L'Eglise Saint Julien est un des principaux monuments de Tours, elle se situe au débouché du Pont Wilson qui franchit la Loire et au début de la rue Nationale, la principale rue commerçante de Tours.
Cette Abbaye a été très puissante au Moyen-Age. L'église a failli disparaitre au XIXème siècle. Elle fait partie des monuments que Prosper Mérimée a contribué à sauver.
Nous commencerons par décrire l'histoire et la construction de l'Abbaye au Moyen-Age avec un regard plus précis sur la Salle Capitulaire et le Clocher. Ensuite nous revivrons les vicissitudes de l'église ces derniers siècles.
La Salle des Manèges (disparue) jouxtait l'église, c'est là qu'a eu lieu le Congrès de Tours en 1920, qui a eu de fortes répercussions sur la vie politique Francaise du XXème siècle.
Tout près de l'Abbaye se situent l'Hotel de Beaune-Semblancay aujourd'hui disparu (seule la Fontaine, un pan de mur et un petit batiment sont encore là) et le Palais du Commerce.
Gravure montrant l'emprise de l'Abbaye de Saint Julien de Tours au Moyen-Age
L'église Saint Julien aurait été établie par le roi des Francs, Clovis à la suite de sa victoire, en 507, sur les Wisigoths à Vouillé près de Poitiers. Il voulait ainsi remercier l'intervention spirituelle de Saint Martin en sa faveur.
L'Abbaye Saint Julien a été consacrée, en 575 sur l'emplacement de cette église, par l'évêque Grégoire de Tours. Elle a été dédiée au martyr Auvergnat Saint Julien, dont les reliques avaient été apportées de Brioude en Auvergne.
Cette abbaye se développe et devient importante à l'époque Carolingienne mais elle subit en 853 les assauts des Normands qui la détruisent. Elle est reconstruite par l'évêque de Tours Théotolon après 940.
Saint Odon le premier Abbé de Cluny, ancien chantre de l'abbaye, y est mort en 942 et a été enterré dans cette église.
L'Abbaye a eu un grand rayonnement aux Xème et XIème siècles, elle possèdait de nombreux Prieurés et domaines et elle fournissait des moines et abbés aux autres abbayes de la région. Un bourg prospère se développe autour de l'abbaye.
L'emprise focière de l'abbaye était importante (cf gravure ci-dessus). Au Nord de l'église abbatiale, l'enceinte de l'Abbaye touchait la Loire, elle enserrait des domaines importants vers l'Est en direction de la Cathédrale Saint Gatien, ces terrains ont été récupérés aux XVIIIème et XIXème siècles pour le réaménagement et l'extension de la ville.
Lors du siège de Tours en 1043 par Geoffroy Martel comte d'Anjou, l'église est endommagée. Elle est reconstruite et consacrée en 1083, elle possèdait sans doute de nombreuses peintures murales dont un exemple, l'Histoire de Moïse, se trouvait sur le mur Est du clocher.
En 1224 la nef s'effondre sous l'effet d'un ouragan. Les moines, qui venaient juste de quitter l'église après les Matines, échappèrent de peu à cette catastrophe.
Lors de la Révolution Francaise l'église est d'abord réquisitionnée, elle sert de Caserne pour les Armées Républicaines se rendant en Vendée.
Elle est ensuite vendue comme Bien National. Boiseries, vitraux et autres éléments ont vendus en premier et le batiment est acquis le 9 mars 1798 par un aubergiste voisin de l'édifice. Il fait percer un mur et transforme celui-ci en annexe pour le stationnement des diligences et en écurie pour les chevaux de ses clients. A partir de 1816, Saint Julien est le centre de stationnement des diligences se rendant à Paris et au Mans.
L'église Saint Julien transformée en parking de diligences
En 1843 l'église Abbatiale est à vendre, elle est rachetée en 1846 par les efforts conjugués de Prosper Mérimée pour le compte de l'Etat, de la Mairie de Tours et de l'Archeveché.
Des souscriptions ont permis une restauration réalisée par l'architecte Gustave Guérin. En 1859 l'église est réouverte au culte Catholique.
Il est un peu triste et ironique de constater que le seul hommage rendu à Prosper Mérimée a été de donner son nom à un parking ! Un petit effort vient d'être fait (2006) pour améliorer cette situation.
En 1870, pour faire face à l'avancée Allemande, l'Armée Francaise fait sauter le pont sur la Loire. A l'exception de la verrière de la nef, tous les vitraux sont brisés.
L'église a été miraculeusement conservée à l'issue des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale (1940 et 1944) qui ont pourtant ravagés tous les alentours. Les dégâts subis par l'édifice ont pu être réparés.
Description de l'église Saint Julien
Clocher, nef, transept de l'église Saint Julien de Tours, côté Nord
L'église actuelle a été édifiée à partir de 1240. Elle a été réalisée relativement rapidement et elle a la forme d'une croix latine.
Elle a été endommagée à plusieurs reprises, pour autant le Clocher et le narthex sont de style Roman, le reste de l'édifice est de style Gothique.
La nef et le transept sont du même style, du gothique simple et sobre. La nef fait 21 mètres de hauteur pour 10m de largeur. Un beffroi (disparu) s'élevait à la croisée du transept et de la nef. L'abside et le chevet sont un peu plus tardifs (vers 1300) et construits sur un plan carré sans déambulatoire (cf photo ci contre).
La largeur du choeur est la meme que la longueur du transept: 30 mètres. Coté sud le transept comporte une belle rosace (photo ci contre).
L'église possèdait des vitraux qui ont subis les vicissitudes du temps (tempetes de 1482, 1551, 1664) et des hommes.
Chevet plat de l'église Saint Julien de Tours
Globalement l'église n'est pas imposante mais équilibrée, robuste et harmonieuse.
Côté Sud Abbaye Saint Julien de Tours Côté Nord
L'Abbaye comportait plusieurs autres bâtiments. Au nord du Clocher se trouvait un Cloitre composé de 48 arcades toujours existantes au XVIIème siècle. Les Baillis de Touraine y tenaient des Assemblées au XIVème siècle.
Des Celliers permettaient d'entreposer les récoltes des domaines de l'Abbaye, ils ont été construits au XIIème siècle. Endommagés au XVIIIème siècle, ils ont été restaurés. Au dessus des celliers se trouvait la Bibliothèque où étaient conservées les Archives de l'Abbaye et de ses Prieurés avec de nombreuses chartes des XI et XIIèmes siècles.
Accolée au Nord de l'église, la Salle Capitulaire a été réalisée à la fin du XIIème siècle.
Après le XVème siècle l'Abbaye a perdu son importance et son prestige. En 1637 les moines se retrouvent sous l'obédience de la Congrégation de Saint Maur. Le titre d'Abbé n'a plus été attribué après 1739.
Clocher de l'église Saint Julien: avant la révolution
début du XXème siècle
actuellement
L'allure du clocher a évolué dans le temps, au départ il possèdait une flèche élancée (cf gravure à gauche), qui a disparu (centre) puis consiste maintenant dans un couverture de hauteur réduite (photo de droite).
Le clocher a une allure massive et mesure maintenant 25 mètres de haut.
Il a été construit à partir de 966 et c'est une illustration intéressante de l'art de construire aux X et XIèmes siècles. Au rez de chaussée il sert de porche d'entrée dans l'église.
Le mur Est du clocher, au premier étage, comporte une importante fresque murale réalisée autour de 1080, l'Histoire de Moise. Elle fait 3m50 de haut sur près de 8 mètres de long. On y distinguait les scènes suivantes: Moise refermant la Mer Rouge sur les armées de Pharaon, Moise sur le Sinai, le chatiment des adorateurs du veau d'or, ...
Elle appartenait sans doute à un ensemble beaucoup plus vaste de fresques.
Clocher de l'église Saint Julien vu du côté Ouest
La Salle Capitulaire
Cloitre de l'Abbaye Saint Julien
La Salle Capitulaire a été réalisée au milieu du XIème siècle et complétée à la fin du XIIème siècle. Quatre colonnes monocylindriques supportent trois nefs de trois travées avec des croisées d'ogives. L'ensemble est d'une grande élégance.
C'est dans la Salle Capitulaire de l'Abbaye (photo ci contre) que le roi de France Henri III a réuni le Parlement de France le 23 mars 1589.
Il avait été chassé de Paris par les Ligueurs. La Salle Capitulaire a servi de Salle des Séances de ce Parlement.
Réunion du Parlement dans la Salle Capitulaire en mars 1589
Après la Révolution elle a longtemps servi de débarras et d'écurie et s'est retrouvée dans un état lamentable. Elle a été restaurée au XXème siècle.
Aujourd'hui le dortoir des clercs, à l'étage, abrite le Musée du Compagnonnage.
Le Compagnonnage
Le Compagnonnage trouve sans doute son origine dans les chantiers des grandes Cathédrales du Moyen-Age. Il a longtemps été combattu car il était une forme d'association d'ouvriers face au patronat. Il assurait à ses membres une formation professionnelle trés sérieuse et une sorte d'assurance mutuelle.
Les Compagnons sont des menuisiers, charpentiers, tailleurs de pierre, forgerons, serruriers, tonneliers, tisserands, etc. Le Compagnonnage s'est fortement développé au XIXème siècle avec le célèbre Tour de France qui permettait de parfaire la formation professionnelle.
Le Musée du Compagnonnage de Tours présente l'histoire, les coutumes, règlements et traditions des associations de Compagnons en s'appuyant sur de nombreux documents et objets.
Le dix huitième Congrès du Parti Socialiste Francais qui a abouti à son fractionnement et à la création du Parti Communiste Francais s'est tenu en décembre 1920 dans un batiment, la Salle des Manèges qui jouxtait l'église Saint Julien. Sur la photo on reconnait au fond les batiments de cette église.
La Salle des Manèges a été détruite lors des bombardements de Juin 1940.
Leon Blum, Dirigeant Socialiste
Nguyen Ai Quai, Délégué de l'Indochine(le futur Ho Chi-Minh)
Marcel Cachin, Fondateur du PCF
Entrée Nord de la ville de Tours, à gauche la Bibliothèque Municipale, au centre l'église Saint Julien
L'entrée dans Tours par le Nord s'effectue en franchissant un pont de pierre sur la Loire construit au XVIIIème siècle, maintenant appelé le Pont Wilson.
Il débouche sur la place Anatole France, ce site a été restructuré à la suite des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale.
Sur la droite se trouve la Faculté des Lettres et à gauche un bâtiment caractèristique, la Bibliothèque Municipale. Jadis le Cirque de la Touraine était juste à côté, au débouché de la rue Voltaire.
L'entrée Nord de Tours au XVIIIème siècle: le Pont et à l'arrière plan le Musée et l'Hôtel de Ville (Bibliothèque en 1904), à droite l'église Saint Saturnin et la Basilique Saint Martin
La gravure ci-dessus permet de voir l'entrée de la ville réalisée lors des réaménagements du XVIIIème siècle (nouveau pont, création de la rue Royale, etc..). Les beaux immeubles de l'entrée ont subsisté jusqu'en juin 1940.
Entrée Nord de la ville de Tours au début du XXème siècle A gauche le Musée, au centre la rue Nationale et à droite l'Hôtel de Ville qui devient la Bibliothèque Municipale en 1904
Le Pont Wilson et la Loire au Nord de Tours: à gauche, la cathédrale Saint Gatien, vers la droite, la Bibliothèque Municipale puis l'église Saint Julien
En 1978, le Pont Wilson sur la Loire s'est effondré brusquement à la surprise des Tourangeaux. Il a été rapidement réparé.
Le Pont Wilson sur la Loire à Tours vu en direction de Saint Symphorien
La Place Anatole France
La Place Anatole France est située à l'extrémité Sud du Pont Wilson. L'ancienne place avait été réalisée en 1757 à la sortie Sud du nouveau pont sur la Loire, elle a été surélevée par rapport aux rives du fleuve par un important remblaiement de terre provenant d'une île du fleuve. Louis XIV y fait construire un arc de Triomphe et au XVIIème siècle elle se nomme Place Royale.
Son nom évolue à partir de la Révolution Française: place de la Liberté, place de la Nation puis place Joséphine de 1803 à 1810. Elle redevient place Royale en 1816 puis place de l'Hôtel de Ville en 1833.
L'Hôtel de Ville a été transféré place Jean Jaurès à la fin du XIXème siècle, le bâtiment devient alors la Bibliothèque Municipale et la place prend le nom de place des Arts. Tout le site a été bombardé pendant la Seconde Guerre Mondiale, en 1940 et 1944.
Gravure du XIXème siècle: le Pont sur la Loire avec au premier plan la statue de René Descartes et à l'arrière-plan la Tranchée et Saint Symphorien
La place actuelle a été réalisée au milieu des années 1950 sur des espaces qui avaient été bombardés. Elle est beaucoup plus vaste que la place antérieure.
La Bibliothèque Municipale
La Bibliothèque Municipale de Tours après 1904, elle donne sur l'ancienne Place des Arts
En 1904, la Bibliothèque Municipale s'installe dans les locaux de l'ancien Hôtel de Ville, celui-ci a été transféré dans un nouvel immeuble Place Jean-Jaurès (ancienne Place du Palais). Cette Bibliothèque a été détruite par les bombardements de juin 1940.
Bibliothèque Municipale de Tours au dessus de la Loire
La Bibliothèque Municipale actuelle se situe sur l'avenue André Malraux, à la limite Est de la place Anatole France, elle est bien visible à l'entrée Nord de la ville. Elle remplace l'ancienne bibliothèque qui a été détruite au début de la Seconde Guerre Mondiale.
Elle a la forme d'un cube qui est surmonté d'un toit en cuivre d'allure pyramidale (cf photo ci-dessus). Elle a été construite de 1954 à 1957 par les architectes Pierre Patout, Jean et Charles Dorian, le hall d'accès est monumental. Elle a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Un programme de travaux pour améliorer l'espace intérieur et les services offerts a été réalisé.
L'ancien Cirque de la Touraine
Ancien Cirque de la Touraine (carte postale du début du XXème siècle)
Ce cirque se situait sur l'avenue André Malraux à côté de l'actuelle Bibliothèque Municipale sur l'emplacement du monument commémorant les soldats Américains de la Première Guerre Mondiale. Ceux-ci transitaient par Tours avant de rejoindre le Front.
Des spectacles étaient parfois donnés à cet endroit et un premier cirque y est construit en 1865, pendant le Second Empire, il est nommé Cirque Napoléon. Il est reconstruit à partir de 1884 et prend le nom de Cirque de la Touraine (cf photo ci-dessus) et il sert aussi de salle de spectacles.
Il a été détruit en 1927 et remplacé par un monument dédié aux soldats Américains.
Tout les événements marquants de cette région, décryptés par un spécialiste.
Voici résumée toute l'histoire de la Touraine, de la Préhistoire à nos jours. À travers les personnages emblématiques de la région et les faits historiques incontournables tourangeaux, l'auteur nous explique comment s'est construit le prestige de la Touraine.
De Saint-Martin évangélisant les campagnes au désaccord entre De Gaulle, Pétain et Churchill sur la conduite à tenir face aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par Anne de Bretagne, Gambetta ou Agnès Sorel (première maîtresse officielle d un roi de France), Pierre Audin nous dresse un portrait précis et sans détour de cette belle région.
Tours est une ville qui a eu une grande importance historique pendant tout le Moyen-Age. Capitale d'une Province Gallo-Romaine puis capitale religieuse avec le culte voué à Saint Martin, elle est enfin devenue capitale politique avec Charles VII et surtout Louis XI.
Ce livre est un ouvrage de référence sur l'histoire de la Touraine, il a été réalisé par des Universitaires spécialistes de l'Histoire. Il décrit la vie de la Touraine au travers de toutes les époques: Gallo-Romaine, Moyen Age, Renaissance, XVII et XVIIIèmes siècles, Révolution et Empire, XIX ème siècles, les Guerres Mondiales et enfin la période contemporaine jusqu'aux années 1980. Il possède de très nombreuses illustrations qui viennent appuyer les textes.