Bourges, jadis capitale de la Province du Berry, est le chef-lieu du département du Cher, elle se situe près du centre de la France à une centaine de kilomètres au Sud d'Orléans et à 150 kilomètres au Sud-Est de Tours.
Le Cher passe à une quinzaine de kilomètres à l'Ouest du centre de la ville, mais plusieurs affluents de celui-ci desservent les parties basses de l'agglomération: l'Auron, la Yèvre, le Moulon, d'ailleurs à l'origine la ville était entourée et protégée par des marais dont il subsiste des parties.
La ville est bâtie sur les pentes d'une colline au haut de laquelle se situe la Cathédrale qui est ainsi visible de très loin.
En plus de la Cathédrale, Bourges conserve quelques églises d'origine médiévale.
Depuis le milieu du XIXème siècle Bourges a une économie s'appuyant sur les activités militaires et l'industrie de l'armement. Elle redevient aussi une ville Universitaire avec en particulier une Faculté de Droit et des Sciences et une Ecole d'Ingénieurs (ENSI).
La ville est devenue un site incontournable de la chanson française avec le Printemps de Bourges, une manifestation musicale qui se tient chaque année.
Gravure de Bourges à la fin du XVIème siècle La Cathédrale La Grosse Tour
L'origine de Bourges est très ancienne et remonte à l'époque Celtique. Son nom était Avarich, issu du préfixe Avar utilisé pour la rivière Yèvre. La ville était un oppidum assurant la fonction de chef-lieu de la puissante tribu gauloise des Bituriges Cubes. Elle prend ensuite le nom d'Avaricum.
Dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, le Général Romain Jules César, qui est à la poursuite de Vercingétorix, décrit le siège et la prise d'Avaricum en 52 avant J-C. Très peu d'habitants (sur les 40000 selon l'estimation de César) échappèrent au massacre effectué par les armées romaines.
A l'époque Gallo-Romaine, la ville est reconstruite selon le modèle urbain de l'Empire Romain avec de nombreux monuments : amphithéâtre, thermes et aqueducs, etc. Un grand portique s'étend sur 75 mètres de longueur au pied de la colline, il borde sans doute le Forum et une fontaine alimentée par un aqueduc de plus de 40 kilomètres de longueur. L'amphithéâtre est sur le flanc Nord-Ouest de l'agglomération. Un petit port est établi sur l'Auron. De nombreuses villas sont édifiées dans et à proximité de la ville.
Aux deuxième siècle Avaricum atteint une superficie de près de 100 hectares. Le Cardo correspondait à la rue Moyenne et le Decumanus aux rues Pauliat et Mayet-Génétry.
A l'issue des incursions barbares, comme la plupart des villes de la Gaule Romaine, les centres de pouvoir et de décision d'Avaricum se protègent derrière une enceinte réduite (environ 30 hectares) reprenant les limites de l'ancien oppidum celtique. Ce rempart a été en partie construit avec les éléments des anciens monuments publics, il comportait près de 50 tours et était percé de 4 portes pour accéder à la cité. Les restes du rempart Gallo-Romain sont toujours visibles dans plusieurs endroits de la ville.
A l'issue des réorganisations de l'Empire Romain et avec le développement du Christianisme dans la ville (la première cathédrale est construite au IVème siècle), Bourges devient le siège d'un archêvéché très étendu, il comprenait les évêchés de Clermont, de Saint-Flour, de Mende, du Puy-en-Velay, de Rodez, d'Albi, de Cahors et de Tulle.
Au Vème siècle les difficultés de la période, en particulier les invasions Barbares, entrainent un déclin de la ville.
Pendant le Haut Moyen-Age, Bourges fait partie du royaume d'Aquitaine. Elle est prise par Charles Martel en 731, puis à nouveau par Pépin le Bref en 762 qui y nomme un comte.
Au Xème siècle la féodalité se développe. Le Haut-Berry et Bourges sont de plus en plus sous l'influence des comtes de Blois et de seigneurs du Nord de la Loire.
Plusieurs archevêques de Bourges sont issus de la famille des comtes de Blois , ils se transmettent l'archevêché d'oncle à neveu.
Les premiers rois Capétiens veulent aussi exercer un contrôle sur la ville. En 1101, le roi Philippe Ier rachète au vicomte de Bourges, Eudes Arpin, ses droits sur la ville qui est alors intègrée au domaine royal.
La ville en est revitalisée, le roi Philippe-Auguste fait édifier une grosse tour, une nouvelle enceinte et la construction d'une nouvelle cathédrale grandiose est entreprise suite à l'incendie de l'ancienne.
Au milieu du XIVème siècle, le roi Jean II le Bon constitue le duché de Berry en apanage pour son troisième fils, Jean.
Celui-ci fait de Bourges une capitale à la hauteur de son prestige, il fait réaliser ou remanier de nombreux édifices (palais ducal, petit palais, Sainte Chapelle, ...) et le faste de sa cour contribue à la prospérité économique de la ville et de sa région.
C'est à lui que l'on doit un ouvrage célèbre: les Très riches heures du duc de Berry.
Reconstitution du Palais Ducal et de la Sainte Chapelle à Bourges
Vers la fin de la Guerre de Cent Ans, le dauphin, futur roi Charles VII, s'installe à Bourges, car la ville est hors de portée des armées Anglaises. Il y établit son administration, son fils Louis XI est né à Bourges en 1423.
Charles de Berry, le frère du roi Louis XI, créée en 1463 une Université à Bourges. Elle a rayonné sur les régions voisines pendant plus d'un siècle. Le grand Juriste Cujas y a enseigné et Calvin y a étudié.
Avant même le milieu du XVème siècle, les rois s'installent en Touraine, à Loches puis Chinon et enfin Tours. En 1487, un incendie détruit plus du tiers de la ville. Cet ensemble d'évènements entrainent le début du déclin de Bourges.
A partir du XVIème siècle, Bourges suit le destin d'une ville ordinaire du royaume de France.
Attaque de Bourges au début des Guerres de Religion Au premier plan la Grosse Touret les remparts médiévaux
Au XIXème siècle Bourges se réveille avec d'abord la mise en service du Canal du Berry en 1822. En 1847, le chemin de fer atteint la ville qui devient aussi un centre de l'industrie de l'armement. Tout ceci dynamise l'activité économique de la cité qui voit s'installer de nombreuses entreprises moyennes et grandes.
Les Monuments de Bourges
En dépit du grand incendie de 1487, Bourges a conservé des édifices médiévaux, mais elle compte aussi plusieurs Hôtels de l'époque de la Renaissance et des époques postérieures.
Le centre de la ville conserve des traces de l'époque Gallo-Romaine et se compose de rues d'origine médiévale qui sont bordées d'édifices et de maisons remarquables.
A l'époque Gallo-Romaine un Temple était établi sur l'emplacement de l'actuel Enclos des Jacobins, les traces d'un grand portique sont toujours apparentes et un aqueduc de plus de 30 kilomètres (il provenait de Traslay) alimentait les Thermes et les fontaines d'Avaricum.
Des Thermes ont été identifiées rue Edouard-Branly et l'Amphithéâtre était sur l'emplacement de la Place de la Nation (il a été rasé en 1620).
A partir de la fin du IIIème siècle, le coeur de la cité, qui est devenue la capitale de la Province d'Aquitaine Première, est protégée par une puissante muraille.
De forme elliptique, elle entourait une superficie d'environ 25 hectares, les murs avaient jusqu'à huit mètres de largeur à la base et trois mètres d'épaisseur au-dessus. Elle était jalonnée par une cinquantaine de tours semi-circulaires.
Il en subsiste des vestiges (muraille et tour) en particulier près de la rue Bourbonnoux. Plusieurs édifices de la ville ont été construits en s'appuyant sur ces remparts, par exemple le Le Palais Jacques Coeur et l'Hôtel Lallemant.
La ville Médiévale
Au Moyen-Age, Bourges est à nouveau protégée par des remparts d'une longueur de plus de 2 kilomètres construits sur l'ordre du roi Philippe II Auguste, les boulevards continuent à en montrer le tracé.
Ce roi fait également édifier la Grosse Tour (cf gravure au-dessus) en haut de la rue Moyenne, elle faisait 40 mètres de hauteur, son diamètre était de 23 mètres et les murs faisaient 6 mètres d'épaisseur. Elle a été détruite en 1651 sur ordre de Louis XIV.
Maisons à colombages et pans de bois et la Maison Pelvosin en pierre
Les rues sont étroites et sinueuses, elle sont bordée par de nombreuses maisons à colombages (cf photo ci-contre), en particulier dans le secteur piétonnier de la Place Gordaine et des rue Mirebeau et rue Coursalon. Pour autant beaucoup d'édifices ont disparu lors de l'incendie de 1487.
La Place Gordaine était située en avant d'une porte d'accès à la ville par la route venant de Sancerre (Château-Gordon). Cette place accueillait des marchés à l'époque médiévale: bouchers, poissoniers mais aussi changeurs, etc.
Les édifices les plus significatifs de la ville médiévale sont la Maison Pelvoysin (édifiée en pierre au XVème siècle par Guillaume Pelvoysin), la Maison de la Reine Blanche, la Maison des Trois-Flutes (XVème siècle), la Maison Trousseau (de la fin du XVème) et la Maison de Bienaimé Georges avec ses fenêtres à meneaux croisés réalisée à la toute fin du XVème siècle.
Dans la ville médiévale la rue Bourbonnoux comporte des maisons à pans de bois réalisées après l'incendie de 1487. Cette rue débouchait sur la Porte du même nom et sur la route vers le Bourbonnais. Cette rue était occupée principalement par des artisans: orfèvres, serruriers, tailleurs, cordonniers, chapeliers, charrons, ....
Le Le Palais Jacques Coeur a été construit à partir du milieu du XVème siècle, à la fin de l'époque médiévale.
La ville de l'époque Classique
Bourges possède plusieurs bâtiments et hôtels particuliers construits pendant l'Ancien Régime (du XVIème au XVIIIème siècles).
L'ancien Palais archiépiscopal
En 1682, l'archevêque décide de se faire construire un nouveau palais épiscopal. Le projet est imposant mais trop coûteux, il n'est que partiellement réalisé, le bâtiment existant ne représente qu'une aile du projet primitif. Ensuite a été réalisé le Jardin de l'Archevêché achevé en 1730.
Il accueille maintenant le Musée des Meilleurs Ouvriers de France.
L'Hôtel Lallemant
Les Lallemant étaient de riches marchands établis à Bourges depuis le XIIIème siècle. Ils ont fait construire cet Hôtel sur le rempart médiéval vers 1500, après l'incendie de 1487.
A la base l'influence Gothique y est perceptible mais il est marqué par le style Renaissance (cf photo ci-contre). Il a reçu d'importantes modifications aux XVIème et XVIIème siècles.
L'intérieur et l'extérieur sont très décorés en particulier par des sculptures. Cet Hôtel accueille maintenant le Musée des Arts Décoratifs.
A noter la tourelle circulaire située à l'angle de deux corps de bâtiments (cf photo ci-contre).
Hôtel Lallemant
Le Couvent des Augustins
L'Ordre des Augustins s'était installé à Bourges dès le XIIIème siècle. Le couvent a été reconstruit après l'incendie de 1487.
Une partie des bâtiments sont du début du XVIème siècle, les galeries du cloitre sont du XVIIème siècle.
L'Hôtel Cujas
Il a été consruit au début du XVIème siècle (1515) par l'architecte Pelvoysin pour un marchand Florentin établi à Bourges. Il porte le nom d'un grand Juriste professeur à l'Université de Bourges, Cujas, qui y a résidé de 1485 à 1490.
Au XIXème siècle, pendant de nombreuses années, il a été le siège de la Gendarmerie.
Il accueille depuis 1877 le Musée du Berry qui possède une importante collection d'objets de l'époque Gallo-Romaine et montre la vie et les objets domestiques du Berry dans les siècles passés.
L'Hôtel des Echevins
Cet Hôtel a été commencé à partir de 1495 à l'initiative des Echevins de Bourges. Il a été complété aux XVIème et XVIIème siècles. La galerie latérale avec cinq arcades avait été réalisée en 1624.
Cet hôtel a été le siège de la Mairie de Bourges jusqu'en 1683. Il est devenu ensuite un Collège de Jésuites.
Il accueille maintenant le Musée Estève avec une soixantaine d'oeuvre du peintre Maurice Estève qui était originaire de Culan dans le Sud du département.
Hôtel des Echevins
Autres Hôtels de Bourges
Comme autres édifices intéressants on peut aussi citer l'Hôtel Colladon (réalisé à partir du XIIIème siècle), l'ancien Hôtel-Dieu, etc.
Des Hôtels particuliers des XVIIème et XVIIIème siècles sont aussi à signaler: Hôtel Bastard (XVème et XVIème), Hôtel de la Guère, Hôtel Macé de la Vesvre (du milieu du XVIIème siècle), Hôtel de Veauce (du milieu du XVIIIème), Hôtel Grenouillet, Hôtel des Méloizes, Hôtel de Bengy, Hôtel Daniel-Témoin (du milieu du XVIIIème), Hôtel de Chouy et l'Hôtel Bécuau dont la première construction a abrité la Chambre des Comptes de 1379 à 1435.
L'Eglise Notre-Dame
Initialement cette église a été construite au XVème siècle et en partie détruite par l'incendie de 1487. Elle s'appelait jadis l'église Saint Pierre et Saint Paul le Marché.
Elle a été reconstruite et agrandie dans les années 1520 avec l'ajout d'une travée côté Ouest et de collatéraux côtés Nord et Sud.
La tour-clocher a également été construite au début du XVIème siècle par l'architecte Guillaume Pelvoysin. Elle est carrée avec trois étages.
L'entrée par le portail Sud a été reprise au milieu du XVIIème siècle avec un attique de style Corinthien (cf photo ci-contre).
Eglise Notre-Dame
L'Eglise Saint Bonnet
Elle a été construite à partir de 1509 sur les fondations d'une église d'origine Romane. Au XXème siècle, deux travées ont été ajoutées côté Ouest avec une façade de style neo-gothique flamboyant.
A l'intérieur les vitraux des XVème et XVIème siècles sont l'oeuvre de Jean Lescuyer.
Le presbytère est l'ancienne Maison des Abbesses des Bénédictins de Saint Laurent réalisée au milieu du XVIIème siècle.
L'Eglise Saint Pierre le Guillard
Cette église est de la première moitié du XIIIème siècle, elle a été consacrée en 1230. La nef est sans transept, elle est bordée de collatéraux.
Elle a été endommagée par un incendie à la fin du XIVème siècle, mais le chevet a été préservé avec un déambulatoire et des chapelles rayonnantes.
Des chapelles ont été édifiées entre les contreforts au XVème siècle.
Au bas du clocher-porche (cf photo ci-contre) un narthex vouté d'ogives constitue l'entrée de la nef.
Cujas est enterré dans la chapelle des Trépassés.
Eglise Saint Pierre le Guillard
Le Portail Saint Ursin
L'édifice ainsi nommé est en fait le vestige du portail d'une Collégiale Romane de la fin du XIème siècle détruite en 1799.
Le tympan est remarquable, il porte des représentations de scènes et animaux de la vie courante: renard, loup, cigogne, travaux des mois, ...
La Cathédrale Saint Etienne de Bourges est un édifice monumental qui est une des plus belles Cathédrales françaises de style Gothique, elle est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
La construction
L'édifice a été édifié en remplacement d'une église Romane devenue trop petite pour l'importance du diocèse de Bourges, qui, en particulier prétendait à la primatie en Aquitaine (en concurrence avec Bordeaux).
Le roi de France Louis VII a été couronné par l'archevêque de Bourges dans cette ancienne cathédrale Saint-Etienne en 1137.
Façade de la cathédrale Saint Etienne de Bourges avec ses cinq portails
La nouvelle cathédrale est construite à partir de 1195 à l'initiative de l'archevêque Henri de Sully (1183-1199) et du Chapitre de la Cathédrale. La première tranche de travaux s'est achevée en 1214 avec la réalisation de l'abside, du choeur et du déambulatoire.
Son architecte est issu de la France du Nord, sans doute grace à Eudes de Sully, le frère de Henri, qui est devenu évêque de Paris et à cette époque contribue à l'achèvement de Notre-Dame de Paris.
En 1199, le nouvel archevêque de Bourges est Guillaume du Donjon, il s'investit fortement dans la construction et mobilise pour cela les ressources de son diocèse, il meurt en 1209.
Son successeur est Giraud de Cros puis Simon de Sully, neveu de Henri et de Eudes, à partir de 1218 jusqu'en 1236, puis Philippe Berruyer. La nef est commencée en 1225, elle est achevée pour le gros oeuvre vers 1250.
La façade, très ambitieuse avec ses cinq portails, est bien avancée autour de 1250. La cathédrale est en bonne voie d'achèvement au milieu du XIIIème siècle.
Mais bientôt des difficultés apparaissent car les fondations sont insuffisantes. La construction des tours est arrêtée et les travaux sur la façade sont réduits, ainsi à ce moment-là il n'y a ni rosace, ni couronnnement.
A la fin du XIIIème siècle la tour Sud commence à pencher au point de menacer la stabilité des voûtes de la cathédrale. Le chapitre fait alors construire, au début du XIVème siècle, un énorme bâtiment-pilier pour soutenir cette tour Sud (cf photo ci-dessous).
Ce n'est qu'aprés tous ces contretemps que se tient la dédicace de la cathédrale par l'archevêque Guillaume des Brosses, le 5 mai 1324.
Elle est améliorée et embellie à la fin du XIVème siècle par Guy de Dammartin, l'architecte du duc Jean de Berry, la façade est complétée par la mise en place d'une grande verrière, des chapelles sont réalisées ou complétées.
Pourtant la Tour Nord s'effondre le 31 décembre 1506 et l'architecte Guillaume Pelvoysin met plus de trente ans pour réparer les dégats et édifier une tour plus puissante (65 mètres de hauteur).
L'église est endommagée par les Protestants au moment des Guerres de Religion, en mai 1562, en particulier les sculptures du portail central de la façade dont les statues sont martelées.
Au milieu du XVIIIème siècle, les chanoines font démolir le jubé puis des verrières pour améliorer l'éclairage du choeur. Puis lors de la Révolution Française l'édifice est encore malmené.
D'importantes restaurations ont été engagées au XIXème siècle puis surtout au XXème, elles nous permettent de contempler le superbe édifice actuel.
Description
L'église est composée d'un seul vaste vaisseau qui fait 118 mètres de longueur à l'intérieur sur 43 mètres en largeur.
Contrefort de la tour Sud Cathédrale Saint Etienne de Bourges Chevet
Le chevet
La construction du chevet a été précédé par l'établissement d'une sub-structure (église basse) permettant de compenser la dénivellation du terrain. Une succession d'étages s'élève jusqu'à 55 mètres en haut du toit. Les murs sont supportés par des arcs-boutants renforçant les contreforts verticaux.
Le chevet a été dégagé des constructions qui l'entouraient au XIXème siècle au moment de la réalisation du Boulevard de Strasbourg, c'est de cet endroit que l'on a la plus belle perspective sur la cathédrale (cf photo ci-dessus).
L'abside date de la fin du XIIème et du début du XIIIème siècle, elle est entourée par un déambulatoire qui dessert cinq chapelles rayonnantes (cf photo ci-dessus), les vitraux sont du début du XIIIème siècle.
La nef
La nef a été commencée en 1225, elle est achevée pour le gros oeuvre vers 1250 et finalisée dans la seconde partie du XIIIème siècle. Une particularité de la cathédrale est l'absence de transept. La nef principale est encadrée par un double collatéral de chaque côté.
Vue de l'intérieur la nef de neuf travées présente donc un cloisonnement minimal, elle est prolongée par un choeur de quatre travées.
Côté Sud avec l'énorme pilier en contrefort de la Tour Intérieur de la cathédrale Saint Etienne de Bourges
La voûte atteint 36 mètres de hauteur, elle est sexpartite et organisée par blocs de deux travées, ce qui induit une alternance de piliers forts (2,6 mètres de diamètre) et de piliers plus faibles (2,2 mètres de diamètre). Ces piliers sont cantonnés par des colonnettes, leur écartement de part et d'autre de la nef est légèrement plus grand vers le choeur que celui du côté Ouest.
La voûte des collatéraux s'élève à 21 mètres de hauteur pour le premier bas-côté et à 9 mètres pour le second. Ces voûtes sont en ogives et quadripartites.
Les grandes arcades latérales de la nef font 20 mètres de hauteur, elles sont surmontées par un triforium avec au-dessus de grandes fenêtres (cf photo ci-contre à droite) qui éclairent l'intérieur de l'édifice. Le premier collatéral comporte aussi un triforium.
Des chapelles ont été établies entre les contreforts de la nef et du choeur au XVème et pendant la première moitié du XVIème siècle.
Le contrebutement des voûtes sur croisée d'ogives est assuré par des arcs-boutants s'appuyant sur de puissants piliers extérieurs (cf photo ci-dessus à gauche), ils sont disposés aux angles des travées de la nef.
A l'intérieur de l'édifice, en haut des colonnes, de nombreux chapiteaux sont sculptés.
Certaines sculptures du Jubé (démoli en 1757) ont été réimplantées dans le mur du choeur. Les sculptures du XIIIème siècle étaient peintes.
Intérieur de la cathédrale Saint Etienne de Bourges: piliers, arcades, triforium et fenêtres
La chapelle du Breuil montre des fresques murales (crucifixion, résurrection, ...) de la fin du XVème siècle.
La sacristie capitulaire possède des peintures murales du milieu du XVème siècle en l'honneur du roi Charles VII réalisées à l'initiative de Jacques Coeur.
Les verrières du choeur, de la nef et de la façade Ouest
La cathédrale de Bourges possède un bel ensemble de vitraux réalisés entre le XIIIème et le XVIème siècles.
Vénération des reliques de Saint Etienne Vitrail de Saint Thomas
Les verrières des trois étages de l'abside ont été réalisées dans la première moitié du XIIIème siècle, elles présentent des similitudes avec celles de la cathédrale de Chartres qui ont été réalisées à la même époque.
Elles illustrent des thèmes habituels de l'Eglise: Jugement Dernier et Apocalypse, Vie de la Vierge, Vie de Saint Etienne, mais aussi des vies de Saints et de Martyrs, des Prophètes et Apôtres, des archevêques de Bourges, des présentations de Corporations et de Métiers.
La rose de la façade Ouest et la verrière de Jacques Coeur est du XVème siècle. Les vitraux des chapelles latérales sont des XVème et XVIème siècles.
Les Portails latéraux
Ces portails se trouvent placés à la septième travée de la nef, ils ont été commencés au XIIème siècle.
Portail Sud de la cathédrale Saint Etienne de Bourges
L'entrée du Portail Sud est décoré d'arcades polylobées (cf photo ci-dessus à droite).
A l'arrière ont été réimplantées des sculptures datant de 1160 (époque Romane) avec en particulier un Christ en Majesté entouré par les symboles des quatre évangélistes (cf photo ci-dessus à gauche).
Le Portail Nord montre les principaux épisodes de la Vie de la Vierge: Annonciation, Visitation, etc, le tympan comporte une Vierge à l'Enfant. Il a été très endommagé par les Protestants en 1562.
Façade occidentale, Tours et Portails
La façade occidentale de la cathédrale comporte cinq portails qui correspondent à l'intérieur à la nef principale et au double collatéral de chaque côté. Ces portails sont encadrés par deux tours. La grande fenêtre qui ajoure la façade est de la fin du XIVème siècle.
Les Tours
La Tour Nord s'est effondrée le 31 décembre 1506, elle a été reconstruite autour de 1540 avec de solides contreforts placés aux quatre angles (cf photo ci-contre à gauche). Elle s'élève à 66 mètres de hauteur, un escalier hélicoîdal de 400 marches permet d'accèder à son sommet.
Tour Nord Tour Sud
Au début du XVème siècle la Tour Sud menace de s'écrouler, elle est étayée par énorme bâtiment-pilier en contrefort (cf photo ci-contre à droite). La Tour s'élève à 58 mètres de hauteur, elle est surnommée Tour muette car elle n'est pas équipée de cloches risquant de l'ébranler.
La façade n'a pas changé depuis cette époque, c'est à dire depuis le milieu du XVIème siècle.
Les Portails
Les voussures de cet ensemble portent près de deux cent sculptures représentant des anges, des martyrs, des saints, etc. Les statues d'apôtres et de prophètes occupaient les piédroits des portails, ils ont été dégradés par l'effondrement de la tour Nord et les dégâts de 1562.
En regardant la façade et en allant de la droite vers la gauche se situent respectivement les Portails de Saint Ursin et Saint Etienne (réalisés vers 1230), le Portail Central avec un Jugement dernier sur le tympan (datant de 1240), les Portails de la Vie de la Vierge et de Saint Guillaume du XVIème siècle.
Portail central de la cathédrale Saint Etienne de Bourges
Le Tympan du Jugement Dernier est un véritable chef d'oeuvre de la sculpture Gothique comme le montre les photos ci-dessous.
Les sculptures de la scène des Damnés et le chaudron de l'Enfer sont très spectaculaires.
Les Justes Coté gauche du portail central La Pesée des âmes
Les Justes (extrait) et la Pesée des âmes Coté droit du portail central Les Damnés et le chaudron de l'Enfer
L'église basse
Cette église basse a été réalisée au XIème siècle, elle se situe sous le choeur de l'édifice. Elle est restée longtemps inaccessible, en fait jusqu'au milieu du XVIIIème siècle. De forts piliers et un mur de 3 mètres d'épaisseur soutiennent les piliers du déambulatoire de l'église haute. Au centre se trouve le tombeau du duc Jean de Berry.
L'arrière crypte est un vestige de la cathédrale carolingienne, elle remonte au IXème siècle. On retrouve aussi des restes du mur de l'ancienne enceinte Gallo-Romaine de Bourges.
La Grange aux Dîmes
La Grange aux Dîmes servait à abriter la dîme, redevance que percevait le chapitre dees chanoines de la cathédrale. Elle était principalement composée de produits en nature. La salle basse de cette grange est voûtée en ogives.
La Grange aux Dîmes près de la cathédrale Saint Etienne de Bourges
Jacques Coeur est le fils d'un marchand de Bourges, son père travaille pour la cour des ducs de Berry puis des rois de France.
Son mariage avec la fille d'un grand notable de Bourges lui permet de devenir monnayeur. Il met en place rapidement des comptoirs à Marseille et Montpellier et une flotte commerciale au niveau international qui lui permet de concurrencer les armateurs de Gênes et de Venise.
Il devient Grand Argentier du roi Charles VII en 1439. Sa fortune devient immense, il prête au roi et aux grands seigneurs. Il fait construire à Bourges un Palais qui porte son nom (cf photos ci-dessous). Il est annobli par le roi en 1441 et en 1450 son fils Jean devient archevêque de Bourges jusqu'en 1483.
La mort d'Agnès Sorel, la favorite du roi qui le soutenait, en février 1450, libère les jalousies, il est arrêté et condamné à mort en 1451, ses biens sont confisqués. Sur intervention du Pape sa peine est commuée en bannissement à vie.
Il s'évade de la prison de Poitiers en 1454 et se réfugie à Rome près du Pape qui lui confie une flotte pour mener une Croisade contre les Ottomans. C'est à la tête de cette flotte qu'il meurt de maladie à Chio, une des îles grecques bordant l'Asie Mineure, le 25 novembre 1456.
Ce palais est situé en plein coeur du centre ville de Bourges, il a été construit entre 1443 et 1450 pour Jacques Coeur. Il est confisqué en 1451 puis restitué aux héritiers en 1457.
Il devient la propriété de Colbert en 1679 et il est acheté en 1682 par la ville de Bourges.
Façade Ouest Palais Jacques Coeur à Bourges Cour intérieure
Le Palais Jacques Coeur est depuis 1925 la propriété de l'Etat. Il a été complètement restauré et c'est un des plus beaux monuments de l'architecture civile du XVème siècle.
La construction a la forme d'un quadrilatère irrégulier avec quatre corps de bâtiments entourant une cour centrale.
La façade Ouest (cf photo ci-dessus) a été élevée sur les bases de l'enceinte Gallo-Romaine de la ville. Son style reste médiéval avec des courtines et ses tours.
La façade sur rue (côté Est) annonce la Renaissance, elle comporte en son centre une chapelle marquée par un pavillon surhaussé et une tourelle avec un escalier (cf photo ci-contre). A la base de la tourelle est inscrite la devise de Jacques Coeur:
" A vaillans coeurs, rien d'impossible."
Palais Jacques Coeur: façade Est avec la chapelle, au premier plan la statue de Jacques Coeur
Au dessus de la porte d'entrée une loge abritait, jusqu'à la Révolution Française, une statue équestre de Charles VII.
La cour intérieure est bordée par des galeries. La façade du corps de logis principal est divisée par trois tours avec escaliers, elle est richement décorée (cf photo au-dessus à droite).
A l'intérieur le palais comporte de nombreuses pièces. Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine et la salle des festins. Au premier étage sont distribués les appartements du maître de maison et de son épouse, des galeries conduisent à une chapelle.
Les appartements comportent aussi des salles d'apparat comme la salle des Echevins.
La Route Jacques Coeur
La Route Jacques Coeur a été constituée en 1954, elle permet de découvrir de nombreux sites, châteaux et villes, certains pour lesquels Jacques Coeur a apporté sa contribution. Concrètement il n'a possédé que le Palais Jacques Coeur et le château d'Ainay le Vieil mais il est passé par tous les sites de cette route.
Les luttes entre Plantagenets et Capétiens à la fin du XIIème et au début du XIIIème siècle puis la Guerre de Cent Ans ont eu pour conséquence la construction de nombreux châteaux-forts ensuite transformés en châteaux résidentiels à partir de la Renaissance au XVIème siècle.
Anjou Roman
de Marcel Deyres, Jean Porcher --- Editions Zodiaque
Maine Roman
de Marcel Deyres, Jean Porcher --- Editions Zodiaque
Département du Cher
Le département du Cher se situe au centre de la France. Il tire son nom de la rivière le Cher qui le traverse du Sud-Est au Nord-Ouest sur environ 130 kilomètres de longueur. Il correspond à l'ancien Haut-Berry.
Le département est structuré par la rivière le Cher, un affluent de la Loire qui définit d'ailleurs la limite orientale du département.
Celui-ci est entouré par ceux du Loiret et du Loir et Cher au Nord, de l'Indre à l'Ouest, de l'Allier et de la Nièvre à l'Est et enfin sur quelques kilomètres par la Creuse au Sud.