 mètres de longueur et 15 mètres de hauteur, les murs sont garnis d'arcatures en plein cintre avec des chapiteaux sculptés.
La façade et les cinq premières travées de la nef ont été reconstruites à la fin du XVème siècle pour réparer les dégats de la Guerre de Cent Ans. Les travées à l'Est restent voûtées en berceau brisé de même que les collatéraux.
Clocher et bras sud du transept Eglise Notre-Dame et Saint Junien de Lusignan La nef: voûtes en ogives et au fond en berceau brisé
Au-dessus du carré du transept a été réalisée une coupole sur trompes surmontée par le clocher. Celui-ci est doté de contreforts-colonnes, il a une allure puissante, il est sur deux niveaux, le premier avec des arcatures aveugles et le second avec une arcature aveugle de chaque côté de deux baies (cf photo ci-dessus à gauche). A l'angle du transept et de la nef, un escalier est dans une tourelle ronde surmontée d'un cône à écailles.
L'ancienne église Sainte Croix est au départ un édifice de style Roman dont la construction remonte au XIème siècle.
Elle a été fondée, en 1062, par le comte d'Anjou Geoffroy le Barbu et appartenait à un Prieuré relevant de l'Abbaye Saint Philibert de Tournus, en Bourgogne.
En 1121 le comte d'Anjou Foulques V le Jeune lui donne un fragment de la Vraie Croix.
L'église Sainte Croix fait plus de 50 mètres en longueur, le carré du transept a été remanié au XVème siècle.
De l'édifice Roman subsistent le transept avec une absidiole sur chaque bras, le choeur, l'abside et le déambulatoire avec trois chapelles rayonnantes. Les gros piliers cylindriques sont analogues à ceux de Saint Philibert de Tournus.
Elle conserve aussi des fresques murales du XIIIème siècle, en particulier une scène représentant le Christ sur la Croix entouré par la Vierge et Saint Jean.
La nef et la façade sont défigurées. Des gravures et descriptions anciennes permettent de savoir que la nef comptait six travées avec une voûte en berceau.
Façade de l'église Sainte Croix de Loudun
Pendant les Guerres de Religion, l'église est incendiée par les Protestants en 1588.
En 1634, Urbain Grandier, un prêtre de Loudun, est jugé dans l'Affaire des possédées de Loudun, des séances d'exorcisme sont alors organisées dans l'église Sainte Croix. Urbain Grandier a été condamné et brulé sur un bucher dressé sur la petite place au nord de l'église.
Elle a été désaffectée au moment de la Révolution Française. Victime d'un incendie dans le seconde partie du XIXème siècle, elle s'effonfre en partie. Restaurée en 1889, l'église devient alors un marché couvert.
L'église Sainte Croix a été restaurée au milieu du XXème siècle, elle est devenue le Centre Culturel de la ville et accueille des concerts et expositions.
Devant l'église se situait une Halle, construite par le roi René d'Anjou, elle a été détruite à la Révolution Francaise. Son emplacement sert maintenant de parking.
Ingrandes est situé sur la Vienne,au nord de Chatellerault. C'est un des villages les plus anciens de la région.
Son nom indique qu'il était à la frontière des territoires des Turons (Touraine), au Nord, et des Pictes (Poitou), au Sud. Au Haut Moyen-Age il est devenu le siège d'une grande Viguerie.
Eglise Romane d'Ingrandes
On peut admirer à Ingrandes une très belle Eglise Romane dédiée à Saint Pierre et Saint Paul. La première église datait de l'époque Carolingienne (IXème siècle: style préroman), il en subsiste le mur nord et une partie de la facade et de la nef.
La majeure partie de l'édifice, de style Roman, a été construite aux XIème et XIIème siècles, la nef a trois travées flanquée de bas-côtés, ses voûtes sont en berceau légèrement brisé.
Des chapelles transversales rectangulaires ont été ajoutées au choeur au XVème siècle, elles sont voûtées d'ogives et ouvrent sur chacun des bas-côtés.
L'abside semi-circulaire est de la seconde partie du XIXème siècle.
Oyré
Eglise Romane Saint Sulpice d'Oyré
Trois kilomètres à l'Est d'Ingrandes, à Oyré, se trouve une autre très belle Eglise Romane dédiée à Saint Sulpice. Elle relevait jadis du Prieuré de Vaux sur Vienne qui lui même dépendait de l' Abbaye de Saint Denis, près de Paris.
Elle est légèrement surélevée sur un tertre au centre du village. Elle date des XIème et XIIème siècles.
Elle possède trois nefs, la nef centrale a une voûte en berceau. Les sculptures des chapiteaux sont remarquables et étonnantes, elles représentent des scènes mettant en jeu hommes, femmes et animaux. Le Porche, trés original pour le Poitou, est en galerie et s'étend sur le coté Sud et sur le coté Ouest.
La seule adjonction sur l'édifice initial est la chapelle Sainte Catherine qui date de 1623. L'église possèdait à l'origine des fresques murales.
Lencloitre
Lencloitre est une petite ville qui est à une vingtaine de kilomètres à l'Ouest de Chatellerault, elle est arrosée par une rivière, l'Envigne qui est un affluent de la Vienne qu'elle rejoint à Chatellerault. La vallée de l'Envigne est habitée depuis l'époque Paléolthique puis Néolithique.
Des restes de l'époque Gallo-Romaine subsistent prés du hameau de Boussageau 2km à l'ouest de Lencloitre, ce hameau se situait sur une grande voie Gallo-Romaine venant du Nord et rejoignant Poitiers.
Le nom de Lencloitre vient de Cloitre et rappelle l'établissement, en ce lieu, d'un Prieuré par Robert d'Arbrissel, le fondateur de l' Abbaye de Fontevraud à laquelle le Prieuré a été rattaché. Robert avait obtenu le domaine du Vicomte Aimery I de Chatellerault, de Renaud de Piolent et de l'évêque Pierre II de Poitiers.
L'église du Prieuré de Lencloitre a été construite au début du XIIème siècle, elle est assez bien conservée et est représentative du style Roman dans le Poitou avec l'éclairage intérieur de l'église issu des bas cotés comme le montre la photo ci dessus.
L'église possèdait un double cloitre. La façade a été modifiée au moment des Guerres de Religion avec l'adjonction de deux tourelles et d'un chemin de ronde. Elle conserve une collection de tableaux du XVème siècle.
La petite ville de Lencloitre s'est développée autour du Prieuré et est devenue prospère, elle était dotée de plusieurs foires (premier lundi de Carême, à la Saint Jean, Saint Roch, Saint Simon, Saint Jude) qui en ont fait un centre commercial significatif au Moyen-Age.
Au XVIIème siècle, Antoinette d'Orléans dirige le Prieuré et y fait venir le Père Joseph (du Tremblay), l'éminence grise du Cardinal de Richelieu, Joseph y séjourne quelque temps. Le monastère a été dispersé lors de la Révolution Francaise.
La commune de Lencloitre a été constituée en 1822 par la fusion d'une partie de la paroisse de Saint Genest et de la paroisse de Boussageau.
Chauvigny
Chauvigny se situe 25 km à l'Est de Poitiers, l'importance et le caractère des monuments médiévaux de cette cité sont remarquables. Chauvigny possède deux églises Romanes: la Collégiale Saint Pierre dans la ville haute et l'église Notre-Dame dans la ville basse.
La Collègiale Saint Pierre
La première église était déjà présente sur cet emplacement au début du XIème siècle. La Collègiale actuelle remonte elle aux XIIème et XIIIème siècles.
Le Choeur et le Transept ont été construits en premier au début du XIIème siècle, puis la Nef dans la deuxième partie de ce siècle et enfin le Clocher au XIIIème siècle. Le chevet (cf photo ci-contre) comporte des chapelles rayonnantes et de nombreuses sculptures. La nef a cinq travées, le choeur est entouré par un déambulatoire, les chapiteaux historiés de ce choeur sont des sculptures de grande qualité.
L'église a été fortement endommagée au moment des Guerres de Religion en 1569 par les Protestants et à nouveau un siècle plus tard au moment de la Fronde.
Devenue quelque temps un Temple de la Raison au moment de la Révolution Française l'église a ensuite été abandonnée. Elle a été rendue au culte catholique en 1804. Sa restauration a été engagée à partir de 1848.
Chevet Roman de la Collègiale Saint Pierre de Chauvigny
Eglise Notre-Dame
L' Eglise Notre-Dame est de style Roman, elle a été construite au XIème siècle par Isembert, à la fois seigneur de Chauvigny et évêque de Poitiers.
Elle appartenait à un Prieuré dépendant de l'Abbaye Saint Cyprien de Poitiers. Le chevet est du XIIème siècle (cf photo ci-contre). La nef et la facade ont été restaurées au XIXème siècle. A l'intérieur se trouvent des chapiteaux du XIIème siècle et des Peintures Murales du XVème représentant le Portement de la Croix.
Saint Savin se situe 40 km à l'est de Poitiers et à à l'ouest du Blanc dans le département de l'Indre.
Ce village est célèbre pour son Abbaye dont l'Eglise et ses Fresques Murales en font un haut lieu de l'Art Roman et en tout cas un des plus beaux de France. Ces fresques sont classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1984. Elles ont été sauvées par Prosper Mérimée qui les a redécouvertes lors d'un passage à Saint Savin en 1835.
La fondation de l'Abbaye remonte au temps de Charlemagne. Elle devient puissante pendant le IXème siècle mais est endommagée en 878 par les Normands. L'Abbaye est toujours influente au Xème siècle.
L'église actuelle a été construite à partir de 1040 et les fresques datent de la fin du XIème siècle. Elles ont été réalisées sur une courte période. Plusieurs scènes sont encore intactes et le berceau de la nef (42 mètres de long) est entièrement recouvert de peintures, ce qui représente une surface de 460 m2.
A partir de Saint Savin, en descendant la Gartempe vers le sud, on croise l'ancienne Voie Romaine qui allait de Bourges à Poitiers puis on arrive à Antigny qui possède plusieurs monuments intéressants.
L'église Notre-Dame est Romane avec un choeur remanié en style Gothique. Elle est entourée de dalles funéraires. et l'auvent du mur sud abrite plusieurs sarcophages Mérovingiens. La chapelle Sud est décorée de peintures murales des XIV et XVème siècles.
La Lanterne des Morts est, quant à elle, du XIIème siècle.
Sur le site d'Antigny existait un village Gallo-Romain, le Gué de Sciaux, aujourd'hui disparu mais dont des restes subsistent dans le Musée local.
Le principal monument de la ville est l'église Notre-Dame (cf photo ci-contre) qui est positionnée sur un promontoire au dessus de la Gartempe.
Elle a sans doute été construite à partir de la fin du XIème siècle, elle dépendait de l'Abbaye de Saint Savin à un peu plus d'une quinzaine de kilomètres vers le Nord.
Le chevet (cf photo ci-contre) est de style Roman. L'abside a la forme d'un hémicycle et le transept est doté d'une absidiole de chaque côté.
Le décentrement de la nef par rapport au choeur a permis de s'adapter à la configuration du sol. Les travées de la nef ont été remaniées au début du XIIIème siècle dans le style Gothique. Le portail de la façade a été refait au début du XVème siècle. Le clocher est du XVIIème siècle.
La crypte est construite sur le rocher et sert de point d'appui aux différentes parties de l'édifice, des fresques murales du XIIème siècle y racontent la légende de Sainte Catherine d'Alexandrie.
L'église a été endommagée pendant les Guerres de Religion. Elle a été restaurée au XIXème siècle.
Chevet, transept et clocher de la Collégiale Notre-Dame de Montmorillon
Brux
Brux est un village se situe 8 kilomètres au Sud de Couhé et à 2 kilomètres à l'Est de la RN10.
L'église Saint Martin (cf photo ci-contre) est du milieu du XIIème siècle en style Roman.
Son plan est en forme de croix latine. La nef est encadrée par des collatéraux étroits, le tout comportant trois travées.
Le vaisseau est soutenu par de puissant contreforts rectangulaires (cf photo ci-contre).
Eglise Saint Martin de Brux
L'église a été fortifiée pendant la Guerre de Cent Ans. La façade et le clocher ont été repris au XVème siècle, ce dernier est carré et massif.
La toiture est couverte en lauzes.
A l'extérieur, le chevet est surmonté par une corniche avec des modillons sculptés: masques humains, musiciens, animaux, entrelacs et sujets divers.
A l'intérieur la nef est voûtée en arc brisé alors que les collatéraux sont voûtés en demi-berceau.
La séparation est assurée par de puissants piliers flanqués de pilastres (cf photo ci-contre) et supportant des arcades en arc brisé. Ces piliers sont décorés avec des chapiteaux sculptés avec des moyifs simples.
Intérieur de l'église Saint Martin de Brux
Le transept est réduit, la croisée est surmontée d'un coupole octogonale sur trompes avec au-dessus le clocher sur deux étages, il porte sur la flanc sud des sculptures de personnages grotesques.
Le choeur a une travée qui précède l'abside en hémicycle, ils ont été restaurés comme le montre les fenêtres Gothiques avec remplage.
Civray
Civray est une ville qui se situe à une cinquantaine de kilomètres au Sud de Poitiers. La ville conserve une remarquable église Romane dédiée à Saint Nicolas et plusieurs hôtels particuliers dont l'Hôtel de la Prévôté.
Eglise Saint Nicolas de Civray
L'église a été construite dans la seconde partie du XIIème siècle, elle faisait partie d'un Prieuré de l'Abbaye de Nouaillé. L'élément le plus significatif de l'édifice est sa façade avec ses sculptures Romanes.
Elle n'a pas été vraiment entretenue pendant l'Ancien Régime mais un programme de restauration de l'édifice a été réalisé au milieu du XIXème siècle.
Chevet, transept et clocher Eglise Saint Nicolas de Civray Intérieur peint (XIXème siècle)
La Façade
La façade de l'église est sur deux étages présentant chacun trois arcades. Cette façade comporte de nombreuses sculptures qui pour la plupart ont été réalisées au XIIème siècle.
A l'origine, la façade était probablement surmontée par un pignon triangulaire comme Notre-Dame la Grande de Poitiers. Les clochetons avec écailles aux extrémités supérieures de la façade ont été réalisées dans les années 1880.
Façade de l'église Saint Nicolas de Civray
Elle a été un peu endommagée pendant les Guerres de Religion puis au moment de la Révolution Française, elle a été reprise au milieu du XIXème siècle.
Charroux se situe à 60 km au Sud de Poitiers et à une dizaine de kilomètres à l'Est de Civray.
La ville a une origine ancienne et a eu une certaine importance au Moyen-Age. D'abord par la présence de son importante Abbaye Saint Sauveur, ensuite par ses seigneurs auxquels les ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers ont confié le comté de la Marche dès sa création.
Abbaye Saint Sauveur de Charroux
Maquette de l'Abbaye Saint Sauveur de Charroux (Musée de Charroux)
L'Abbaye Saint Sauveur a été fondée à la fin du VIIIème (années 780) siècle par Roger, comte de Limoges et sa femme Euphrasie. Elle a ensuite été dotée largement par Charlemagne et Louis I le Pieux puis remaniée à plusieurs reprises jusqu'au XIème siècle. Elle relevait directement du Saint-Siège (c'est à dire du Pape).
Plan Abbaye Saint Sauveur de Charroux Tour Charlemagne
C'était une des plus grandes Abbayes Bénédictines d'Occident, elle faisait 114 mètres de longueur et avait une grande rotonde de 44 mètres de diamètre.
Elle devait sa renommée à la possession d'une relique de la Sainte Croix, elle accueillait un pélerinage important et a connu une grande prospérité pendant plusieurs siècles du Moyen-Age.
Ses possessions étaient importantes, de nombreux Prieurés relevaient de l'abbaye dans le Poitou et les Charentes, dans le Limousin, le Périgord, l'Auvergne et même dans des provinces plus lointaines.
L'abbaye a accueilli plusieurs Conciles. Le plus important a eu lieu en 989, avec l'appui de Guillaume IV, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, il rassemblait les évêques de Limoges, Angoulême, Périgueux et Saintes qui ont établi la Paix de Dieu afin de limiter les guerres entre les seigneurs féodaux. En 1028 un autre concile s'est tenu à Charroux pour traiter du Manichéisme.
A partir du XIème siècle l'Abbaye est victime d'incendies (1022,1048) et de reconstructions successives qui n'empêchent pas le développement d'un important pélerinage lié aux reliques qui y sont déposées. Le maitre-autel est consacré par le Pape Urbain II le 10 janvier 1096, il en profite pour reaffirmer l'autonomie de l'abbaye Saint Sauveur par rapport aux pouvoirs temporels et ecclésiastiques.
L'église est en bonne partie reconstruite au XIIIème siècle, en style Gothique.
L'abbaye est victime des ravages de la Guerre Cent Ans et périclite rapidement. Elle reprend de la vitalité après 1450, trois abbayes, 60 prieurés et de nombreuses églises sont toujours sous sa tutelle.
Elle est endommagée lors des Guerres de Religion à la fin du XVIème siècle puis tombe en décadence pendant l'Ancien Régime (XVIIème et XVIIIème siècles).
En 1762 par une bulle du Pape Clément XIII ferme l'abbaye et rattache ses biens à celle de Saint Julien de Brioude en Auvergne.
Lors de la Révolution Française, les bâtiments sont vendus comme Biens Nationaux. Ils servent de carrière de pierres, les démolitions sont irréparables.
Abbaye Saint Saveur au début du XIXème siècle
Le monument subsistant le plus significatif est la Tour Charlemagne, de forme octogonale (cf photo ci-dessus), cette construction était le noyau de la rotonde évoquée au-dessus.
On peut y voir aussi de nombreuses sculptures de style gothique.
Livres des Editions Zodiaque, Collection La Nuit des Temps
L'église Saint Hilaire est implantée légèrement à l'extérieur du bourg, dans la vallée d'une petite rivière, la Béronne. La construction d'un pont voisin a fait rehausser la route, d'où l'allure enfoncée du monument. Elle dépendait de l'Abbaye de Saint Jean d'Angély.
Eglise Saint Hilaire de Melle: portail Nord
L'édifice actuel a été construit à partir de la fin du XIème siècle en remplacement d'une ancienne église déjà dédiée à Saint Hilaire (évêque de Poitiers mort en 367).
Melle se situe sur la route du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle et cette église est organisée pour accueillir les pélerins avec le déambulatoire autour du choeur et des chapelles où étaient déposées des reliques de saints. La facade Nord (cf photo ci-contre) est la plus travaillée avec un portail remarquable contenant l'a sculpture d'un cavalier dont le cheval foule un autre personnage avec son sabot.
La façade Ouest (cf photo ci-dessus) est un bon exemple du style Roman Poitevin, avec trois arcs sur deux niveaux et sur chaque côté des colonnes surmontées par des lanterneaux.
L'église de Saint Savinien se situe dans la partie centrale de la ville de Melle, son chevet touche pratiquement les anciens remparts. A l'origine elle était sans doute la chapelle du château, elle est ensuite devenue une Collègiale dépendant de l'Abbaye de Saint Jean d'Angély.
Elle comprend deux parties de styles trés différents: la nef et le sanctuaire.
La nef date du XIème siècle, c'est une simple salle rectangulaire sans collatéraux. La façade Ouest (cf photo ci-contre) est divisée par des contreforts. Le portail est flanqué de deux arcatures aveugles hautes et étroites.
Le sanctuaire comprenait à l'origine une abside et deux absidioles solidaires du transept. Les chapiteaux des colonnes ont souffert, ils étaient sans doute consacrés à la vie et au martyre de Saint Savinien de Sens. Le clocher est monté sur la croisée du transept, il conserve peu d'élements de style Roman car il a été partiellement reconstruit en 1466.
L'église Saint Médard a été construite au début XIIème siècle mais elle a été abimée dès 1158 à l'occasion de la prise de Thouars par Henri II Plantagenet. Ce dernier l'a faite reconstruire dans les années 1170. La façade est remarquable, le portail est un chef d'oeuvre de l'Art Roman.
Portail de l'église Saint Médard de Thouars
L'église a été profondément remaniée au XVème siècle. Elle a subi des déprédations au moment des Guerres de Religion au XVIème siècle, c'est également à cette époque que des maisons lui ont été accolées défigurant la facade. La restauration de l'ensemble a été réalisée en 1866.
Thouars possède un autre église intéressante, celle de Saint Laon, issue d'une Abbaye fondée au XIème siècle, son clocher est de style Roman.
Elle est devenue rapidement très riche par les nombreux dons qu'elle a recu. Ceux ci sont confirmés par le vicomte Aimery V Thouars puis en 1119 par le Pape Calixte II.
Saint Laon aidait à guérir de la folie et au Moyen-Age le pélerinage auprès de ce saint avait un grand succès.
Saint Jouin de Marnes est un village situé à une quinzaine de kilomètres au Sud de Thouars et à une dizaine au Nord-Est d'Airvault en hauteur au dessus de la vallée de la Dive.
L'Abbaye de Saint Jouin de Marnes a été fondée en 342 par un Ermite, Jovinus, peut etre frère de Saint Maixent évêque de Poitiers et Saint Maximin évêque de Trêves (qui à cette époque était la capitale de la partie occidentale de l'Empire Romain).
En 843 des moines, fuyant les pirates Normands, se refugient dans l'Abbaye et y établissent la règle de Saint Benoit. Ils reconstruisent une nouvelle église abbatiale à la fin du IXème siècle, l'abbaye étend son influence sur toute cette partie du Poitou.
Façade de l'église de l'Abbaye de Saint Jouin de Marnes
En dépit de disputes fréquentes avec le seigneur de Moncontour qui contrôle le voisinage, l'abbaye prend de l'importance et devient très riche ce qui permet la construction de l'église actuelle au début du XIIème siècle.
La façade (cf photo ci-contre) est une illustration de l'Art Roman du Poitou. Les colonnes sur les côtés sont surmontés par des lanternons et le pignon est décoré par des sculptures.
Le clocher est carré, il comporte trois étages avec quatre baies par face. Il n'a pas été modifié depuis sa construction.
A la fin du XIVème siècle, conséquence de la Guerre de Cent Ans, les moines fortifient l'Abbaye. Certaines parties du monument (les machicoulis en haut du transept: cf photo ci-dessous) datent de cette époque.
Le 28 février 1568, au début des Guerres de Religion, l'Abbaye est dévastée par les Protestants.
L'Abbaye a connu sa dernière période faste au XVIIème siècle. Lors de la Révolution Française les batiments annexes de l'Abbaye sont vendus comme Biens Nationaux et une partie démolis. L'église par contre a heureusement été conservée, c'est un véritable chef d'oeuvre de l'Art Roman.
Choeur Eglise abbatiale de Saint Jouin de Marnes Vue d'ensemble
En face de l'église un Pont ancien remontant au XIIIème siècle franchit le Thouet, il comporte des avant-becs et fait plus de 100 mètres de longueur (cf photo ci-dessous). Il possède cinq arches dont trois en plein cintre et deux en arc brisé.
Pont Roman sur le Thouet de Saint Généroux
Eglise de Saint Généroux
Cet édifice est un des plus anciennes du Poitou. Sa première construction remonte à l'époque Carolingienne (aux IXème et Xème siècles), elle a donc un caractère préroman.
Elle faisait partie d'un Prieuré de l'Abbaye de Saint Jouin de Marnes et porte le nom d'un de ses abbés, Saint Généroux, mort en 521.
La partie la plus significative est l'abside avec deux absidioles (cf photo ci-contre).
La nef d'origine était rectangulaire avec une charpente, elle a été remaniée au XIIIème siècle. Elle a alors été subdivisée en trois vaisseaux par une double série d'arcades sur piliers rectangulaires.
Comme bien d'autres, cette église a été sauvée par Prosper Mérimée vers 1840.
Airvault
Airvault est situé sur le Thouet 20 km au sud de Thouars et seulement 9 km à l'ouest de Saint Jouin de Marnes. La ville possède une église Romane remarquable, la Collégiale Saint Pierre.
La Collégiale Saint Pierre
Une Collègiale, dédiée à Saint Pierre, est fondée à Airvault en 975 par Aldéarde, la femme du Vicomte Herbert I de Thouars. Elle devient une abbaye à la fin du XIème siècle. En 1096, Pierre de Saine-Fontaine est élu abbé, il relance la construction de l'église, celle-ci est consacrée le 31 octobre 1100.
Façade Eglise Romane Saint Pierre d'Airvault Porche et narthex
La facade, comme à Saint Jouin de Marnes, est caractèristique du style Roman Poitevin. Elle est du XIIème siècle et encadrée de colonnes qui séparent trois travées dont l'aspect asymétrique est original (cf photo ci-dessus à gauche).
Chevet de la collégiale Saint Pierre d'Airvault
A l'origine, comme pour beaucoup d'églises médiévales, l'intérieur de Saint Pierre d'Airvault était peint, il subsiste des traces de ces fresques.
L'art roman est à la mode : notre oil moderne est davantage séduit par l'imagerie des églises romanes que par celle des églises gothiques.
Mais cette préférence ne s'accompagne pas toujours du savoir qui permettrait d'en comprendre les significations. En s'intéressant aux tympans et aux portails les auteurs montrent comment le décor sculpté n'a rien d'ésotérique.
Il a un rôle d'enseignement, à la fois théologique et moral, et est également mis en relation avec les rituels liturgiques (prières, chants, lectures, processions) qui se déroulent aux portes des églises.
Michel Pastoureau est historien, spécialiste des couleurs, des images et des symboles. Médiéviste, il a publié aux Editions du Seuil de nombreux livres dont certains ont été traduits dans une trentaine de langues.
Parmi les plus récents: Une histoire symbolique du Moyen-Age occidental (2004); L'Art héraldique au Moyen-Age (2007); Bestiaires du Moyen-Age (2011), Vert.
Qu'est-ce qu'une Cathédrale ? Une abbatiale ? Une basilique ? Comment distinguer les styles roman, gothique, baroque ? Où se trouve le baptistère ? Pourquoi y a-t-il deux clochers ? Qu'est-ce qu'un transept ? Un narthex ? Un déambulatoire ?
Les questions ne manquent pas quand on visite une église. Ce guide propose de découvrir cet édifice religieux grâce à 340 mots-clefs définis tout au long de l'ouvrage et répertoriés dans un index.
Douze chapitres expliquent les étapes de sa construction, son aménagement et l'usage qui est fait de son espace. Soixante dessins permettent de visualiser les plans, les techniques de construction, les façades, la forme des bâtiments, les détails, les vêtements liturgiques.
La Saintonge est une des régions où l'Art Roman (XIème et XIIème siècles) s'est le mieux épanoui, cela traduit sans doute sa prospérité à cette époque.
Les plus modestes villages de cette région conservent des églises remarquables de style Roman, on en dénombre plusieurs centaines ce qui n'a pas d'équivalent en France et même au-delà.
Les architectes et artistes médiévaux sont parvenus a concevoir et réaliser en Saintonge des édifices exceptionnels: ainsi l'église d'Aulnay et celle de Talmont sur Gironde sont classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
La plupart des autres, ceux des villages présentent un plan simple: une façade souvent tripartite qui débouche sur une nef unique suivie d'une travée surmontée par le clocher. Ensuite se trouve le choeur et une abside voûtée en cul-de-four.
Le portail de la façade est sans tympan mais possède bien souvent un décor sculpté, un cas spectaculaire est Fenioux.
Les chevets sont souvent en hémicycle avec des fenêtres étroites, quelques-uns sont originaux comme ceux de Rioux et Rétaud.
Ces édifices sont parfois dûs à l'initiative de seigneurs féodaux et aux nombreuses abbayes du Poitou, de la Saintonge et des régions alentour qui développaient leur réseau de Prieurés.
Autre facteur important, les chemins du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle, en effet les ressources données par les nombreux pélérins contribuent à l'édification des plus belles églises Romanes. En pratique, souvent, tous ces facteurs jouent simultanément.
Cette région compte plus de 300 églises d'origine Romane réparties sur son territoire, la plupart sont maintenant restaurées et entretenues. Elles sont une composante importante du tourisme culturel qui se développe dans le département de la Charente.
1000-1150. L'Europe occidentale se couverte d'un manteau de lieux protecteurs. Ce sont des églises, des châteaux et leurs édifices annexes.
Au XIXe siècle, archéologues et historiens ont baptisé du nom d'art roman les monuments de ce temps. L'un d'eux trouva la terre la plus propice à cet art, il en fit un laboratoire.
La Bourgogne rencontra ainsi sa nouvelle vocation : celle de témoin d'un temps, d'une société, d'un monde disparus. Inventaires et fouilles permettent aujourd'hui de comprendre enfin comment, en Bourgogne capétienne, la création artistique exposa l'effort et la synthèse de la nouvelle chrétienté qui s'est forgée alors, sous l'obédience romaine.
Voici, en somme, une réponse à la question "qu'est-ce que l'art ?" : il raconte, au fil de sept itinéraires à travers la Bourgogne romane, l'invention d'une société européenne qui a montré la voie pendant des siècles.
Guy Lobrichon aime brasser les créations du Moyen Age occidental. Directeur de l'Histoire de Paris et l'Histoire de Venise par la peinture, collaborateur du Guide de la Musique du Moyen Age, il écrit aussi sur La Bible au Moyen Age ou Héloïse. L'amour et le savoir.