Loudun est situé à 30 kilomètres au Sud de Chinon et à 25 kilomètres à l'Est de Thouars. Elle est aux confins de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou.
Bien que géographiquement faisant partie du Poitou, Loudun a pendant une bonne partie du Moyen-Age été sous le controle des comtes d'Anjou, puis pendant l'Ancien Régime la ville et sa région ont été rattachées à la Généralité de Tours.
Au Moyen-Age et pendant l'Ancien Régime, la ville a toujours été disputée entre ces trois provinces car c'est un point de passage entre le Nord de la France et l'Aquitaine.
Panorama sur la ville de Loudun avec la Tour Carrée et le clocher de l'église Saint Pierre du Marché
Le centre de la ville se situe sur une hauteur dominée par une Tour (la Tour Carrée), reste de l'ancien château-fort, qui est visible de très loin alentour. La ville était entourée de remparts au Moyen-Age.
Au XVIème et au début du XVIIème siècles la ville connait une période de prospérité. Théophraste Renaudot, le fondateur en 1631 du premier journal francais, la Gazette, est né à Loudun. Mais la ville est confrontée à l'hostilité du Cardinal de Richelieu qui favorise le développement de sa ville, Richelieu, qui est proche.
Une promenade à travers la ville permet de découvrir des rues et maisons anciennes.
La région de Loudun a conservé un caractère très rural à peine touché par la transformation de la ville depuis une vingtaine d'années.
Maquette du château médiéval de Loudun exposé dans l'Office du Tourisme
Le château de Loudun a été construit au XIème siècle par Foulques Nerra comte d'Anjou autour de 1028, la Tour Carrée (qui fait 30 mètres de haut avec des murs de deux mètres d'épaisseur) est un bel exemple de l'architecture militaire de cette époque.
Il faisait partie du dispositif castral déployé par Foulques Nerra d'une part pour controler le vicomte de Thouars et d'autre part pour assurer ses lignes de communication d'Angers au Berry via Loudun et Loches.
Du haut de la Tour on domine et surveille toute la campagne environnante.
Le chateau est notablement agrandi et renforcé par le roi de France Philippe II Auguste au début du XIIIème siècle, il fait élever un énorme Donjon, la Tour Maitresse (cf maquette ci-dessus).
La puissance de ce château et les remparts permettent à la ville de traverser la Guerre de Cent Ans sans trop de vicissitudes.
Tour Carrée du château-fort
En 1569, Francois de Richelieu, le père du futur Cardinal de Richelieu, démantèle la Tour Maitresse sur l'ordre du Duc d'Anjou (futur Henri III).
En 1631 le Cardinal de Richelieu ordonne la démolition complète du château de Loudun, en pratique seule la Tour Carrée en réchappe.
Les Remparts de Loudun
La ville de Loudun était fortifiée dès la fin de l'époque Gallo-Romaine. L'enceinte de cette époque a servi de soubassement à l'enceinte du Moyen-Age, y compris pour les tours.
Philippe Auguste fait élever les remparts au XIIIème siècle sur une longueur de plus de deux kilomètres. La ville avait alors trois autres portes semblables à la Porte du Martray (photo ci contre) : la Porte Saint-Nicolas, la Porte Saint-Jean et la Porte Notre Dame.
Porte du Martray
A partir de 1560 la ville est prise dans la tourmente des Guerres de Religion.
Elle fait partie des places de sureté attribuées aux Protestants par l'Edit de Nantes (1598).
Au début du XVIIème siècle, Richelieu, qui veut réduire le pouvoir Protestant, fait détruire les fortifications de la ville (il en reste néanmoins quelques éléments comme cette Porte).
Eglise Sainte Croix
L'ancienne église Sainte Croix est au départ un édifice de style Roman dont la construction remonte au XIème siècle.
Elle a été fondée, en 1062, par le comte d'Anjou Geoffroy le Barbu et appartenait à un Prieuré relevant de l'Abbaye Saint Philibert de Tournus, en Bourgogne.
En 1121 le comte d'Anjou Foulques V le Jeune lui donne un fragment de la Vraie Croix.
L'église Sainte Croix fait plus de 50 mètres en longueur, le carré du transept a été remanié au XVème siècle.
De l'édifice Roman subsistent le transept avec une absidiole sur chaque bras, le choeur, l'abside et le déambulatoire avec trois chapelles rayonnantes. Les gros piliers cylindriques sont analogues à ceux de Saint Philibert de Tournus.
Elle conserve aussi des fresques murales du XIIIème siècle, en particulier une scène représentant le Christ sur la Croix entouré par la Vierge et Saint Jean.
La nef et la façade sont défigurées. Des gravures et descriptions anciennes permettent de savoir que la nef comptait six travées avec une voûte en berceau.
Façade de l'église Sainte Croix de Loudun
Pendant les Guerres de Religion, l'église est incendiée par les Protestants en 1588.
En 1634, Urbain Grandier, un prêtre de Loudun, est jugé dans l'Affaire des possédées de Loudun, des séances d'exorcisme sont alors organisées dans l'église Sainte Croix. Urbain Grandier a été condamné et brulé sur un bucher dressé sur la petite place au nord de l'église.
Elle a été désaffectée au moment de la Révolution Française. Victime d'un incendie dans le seconde partie du XIXème siècle, elle s'effonfre en partie. Restaurée en 1889, l'église devient alors un marché couvert.
L'église Sainte Croix a été restaurée au milieu du XXème siècle, elle est devenue le Centre Culturel de la ville et accueille des concerts et expositions.
Devant l'église se situait une Halle, construite par le roi René d'Anjou, elle a été détruite à la Révolution Francaise. Son emplacement sert maintenant de parking.
Elle a été pillée et endommagée pendant la Guerre de Cent Ans et reconstruite ensuite.
Le portail (photo ci contre) est caractèristique, il a été édifié au debut du XVIème siècle et a une allure d'arc de triomphe. Il a été endommagé par les Protestants au moment des Guerres de Religion bien que l'édifice ait été transformé en Temple à partir de 1563.
Eglise Saint Pierre du Marché
Saint Pierre le Marché est l'église où officiait Urbain Grandier qui, le 18 aout 1634, est envoyé au bucher à la suite d'une affaire de possession avec des religieuses du couvent des Ursulines. Il a été brulé sur la place au nord de l'église Sainte Croix.
En fait, opposant au Cardinal de Richelieu, Grandier a été condamné pour l'exemple à la fois politique et religieux.
Pendant la Révolution Francaise l'église est devenue un Temple de la Raison, puis une grange à fourrage.
L'église actuelle possède une nef et des collatéraux non symétriques, elle est sans transept avec un chevet plat qui est éclairé par une baie en arc brisé du XIIIème siècle.
Eglise Saint Hilaire du Martray
Cet édifice est l'église de l'ancien Couvent des Carmes fondé en 1344 par Amaury de Beaussay seigneur de Loudun. Le monastère est endommagé pendant les Guerres de Religion en 1568 par l'armée Protestante. Il est restauré à la fin du siècle et au début du XVIIème siècle.
Au moment de la Révolution Française, les bâtiments conventuels sont vendus comme Biens Nationaux, l'église devient celle d'une paroisse en 1801.
La nef est rectangulaire, le chevet est plat avec une grande baie de style flamboyant.
La chapelle Notre-Dame de la Recouvrance est ajoutée au XVème siècle, elle accueille une peinture sur panneau de bois de la fin du XVème siècle sur le thème de la Vierge à l'Enfant.
La Salle Capitulaire est aussi du XVème siècle, la façade sur rue est pourvue de baies en arc brisé (style Gothique) au rez de chaussée. Elle a un plan rectangulaire et est voûtée d'ogives.
Maisons anciennes
Loudun conserve de nombreuses maisons anciennes dans le centre-ville.
La plus remarquable est l'Hôtel de l'Echevinage qui est l'ancien hôtel particulier de la famille Razilly (cf photo ci-contre).
Le bâtiment a été construit à partir de la fin du XVème siècle et au XVIème siècle, avec des parties de style Renaissance. L'édifice a été remanié au XVIIème siècle.
Hotel de Razilly (Echevinage)
La Maison natale de Théophraste Renaudot a été rachetée en 1960 par la municipalité qui y a installé un musée pour honorer la vie et l'oeuvre de celui qui a créé en 1631 la Gazette, le premier journal en France. Il est considéré comme le fondateur de la presse française.
Le Couvent de la Visitation a été construit à la fin du XVIIème siècle, il est devenu un hospice pendant la Révolution Française et maintenant l'Hôpital Renaudot.
La Maison des Abbesses (Hôtel de Saint Laon) a été construite au XVème siècle et remaniée au XVIIIème siècle.
Loudun conserve aussi des maisons à colombages, certaines sont du XVème siècle.
Théophraste Renaudot
Théophraste Renaudot est né à Loudun en 1586, il est issu d'une famille de religion Protestante. Après des études de médecine à Paris et Montpellier, il voyage en Espagne, en Italie, en Angleterre et en Allemagne.
Il s'établit à Loudun en 1609 où il exerce la médecine et devient un médecin réputé, il obtient le titre de médecin du roi Louis XIII en 1612.
Il fait la connaissance du Père Joseph, un proche de Richelieu. Dans le sillage de ce dernier il s'installe avec sa famille à Paris en 1625 puis se convertit au catholicisme en 1628.
Il fonde en 1629 le Bureau d'Adresses (un bureau d'emploi) et en 1631 un journal hebdomadaire,la Gazette, il est en fait le fondateur de la presse française. La Gazette bénéficie du soutien de Richelieu, ce qui l'impose vis à vis des autres journaux.
Loudun et sa région sont habités depuis des temps très anciens. On y retrouve de nombreux megalithes (dolmens, menhirs, ...). Les Gaulois établirent sur le promontoire des remparts de terre avec palissades.
A l'époque Gallo Romaine, Loudun était le siège d'un castrum qui occupait une superficie d'environ quatre hectares. Sur le promontoire les Romains ont établi le Prétoire de l'officier impérial qui commandait la région.
Des chefs Francs nommés Sigismond, Seudulf s'y installent ensuite. Charlemagne fait renforcer la forteresse car les premiers Normands sont apparus à l'embouchure de la Loire.
Le fils de Geoffroy Grisegonnelle, Foulques Nerra, y construit, vers 1028, un château dont la Tour qui subsiste encore de nos jours était un élément.
Au début du XIIIème siècle, le roi de France Philippe-Auguste s'empare de la région à l'issue de sa victoire sur le Plantagenet Jean sans Terre. En 1206 il édifie un nouvelle forteresse qui occupe une superficie de près de quatre hectares. Il renforce aussi l'enceinte fortifiée autour de la ville, elle est percée de quatre portes et protègée par de larges fossés. Le château et la ville deviennent quasi imprenables.
Philippe-Auguste établit également un Bailliage Royal et une Cour de Justice souveraine, donnant ainsi au Loudunois un statut de Province. Le roi fait également reconstruire l'église Saint Pierre du Martray et batir l'église Saint Pierre du Marché.
En 1350, au début de la Guerre de Cent Ans, les Anglais font le siège de Loudun, ils pénètrent dans la ville mais échouent devant la forteresse qui sera la seule de l'Ouest de la France que les Anglais ne parviendront jamais à prendre.
A la fin du XIVème siècle Loudun est attribué aux ducs d'Anjou. Ceux-ci font construire une demeure appelée le Palais Royal de Sicile, malheureusement il n'en reste rien.
Au milieu du XVIème siècle, la religion Protestante a de nombreux adeptes à Loudun en particulier parmi les commerçants et artisans. La ville passe alternativement du Parti Catholique au Parti Protestant.
L'Edit de Nantes (1598) fait de Loudun une des places de sureté des Protestants. La ville est alors prospère et dépasse largement les 10000 habitants.
Le Cardinal de Richelieu, soucieux de développer Sa Ville (qui porte son nom et qui n'est qu'à 20 kilomètres à l'Est), ne favorise pas Loudun.
En 1631 il ordonne la démolition du château de Loudun, ce qui se réalise en 1633 et il facilite l'implantation d'ordres religieux. Une Grande Peste frappe plusieurs milliers d'habitants en 1632 et c'est dans cette ambiance qu'a lieu l'affaire Urbain Grandier en 1633. En 1634, le Grenier à sel est transféré à Richelieu.
La Révocation de l'Edit de Nantes en 1685 porte un coup très dur à la ville, deux cent familles Protestantes s'exilent dans les années qui suivent.
Le déclin est accentué au moment de la Révolution Française avec d'une part la fermeture et la vente comme Biens Nationaux des églises et des monastères et d'autre part l'impact des Guerres de Vendée.
Loudun ne reprendra un peu de vigueur qu'à la fin du XIXème siècle, en particulier avec l'arrivée du Chemin de fer en 1873. Mais elle retombe bien vite dans une léthargie dont elle tente de sortir depuis une trentaine d'années.
A une quinzaine de kilomètres au Sud-Est de Loudun se trouve le château de La Roche du Maine qui est sur le territoire de la commune de Prinçay.
Le château de La Roche du Maine a été bati, sur l'emplacement d'une ancienne forteresse médièvale, au début du XVIème siècle, par Charles Tiercelin, un officier du roi Francois Ier fait prisonnier avec lui à Pavie en 1525.
Le château conserve une allure médiévale avec les tours, les machicoulis et les meurtrières, le pont-levis et les douves. Pour autant on perçoit les premiers effets du style Renaissance, des artistes venus d'Italie y ont contribué.
Château de La Roche du Maine
Mouterre-Silly
A cinq kilomètres à l'Ouest de Loudun se trouve le bourg de Mouterre-Silly, il est occupé par l'homme depuis l'époque Préhistorique. De même des villae de l'époque Gallo-Romaine ont été identifiées.
L'église remonte au XIIème siècle, elle est de style Roman avec un chevet plat (cf photo ci contre). Elle a été construite sur l'emplacement d'édifices plus anciens, peut-être sur un sanctuaire dédié à Saint Maximin, évêque de Trèves (en Allemagne) au IVème siècle.
Elle a été endommagée au moment des Guerres de Religion en 1562 et en 1599. Elle a été restaurée au XVIIème siècle.
Eglise Saint Maximin de Mouterre-Silly
Encore à l'Ouest de Loudun, le village de Curcay sur Dive mérite une visite et vous pouvez continuer votre promenade à coté, au chateau de Ranton, qui conserve des tours à machicoulis.
Chalais
Chalais est un village à cinq kilomètres au Sud de Loudun, il est occupé par l'homme depuis l'époque Préhistorique (Pierre Levée de Nouzilly).
L'église Notre-Dame
Sa construction remonte au XIIème siècle, elle faisait partie d'un Prieuré qui relèvait de l'Abbaye d'Airvault.
La nef est le chevet sont du XIIème siècle, le clocher-porche est du XVème siècle en style Gothique flamboyant.
Le portail occidental est encatré dans le porche, il reste de style Roman. Il possède cinq voussures avec des chapiteaux sculptés du XIIème siècle avec un décor d'oiseaux, de têtes d'hommes, de feuilles de chênes, etc. Ces voussures ne sont pas en bon état.
L'église a été restaurée au XIXème siècle.
Eglise Notre-Dame de Chalais
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