Saintes est une ville du département de la Charente-Maritime située à environ 70 kilomètres au Sud-Est de La Rochelle et à un peu moins de 100 kilomètres au Nord de Bordeaux.
Elle est située sur les bords de la Charente (principalement sur la rive gauche) et c'est l'ancienne capitale de la Saintonge qui se retrouve en majeure partie dans le département de la Charente-Martime. Saintes est maintenant une sous préfecture de ce département.
Ville frontière pendant la Guerre de Cent Ans, elle est à nouveau en danger pendant les Guerres de Religion car elle est un foyer important du Protestantisme.
La ville a connu une période de prospérité au XVIIème siècle grâce au commerce des vins et eaux-de-vie produits dans la vallée de la Charente.
Cathédrale Saint Pierre de Saintes
Mais c'est surtout au XIXème siècle que la ville a reçu les aménagements qui l'ont restructurée et modifié son apparence.
Ce commerce et celui des produits agricoles sont toujours présents dans l'activité économique de la ville, à celà il faut maintenant ajouter le contribution du tourisme culturel qui est devenu de plus en plus significatif.
La Saintonge est une des régions où l'Art Roman du Moyen-Age (XIème et XIIème siècles) s'est le mieux épanoui, cela traduit sans doute sa prospérité à cette époque.
Ensuite la visite de Saintes s'effectue selon une trame chronologique, d'abord la période Gallo-Romaine, puis le Moyen-Age avec les églises remarquables et enfin les évolutions de la période moderne.
Le coeur de la ville est le Quartier Saint-Pierre sur la rive gauche de la Charente autour de la cathédrale Saint-Pierre et plus largement entre la colline du Capitole (Hôpital) et la rivière.
Panorama sur Saintes avec la Charente au premier plan et le quartier Saint-Pierre à l'arrière-plan
Le Quartier Saint-Pierre est pour une bonne partie constitué par des rues piétonnes, il s'étend sur l'emprise de la ville Gallo-Romaine du Bas-Empire, on y trouve la Cathédrale Saint Pierre, la Place du Marché et celle du Synode.
Rue piétonne à Saintes, à l'arrière-plan le clocher de la Cathédrale Saint Pierre
Côté Nord se situe le Quartier Saint-Vivien qui était déjà occupé à l'époque Gallo-Romaine, c'est là que subsistent les ruines des Thermes de Saint-Saloine.
Côté Est, sur la rive droite de la Charente s'étend le Quartier Saint-Pallais, des constructions existaient sans doute le long de la voie Romaine qui arrivait au pont sur la Charente.
Ce quartier s'est développé d'abord au Moyen-Age comme en témoigne l'église Saint Pallais et surtout l'Abbaye aux Dames. Il a pris encore plus d'extension aux XIXème et XXème siècles avec en particulier l'implantation de la Gare des Chemins de Fer et des installations connexes.
Histoire de Saintes
Le site de Saintes est occupé par l'Homme depuis le Néolithique, avec l'arrivée des Celtes, le territoire est occupé par la tribu Gauloise des Santons. D'abord menacés par les projets d'Arioviste qui est vaincu par Jules César, les Santons s'intègrent ensuite dans l'Empire Romain.
Mediolanum Santonum (Saintes) a été fondé en 19 avant J-C par le Gouverneur des Gaules, Agrippa. Mediolanum devient la capitale de la cité des Santons puis de la Province d'Aquitaine. C'est une ville importante qui est dotée de nombreux monuments financés par l'évergétisme des grands notables locaux. Pourtant Mediolanum perd son statut de capitale de Province et le déclin commence au IIIème siècle. Les incursions Germaniques incitent les habitants à édifier un puissant rempart.
Pour autant au IVème siècle le poète Ausone vante encore la qualité de la vie de la région de Saintes.
Les Francs conquièrent l'Aquitaine sur les Wisigoths après la victoire de Clovis à Vouillé en 507. La suite du Haut Moyen-Age est marquée par une succession d'incursions (Francs, Vikings et Sarrasins).
La ville fait partie des royaumes d'Aquitaine institués sous les Mérovingiens, puis sous les Carolingiens, ce derniers conduisent de nombreuses expéditions militaires pour maintenir l'Aquitaine sous leur tutelle.
Les IXème et Xème siècles sont une période difficile pour la Saintonge et Saintes qui subit des raids des Vikings comme en 844. Le siège épiscopal est vacant de 864 à 989 et il n'y a plus de comte à Saintes après la mort de Landri en 866.
La Saintonge passe sous la tutelle de Geoffroy Martel, comte d'Anjou, au début du XIème siècle. Un château-fort est édifié sur la colline du Capitole puis deux églises significatives sont mises en chantier Saint Eutrope puis l'Abbaye aux Dames.
En 1242, le roi de France Louis IX remporte la victoire de Taillebourg (21 juillet) puis celle de Saintes (22 juillet) sur le roi d'Angleterre Henri III. Saintes fait alors partie temporairement du royaume de France.
En 1360, le Traité de Brétigny fait repasser Saintes dans la dépendance des rois d'Angleterre et en 1361 le capitaine Anglais Jean Chandos prend possession de la ville. Le Connétable Du Guesclin la reprend pour le roi de France Charles V en 1372.
Saintes est reste au coeur de la lutte entre Français et Anglais pendant près de 50 ans, elle est définitivement rattachée à la France en 1404.
Au XVIème siècle, la cité devient un foyer Calviniste, Bernard Palissy vient d'ailleurs s'y établir. Ce contexte dait que les Guerres de Religion ont un fort impact sur la vie des habitants, certains monuments de la ville sont endommagés.
En 1609 le Gouverneur de Saintes fait édifier une puissante citadelle sur la colline du Capitole, mais elle est démantelée à la demande du roi Louis XIII qui ne veut pas qu'elle serve d'appui aux Protestants alors que se déroule le siège de La Rochelle.
Dans la suite du XVIIème siècle se développe une politique de Contre-Réforme, des ordres religieux catholiques s'établissent dans la ville.
A la fin du XVIIème siècle, la Révocation de l'Edit de Nantes provoque l'émigration de nombreux Protestants (artisans et commerçants) qui habitaient Saintes.
La ville retrouve la prospérité au XVIIIème siècle grace au commerce des vins et eaux-de-vie, qui s'appuie sur le trafic fluvial sur la Charente. De nombreux travaux (constructions, aménagements) aèrent et embellissent Saintes.
En 1867 est ouverte la ligne de chemin de fer entre Angoulême, Saintes et Rochefort, ceci entraine la chute du commerce fluvial. En contrepartie, Saintes devient par la suite un important noeud ferroviaire avec la création d'ateliers pour la réparation des locomotives.
de Jean Combes et Jean-Noël Luc --- Editions Bordessoules -- ISBN: 2903504032
Cet ouvrage présente un tableau du passé de l'Aunis et de la Saintonge selon un plan chronologique.
Il fait partie de la collection Hexagone des Editions Bordessoules qui présente l'Histoire de France par départements.
Mediolanum Santonum (Saintes), capitale des Santons et de la Province d'Aquitaine
Mediolanum Santonum est une agglomération qui a été fondée en 19 avant J-C par le Gouverneur des Gaules, Agrippa. La ville est à l'extrémité Ouest de la Voie Agrippa provenant de Lugdunum (Lyon) et traversant le Massif Central.
Mediolanum devient la capitale de la cité des Santons, l'ancien diocèse de Saintes donne une bonne idée du territoire de cette cité.
Le plan de la ville (cf dessin ci-contre) montre une organisation en damier avec beaucoup de rues se coupant à angle droit. L'ancien decumanus est maintenant la rue Victor-Hugo.
Plan de Mediolanum (Saintes) à l'époque Gallo-Romaine
Le rempart Gallo-Romain de Mediolanum
Un rempart a été construit à partir de la fin du IIIème siècle pendant le Bas-Empire. Ce rempart a été réalisé par le réemploi de matériaux issus de parties de la ville qui avaient été abandonnées comme le site du Forum et son voisinage ainsi que des mausolées.
La ville du IVème siècle et suivants occupe alors une superficie beaucoup plus réduite que celle des siècles antérieurs, elle est alors protégée par une muraille très puissante, en moyenne il faisait cinq à six mètres de hauteur sur quatre mètres d'épaisseur.
Il en reste quelques éléments sur la Place Aliénor d'Aquitaine et dans l'enceinte de l'Hôpital. Ce rempart a été démoli à partir du XVIIème siècle et c'est alors que les blocs ont été récupérés puis placés dans le Musée Lapidaire.
L'Amphithéâtre
Il a été commencé pendant le règne de Tibère et achevé sous le règne de Claude. Le grand axe mesurait 126 mètres, le petit 100 mètres, il pouvait accueillir plus de 12000 spectateurs. Il a longtemps été utilisé comme carrière de pierres par les habitants de Saintes.
L'amphithéatre de Mediolanum (Saintes)
Arc de Germanicus
A l'origine, un arc de triomphe sert à commémorer les victoires remportées par les généraux romains, l'arc est dédié à Germanicus qui comme son nom l'indique a remporté d'importantes victoires en Germanie.
L'Arc de Germanicus a été édifié autour de 20 après J-C par un notable local, Caius Julius Rufus, qui a également édifié l'amphithéâtre des Trois Gaules à Lugdunum (Lyon)
Cet arc était initialement sur le pont sue la Charente qui débouchait sur la Voie Agrippa vers Lugdunum (Lyon). Ce monument a été déplacé dans les années 1840 et reconstruit sur la rive droite de la rivière où il est actuellement.
La voie de Mediolanum à Lugdunum (Lyon) était appelée Voie Agrippa, on en retrouve la trace à la limite des entre les départements de la Charente et de la Charente-Maritime.
Les Thermes de Mediolanum
Restes des Thermes de Saint Saloine à Mediolanum (Saintes)
Trois établissements thermaux ont été identifiés à Saintes.
Des élément des Thermes de Saint Saloine restent visibles (cf photo ci-dessus).
Les deux autres étaient ceux de Saint Vivien et ceux de la Place du Marché, dont les restes ont été détruits en 1976.
L'Aqueduc de Mediolanum
Ces thermes et les fontaines publiques étaient alimentés par un aqueduc dont il reste plusieurs vestiges au Nord-Est de Saintes: au Vallon des Arcs, à Vénérand et au Douhet.
Un double aqueduc, d'une capacité finale de 10000 m3 par jour, amenait l'eau à Mediolanum.
Le premier aqueduc a été réalisé au début du Ier siècle, il amenait les eaux de sources situées à Fontcouverte avec un pont-aqueduc de 400 mètres.
Le Douhet: conduite souterraine de l'aqueduc de Mediolanum (Saintes)
La deuxième partie a été réalisée au début du IIème siècle, elle commençait aux sources du Douhet (cf photos ci-contre et ci-dessous) à une dizaine kilomètres au Nord-Est de Saintes puis était enrichie par les eaux des sources de Vénérand.
Le Douhet: accès à la conduite souterraine de l'aqueduc de Mediolanum (Saintes)
Le Théâtre de Thénac
Thénac est un village situé à 5 kilomètres au Sud de Saintes, il conserve des restes d'une agglomération Gallo-Romaine avec les vestiges d'un théâtre, de thermes et d'un temple.
Le Musée Lapidaire
Ce Musée est un des plus riches de France en vestiges de l'époque Gallo-Romaine.
Les éléments d'architecture qui sont présentés sont issus principalement des monumuments de Mediolanum Santonum.
Salle Musée Lapidaire de Saintes Buste du début du Ier siècle
De nombreux blocs ont été retrouvés dans le rempart construit à partir de la fin du IIIème siècle pendant le Bas-Empire.
Il avait été réalisé par le réemploi de matériaux issus de monuments (Forum, Temples, Basiliques, Mausolées, etc...) situés dans des parties de la ville qui avaient été abandonnées.
Musée Lapidaire de Saintes: corniches et frises
On voit dans le Musée des entablements avec frises et corniches (cf photos ci-contre et ci-dessus), des bases de colonnes et des chapiteaux qui appartenaient aux édifices publics édifiés à Mediolanum Santonum entre le Ier et le milieu du IIIème siècle.
On y trouve aussi des sculptures à caractère ornemental ou religieux et aussi des parties de colonnes, des stèles funéraires, etc.
Le Port de Saintes: Novioregum (Le Fâ)
Le site de Novioregum (Le Fâ) se situe sur le territoire de la commune de Barzan, près des rives de la Gironde. Il était habité dès l'époque Néolithique.
A l'époque Gallo-Romaine un important emporium (carrefour commercial) et un port sont établis à cet endroit qui donnait directement sur le fleuve. Il servait probablement de débouché sur l'Océan Atlantique pour Mediolanum (Saintes) qui est à une 35 kilomètres vers le Nord-Est.
A son maximum, la superficie de l'agglomération, mise en évidence par des photographies aériennes, était d'environ une centaine d'hectares, elle est en cours d'exploration avec l'identification d'un forum, de rues et de villas.
Les vestiges de Thermes (cf photo ci-contre) et de la Cella circulaire d'un Temple (cf photo ci-dessous) y sont toujours visibles et un peu à distance un Théâtre adossé à une colline et des entrepôts sont en train dêtre dégagés. Un aqueduc a été identifié, il alimentait sans doute les fontaines de la ville.
Novioregum (Le Fâ): tracé et vestiges des Thermes
Novioregum a sans doute été abandonné pendant l'Empire Tardif, probablement en raison de l'envasement du site portuaire. Pendant de longs siècles les ruines ont servi de carrière de pierres pour les constructions du voisinage.
Novioregum (Le Fâ): Cella circulaire du Temple
La Province d'Aquitaine
La nouvelle Province d'Aquitaine est beaucoup plus vaste que l'ancienne région portant ce nom. Elle s'étend de la Loire aux Pyrénées.
Mediolanum (Saintes) est la première capitale de la Province d'Aquitaine, c'est aussi la capitale de la Cité des Santons. Dans le courant du IIème siècle c'est au tour de Limonum (Poitiers) de devenir capitale de la Province, puis Burdigala (Bordeaux) au IIIème siècle.
L'Aquitaine romaine, limitée au nord par la Loire, au sud par les Pyrénées, à l'ouest par l'Océan et à l'est par les derniers contreforts du Massif central, est créée par Auguste quelques dizaines d'années après la conquête césarienne de l'ensemble de la Gaule chevelue.
Elle regroupe, entre Pyrénées et Garonne, l'aire des "vrais Aquitains" qui se définit par une forte identité ethnique et culturelle, à laquelle a été ajoutée une partie de la Celtique jusqu'à la Loire afin de créer une province identique par sa taille à celle des deux autres provinces gauloises.
Elle prend en compte ainsi plus de vingt cités ayant à leur tête un chef-lieu qui se dote d'une parure monumentale de qualité. L'occupation du sol y tient une place de choix et témoigne d'évolutions dès le Haut-Empire. Il s'agit d'une province riche autant que diverse : extraction minière, exploitation des carrières, productions de la mer, productions artisanales de masse la caractérisent.
Cet ouvrage d'Alain Bouet vient combler une lacune sur cette grande province romaine qui couvre une trentaine de nos départements actuels. Il offre une synthèse sur ce sujet rarement traité ainsi qu'une iconographie riche et en couleurs.
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Guides Archéologiques de la France
Les Guides archéologiques de la France font découvrir les vestiges des grands sites préhistoriques, antiques ou médiévaux de notre territoire et leur histoire. Ils donnent une lecture topographique de leur évolution et présentent les monuments principaux à l'aide de cartes, de plans en couleur et, le plus souvent possible, de restitutions 3D, les photographies de fouilles et d'objets viennent compléter cette documentation. Des visites des musées sont proposées ainsi que des itinéraires de découverte des quelques témoins architecturaux qui subsistent.
Saintes au Moyen-Age
Le Moyen-Age en saintonge est marqué par l'absence d'un pouvoir comtal proche. L'évêque et le chapitre de la Cathédrale sont très influents, ceci a pour conséquence que les principaux monuments qui ont été édifiés sont des églises et des monastères.
L'église Saint Eutrope est légèrement à l'extérieur du centre de la ville, à proximité de l'amphithéâtre Gallo-Romain.
Saint Eutrope est un personnage légendaire qui aurait évangélisé les Santons au IIIème siècle après J-C, il serait mort en martyr pour sa religion. Ses reliques sont vénérées et donnent lieu à l'établissement d'un sanctuaire.
Grégoire de Tours signale son culte à la fin du VIème siècle, des moines s'occupent de son sanctuaire. La basilique bâtie au VIème siècle par l'évêque Saint Léonce est détruite d'abord par les Sarrazins en 731 et ensuite par les Normands au IXème siècle.
Elle était très grande avec une nef dotée de collatéraux, un grand transept avec absidiole sur chaque bras, un choeur entouré par un déambulatoire donnant sur des chapelles rayonnantes.
La façade d'origine était en avant de l'actuelle, elle précèdait la petite place devant l'église et elle était avec un pignon encadré par une tour sur chacun des côtés (cf photos ci-contre).
Reconstitution de l'ancienne façade et de la nef de l'église Saint Eutrope de Saintes,
En 1803, le Préfet de Charente-Maritime constate le mauvais état de la nef, plutôt que de la réparer il fait abattre la façade et toute la nef jusqu'au transept, seul le mur Sud de cette nef subsiste sur la petite place en avant de l'édifice.
L'édifice actuel est donc le reste mutilé de l'édifice médiéval, la façade correspond en fait à l'ancien transept. L'église basse, le choeur, le collatéral Nord du Chevet et des sculptures restent de style Roman.
Clocher du XVème et façade correspondant à l'ancien transept Eglise Saint Eutrope de Saintes Clocher
Celle-ci fait reconstruire l'église et y établit un Prieuré qui rapidement obtient de nombreuses possessions en Saintonge.
Le bourg de Saint-Eutrope se développe autour du Prieuré, un peu à l'écart de la ville. Ce Prieuré a fonctionné jusqu'en 1787, il ne restait alors que 2 moines.
L'église comporte deux parties: l'église basse (la Crypte) et l'église haute. Elle a été édifiés sur l'emplacement d'une chapelle du VIème siècle plusieurs fois détruite puis reconstruite.
L'église basse
La construction commence en 1080 par l'église basse (cf photo ci-contre) en s'appuyant sur les restes de l'édifice du IXème siècle.
La crypte comporte un choeur voûté en berceau avec des bas-côtés, elle est dotée d'un déambulatoire avec trois absidioles.
Le transept possède aussi une absidiole sur chaque bras.
Les chapiteaux en haut des piliers portent des sculptures de feuillages et de palmes.
Eglise basse de Saint Eutrope
L'église Haute
Dans l'église haute actuelle il ne reste que le choeur, l'ancien transept et le mur Sud de l'ancienne nef l'édifice Roman. Par contre l'absidiole du chevet dans l'axe principal est de style Gothique de même que la façade.
L'église haute a été commencée par le choeur, juste au-dessus de la crypte (église basse) et avec le même plan.
En 1096 le pape Urbain II consacre les autels avec l'évêque de Saintes, Ramnulphe.
Les voûtes en demi-berceau des collatéraux du choeur ont sans doute été réalisées autour de 1100.
Le carré du transept comporte de puissant piliers qui supportent une coupole sur trompes, le clocher originel qui surmontait cette coupole a été détruit au moment de la Guerre de Cent Ans.
Les chapiteaux sculptés en haut des colonnes de l'absidiole Sud sont remarquables avec des oiseaux, des animaux, des acrobates etc.
Mais surtout les chapiteaux sculptés et historiés de la croisée du transept sont d'une facture exceptionnelle: Daniel dans la fosse aux lions, la Pesée des âmes, etc.
Choeur roman et abside Gothique de l'église Saint Eutrope
Le choeur comporte quatre travées voûtées en berceau brisé (cf photo ci-contre), ses collatéraux sont voûtés en demi-berceau ce qui leur permet d'épauler la voûte du vaisseau central.
Les piliers sont accompagnés de colonnes engagées surmontées de chapiteaux sculptés représentant des animaux.
La croisée du transept est de la même époque, elle était surmontée par un clocher détruit pendant la Guerre de Cent Ans.
La nef de l'église haute permettait d'accéder au choeur de l'église haute et aussi à la crypte par des escaliers.
Le clocher actuel (cf photos ci-dessus) a été construit à la fin du XVème siècle, la tour est carrée et soutenue par de puissants contreforts. Elle est de style Gothique flamboyant et sa flèche s'élève à 60 mètres de hauteur.
L'église a à nouveau été endommagée au moment des Guerres de Religion.
Eglise Saint Eutrope de Saintes avec le collatéral Nord Roman
L'Abbaye aux Dames de Saintes est une abbaye bénédictine qui a été fondée en 1047 à l'initiative du comte d'Anjou Geoffroy Martel et de sa femme Agnès de Bourgogne, en effet à cette date le comte d'Anjou contrôlait la Saintonge.
Ce monastère était réservé aux femmes. Les dons postérieurs d'Aliénor d'Aquitaine ont permis de compléter l'église à la fin du XIIème siècle en style Roman.
Dès le début cette abbaye a été dotée de nombreux biens en Aunis, en Saintonge, en Anjou et dans le Poitou. Les abbesses étaient issues de familles illustres, le monastère à son apogée comptait plus de 100 religieuses.
Les murs latéraux de la nef sont du XIème siècle ainsi qu'une partie du transept.
Endommagée par les Guerres de Religion, l'abbaye est restaurée au XVIIème par les abbesses Françoise I de Foix et Françoise II de Foix.
Au moment de la Révolution Française elle est transformée en caserne jusqu'en 1924, le chevet garde les traces des bâtiments militaires qui lui ont été adossés.
L'église a bénéficié d'un important programme de restauration au XXème siècle, d'abord dans les années 1930 puis dans les années 1970, 1980 pour les bâtiments conventuels.
Façade Abbaye aux Dames de Saintes Chevet
La façade et le portail
La façade (cf photo ci-dessus à gauche) est à trois niveaux avec deux registres tripartites et le fronton qui a été reconstruit au XVIème siècle.
Le registre du bas a une ornementation riche, les voussures du portail et les arcatures latérales (cf photo ci-contre et ci-dessous) portent de nombreuses et belles sculptures (L'Agneau de l'Apocalypse et le Tétramorphe, le Massacre des Innocents, les Vieillards de l'Apocalypse jouant de la harpe ou de la viole (cf photo ci-dessous), etc). Les chapiteaux sont également sculptés avec des thèmes historiés (cf photo ci-dessous à droite).
Sculptures des Vieillards de l'Apocalypse sur une voussure du portail de la façade de l'Abbaye aux Dames de Saintes
Chapiteaux sculptés du portail de la façade de l'Abbaye aux Dames de Saintes
Portail de l'Abbaye aux Dames de Saintes
Le second niveau a également cette organisation tripartite, il est plus simple que celui du bas, les voussures de la baie centrale et des deux arcades aveugles sont sculptés principalement avec des motifs décoratifs.
Sculptures d'une voussure du portail de la façade de l'Abbaye aux Dames de Saintes
Nef et croisée du transept Intérieur de de l'Abbaye aux Dames de Saintes Choeur et abside
L'abside est en hémicycle et voûtée en cul-de-four (cf photo ci-dessus à droite). Le choeur est allongé et de style Roman, il a une voûte en berceau brisé.
Le transept a été modifié comme le montre les croisées d'ogives des bras du transept. L'absidiole du bras Sud a disparu et celle du bras Nord est remplacée par une une chapelle Gothique du XVème siècle avec deux travées et comportant les armes de l'abbesse Anne de Rohan (1484-1513).
La croisée du transept s'appuie sur quatre gros piliers (cf photo ci-dessus à gauche), elle est surmontée d'une coupole sur trompes.
La nef (cf photo ci-dessous pour l'extérieur) comporte deux travées, elle comportait des bas-côtés à l'origine qui ont été supprimés postérieurement, les piliers sont du XIIème.
Un incendie en 1648 a détruit les coupoles sur pendentifs de la nef, elles ont alors été remplacées par un plafond en bois.
La décoration intérieure se caractérise par des chapiteaux décorés par des sculptures de feuillages et de palmettes.
Vue du côté Sud de l'Abbaye aux Dames de Saintes avec à droite les bâtiments conventuels
Le clocher (cf photos ci-contre) s'élève au-dessus de la croisée du transept avec à sa base une souche aveugle.
Le premier étage est carré avec trois arcades aveugles et en plein cintre sur chaque côté, en haut se trouve une corniche à modillons moulurés.
Il est surmonté d'une rotonde avec douze baies géminées en plein cintre séparées par des colonnes. La transition entre le carré et la forme circulaire est marquée par quatre pinacles aux angles du carré, ils sont surmontés d'un cône avec écailles de pierre.
Aux deux étages ce clocher est décoré avec plusieurs chapiteaux sculptés avec des sujets historiés: visite des Saintes Femmes au tombeau du Christ, etc.
La toiture est conique, légèrement renflée et la flèche est recouverte d'écailles de pierre.
Ce type de clocher est assez fréquent en Poitou et en Angoumois
Clocher de l'Abbaye aux Dames de Saintes
Les bâtiments conventuels (cf photo ci-dessus) se composent d'un corps de logis du XVIIème siècle avec deux étages surmontés par des combles, le portail est de cette époque.
L'ancien réfectoire est une salle voûtée d'arêtes et réalisée en 1664.
Accolées au bras Sud du transept, il subsiste trois travées de l'ancien cloitre du XIVème siècle dû à l'abbesse Agnès II de Rochechouart.
La première cathédrale édifiée à Saintes remonte au Vème siècle à l'initiative de l'évêque d'alors, Saint Vivien. Elle est victime d'un incendie en 1026 et sa reconstruction est amorcée dans la première partie du XIIème siècle par l'évêque Pierre de Confolens, il n'en reste que la coupole Romane sur pendentifs du bras Sud du transept.
Plus tard la cathédrale est à nouveau endommagée pendant la Guerre de Cent Ans et surtout les Guerres de Religion, à chaque fois elle est reconstruite. Par contre elle a traversé la Révolution Française sans encombre.
L'édifice actuel fait près de 100 mètres de longueur, il est sur un terrain inondable et son chevet repose sur des pieux en chêne.
Le cloitre et des bâtiments monastiques sont réalisés aux XIIIème et XIVème siècles.
Au milieu du XVème siècle la cathédrale est reconstruite en style Gothique flamboyant à l'initiative de l'évêque Guy de Rochechouart et de deux autres évêques de cette famille.
Cathédrale Saint Pierre de Saintes
En 1568, pendant les Guerres de Religion, les Protestants qui sont maîtres de la ville endommagent une bonne partie de l'édifice.
L'église est restaurée à partir de 1585 en commençant par la nef, le choeur l'est au milieu du XVIIème siècle et les voûtes sont achevées à la fin du XVIIIème siècle.
Le clocher et la façade
Le clocher a une allure massive, il est du XVème siècle, il a été élevé sur les assises de la construction Romane et possède de puissants contreforts d'angles surmontés par de nombreux et imposants pinacles.
Il comporte six niveaux se rétrécissant à chaque étage, le portail est en bas.
La baie du premier étage est grande avec un remplage Gothique. Le deuxième étage possède deux baies géminées et hautes, tandis que les trois baies du troisième étage ont des arcs en plein cintre. Le quatrième étage est occupé par l'horloge.
Une plate-forme à la base du cinquième étage sert de support à la partie terminale du clocher qui est hexagonal et sur deux niveaux et surmonté par un dôme métallique à 65 mètres de hauteur. Initialement il avait été prévu d'y implanter une flèche mais celle-ci n'a jamais été réalisée.
Clocher et façade Cathédrale Saint Pierre de Saintes Portail
Le portail
Le portail comporte quatre voussures en arcs brisés. Sur la première voussure huit anges, qui jouent avec des instruments de musique, célèbrent la louange de Dieu. La seconde porte dix sculptures représentant des Saints, des Papes ou des évêques. La troisième possède douze statues de Saints et la quatrième a des statues de saints et de prophètes de l'Ancien Testament.
Les niches des piédroits du portail sont restées vides depuis la destruction des statues pendant les Guerres de Religion.
Nef, transept et choeur
La construction du XVème siècle était plus haute que l'actuelle, mais en 1568 les Protestants ont fait s'écrouler la voûte et la toiture.
La nef actuelle est une reconstruction de la fin du XVIème siècle, elle comporte un collatéral et quatre travées.
Le vaisseau central est voûté par une charpente, il est divisé en deux par le transept dont les bras restent de dimension réduite. Le bras Sud est du XIIIème siècle, il est couvert par une coupole et sa baie est du XVème siècle en Gothique flamboyant. Le bras Nord a été restauré au XVIIIème siècle et possède un portail de style Classique.
Nef et choeur de la cathédrale Saint Pierre de Saintes
Le choeur a été reconstruit au XVIIème siècle, il est aussi important que la nef avec ses cinq travées. Un cymborium est porté par quatre colonnes de marbre rouge.
Il est entouré par un déambulatoire qui dessert quatre chapelles de style Gothique.
Le cloitre
Il est accolé au mur Sud de la Cathédrale avec une galerie couverte sur les côtés Ouest et Sud.
Les Jacobins
Ce monastère a été créé en 1292 par des Moines Dominicains (Jacobins), il a été renové au XVème siècle. L'église du monastère est une construction de 1446, il en subsite le chevet avec une grande baie avec un remplage de style Gothique flamboyant (cf photo ci-dessous à droite).
Un autre reste du monastère subsiste: la Salle Capitulaire.
Monastère Couvent des Jacobins à Saintes Eglise
L'ensemble a été vendu comme Bien National au moment de la Révolution Française. Devenu Propriétaire dans la seconde partie du XIXème siècle, Monsieur Martineau, en a fait don à la ville en 1928.
Depuis 1938, le monastère est devenu la Bibliothèque Municipale puis Médiathèque François Mitterrand.
Vocabulaire de l'Architecture Religieuse du Moyen-Age
La description des églises et édifices de l'architecture religieuse nécessite la connaissance d'un vocabulaire spécialisé dont les expressions ne sont pas intuitives. Pour vous aider vous pouvez vous appuyer sur cette page:
Une fois passées les Guerres de Religion, a partir du XVIIème siècle la ville commence à se modifier et à se réagencer. Pour autant l'essentiel des travaux se sont déroulés dans la seconde partie du XVIIIème siècle et au XIXème.
Transformation de l'ancien château-fort
L'ancien château-fort se situait sur la colline du Capitole (Hôpital). C'est là que s'étaient établis les representants du roi quand la ville a été intégrée au royaume de France.
Ce château est transformé en citadelle en 1609, il devient le Logis du Gouverneur (cf photo ci-contre).
Pour l'essentiel elle a été démantelée à la demande du roi Louis XIII afin qu'elle ne serve pas de point d'appui aux Protestants pendant le siège de La Rochelle.
Logis du Gouverneur
Les Hôtels particuliers
Des hôtels particuliers sont construits à partir du XVIIème siècle comme l'Hôtel de Brémon d'Ars autour de 1600 et l'Hôtel du Présidial en 1610, puis au XVIIIème siècle comme l'Hôtel Monconseil en 1738 et la Maison Viau en 1770.
A la fin du XVIIIème siècle l'Intendant Guéau de Réverseau fait concevoir un plan de restructuration de la ville. La démolition des remparts Gallo-Romains et médiévaux commence ainsi que le réagencement du centre-ville.
Les travaux sont suspendus pendant la Révolution Française.
Au XIXème siècle, ils reprennent et des boulevards (Cours) sont aménagés sur le tracé des anciens remparts : Cours National en 1815, puis Cours Reverseau en 1835 à l'Ouest et Cours National au Nord. Les tracés de certaines de rues sont rectifiées dans le Quartier Saint Pierre.
L'ancien Pont est reconstruit à la fin des années 1870 avec, pour faciliter son débouché, la création de l'avenue Gambetta sur la rive droite de la Charente.
Les bâtiments publics
Un peu plus tard sont réalisés plusieurs bâtiments publics marquants: d'abord le Théâtre Gallia édifié en 1852, puis le Palais de Justice (cf photo ci-dessous) qui a été construit en 1863 sur l'emplacement de l'ancien Couvent des Cordeliers, l'Hôtel de Ville qui avait été victime d'un incendie.
Le Théâtre Gallia est des années 1850 (Second Empire), il a une façade néo-classique (cf photo ci-contre).
Le Théâtre Gallia
Conséquence de la prospérité de la production et du commerce des vins et eaux de vie de la région, les grands propriétaires viticoles se font construire de belles demeures: Château Rouyer-Guillet, Villa Musso, Hôtel Martineau, etc.
Le Palais de Justice de Saintes
Pour améliorer la circulation vers le quartier Saint-Pallais qui s'est bien développé au XIXème siècle, le pont ancien est démoli et remplacé par l'actuel pont Bernard Palissy en 1879 avec dans son prolongement la réalisation de l'avenue Gambetta au bout de laquelle est implantée la Gare des Chemins de fer.
La Saintonge prise en compte ici correspond en fait au département de la Charente-Maritime, c'est à dire avec l'Aunis et l'ancienne Vicomté d'Aulnay (qui faisait jadis partie du Poitou) mais sans la région de Cognac, maintenant située dans le département de la Charente.
La Saintonge est une des régions où l'Art Roman (XIème et XIIème siècles) s'est le mieux épanoui, cela traduit sans doute sa prospérité à cette époque.
Les plus modestes villages de cette région conservent des églises remarquables de style Roman, on en dénombre plusieurs centaines ce qui n'a pas d'équivalent en France et même au-delà.
Les architectes et artistes médiévaux sont parvenus a concevoir et réaliser en Saintonge des édifices exceptionnels: ainsi l'église d'Aulnay et celle de Talmont sur Gironde sont classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco.
La plupart des autres, ceux des villages présentent un plan simple: une façade souvent tripartite qui débouche sur une nef unique suivie d'une travée surmontée par le clocher. Ensuite se trouve le choeur et une abside voûtée en cul-de-four.
Le portail de la façade est sans tympan mais possède bien souvent un décor sculpté, un cas spectaculaire est Fenioux.
Les chevets sont souvent en hémicycle avec des fenêtres étroites, quelques-uns sont originaux comme ceux de Rioux et Rétaud.
Ces édifices sont parfois dûs à l'initiative de seigneurs féodaux et aux nombreuses abbayes du Poitou, de la Saintonge et des régions alentour qui développaient leur réseau de Prieurés.
Autre facteur important, les chemins du pélerinage vers Saint Jacques de Compostelle, en effet les ressources données par les nombreux pélérins contribuent à l'édification des plus belles églises Romanes. En pratique, souvent, tous ces facteurs jouent simultanément.
La région Poitou-Charentes est une des régions les plus riches de France en patrimoine roman.
Elle offre à découvrir plus de sept cent cinquante églises et une centaine de donjons sur ses territoires chargés d'histoire, auxquels s'ajoutent les collections d'art et d'archéologie de ses musées.
Avec Saint-Savin-sur-Gartempe et une vingtaine d'autres églises, elle possède un ensemble de peintures murales de l'époque romane unique en France, en quantité et en qualité.
Parcourant ces chemins de l'art roman en Poitou-Charentes, les auteurs ont choisi un bouquet de sites pour offrir au lecteur comme au visiteur un aperçu de ces merveilles.