La Conjuration d'Amboise
Au début de 1560, de nombreux Protestants reprochent à leurs chefs d'être inactifs, que ce soit Calvin à Genève où les Bourbons en France. Des nobles se rassemblent autour de Jean du Barry, seigneur de La Renaudie, qui devient le chef du complot. Ils souhaitent "libérer" le roi de l'influence des Guise et obtenir la liberté du culte.
La Renaudie envoie des messagers dans les provinces et de nombreux gentilshommes des provinces françaises répondent à son appel. Parmi bien d'autres, on compte Charles de Castelnau-Tursan et Bouchard d'Aubeterre, Jean d'Aubigné (le père d'Agrippa) du
Poitou, Ardoin de Porcelet et Paulon de Mauvans de Provence, ..... Des marchands et artisans des villes de
Tours,
Orléans, Lyon et Valence sont également complices.
Le premier février 1560, les principaux conjurés se rassemblent à Nantes. Le complot est rapidement découvert et les Guise en sont informés par un avocat parisien, Pierre des Avenelles, dès le 12 février. Le 22 février, la cour quitte le
Chateau de Blois et se déplace de
Blois à
Amboise où le
château est plus facile à protèger et défendre.
Amboise est mis en état de siège. Il fait changer le personnel de garde prévu et murer une porte difficile à défendre.
Au milieu de février 1560, La Renaudie rassemble près de
Tours, en secret, des hommes d'armes venant de partout et en particulier de
Normandie, Gascogne et
Bretagne, il a aussi des soldats du Wurtemberg et des Hollandais. L'objectif initial est d'aller à
Blois où séjourne alors le roi, mais l'objectif change et devient
Amboise.
Prévue pour le 6 mars, l'action est d'abord décalée au 16. Des conjurés doivent d'abord s'infiltrer dans le
chateau d'Amboise avec des complicités et ouvrir les portes pour permettre à leurs congéneres de pénétrer dans la place. Le duc de Guise lance sa cavalerie dans les bois voisins pour surprendre les comploteurs, les premières arrestations ont lieu dans les bois entourant
Amboise à partir du 10 mars. Elles s'intensifient autour de la mi-mars.
Le Baron de Castelnau s'est enfermé avec 1500 hommes dans le chateau de Noizay au Nord-Ouest d'
Amboise. Quand le duc de Nemours vient lui proposer de se rendre auprés du roi, Castelnau accepte, mais arrivé à
Amboise il est fait prisonnier. Ses troupes se rendent. L'affaire tourne mal et
Louis de Condé qui a quitté
Orléans pour rejoindre
Amboise est piègé, il rejoint alors les défenseurs du roi.
Cette gravure représente des scènes de la Conjuration d'Amboise, en haut, la Loire et la ville d'Amboise.
Le 17 mars, une troupe de Protestants conduits par Edme de Maligny et Bertrand de Chandieu font une tentative contre la porte des Bons-Hommes à
Amboise, ils échouent. Pendant cette action les Guises font donner leur cavalerie par surprise, elle fait prisonnier tous les conjurés simples paysans ou soldats. Une chasse à l'homme est organisée dans les bois environnants.
Le duc François de Guise est alors nommé lieutenant-général du royaume.
Exécutions suite à la Conjuration d'Amboise
Toujours le 17 mars, les premières exécutions commencent (cf gravure ci-dessus), elles sont terribles. Les Guise décident de faire un exemple. Castelnau et d'autres chefs sont décapités et les autres prisonniers sont soit pendus, soit massacrés dans les rues de la ville d'
Amboise ou jetés attachés dans la
Loire.
Les balustrades métalliques de la facade Nord du
château servent de gibets (cf photo ci-dessous).
Le château d'Amboise avec à gauche le haut de la Tour des Minimes et au centre le balcon où ont été pendus les conjurés d'Amboise
Le 19 mars La Renaudie est capturé dans la forêt de
Chateaurenault. Il est écartelé à
Amboise, les parties de son corps sont exposées à chaque porte de la ville.
Le Maréchal de Vieilleville a raconté la scène dans ses Mémoires:
Le sang ruisselait à travers les rues de la ville et les bourreaux ne pouvaient suffire. Sans jugement préalable on jetait les hommes pieds et mains liés dans la Loire. Celle ci resta plusieurs jours couvertes de cadavres.
La Cour de France s'éloigne alors de la ville où les corps en putréfaction diffusent une odeur pestilentielle. C'est à la suite de cet épisode que les rois de France cessèrent de venir au
château d'Amboise, et c'est aussi à partir de ce moment que la lutte entre Catholiques et Protestants dégénera en
Guerres de Religion pendant près de 40 ans.
Les suites de la Conjuration
La conjuration crée de la méfiance entre les deux confessions: Catholiques et Protestants (Réformés). C'est à partir de ce moment que ces derniers sont qualifiés de "huguenots". Les rescapés du
Tumulte d'Amboise essaient de se justifier.
La dureté de la répression est reprochée aux Guise, ceci provoque la montée en puissance du parti des modérés. Un de ceux-ci, Michel de l'Hospital, devient Chancelier.
Avec le soutien de
Catherine de Médicis, il engage une politique de tolérance civile. Une assemblée de notables se rassemble en août à Fontainebleau. Elle décide de convoquer des Etats-Généraux qui vont se réunir en décembre 1560 à
Orléans.
Les Guerres de Religion (1560-1574)
Fin des Guerres de Religion (1574-1598)
Les Guerres de Religion à Paris
Les derniers rois de la Maison de Valois
Catherine de Médicis
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Les Guerres de religion
(10 mars 2002) de Georges Livet -- Poche Que Sais-Je -- ISBN : 2130524966
Au XVIe siècle, les guerres de religion ne sont, en France, qu'un aspect régional du conflit qui désole l'Europe, déchirée par la Réforme. Après le Saint Empire, la France devient le champ de bataille où s'affrontent les croyances rivales. Deux esprits sont aux prises, celui de Rome et celui de Genève, mais également deux doctrines, deux attitudes devant la vie et la mort, parfois traversés par quelques rêves d'unité luthériens-calvinistes ou catholiques-huguenots. Ce livre retrace une histoire douloureuse, féconde sur le plan des idées, des arts et des lettres, qui commence à la mort de Henri II et s'achève à la signature de l'édit de Nantes. Son analyse permettra à coup sûr de mieux comprendre certains aspects essentiels de l'Europe moderne.
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La France au temps des guerres de religion
(16 janvier 2002) de Jean-Marie Constant -- Broché -- ISBN : 2012353118
Quarante années durant, la France a connu, pendant les guerres de Religion, brutalités et massacres, donnant le jour à une culture de la violence et de la mort. Pourquoi le nom de Dieu suffit-il à mobiliser les auteurs de ces violences ? Jean-Marie Constant porte un regard nouveau sur une des périodes les plus sombres de l'histoire des Français ; il reconstitue l'imaginaire et le rôle des divers acteurs : rois, grands seigneurs, nobles, bourgeois.
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Comment comprendre la violence inouïe qui se donna libre cours pendant les guerres de Religion dans la France du XVIe siècle, de ce «beau XVIe siècle» si riche culturellement ? Il y a là quelque chose qui nous échappe, cette folie sanguinaire paraissant servir d'exutoire à l'angoisse profonde d'une société en mal de certitudes sur elle-même. Amplement commenté, le massacre de la Saint-Barthélemy, point d'orgue d'une hystérie collective qui se manifesta en de multiples occasions, toutes occultées par le poids écrasant de cette fameuse journée, résiste aux explications. Par quelque bout qu'on le prenne, on se heurte à une aporie. Peut-on alors chercher à comprendre ce qui relève à l'évidence de l'irrationnel au coeur d'une époque si complexe ?
Le grand mérite du livre de Jean-Marie Constant est d'approcher cette violence de l'intérieur, c'est-à-dire à partir de ces masses urbaines et paysannes traumatisées par la question de leur salut et par l'annonce de la fin des temps. Le XVIe siècle serait un siècle de sombres obsessions sur une destinée que l'on ne discerne plus. Il faut attendre Calvin pour lever les doutes de ceux qui se savent sauvés par un choix de Dieu - la prédestination est vécue comme une libération des tourments de l'au-delà - et qui, pour le coup, s'affranchissent de la bimbeloterie des superstitions auxquelles s'accroche Rome.
Voilà pourquoi les protestants s'attachent à détruire les symboles et la pompe d'une croyance jugée par eux dépravée, encore qu'ils ne renoncent pas aux tueries, quand les catholiques recourent systématiquement à la violence brute. Ceux-ci, pris d'une fureur mystique, s'attaquent au corps de l'hérétique, le mutilent, le châtrent, le dépècent, l'éviscèrent, le brûlent parce que c'est dans le corps que réside la faute et parce que le diable s'y est réfugié.
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