Pendant le Moyen-Age la religion chrétienne et la guerre ont été des composantes essentielles de la vie de la société.
En conséquence, les églises et les Châteaux-forts sont les principales réalisations architecturales de cette période. Cette page n'expose que les ouvrages religieux: cathédrales, églises, abbayes, collégiales, etc.
L'Art Roman est apparu en France à la fin du Xème siècle. Il a perduré jusqu'à la seconde partie du XIIème siècle où il a été progressivement remplacé par l'Art Gothique.
Les voûtes en pierre ont remplacé les charpentes en bois. Les contreforts se sont progressivement développés pour équilibrer le poids des toitures et stabiliser les travées.
Ceci et d'autres évolutions conduisent à distinguer deux périodes d'environ un siècle chacune : le premier art roman (960-1070) et le second art roman (1070-1150).
Les sculptures des églises se situent essentiellement sur les chapiteaux (nef, transept, choeur, abside, chevet) et sur les façades et portails.
La plupart des églises médiévales étaient peintes et certaines ont conservé les peintures murales de cette époque, on les qualifie aussi de fresques.
L'Art du vitrail s'est développé en relation avec la nécessité d'éclairer les églises, le style des vitraux est homogène avec celui des sculptures et peintures murales.
La terminologie d'Art Roman a été créée au début du XIXème siècle pour caractériser les édifices construits pendant les deux premiers siècles après l'An Mil. Ils se caractérisent par des ouvertures réduites, et donc un faible éclairage intérieur, par des arcs en plein cintre devenus ensuite brisés sur les voûtes, arcades, portails et fenêtres.
L'église de Nourray en Vendômois (cf photo ci-contre) illustre bien certains de ces caractères (arcs plein cintre, faibles ouvertures, ...).
Eglise Romane de Nourray en Vendômois
Du début du Xème siècle jusqu'au XIIIème siècle, l'Europe Occidentale et la France, ont connu une période de paix relative (arrêt des invasions Normandes et Arabes, et Paix de Dieu limitant les guerres féodales) et de prospérité économique (défrichements, croissance démographique, etc).
Corrélativement l'emprise de la religion chrétienne sur la population s'est accentuée avec en particulier le développement du culte des reliques et des pélerinages (Saint Martin de Tours, Saint Jacques de Compostelle, ...).
Au Haut Moyen-Age, le Pape est de fait contrôlé par l'Empereur Carolingien puis par celui du Saint Empire Romain Germanique. Les monastères et églises étaient bien souvent la propriété des aristocrates qui les avaient fondés et les évêchés étaient détenus par des membres des grandes familles féodales.
En réaction à cette situation un mouvement de réforme se développe à partir de certains monastères. D'abord celui de Cluny, en Bourgogne, qui suit la règle de Saint Benoît du VIème siècle, il rencontre un grand succès. Plus tard, au XIIème siècle, apparait l'Ordre de Cîteaux qui prône la pauvreté, ce qui conduit à la construction d'édifices sobres et austères qualifiés de Cisterciens.
La transition de l'Art Roman vers l'Art Gothique a commencé dans le Nord de la France puis s'est répandue progressivement vers le Sud. Pour autant le Sud du pays a conservé beaucoup plus d'édifices Romans que le Nord.
En pratique la plupart des églises Gothiques ont été réalisées sur des substructures Romanes et bien souvent elles en conservent des parties significatives.
Le premier art Roman
Le plan d'une église est simple dans le premier art roman, il se complexifie progressivement, en particulier dans la partie orientale de l'édifice (transept, chœur, abside et chevet).
La construction d'une église s'appuie bien souvent sur un édifice plus ancien dont les fondations sont réutilisées. En même temps ceci permet d'assurer la continuité du service religieux pendant la construction du nouveau bâtiment.
Les édifices religieux anciens ont été le plus souvent construits en bois et donc victimes d'incendies fréquents, l'utilisation de la pierre a favorisé le développement de l'Art Roman et sa pérennisation. Les voûtes de pierre ont d'abord été réalisées en berceau plein cintre, le plus souvent renforcées par des doubleaux. La nef comporte plusieurs travées qui sont stabilisées par des contreforts. Ensuite sont apparues les voûtes d'arêtes et les coupoles, l'abside est parfois voûtée en cul-de-four (quart de sphère).
Les églises les plus simples (rurales) sont souvent sans transept.
Le deuxième âge roman
Il se développe sur un siècle à partir du milieu du XIème siècle et s'effectue selon un double mouvement: clunisien et cistercien.
L'église Romane de Châtel-Montagne dans les Monts de la Madeleine (Allier)
Cluny De nombreuses églises et monastères sont influencés par les Bénédictins et l'Abbaye de Cluny.
Les nefs des églises s'agrandissent en longueur, largeur et hauteur pour accueillir plus de fidèles, certaines dépassent les 100 mètres de longueur. En conséquence les murs gouttereaux sont renforcés à l'extérieur par des collatéraux et des contreforts puissants.
La circulation et l'accès aux reliques sont facilités par ces collatéraux et des déambulatoires entourant le choeur et qui desservent des chapelles rayonnantes.
Les voûtes deviennent plus élaborées avec le berceau brisé et les voûtes d'arêtes. Les coupoles apparaissent dans le le Sud-Ouest de la France.
La décoration, sculptures, fresques murales, ... devient plus riche.
Les Cisterciens Les cisterciens sont conduits par Saint Bernard. Ils réagissent contre la richesses des établissements clunisiens. Ils construisent des églises sobres et austères et reservées aux moines. La décoration est dépouillée, il y a peu de sculptures et de peintures murales et souvent les vitraux sont incolores ou avec des motifs simples.
On reste toujours étonné par l'envergure des édifices religieux construits au Moyen-Age et aussi par la qualité des sculptures et de leur décoration. Elles symbolisent la puissance du christianisme dans la société médiévale. Il suffit d'imaginer la somme d'efforts nécessaires à leur réalisation pour s'en convaincre surtout avec les moyens techniques de l'époque.
L'architecture des églises a évolué dans le temps. Ainsi, initialement les charpentes en bois ont permis de gérer le poids des toitures et d'équilibrer l'édifice. Victimes d'incendies fréquentes, ces charpentes ont cèdé la place à des voûtes de pierre en plein cintre. Les contreforts se sont progressivement développés pour stabiliser les travées.
Le plan des églises est dans la continuité de celui des basiliques romaines. Il évolue pour dessiner une croix latine, allongée selon la nef, qui évoque la cruxifiction du Christ. Les bras de cette croix forment le transept. Pour autant certaines églises n'ont pas de transept, en particulier les églises rurales.
Plan d'une église
Les églises Romanes ont la façade de la nef orientée à l'Ouest et le chevet à l'Est (vers l'Orient). Les monastères et cathédrales ont souvent un cloître et une salle capitulaire accolés à l'église.
L'élévation
Ce terme est associé à tout ce qui s'éleve en hauteur: murs latéraux (goutteraux), façade, clocher, ... Les constructeurs utilisent des matériaux locaux: tuffeau en Val de Loire, pierre volcanique en Auvergne, granit en Bretagne, briques, etc.
Les pierres de construction peuvent être en petit appareil, moyen appareil et grand appareil selon leur taille. Les joints d'assemblage sont importants.
Dans la premier art roman, les murs sont épais avec des ouvertures étroites, ils sont souvent renforcés par des arcatures intérieures et des contreforts.
Eglise Romane de Thors près de Matha en Saintonge
Ensuite les murs s'élèvent hauteur, ils sont équilibrés par des collatéraux et des contreforts plus puissants comme le montre la photo ci-dessous de l'Abbaye de Solignac en Limousin.
Eglise abbatiale de Solignac en Limousin vue du côté Nord, élévation des murs goutteraux avec contreforts et arcatures de renfort
Les piliers et colonnes
Les piliers et colonnes soutiennent les arcades supportant le poids de la toiture et des voûtes, ils séparent la nef et les collatéraux (bas-côtés).
La forme des piliers évolue avec en particulier les piles carrées avec des colonnes cylindriques engagées.
Le passage du pilier à la voûte (qui est courbe) s'effectue grace au mécanisme de l'encorbellement: les pierres sont posées les unes sur les autres avec à chaque fois un petit retrait.
La voûte
La voûte est un assemblage de pierres plates liées par du mortier et taillées spécialement pour s'adapter les unes aux autres et formant un demi-cercle, leur poids est important.
Les voûtes Romanes sont en berceau, l'arc formé est dit en plein cintre, il est souvent renforcé par une arc (dit doubleau) au niveau des piliers.
Le maitre d'oeuvre doit résoudre le problème des poussées obliques issues de la voûte en pierre, ce type de voûte est lourd et exerce une forte pression latérale sur les murs de l'édifice.
Pour l'équilibrer des contreforts massifs (extérieurs) sont réalisés et les fenêtres sont de taille réduites afin de ne pas fragiliser les murs.
La voûte en berceau évolue en berceau brisé au XIIème siècle. le même procédé est généralisé pour la construction des coupoles.
Voûtes en berceau brisé et voûtes d'arêtes de l'Abbaye de Brantôme
A partir de la fin du XIIème siècle, les voûtes en berceau deviennent à profil brisé, l'arc est brisé au sommet. On utilise aussi les voûtes d'arêtes issues de l'intersection de deux voûtes en berceau, le poids de la voûte est concentrée sur les piliers aux quatre points de retombée des arcs (cf photo ci-contre).
La façade
La façade est l'entrée principale des fidèles dans l'église. Il peut y avoir plusieurs facades, mais la facade principale est toujours clairement individualisée et décorée.
A la base le portail permet d'accéder à la nef, il est entouré de baies qui peuvent être aveugles. Un ou plusieurs étages sont décorés par des arcatures, un bon exemple est donné par l'église Saint Nicolas de Civray en Poitou.
Assez souvent, le pignon de la partie supérieure est triangulaire.
Le narthex est un espace aménagé en avant du portail ou entre le portail et la nef. Le porche est un auvent ou espace ouvert sur l'extérieur en avant du portail de l'église. Il permet d'abriter les fidèles qui rentrent dans l'église
Façade de l'église Saint Nicolas de Civray en Poitou
La façade donne en général à l'Ouest sauf dans les régions froides (Auvergne par exemple) où elles sont plutôt orientées Sud.
La nef et les collatéraux
La nef est la partie la plus grande de l'église, elle abrite les fidèles qui participent à l'office. Le mot est issu du latin navis: vaisseau, terme également utilisé pour décrire une église. Dans beaucoup d'églises Romanes la nef est unique.
La travée est la partie de la nef (ou du transept ou du choeur) allant d'une pilier de soutien à l'autre. Les travées de la nef se comptent à partir du choeur parce que ce sont les premières construites.
La nef de l'Abbaye de Fontevraud en Anjou montre bien la voûte en berceau de l'édifice (cf photo ci-dessous à gauche).
Nef Romane de l'église de l'Abbaye de Fontevraud Collatéral Roman de la cathédrale Saint Julien au Mans
Le collatéral est une nef latérale, on emploie ce mot de préférence à bas-côté lorsque la hauteur de sa voûte est presque égale à celle de la nef centrale. Il permet de circuler sur les côtés de l'église.
Les premières travées de la cathédrale Saint Julien du Mans sont de style Roman, ceci est bien visible dans le collatéral Nord (cf photo ci-dessus à droite).
Le transept
Le transept est une nef transversale coupant perpendiculairement la nef principale et donnant à l'église la forme d'une croix. Parfois l'église n'a pas de transept.
Transept, clocher et chevet avec absidioles en plan tréflé Vue intérieure du bras Nord du transept Collégiale Saint Pierre de Chauvigny en Poitou Collégiale de Saint Junien en Limousin
La travée formée par l'intersection de la nef et du transept s'appelle le carré du transept ou la croisée.
La tour-clocher est parfois à la croisée du transept comme le montre la photo ci-contre de la Collégiale Saint Pierre de Chauvigny dans le Poitou.
Le terme croisillon est synonyme de bras du transept.
Le choeur, l'abside et le déambulatoire
Le choeur est l'ensemble qui entoure l'autel principal où opère le prêtre. Il est réservé au clergé, aussi c'est la partie de la construction qui est la plus travaillée.
Le choeur principal est à l'arrière de l'église par rapport à la façade.
Il est entouré par l'abside de forme semi-circulaire ou en cul-de-four. Vue de l'intérieur, c'est l'extrémité de l'église vers l'orient (vers l'est). Vu de l'extérieur l'abside correspond au chevet.
Le déambulatoire est une galerie permettant de faire le tour du choeur et de l'abside.
L'absidiole est une abside secondaire, plus petite, greffée soit sur le déambulatoire, soit sur un bras de transept.
Choeur, rond-point, déambulatoire, fresques et chapiteaux Eglise Saint Hilaire de Poitiers
Le chevet
Le chevet est, vu de l'extérieur, la partie arrière de l'église, elle est arrondie et abrite le choeur. Le mot est issu du latin caput: tête.
En général, le chevet donne vers l'orient (vers l'Est). Vu de l'intérieur de l'église on désigne le même élement par le nom d'abside.
Chevet avec absidioles de l'église Saint Julien de Brioude en Auvergne Chevet et transept de l'église Saint Pierre de Marestay à Matha en Saintonge
Les chevets anciens sont plats ou en hémicycle. Dans une deuxieme temps, en relation avec les déambulatoires autour du choeur, apparaissent les absidioles de différentes formes. Sur la photo ci-dessus à gauche, les absidioles sont renforcées par des contreforts plats.
Le clocher (et les tours)
Le clocher est la partie la plus haute de l'édifice, il contient les cloches qui permettent d'appeler les fidèles à l'office religieux.
Les clochers ont des formes variées en général en relation avec le climat: en pointe dans les régions du Nord et du Centre à cause de la pluie, clocher-mur, clocher-peigne ou campanile dans le Sud. Parfois deux clochers encadrent la façade.
Clocher Roman de l'église de la Trinité de Vendôme
Clocher Roman de l'église de Saint Léonard de Noblat
Le clocher-porche est une tour élévée au-devant de l'église, faisant offiche de porche au rez-de-chaussée et de clocher au dessus.
Le clocher-peigne est implanté au-dessus de l'église, il est composé d'une maçonnerie droite percée de baies abritant des cloches.
La crypte
La crypte est une chapelle souterraine généralement située sous le choeur. Elle accueille souvent les sépultures ou reliques de saints.
Le cloître et la salle capitulaire
Le cloître est un espace de circulation et de promenades qui relie les différentes parties d'un couvent. La salle capitulaire est, comme son nom l'indique, la salle de réunion du chapitre (composé de chanoines).
Cloître de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac (classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco)
Le Cloître de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac (cf photo ci-dessus), dans le département du Tarn et Garonne, est remarquable. L'essentiel de ses 76 chapiteaux et bas reliefs sculptés sont de l'époque Romane.
La sculpture enseigne l'Ancien et le Nouveau Testament, elle édifie les fidèles avec la vie des apôtres et des saints. Elle représente aussi des animaux, des feuillages et même des hommes dans différentes situations de la vie.
La façade
La sculpture est d'abord sur la partie extérieure de l'édifice, en particulier la façade avec le portail, les fenêtres et les modillons. Les grands thèmes iconographiques sacrés sont le Jugement dernier, la Pentecôte et l’Apocalypse, etc.
Sculptures de la façade de l'église Notre-Dame la Grande à Poitiers
Le tympan du portail
A partir de la fin du XIème siècle, le tympan du portail porte assez souvent des sculptures remarquables avec une prédilection pour le thème du Jugement Dernier et d'autres thèmes religieux. Deux exemples remarquables sont le tympan de l'église abbatiale de Beaulieu sur Dordogne et de cellui de l'église abbatiale Saint Pierre de Moissac.
Sculptures du tympan de l'église abbatiale de Beaulieu sur Dordogne
Les chapiteaux du chevet
Les chapiteaux et modillons du chevet sont également porteurs de sculptures sur des thèmes variés, à la fois religieux et profanes. Un bon exemple en est donné par le chevet de l'église Saint Etienne de Lubersac en Limousin (cf photos ci-dessous).
Sculptures du chevet de l'église Saint Etienne de Lubersac: translation des reliques de Saint Etienne
Les chapiteaux de la nef et du choeur
A l'intérieur de la nef et du choeur, de nombreux chapiteaux en haut des colonnes et piliers sont sculptés, là encore sur des thèmes à la fois religieux et profanes (chapiteaux dits historiés).
Sculptures de chapiteaux de la nef de Notre-Dame de Cunault: scène guerrière
Certains chapiteaux de l'église Notre-Dame de Cunault illustrent des scènes guerrières. La photo ci-dessus est dans la nef, elle montre un guerrier avec son épée, son bouclier et sa cotte de maille, son cheval est derrière lui. Il combat deux personnages semi-monstrueux (des barbares ?) équipés d'une lance et d'un bouclier. L'allure et l'équipement des guerriers facilitent la datation de la réalisation du chapiteau et parfois aussi celle d'une partie de l'église. La Collégiale de Cunault possède d'ailleurs un ensemble important de sculptures Romanes.
Les cryptes, sous la nef ou le choeur, ont des sculptures parfois très anciennes.
Les chapiteaux du cloître
Souvent accolé à l'église, le cloître possède des chapiteaux sculptés, un des exemples le plus remarquable est le cloître de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac (classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco).
Sculptures du cloître de l'église abbatiale Saint Pierre de Moissac
La Peinture murale
Le succès de la peinture romane est attesté par la multiplicité des vestiges conservés. Il arrive que l'on découvre encore des fresques sous des enduits.
Les larges surfaces murées et les voûtes de la période romane se sont prêtées facilement à la décoration murale. Malheureusement, de nombreuses peintures initiales ont été détruites soit par des restaurations mal menées, ou par le fait que les murs ont été replâtrés ou repeints.
La technique de production des fresques est assez facile à mettre en oeuvre, mais il faut aller vite car l'artiste peint sur un enduit frais. Cette technique peu onéreuse explique que de modestes églises rurales, de simples cures priorales, reçoivent de somptueux décors peints avec souvent des couleurs vives comme l'ocre jaune et rouge avec des teintes de blanc, de vert et de rose.
La peinture d'une église suit un schéma classique, dérivé d'exemples antérieurs de mosaïques. Elle a son point focal dans la voûte en cul-de-four de la nef, avec souvent un Christ en Majesté ou un Christ rédempteur sur son trône et une mandorle encadrée par les symboles des Quatre Évangélistes.
Fresques de la nef de l'église abbatiale de Saint Savin en Poitou
Dans le Poitou, l'Abbaye de Saint Savin sur Gartempe présente un extraordinaire ensemble de fresques murales, elle est classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
La Pêche Miraculeuse, fresque de la Salle Capitulaire de l'Abbaye de la Trinité à Vendôme Fresque murale de l'église Saint Genest de Lavardin en Vendômois
Les plus anciens fragments connus de vitraux peints médiévaux semblent dater du Xe siècle. Peu de vitraux importants du XIIe siècle sont restés intacts.
Dans les cathédrales du Mans, de Chartres, Poitiers et la basilique Saint-Denis, de nombreux panneaux du XIIe siècle sont encore présents.
Les artisans du vitrail ont été plus lents que les architectes à changer leurs styles, et beaucoup de vitraux de la première partie du XIIIe siècle peuvent être considérés comme romans.
Vitrail de la Vierge de Vendôme dans l'église abbatiale de la Trinité, il est du XIIème siècle
Vitrail de la Crucifixion,
Chevet de la cathédrale Saint Pierre de Poitiers, il est du XIIème siècle
La Crucifixion de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers est une composition remarquable qui s'étend sur trois étages, le plus bas avec un trèfle à quatre feuilles présentant le martyre de Saint Pierre, le plus grand central où domine la crucifixion et le plus haut l'Ascension du Christ dans une mandorle.
Le vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière est de la même époque. Il se situe dans le collatéral Sud du choeur, les armatures qui se coupent à angle droit et le ton bleu caractérisent le XIIème siècle.
Le vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière a été épargné par l'incendie de 1194 et puis remonté dans une verrière du XIIIème siècle, au Sud du choeur.
Elle a été restaurée par le peintre-verrier Gaudin en 1906.
Livres des Editions Zodiaque, Collection La Nuit des Temps
Les églises Romanes se sont adaptées aux conditions de chaque région: relief, pierres et matériaux disponibles, climat, etc.
En outre les maitres d'oeuvre régionaux reproduisaient des modèles semblables dans leur périmètre d'action: emplacement et forme des clochers, forme des chevets, style et décoration des façades et des portails, etc. Ceci conduit à distinguer des écoles régionales dont les limites sont imprécises car par proximité géographique elles s'influençaient les unes les autres.
Abbaye de Saint Benoit sur Loire (Fleury)
L'Abbaye de Fleury, futur Saint Benoit sur Loire, a été construite à partir de 651. Un abbé de Fleury, Mommulus, rapporte vers 660 les reliques de Saint Benoit (elles étaient dans un batiment de l'Abbaye du Mont Cassin en Italie, celle-ci venait d'être détruite par les Lombards).
L'Abbé Théodulfe est un conseiller des Empereurs Charlemagne et Louis le Pieux, il fonde une école qui rassemble un nombre considérable d'élèves, jusqu'à 5000. Des moines copistes et enlumineurs créent des oeuvres remarquables.
Au IXème siècle l'Abbaye possède deux églises, Notre Dame et Saint Pierre, elles sont détruites par plusieurs raids des Normands (865, 876 puis 897), les moines parvienne à mettre à l'abri les reliques de Saint Benoît. A la fin du Xème siècle, sous la tutelle des Abbés Odon, Abbon et Gauzlin (un fils naturel d'Hugues Capet), l'abbaye reprend vie.
L'Abbaye est incendiée en 1026 et les travaux de reconstruction commencent en 1070, ils s'achèvent en 1218, l'église est consacrée le 26 octobre. Le Transept et le Choeur ont été batis de 1067 à 1108, la nef est du milieu du XIIème siècle.
Eglise abbatiale Notre-Dame de Beaugency
L'église Notre Dame faisait partie d'une abbaye fondée en 580 par Simon, seigneur de Beaugency. A l'origine elle se situait dans l'enceinte du château-fort des sires de Beaugency. Elle était dédiée à Saint Firmin, Saint Gentien, Saint Fuschien et Saint Victoric.
Façade de l'église Eglise abbatiale Notre Dame de Beaugency Nef et choeur de l'église
Elle est de style Roman avec un transept réduit. Le choeur est doté d'un déambulatoire sur lequel donnent trois chapelles. Dans la nef, les colonnes sont puissantes et supportent des arcades en arc brisé (cf photo ci-dessus à droite).
C'est dans cette église que, le 21 mars 1152, a été prononcé le divorce du roi de France Louis VII et d' Aliénor d'Aquitaine. Ce divorce et le remariage d'Aliénor avec Henri II Plantagenet a eu des consequences sur plusieurs siècles dans l'Histoire de la France et celle de l'Angleterre.
Loches
A Loches, la Collégiale Saint Ours conserve un clocher-porche et un chevet de style Roman. A un kilomètre vers l'Est, l'église abbatiale de Beaulieu lès Loches conserve un clocher et des murs Romans.
Dans la Vallée de l'Indre, l'Abbaye de Cormery conserve des éléments Romans, dont la Tour Saint Paul. Toujours à Cormery, l'église Notre-Dame du Fougeray est Romane, elle date du XIIème siècle.
L'Ile-Bouchard
Sur les rives de la Vienne, L'Ile-Bouchard conserve deux édifices Romans: l'église Saint Gilles et les ruines du Prieuré Saint Léonard avec des chapiteaux sculptés intéressants.
Deux kilomètres vers l'Ouest, l'église Saint Nicolas de Tavant conserve des fresques Romanes du XIIème siècle dans la crypte, l'abside et le choeur.
A proximité se trouve aussi l'église du Prieuré de Crouzilles d'origine Romane et quelques kilomètres vers le Nord l'église d'Avon les Roches conserve un beau porche Roman (cf photo ci-dessous)
Porche Roman de l'église d'Avon les Roches en Touraine
Chinon
Eglise Saint Mexme
L'église Saint Mexme se situe dans la partie Est de Chinon, c'était l'édifice religieux le plus important de la ville.
Il ne subsiste de l'édifice original que les deux tours et le narthex (XIème siècle) (photo ci-contre) ainsi que la nef principale qui date du XIème siècle, elle est de style Roman. Des travaux significatifs ont été réalisés aux XIIème et XVème siècles. le grand clocher au-dessus de la croisé du transept s'est effondré au début du XIXème siècle.
Une partie des fresques murales ont été réalisées au XIème siècle et une sculpture de la crucifixion est du XIème siècle également.
Tours et façade de l'église Saint Mexme
La Chapelle Sainte Radegonde est également un édifice de style Roman.
Sharon Farmer here investigates the ways in which three medieval communities--the Town of Tours, the Basilica of Saint-Martin there, and the Abbey of Marmoutier nearby--all defined themselves through the cult of Saint Martin. She demonstrates how in the early Middle Ages the bishops of Tours used the cult of Martin, their fourth-century predecessor, to shape an idealized image of Tours as Martin's town.
Anjou
Abbaye de Fontevraud
L'Abbaye de Fontevraud se situe aux confins de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou. Elle est la nécropole des premiers Plantagenets qui de comtes d'Anjou sont devenus ensuite ducs de Normandie, ducs d'Aquitaine puis rois d'Angleterre pendant plus de trois cent ans.
Robert d'Arbrissel a fondé cette Abbaye à la fin du XIème siècle. Elle était destinée principalement aux femmes et elle a toujours été dirigée par une Abbesse issue de la haute noblesse, au temporel elle ne relevait que du roi de France.
Le plan de l'abbaye est conforme au schéma habituel des établissements bénédictins avec la particularité de bâtiments spécifiques pour les femmes et d'autres pour les hommes.
L'église Abbatiale a été construite au XIIème siècle. Ses dimensions (85m sur 16m et le transept fait 38 m de long) sont le témoignage de l'importance du monastère. L'Abbaye comprenait de nombreux bâtiments répartis sur une surface de près de 15 hectares. Chaque bâtiment était affecté à une catégorie monastique.
La nef est très longue et large, elle n'a pas de collatéraux. Elle est très caractèristique avec ses quatre coupoles sur pendentifs qui sont portés par de puissant piliers carrés sur lesquels sont accolées des colonnes.
Les chapiteaux sont ornés de feuillages, de personnages bibliques et d'animaux fantastiques.
Côté Nord de la Collégiale Notre Dame de Cunault en Anjou Chevet de l'Abbaye de Fontevraud en Anjou
Collégiale Notre-Dame de Cunault
La Collégiale Notre-Dame de Cunault est un des plus beaux édifices Romans de l'Anjou. Elle est issue d'un Prieuré fondé au IXème siècle. L'essentiel de la construction remonte à la fin du XIIème siècle.
La nef a une longueur supérieur à 70 mètres. Au delà de son architecture, l'église de Cunault possède un remarquable ensemble de chapiteaux sculptés sur des thèmes diversifiés (cf photo ci-dessous).
Saint Philibert Sculptures polychromes de chapiteaux de Notre-Dame de Cunault Moines
Cet ouvrage fait une étude d'ensemble de l'Art Roman en Anjou.
Pour autant de nombreux édifices de ce style sont maintenant disparus. L'auteur s'est attaché à reconstituer ces églises détruites.
L'Abbaye de Fontevraud, la Collégiale de Cunault et l'Abbaye du Ronceray sont étudiés en détail.
L'ouvrage examine avec attention de nombreuses églises rurales.
En décrivant la fonction, l'autorité, les relations avec l'Eglise et le pouvoir civil de deux Abbesses de l'Abbaye de Fontevraud, l'auteur pose des questions pertinentes sur la place de la femme dans l'Eglise.
de Stéphane Legros -- Presses Universitaires de Rennes -- ISBN : 275351089X
Une soixante de prieurés bénédictins ont été fondés dans le Bas-Maine entre la fin du Xe siècle et le début du XIIIe siècle. Sous la responsabilité d'un prieur, dont le rôle paraît essentiel dans la consolidation des établissements, vit une petite communauté de moines (souvent deux ou trois, rarement plus de cinq) qui travaillent à mettre en place des seigneuries monastiques autonomes et assurent les obligations religieuses de leur ordre. Après avoir présenté les origines de ces établissements, le processus de fondation et la mise en place matérielle et les modalités de fonctionnement des prieurés, la majeure partie de cette étude s'attache à répondre à quelques questions simples : pourquoi les abbayes ont-elles délocalisé leurs moines et constitué ces petites entités seigneuriales autonomes ? Quels projets seigneuriaux et religieux poursuivaient-elles ? Pourquoi leurs partenaires laïcs ont-ils accepté, surtout au XIe siècle, de se défaire d'une partie de leurs prérogatives seigneuriales au profit des bénédictins et de leurs prieurés ? Comment expliquer la dissociation qui paraît s'opérer entre les moines et leurs bienfaiteurs laïcs à partir des années 1130 ? Les réponses passent par l'observation des dynamiques géopolitiques à l'oeuvre dans un Bas-Maine où s'affrontent les ambitions angevine, mancelle et normande. Dans ce cadre d'affrontement, les prieurés, loin de rester à l'écart des enjeux séculiers, s'alimentent des rivalités seigneuriales laïques. Ils servent aussi les idéaux réformateurs de bénédictins désireux de monachiser l'espace social. Jusque là restés méconnus dans leur signification géopolitique, les prieurés révèlent ainsi leur importance dans une époque marquée par le flux puis le reflux des pouvoirs locaux (les châtelains) face aux pouvoirs englobant (le roi).
Certaines églises Romanes sont également remarquables comme la cathédrale Saint Lazare d'Autun, l'église Saint Lazare d'Avallon, l'église abbatiale Saint Philibert de Tournus, l'église Saint Andoche de Saulieu, ainsi que plusieurs églises du Brionnais.
Beaucoup d'édifices possèdent un narthex en avant de la nef qui elle-même a été précocement couverte par des voûtes d'arêtes.
La sculpture est souvent remarquable, ainsi pour les portails de l'église de Charlieu, de Saint Lazare d'Autun et et Vézelay, mais ceci est également vrais de nombreux chapiteaux sculptés.
L'Abbaye de Cluny
L'Abbaye de Cluny a été fondée en 910 par le duc Guillaume d'Aquitaine (également comte d'Auvergne). Il la fait relever directement du Pape.
La première abbaye est consacrée en 927. Une nouvelle église abbatiale est construite dans la seconde partie du Xème siècle.
Un nouveau chantier est lancé à partir de 1088 par l'abbé Hugues de Semur. Il fait reconstruire l'église abbatiale de Cluny qui devient le plus grand édifice chrétien de son temps (elle n'a été dépassée ensuite que par Saint Pierre de Rome).
Abbaye de Cluny, bras sud du transept avec le clocher de l'Eau Benite et la tour de l'Horloge
L'église faisait 187 mètres de long et la nef s'élevait à 33 mètres de hauteur. La nef a été achevée en 1130, elle comportait quatre collatéraux. Ensuite ont été réalisés le bras nord du transept, les tours et l'avant-nef.
Les constructions qui ont suivi étaient de style Gothique. Elle a été démantelée au moment de la Révolution Française.
Vézelay est une petite ville située sur une colline à une quinzaine de kilomètres à l'Ouest d'Avallon, dans le département de l'Yonne. L'Abbaye de la Madeleine est sur le sommet de la colline, elle est inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
L'église abbatiale de Vézelay est une Basilique car elle contenait des reliques de Sainte Marie-Madeleine et elle est devenue au Moyen-Age un important lieu de pélerinage.
L'Abbaye de Vézelay a été affiliée à celle de Cluny à la fin du XIème siècle. La construction de l'église abbatiale est décidée à la même époque, elle est perturbée par un incendie en 1120.
L'église a une taille importante puisqu'elle fait 120 mètres de longueur totale. La nef est de style Roman, achevée vers 1140 (cf photo ci-dessous à droite), elle fait plus de 60 mètres de longueur et 18 mètres de hauteur avec des bas-côtés. C'est un des premiers édifices où la nef est couverte par une voute d'arêtes.
Elle comporte dix travées avec des arcs en plein cintre, ceux-ci sont bicolores, elles sont éclairées par une double rangée de fenêtres. La nef est jalonnée par des pliliers cantonnés par quatre colonnes, ils sont surmontés de chapiteaux sculptés qui racontent des scènes inspirées de la Bible ou même de la mythologie. Ces sculptures sont remarquables pour leur qualité.
Le narthex a été réalisé au milieu du XIIème siècle. Il est vaste et au fond trois portails donnent sur la nef de la basilique. Au dessus du portail principal se trouve un magnifique tympan où le Christ envoie ses apôtres en mission. C'est un des chefs-d'oeuvre de l'art Roman.
Le choeur et le transept ont été réalisés à partir de la fin du XIIème siècle et l'édifice a été achevé au milieu du XIIIème siècle.
C'est à Vézelay que Bernard de Clairvaux a prêché la IIème croisade vers la Terre Sainte, en 1146, en présence du roi de France Louis VII. Thomas Becket est souvent venu se réfugier dans l'abbaye pendant son conflit avec Henri II Plantagenet.
Eglise de Paray le Monial Nef de l'abbaye de la Madeleine à Vézelay
La Basilique de Paray le Monial
Paray le Monial est à la limite du Brionnais et du Charolais. La petite ville est à 9 kilomètres à l'Est de la Loire et de Digoin.
La premier monastère de Paray le Monial a été fondé en 973 par Lambert comte de Chalon, un bourg se forme autour de lui. En 999, ce monastère est placé sous l'autorité de l'Abbaye de Cluny.
L'église abbatiale (cf photo ci-dessous à gauche) a été initiée par Hugues Abbé de Cluny vers 1090, elle a été achevée en 1110. Il en a fait une sorte de réplique (réduite) de l'église de Cluny, sa maison-mère. La Basilique de Paray le Monial sert de référence pour l'Architecture Clunisienne qui est avant tout de style Roman.
La façade est sobre avec deux tours qui encadrent un narthex à deux étages (cf photo ci-contre), la décoration du portail est relativement simple. Les tours et le clocher octogonal au dessus de la croisée du transept sont surmontés par des flèches couvertes d'ardoise et en pointe.
La nef est relativement haute (27 mètres), elle est supportée par des collatéraux, à l'intérieur elle comporte la nef principale et deux nefs latérales qui sont voûtées en berceau brisé, chacune avec trois travées.
Autour du choeur, le déambulatoire parcourt l'abside (en cul-de-four) et s'ouvre sur trois absidioles, il comporte des colonnes élancées avec des chapiteaux historiés, ils donnent une bonne illustration de l'art bourguignon du XIIème siècle.
L'Abbaye de La Charité sur Loire
Vue de l'église Sainte Croix de l'abbaye de la Charité sur Loire
La Charité sur Loire s'est développée au Moyen-Age autour d'une grande Abbaye Bénédictine. Vers 1050, Hugues, abbé de Cluny, fait reconstruire à Seyr, ancien nom de La Charité, un monastère appelé à avoir une grande importance. Il est en effet sur une des principales routes du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle, celle qui conduit à Vézelay.
L'église Sainte Croix de cette abbaye était un des plus grands édifices religieux de France. Elle a été endommagée au XIIème et pendant la Guerre de Cent Ans. Il ne subsiste que la Tour (photo ci-dessus), le transept et le choeur avec des chapiteaux d'inspiration byzantine (cf photo ci-dessous à droite).
Chevet de l'église Sainte Croix Abbaye de La Charité sur Loire Choeur de l'église Sainte Croix
En 910, le duc d'Aquitaine et comte de Mâcon Guillaume III fonde une abbaye encore faible, mais destinée à conquérir l'Europe : Cluny. Cet ouvrage présente le rôle fondamental joué par l'abbaye de Cluny dans la richesse et la densité du patrimoine roman du Charolais-Brionnais.
Paray le Monial de Nicolas Reveyron, Jean-Noël Barnoud, Gilles Rollier, Jean-Pierre Gobillot - Editions Zodiaque - ISBN: 2736903102
Les récentes fouilles archéologiques entreprises dans l'église de Paray-le-Monial ont réécrit l'histoire monumentale de cet édifice, inscrit à l'inventaire des Monuments historiques en 1842, devenu basilique en 1875 et placé sous le vocable du Sacré-Coeur. Dans les années quatre-vingt-dix, les premières études menées sur les élévations de l'ancienne priorale ont décrypté le lent déroulement d'une construction mariant dans la durée les impératifs du chantier, les exigences de la vie monastique et les nécessités de la liturgie. Il ne reste aujourd'hui aucune trace de la première église (Paray I), fondée en 973 par Lambert, comte de Chalon, et totalement reconstruite après son rattachement à l'ordre de Cluny en 999. La nouvelle église (Paray II), consacrée par l'abbé de Cluny Odilon, le 9 décembre 1004, fut augmentée d'une avant-nef vers la fin du XI siècle. Elle céda la place à l'actuel édifice (Paray III), projet démesuré pour les finances du prieuré, dont le chantier de construction s'étendit sur l'ensemble du XIIe siècle et déborda sur le XIIIe siècle. En confrontant textes, données archéologiques, archéologie du bâti et stylistique architecturale, les auteurs nous racontent l'histoire de Paray, de manière claire et accessible, depuis le choix du site jusqu'aux restaurations du XIXe siècle, en passant par la rénovation radicale de l'église au XVe siècle et les divers aménagements qui se sont succédés jusqu'au XVIIe siècle. Un campagne photographique inédite accompagne le texte.
Le Poitou est une des régions où l'Art Roman (XI et XIIèmes siècles) s'est le mieux épanoui. Bénéficiant de l'acquis, même lointain, des modèles de l'architecture Gallo-Romaine, les architectes et artistes médiévaux sont parvenus a concevoir et réaliser en Poitou des édifices exceptionnels.
L'architecture Romane du Poitou se caractérise par l'absence de tympan sur le portail de la façade. Par contre les voussures de ce portail sont généralement recouvertes de sculptures. Les collatéraux de la nef ont une hauteur approchant celle de cette nef ce qui leur permet d'épauler celle-ci. Les clochers sont assez souvent une tour carrée avec un nombre réduit d'étages et surmontée par une pyramide (ou un cône) parfois recouverte par une simulation d'écailles.
Fresque de la voûte de la Nef de l'église de Saint Savin: l'Arche de Noé
L'Abbaye de Saint Savin comporte une église Romane du XIIème siècle contenant un remarquable ensemble de peintures murales de la même époque, elles sont classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco (cf photo ci-dessus).
L'église a la forme d'une croix. Sa construction a commencé vers 1050 par le transept puis le choeur avec le déambulatoire autour duquel se répartissent plusieurs petites chapelles (absidioles) rayonnantes. Ensuite ont été réalisées les trois premières travées de la nef, le clocher et le porche et enfin les six dernières travées de la nef. Le porche est à la base du clocher et il colle à la façade de l'église. Le clocher a été repris au XIXème siècle.
Façade de l'église Notre-Dame la Grande à Poitiers L'église Romane Saint Pierre d'Aulnay en Saintonge
Les édifices Romans sont souvent dûs à l'initiative de grands féodaux, à commencer par les comtes de Poitou (devenus aussi ducs d'Aquitaine) ou leurs principaux vassaux: les Vicomtes et Sires. Elles sont aussi dûes aux Abbayes qui développent leur réseau de Prieurés. Autre facteur important, les chemins du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle, en effet les ressources données par les nombreux pélérins contribuent à l'édification des plus belles églises Romanes. En pratique, souvent, tous ces facteurs jouent simultanément.
Le parcours commençe par la ville de Poitiers où quatre églises Romanes sont présentées avec en particulier Notre-Dame la Grande.
Au Sud de Poitiers, les petites villes de Civray et Charroux possèdent des édifices intéressants.
La ville de Melle possède trois édifices remarquables, dont le plus significatif est Saint Hilaire. Tout aussi intéressante est l'église Saint Pierre d'Aulnay (cf photo ci dessus à droite).
La visite se poursuit dans la région de Chatellerault qui est dotée de plusieurs belles églises Romanes. Ensuite c'est Saint Savin avec ses fresques murales, puis Chauvigny.
Les Charentes comprennent deux départements: la Charente et la Charente-Maritime. L'Art Roman s'y est épanoui avec des édifices exceptionnels et plus généralement un nombre très important d'églises rurales de qualité, en particulier dans la Saintonge Romane.
Le département de la Charente
Il correspond à peu près à l'ancien Angoumois, sa capitale est Angoulême qui conserve une remarquable église Romane: la Cathédrale Saint Pierre.
Cathédrale Saint Pierre d'Angoulême
Angoulême est le chef-lieu du département de la Charente à une centaine de kilomètres au Sud de Poitiers.
La Cathédrale Saint Pierre d'Angoulême est de style Roman, elle est surtout remarquable par les sculptures de sa façade. Elle a été édifiée par l'évêque Gérard de Blay à partir de 1110 et achevée autour de 1160.
A deux reprises, pendant les Guerres de Religion en 1562 et 1568, elle est endommagée par les Protestants. Sa restauration s'étale sur de nombreuses années puisqu'elle ne s'achève qu'en 1634. Au XIXème siècle, la partie inférieure de la façade est rétablie dans son aspect d'origine.
La façade sculptée de la cathédrale Saint Pierre d'Angoulême
La façade est très décorée (cf photo ci-contre) avec de nombreuses sculptures en bas-relief.
La nef comporte trois travées recouvertes par des coupoles, elle est unique, sans bas-côtés. De grands arcs s'appuyant sur des piliers rectangulaires flanqués de colonnes supportent les coupoles. Le transept a des bras assez courts qui sont voûtés en berceau légèrement brisé.
Le choeur est allongé et large, il est voûté en berceau brisé et l'abside est en cul-de-four. La coupole de la croisée du transept repose sur quatre arcs brisés, elle date de 1875.
A l'origine, la cathédrale avait deux clochers, le clocher Sud a été détruit en 1568. Le clocher Nord a six étages décorés avec des arcatures, il s'élève à près de 60 mètres de hauteur.
Le département de la Charente-Maritime: la Saintonge Romane
La Saintonge est une des régions où l'Art Roman (XIème et XIIème siècles) s'est le mieux épanoui, cela traduit sans doute sa prospérité économique à cette époque.
Les plus modestes villages de cette région conservent des églises remarquables de style Roman, on en dénombre plusieurs centaines ce qui n'a pas d'équivalent en France et même au-delà.
Parfois en s'appuyant sur d'anciens bâtiments Gallo-Romains, les architectes et artistes médiévaux sont parvenus à concevoir et réaliser des édifices exceptionnels. Ainsi l'église d'Aulnay et celle de Talmont sur Gironde sont classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
Eglise Sainte Radegonde de Talmont sur Gironde
Le plus grands édifices se trouvent à Saintes. La plupart des autres, ceux des villages présentent un plan simple: une façade souvent tripartite qui débouche sur une nef unique suivie d'une travée surmontée par le clocher. Ensuite se trouve le choeur et une abside voûtée en cul-de-four.
Le portail de la façade est sans tympan mais possède bien souvent un décor sculpté significatif et varié, un cas spectaculaire est Fenioux.
Les chevets sont souvent en hémicycle avec des fenêtres étroites, quelques-uns sont originaux comme ceux de Rioux et Rétaud, là encore le décor sculpté est présent.
Ces édifices sont dûs aux évêques et nombreuses Abbayes du Poitou, de la Saintonge et des régions alentour qui développaient leur réseau de Prieurés.
Ils sont aussi parfois dûs à l'initiative de seigneurs féodaux qui, à cette époque, affirment leur pouvoir sur la société. A commencer par le premier d'entre eux, le comte de Poitiers (devenu aussi duc d'Aquitaine) ou ses principaux vassaux: les Vicomtes et Sires.
Autre facteur important, les chemins du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle, en effet les ressources données par les nombreux pélérins contribuent à l'édification des plus belles églises Romanes. En pratique, souvent, tous ces facteurs jouent simultanément.
Il n'y a pas un style spécifique lié à cette province meme si certaines caractéristiques peuvent être mises en évidences. On retrouve dans ces édifices l'influence du Poitou et même de la Bourgogne.
Beaucoup d'églises du Berry ont un choeur comportant deux travées avec une abside en hémicycle, la croisée du transept est parfois surmontée d'une coupole sur trompes.
Le portail est unique sans tympan, avec l'exception du tympan Roman du portail Sud de la Cathédrale de Bourges.
L'église de Neuvy-Saint Sépulchre est unique avec sa forme en rotondre inspirée du Saint Sépulchre de Jérusalem. On peut aussi signaler les ruines de Notre-Dame de Déols.
Fresque murale de l'église Saint Laurent de Palluau sur Indre
Fresque murale de l'église Saint Aignan de Brinay
Le Limousin
L'Art Roman en Limousin a ses caractéristiques propres même si l'influence de l'école du Berry se ressent au Nord, celle du Poitou-Charentes à l'Ouest, celle du Périgord au Sud et celle de l'Auvergne à l'Est.
Ainsi la plupart des édifices limousins sont en granit gris ou coloré. Les clochers limousins sont parfois caractéristiques comme celui de la Collégiale de Saint Léonard de Noblat. Il en est de même pour les façades.
Certaines églises conservent des fresques murales et des vitraux d'époque. Parfois les chapiteaux des colonnes sont sculptés, en outre le savoir-faire régional sur les Emaux a favorisé la constitution de Trésors souvent remarquables.
L'Abbaye de Solignac a été fondée en 631 par Saint Eloi, le conseiller de Clotaire II puis de Dagobert, à l'époque Mérovingienne. Cette abbaye est le berceau de l'orfèvrerie limousine.
L'église de Solignac est un des plus beaux édifices à coupoles de France. Elle est construite en granit.
L'édifice actuel remonte au XIIème siècle, il a été complété au début du XIIIème. Il a la forme d'une croix latine, orienté Est-Ouest, sa longueur est de 70 mètres et celle du transept de 38 mètres.
Eglise abbatiale de Solignac, vue du côté Nord, la base du clocher est bien souligné par le décrochage de la toiture
La nef comporte deux travées, elle est large (environ 15 mètres) et sans bas-côtés. Cette église possède quatre coupoles hémisphériques d'influence Byzantine sur pendentifs (triangles maçonnés en arc de cercle), deux sur la nef, une sur la croisée du transept et une sur le croisillon Nord. Ces pendentifs reposent sur de gros piliers carrés, les piliers sont reliés les uns aux autres par des arcs en berceau brisé (cf photo ci-dessus). Le bras du transept Sud est plus court, il est voûté en berceau.
Les chapiteaux de la nef sont ornées de sculptures réalisées pour certaines dans le granit (il est difficile à travailler) et d'autres dans du calcaire. Les sujets représentés sont des animaux et des humains.
Le choeur comporte sept arcades et trois chapelles rayonnantes, sa coupole est ovale, il est dépourvu de déambulatoire.
Chevet de l'église de Solignac
Le chevet est de style Roman (cf photo ci-dessus), il est polygonal avec cinq absidioles. Les nombreuses et amples fenêtres avec des arcs en plein cintre assurent un bon éclairage du choeur même si de nombreuses petites arcatures sont aveugles. Il comporte de nombreuses sculptures.
De l'édifice du XIème siècle il subsiste les travées de la nef et le transept. La nef a cinq travées dont deux sont voûtées en berceau et deux autres en berceau brisé. Les collatéraux sont du XIIème siècle.
Sur le côté Nord de la nef, entre le clocher et le croisillon Nord du transept, se trouve la chapelle du Sépulcre (en fait un baptistère) doté de quatre petites absidioles.
Elle a été restaurée en 1880.
La croisée du transept est surmontée d'une coupole sur pendentifs, et de petites coupoles sont également implantées à l'extrémité de chaque croisillon.
Le choeur est plus large que la nef, il est de la la fin du XIIème siècle de même que le déambulatoire qui l'entoure. Celui-ci dessert sept chapelles voutées en cul-de-four (cf photo ci-dessus), les deux chapelles aux extrémités débordent légèrement les bras du transept.
L'église abbatiale Saint Pierre de Beaulieu sur Dordogne
En 855, l'archevêque de Bourges, Raoul (Rodolphe) de Turenne (il était fils du comte de Quercy), fonde un monastère en y faisant venir des moines de l'Abbaye de Solignac. Ce monastère prend rapidement de l'importance et un bourg se forme autour de lui.
Le monastère est rattaché à l'Abbaye de Cluny au XIème siècle, l'abbé Géraud II engage la construction de l'église abbatiale, elle est de style Roman. L'église est vaste, ainsi elle fait 62 mètres de long et 38 mètres de large, sous la coupole sa hauteur est de 23 mètres.
Plan de l'abbaye Abbaye Saint Pierre de Beaulieu sur Dordogne Chevet de l'abbaye avec les chapelles rayonnantes
Le chevet, le transept et la travée Est de la nef sont du début du XIIème siècle, les trois travées suivantes sont du milieu du XIIème siècle. Ces travées sont voûtées en berceau. La nef est épaulée par des collatéraux assez larges et voûtés d'arêtes, au dessus la galerie-tribune se poursuit autour du choeur.
Au dessus de la croisée du transept s'élève une coupole sur pendentifs surmontée d'un clocher à un seul étage de forme octogonale avec huit baies en arc brisé. Deux absidioles sont accolées aux croisillons du transept. Dans le prolongement du bras Nord du transept subsistent des restes de la Salle Capitulaire.
Le choeur est entouré par un déambulatoire sur lequel donnent trois chapelles rayonnantes (cf photo ci-dessus). L'abside est voûtée en cul-de-four (quart de sphère).
Exemples de sculptures sur les chapiteaux du chevet
Le Portail méridional et son Tympan
Le Tympan du portail du Porche de l'église abbatiale de Beaulieu sur Dordogne
La partie la plus remarquable de l'église abbatiale est le portail méridional, il est abrité sous un porche. Il a été réalisé autour de 1130.
Ce portail est un des joyaux de la sculpture Romane (cf photo ci-dessus), il porte sur le thème du Jugement Dernier. La partie haute de ce tympan a des sculptures sur le thème du Ciel, la partie centrale sur celui de la Terre et enfin la partie basse sur celui de l'Enfer.
Le Christ en majesté est au centre, à ses côtés sont représentés les apôtres et des anges. Les forces du mal sont figurées sous les pieds du Christ: des monstres dévorant des damnés, la bête de l'Apocalypse avec ses sept têtes, etc.
Le Trumeau au centre du portail a des sculptures représentant les trois âges de la vie. Sur les côtés du porche les bas-reliefs décrivent la Tentation du Christ et l'épisode de Daniel dans la fosse aux lions.
Le Trésor de l'église Saint Pierre
Il est exposé dans le bras Nord du transept de l'église.
Il comporte une Vierge en argent du XIIème siècle (cf photo ci-contre) et une chasse en émail du XIIIème siècle avec une représentation des Rois Mages.
On y trouve également un reliquaire qui remonte peut-être au XIème siècle et deux parties de reliquaires en argent du XIIIème siècle, celui de Sainte Félicité et celui de Saint Emilion.
Le Trésor de l'église Saint Pierre de Beaulieu sur Dordogne
L'Art Roman Auvergnat s'est formé pendant l'époque pré-Romane (du VIIème au Xème siècle), en effet l'Auvergne a été moins touchée que d'autres régions par les Invasions Barbares. Le diocèse de Clermont a formé un espace politique, culturel, géographique bien typé et issu de l'ancien territoire des Arvernes.
L'évêque possède un domaine temporel important qui en fait un authentique seigneur féodal, depuis le XIème siècle il a le privilège de battre monnaie. Le chapitre de la Cathédrale a aussi un rôle important.
De nombreux monastères se sont développés, ils étaient les principaux centres intellectuels et culturels de l'époque. A partir du Xème siècle l'influence de l'Abbaye de Cluny est significative et de nombreux monastères lui sont rattachés: Souvigny, Sauxillanges, Saint Flour, Mozat, etc.
Toutes ces institutions et ces établissements religieux disposent de moyens financiers importants qui leur ont permis de construire de nombreux édifices.
L'Art Roman Auvergnat est caractéristique, le style des églises est homogène, seuls les matériaux employés diffèrent: un grès, l'arkose, mais aussi des pierres de lave volcanique. En même temps il faut distinguer les principaux édifices des petites églises rurales.
Caractères des principales églises Romanes
Sur la façade Ouest qui subit les intempéries le portail est relativement simple par rapport à ceux de régions voisines et parfois la porte d'entrée est sur le flanc Sud.
L'édifice est robuste, au-dessus de la nef les voûtes de pierre ont remplacé les charpentes. L'équilibre des voûtes en berceau fait que l'éclairage de l'édifice ne vient que des bas-côtés qui sont eux voûtés en arêtes. La nef est ainsi éclairée de manière indirecte ce qui fait qu'elle apparait comme sombre.
La croisée du transept porte assez souvent une coupole surmontée d'un clocher octogonal avec des baies sur chaque face.
Le choeur est en hémicycle avec de grandes colonnes surmontées de chapiteaux sculptés.
Le chevet est le plus souvent remarquable même si la décoration est parfois difficile en raison des pierres utilisées qui ne facilitent pas la sculpture. Il servent aussi à contrebutter la poussée du clocher octogonal.
Chevet et transept de la Collégiale Sainte Austremoine d'Issoire
Le livre d'Umberto Eco, Le Nom de la Rose et le film qui en a été tiré donne une très intéressante description de l'organisation et de la vie d'un monastère médiéval.
Le Nom de la Rose de Umberto Eco, Jean-Noël Schifano -- ISBN: 2253033138
An de grâce 1327, la chrétienté est en crise. L'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville se rend dans une abbaye bénédictine du Sud de la France pour participer à une rencontre entre franciscains prônant la pauvreté du Christ et partisans d'un pape amateur de richesses. Dès son arrivée, il se voit prié par l'abbé de découvrir au plus vite la raison de la mort violente d'un de ses moines, retrouvé assassiné. L'inquisiteur Bernard Gui, dont la réputation de cruauté n'est plus à faire, est attendu, et l'abbé craint pour l'avenir de son abbaye. Tel un ancêtre de Sherlock Holmes, Baskerville se met à l'ouvrage, assisté du jeune Adso de Melk. D'autres morts vont venir compliquer sa tâche. Umberto Eco n'est pas seulement un romancier, c'est surtout un érudit qui connaît son sujet sur le bout des doigts. Il entraîne le lecteur dans une aventure à la fois philosophique et policière, où il est question d'Aristote, de liberté, d'injustice et de cyanure.
Le livre de Umberto Eco a été porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud avec Sean Connery dans le rôle de Guillaume, Le Nom de la Rose fait date dans l'histoire des romans policiers historiques.
Périgueux conserve deux édifices Romans intéressants: la Cathédrale Saint Front et l'église Saint Etienne de la Cité.
La Cathédrale Saint Front de Périgueux avec ses coupoles
La Cathédrale Saint Front
La première église édifiée sur ce site remonte au VIème siècle, elle est détruite trois siècles plus tard par les Normands.
Une nouvelle église est construite à partir de la fin du Xème siècle, elle est consacrée en 1047, elle est en grande partie détruite par un incendie en 1120.
La reconstruction commence peu après et le nouvel édifice est achevé en 1173. Son plan correspond à un croix grecque et il est couvert par cinq coupoles au-dessus du centre et de chaque branche de la croix.
Intérieur de la cathédrale Saint Front
Au moment des Guerres de Religion, les Protestants s'emparent de Périgueux et l'église Saint Front est endommagée ainsi le tombeau de Saint Front est détruit.
Afin de la protéger des dégradations, les cinq coupoles et les clochetons sont recouverts d'une toiture au XIXème siècle, ils ne sont alors plus visibles et cet état va durer un siècle.
L'architecte Paul Abadie engage la restauration en 1852, il dépose les coupoles puis les remonte ensuite. Cette restauration va s'étaler jusqu'en 1908.
La partie Ouest de la cathédrale conserve des parties issues de l'édifice médiéval: crypte, cloitre et salle capitulaire et le clocher. Celui-ci est légèrement séparé du nouvel édifice, il est du XIIème siècle, de style Roman.
L'Eglise Saint Etienne de la Cité
Eglise Saint Etienne de la Cité
L'église est située dans l'enceinte Gallo-Romaine de l'antique Vesuna. Elle a été bâtie, peut-être dès le Vème siècle, sur l'emplacement d'un temple Romain dédiée au dieu Mars. En tout cas dès cette époque elle est le siège de l'évêché de Périgueux.
L'édifice actuel remonte au XIème siècle, il comportait alors un choeur, une nef à quatre travées surmontées chacune d'une coupole, et en avant un clocher qui ressemblait à celui de Saint Front. Les deux premières travées et le clocher ont ont été endommagées en 1577, au moment des Guerres de Religion. Les tentatives pour les remettre en état au XVIIème siècle ont échoué. La façade Ouest actuelle (cf photo ci-dessus à gauche) n'est que l'obturation au XVIIème siècle de la troisième travée par un mur avec un portail simple.
Il subsiste de l'époque Romane deux coupoles de la nef des XIème et XIIème siècles (cf photo ci-dessus à droite).
L'église Saint Etienne a perdu son statut de cathédrale au bénéfice de l'église Saint Front en 1669.
Transept, chevet et absidioles pentagonales à pans de l'abbaye Sainte Marie de Souillac
L'origine du monastère remonte au Xème siècle quand Saint Géraud, comte et abbé d'Aurillac, meurt. Il laisse aux moines de son abbaye des biens sur le site de Souillac. Ceux-ci sont accrus par des dons du vicomte de Cahors Frotard et de sa femme Adalbergue. Certains moines viennent s'y installer et établissent un monastère.
Une importante église est construite de 1075 à 1150, grâce à l'action des abbés et de doyens de l'abbaye Saint Géraud d'Aurillac, elle est de style Roman. Elle a subi de nombreuses vicissitudes à travers les siècles.
L'église a été restaurée au milieu du XIXème siècle puis à nouveau régulièrement à partir des années 1930 redonnant à l'édifice une allure proche de celle d'origine (en particulier pour les coupoles). Un lanternon a été placé au-dessus de chaque coupole.
L'église abbatiale est en forme de croix latine, elle comporte une grande nef (55 mètres de longueur et 14 mètres de largeur) surmontée de trois coupoles (cf photo ci-dessus à gauche) et présente ainsi une similtude avec la cathédrale Saint Front de Périgueux.
Le transept est vaste (33 mètres) avec des croisillons voûtés en berceau brisé. L'abside dessert trois chapelles pentagonales rayonnantes (cf photo au-dessus) et le déambulatoire est surélevé.
Le décor sculpté de l'église abbatiale est remarquable. Des fragments du portail antérieur ont été réutilisés à l'intérieur de l'église au XVIIème siècle sur le mur Ouest de la nef (cf photo ci-dessus à droite).
Sculptures montrant (au centre) la Légende de Théophile Le Prophète Isaïe Un enchevêtrement de monstres
Au dessus de la porte, un bas-relief est composé de trois registres, les registres latéraux portent des sculptures de Saint Benoit (à gauche, identifié par la crosse) et de Saint Pierre (à droite, identifié par les clefs).
Le registre central (cf photo ci-dessus à gauche) raconte La Légende du Miracle de Théophile qui a vendu son âme au diable:
La photo ci-dessus, au milieu, montre le Prophète Isaïe, la sihouette est élancée et la chevelure flottante illustre la qualité du travail du sculpteur, cette statue est considérée comme un des chefs-d'oeuvre de l'Art Roman.
Le pilier sur la photo de droite présente un enchevêtrement de monstres.
D'autres sculptures de qualité sont présentes, par exemple la scène du sacrifice d'Isaac par Abraham, etc.
Cahors et sa région ont été évangélisés au VIIème siècle par l'évêque Saint Didier (mort vers 650).
L'église actuelle a été bâtie aux XIème et XIIème siècles sur l'emplacement d'une église d'origine Carolingienne, sans doute en bois et détruite au XIème siècle.
Le nouvel édifice est commencé par l'évêque Géraud de Gourdon, qui instaure aussi la réforme prônée par l'Abbaye de Cluny. Les travaux sont poursuivis par l'évêque Géraud de Cardaillac. A cette époque les évêques sont aussi comtes de Cahors et relèvent à ce titre du comte de Toulouse.
Coupoles au-dessus de la nef et portail Nord Cathédrale Saint Etienne de Cahors Portail Nord avec le tympan Roman
L'autel de la cathédrale est consacré par le Pape Calixte II en 1119. A cette date la nef qui a été construite entre 1085 et 1120 est quasiment achevée, elle a un vaisseau unique de 45 mètres de longueur et elle est couverte par deux coupoles sur pendentifs de 18 mètres de diamètre, à plus de 30 mètres de hauteur. Le choeur est surmonté par une demi-coupole adjacente, l'abside a été reprise autour des années 1300.
Le mauvais état de la cathédrale au milieu du XIIIème siècle entraine d'importants travaux de restaurations qui se déroulent de 1290 à 1320.
La façade Ouest comportait au XIIème siècle un beau portail Roman, celui-ci est déplacé sur le flanc Nord au XIIIème quand la façade a été complètement refaite en style Gothique.
Tympan du portail Nord de la cathédrale Saint Etienne de Cahors
Le tympan de ce portail représente la scène de l'Ascension, il était achevé en 1135. Le Christ est au centre dans une mandorle, la main droite est levée et il tient le Livre de Vie dans la main gauche, au-dessus des angelots l'accueillent. De chaque côté, un ange explique le miracle aux apôtres qui sont situés sous des arcatures trilobées. Au milieu, la Vierge lève le bras vers son fils.
En haut, de part et d'autre de la scène centrale des sculptures symbolisent la vie de Saint Etienne avec en particulier son martyre. Tout en haut, les médaillons portent des personnages rampants.
Les peintures murales de la cathédrale sont des XIIIème et XIVème siècles.
L'Abbaye Saint Pierre de Moissac
L'Abbaye Saint Pierre de Moissac a été fondée au milieu du VIIème siècle, une importante donation à la fin de ce siècle lui permet de disposer d'une base foncière importante en Aquitaine, en Languedoc et en Auvergne.
L'abbaye est dévastée par les Arabes entre 720 et 730 puis bénéficie de la protection de Charlemagne et surout de Louis I le Pieux dans la première moiié du IXème siècle. Elle est ensuite à nouveau victime d'incursions des Normands autour des années 860.
Vue du côté Sud de l'abbaye Abbaye Saint Pierre de Moissac Portail Sud avec le tympan Roman
Après que la toiture de l'ancien édifice se soit effondrée en 1031, une nouvelle église abbatiale est construite, elle est dédicacée en 1063 en présence de nombreux évêques.
Le cloître est édifié à la fin du XIème siècle. L'autel de l'église abbatiale est consacré par le Pape Urbain II en 1097. La Tour-clocher, le portail et son tympan sont réalisés entre 1115 et 1135.
L'église est reprise au milieu du XIIème siècle et achevée autour de 1180. Moissac est prise et pillée par les croisés de Simon de Montfort en 1212, un incendie dévaste les parties supérieures de l'abbatiale et du cloître qui sont ensuite reconstruites.
Au siècle suivant, l'abbaye est à nouveau victime des armées de la Guerre de Cent Ans, les voûtes et le choeur de l'église sont reconstruits en style Gothique au XVème siècle.
Le monastère devient un chapitre de chanoines au XVIIème siècle et finalement il est supprimé au moment de la Révolution Française. Au milieu du XIXème siècle, la construction de la ligne de chemin de fer Bordeaux-Sète entraine la démolition du refectoire de l'abbaye !
Le Portail Sud et le Tympan de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac
Tympan Roman du portail Sud de l'église Saint Pierre de Moissac
Le Tympan de l'Abbaye de Moissac est un des chefs-d'oeuvre de l'Art Roman. Initialement placé sur la façade Ouest, il a été déplacé lors de la fortification de cette façade au milieu du XIIème siècle.
Le tympan représente l'Apparition du Christ à la fin du Monde, il est entouré par les quatre Evangélistes et les 24 vieillards de l'Apocalypse avec leur coupe remplie de parfum.
Il est probable que ce tympan a servi de modèle pour la réalisation de ceux de Beaulieu sur Dordogne et du porche Nord de Notre-Dame de Chartres.
Le tympan est encadré par trois voussures séparées par des tores sculptés qui retombent sur des colonnettes. Au centre, un trumeau en marbre blanc est orné de lions entrelacés, il supporte un linteau lui aussi en marbre blanc avec des sculptures de rosaces.
Le Cloître de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac
Sculptures des chapiteaux du cloitre de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac
Le Cloître de l'Abbaye de Moissac est un des plus beaux exemplaires de l'Art Roman, il est classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
Ce cloître a été réalisé à l'initiative de l'abbé Ansquitil et achevé en 1100 comme l'indique une inscription gravée sur un des piliers.
Les arcades ont été refaites au XIIIème siècle mais en préservant les colonnes et chapiteaux sculptés. On compte 76 chapiteaux sculptés, une cinquantaine sont des chapiteaux historiés, c'est à dire qu'ils racontent des scènes inspirées de la Bible ou d'épisode de la vie de l'Eglise Catholique.
Aux angles et au centre de chaque côté des piliers rectangulaires sont couverts de marbre blanc et sculptés également.
Les chapiteaux sont en pierre calcaire, ils représentent des scènes de l'Ecriture ou de la vie des Saints.
Chapiteau du cloitre de l'Abbaye Saint Pierre de Moissac
La salle capitulaire est sur le flanc Ouest du cloître, une partie des voûtes d'ogives a été refaite au XIXème siècle.
Vue du Sud-Ouest Eglise Romane Saint Martin de Fromista Vue de l'Est
A la suite de l'invasion Arabe du début du VIIIème siècle, l'Espagne s'est retrouvée coupée du reste de l'Europe et regardant vers Byzance ou l'Orient Musulman. Il en est résulté dans la partie Nord, un art mélangeant les influences Wisigothiques et Mozarabes. Les églises les plus anciennes (Wisigothiques) sont en Galice et dans les Asturies qui ont été peu touchées par la conquête Arabe.
A partir du XIème siècle, l'Espagne chrétienne et le royaume de Castille reprennent l'offensive et engagent la Reconquista. Le développement de l'architecture Romane en Castille et Leon s'est effectué en fonction des progrès de cette Reconquista.
La plupart du temps les chrétiens ont tenu a construire leurs propres édifices religieux. Pour autant ils ont parfois fait appel à des maitres d'oeuvre et à des maçons venant du Sud ou même d'origine Maure d'où le style Mozarabe ou les influences du style Mudéjar de certains édifices.
En même temps l'influence architecturale des constructions romanes du Sud de la France est bien perceptible en particulier le long des chemins conduisant à Saint Jacques de Compostelle à partir de l'Europe du Nord.
L'Art Roman est l'art de la formation et de la fondation de la Castille.