Cette page donne une vue d'ensemble des seigneurs du Poitou du Xème au XIIème siècle, c'est l'age d'or du régime féodal. Elle commence par une présentation de la situation du Poitou aux IXème et Xème siècles.
Le comte du Poitou est en haut de la pyramide féodale, de lui dépendent de nombreux vassaux, mais tous ne sont pas au même niveau. Les vicomtes, plusieurs sires et deux seigneurs écclésiastiques ont plus d'importance que les autres.
Les premiers comtes de Poitiers (ou de Poitou) sont des fonctionnaires nommés par Charlemagne et son successeur Louis I le Pieux. A partir du règne de Charles II le Chauve ils deviennent de plus en plus indépendants et commencent à mener une politique personnelle. Ceci débouche sur des conflits avec les comtes voisins. D'abord les comtes de Nantes et d'Anjou, le comte de Poitou a le dessous et doit leur cèder des territoires. Par contre il prend des domaines au Berry et au Limousin.
Conquêtes des comtes de Nantes : Pays de Retz, d'Herbauge, des Mauges et de Tiffauge Au début du IXème siècle le duc de Bretagne Nominoé bouscule les Francs et s'empare du pays de Retz qui à cette époque appartenait au comté de Poitiers, cette perte sera irréversible.
Au milieu du IXème siècle les Normands occupent une partie du Poitou, les pays d'Herbauge, des Mauges et de Tiffauge en plus de Nantes et du pays de Retz. En 937 Alain Barbe Torte, comte de Bretagne et de Nantes, vainc et chasse les Normands mais conserve pour lui les pays conquis. Guillaume Tete d'Etoupe est trop occupé par son conflit avec Hugues le Grand pour pouvoir intervenir, il abandonne les territoires à Alain Barbe-Torte en 942. Quelques années plus tard Guillaume Fier à Bras parvient à récupérer une partie des pays d'Herbauge et de Tiffauge.
Conquêtes des comtes d'Anjou : région de Méron, Loudunais et Mirebelais Foulques le Bon s'empare de la région de Méron qui faisait initialement partie du Poitou. Son successeur Geoffroy Grisegonelle remporte une guerre sur Guillaume Fier à Bras, il obtient Loudun et Mirebeau et leurs régions et se reconnait le vassal de Guillaume pour ces territoires.
Conquetes de comtes de Poitou en Berry et Limousin Dans le courant du Xème siècle, les comtes de Poitiers s'emparent de territoires appartenant au Berry le long de la rivière l'Anglin. Et dès 936 Guillaume Tete d'Etoupe possède le chateau de Brosse à la frontière du Berry, du Poitou et du Limousin. Le vicomte de Limoges devient d'ailleurs un vassal du comte de Poitiers, alors qu'auparavant son suzerain était le comte de Toulouse.
Les quatre premiers remontent au delà de l'époque Gallo-Romaine. Le pays de Tiffauges a pour population les descendants des Taifales (d'origine Scythe) installés par les Romains au IVème siècle. Les autres pays se sont constitués au début de l'époque féodale, en particulier Chatellerault.
Le gouvernement du Comté Au début du IXème siècle le comte est un fonctionnaire royal qui gouverne avec l'assistance d'un vicomte. Le comté est divisé en Vicairies (Vigueries) qui ont à leur tête un officier comtal, le Vicaire (Viguier). A cette époque des Vicairies sont identifiées à Poitiers, Rézé, Loudun, Thouars, Civaux, Sauves, leur nombre s'accroit sensiblement à la fin du IXème et au début du Xème siècle puis ils disparaissent vers la fin de ce siècle, ils sont remplacés par des chatelains. Cette disparition illustre la dislocation de l'administration Carolingienne à laquelle se substitue progressivement le pouvoir féodal qui est representé par les vicomtes et les chatelains. Certains Vicaires sont en fait devenus des chatelains, ainsi le premier vicomte de Chatellerault est probablement l'ancien Vicaire d'Ingrandes (un peu au nord de Chatellerault sur la Vienne).
Au début du Xème siècle le vicomte du comté devient aussi vicomte de Thouars et deux nouveaux vicomtes apparaissent, ils sont localisés à Melle et Aulnay, un peu plus tard c'est le tour de ceux de Chatellerault et de Brosse. A part à Melle ou existe un important atelier monétaire, ces vicomtes ont des fonctions militaires: ils doivent garder le comté contre des agressions extérieures et c'est pour cette raison qu'ils construisent des châteaux-forts.
D'autres notables construisent également des forteresses que ce soit à la demande du comte, de l'évêque de Poitiers, des vicomtes ou même de leur propre chef. Progressivement tous ces chatelains deviennent héréditaires et accaparent les pouvoirs administratifs, judiciaires etc... sur les populations alentour.
Les Vicomtes de Thouars sont issus de grands fonctionnaires de l'époque Carolingienne, les vicomtes du Poitou, qui assistent le comte dans la gestion du comté. Ce sont aussi des grands propriétaires fonciers dont les biens (alleux) se situent dans toutes les régions du Poitou: prés de Bressuire, La Peyratte prés de Thézenay, La Roche sur Yon, Tourtenay prés de Thouars, à Poitiers également. Pendant tout le Xème siècle ils obtiennent des biens (bénéfices) des comtes de Poitou pour services rendus, ces biens ont souvent une origine écclésiastique (bénéfices de la Cathédrale Saint Pierre et de l'Abbaye Saint Hilaire de Poitiers).
Les vicomtes sont installés à Thouars dans un château dominant le Thouet et facile à défendre. Leur patrimoine important leur permet de retribuer à leur tour des vassaux en leur accordant des bénéfices.
Les principaux vassaux sont les sires d'Airvault, les sires d'Argenton, les sires de Beaumont-Bressuire, les sires de Mauléon ainsi que les seigneurs du Thouarsais. Ils dominent également le pays d'Herbauge qui a sans doute été confié à leur garde par le comte de Poitiers, ils y ont pour vassaux les sires d'Apremont, les sires de Chateaumur, les sires de Commequiers, les sires des Essarts, les sires de la Garnache, les sires de Pouzauges, les sires de Rié, les sires de Fontenay, les sires de Tiffauges et enfin les sires de La Roche sur Yon.
Le comte de Poitiers leur aussi a attribué comme fief les chatellenies de Fontenay et de Tiffauges qui servent comme apanages à des cadets de la famille vicomtale.
Au XIème siècle les vicomtes détienne aussi la seigneurie de La Chaise, prés de La Roche sur Yon, ils y font construire un chateau et un Prieuré.
Cette énumération de possessions et de vassaux permet de se rendre compte de la puissance des vicomtes de Thouars dans le courant du XIème siècle.
Les vicomtes d'Aunay (on écrivait Aunay jadis) sont issus de viguiers qui étaient des fonctionnaires du comte de Poitiers.
Ces viguiers sont devenus ensuite vicomtes d'Aunay. Ils se sont installés à Aunay qui était bien placé pour la garde et la défense du Sud-Ouest du comté de Poitou. Leur patrimoine foncier propre (alleux) est important autour de Poitiers, dans les pays de Brioux et de Melle. Ils acquièrent des biens en Aunis et Saintonge. Enfin les vicomtes d'Aunay recoivent de nombreux bénéfices du comte de Poitiers (bénéfices de l'Abbaye Saint Paul de Poitiers).
Les vicomtes d'Aunay, outre le château d'Aulnay, possèdent également le château de Pons et celui de Chef-Boutonne. Les seigneurs de Pons sont très probablement issus d'une branche collatérale des vicomtes d'Aunay.
Les ancêtres des premiers vicomtes d'Aunay sont issus d'une famille d'Austrasie venue en Aquitaine à la fin du VIIIème ou au début du IXème siècle: les Maingot, sans doute dans le sillage des campagnes militaires de Pépin le Bref et de Charlemagne pour soumettre les Aquitains.
Maingot III est vicomte d'Aunay au début du Xème siècle, il a deux fils: Maingot tige des seigneurs de Surgères et Taillebourg, Cadelon Ier qui devient vicomte d'Aunay.
Cadelon I (Kadelo, Chalon I) est bien identifié à partir de 925, sa première épouse s'appelle Gelia, la seconde Sénégonde, il a de celle-ci comme enfants: Cadelon II qui suit, Ebbon (doté à Cherbonnières) et Hildegarde (Aldéarde) épouse du vicomte Herbert de Thouars. Dans les actes il apparait généralement après le Vicomte de Thouars.
Au plus tard en 964, son fils Cadelon II lui succède. Il a pour épouse Sénégonde de Marcillac, ils ont eu au moins deux enfants: Cadelon III et Eble et une fille Aldéarde qui épouse le vicomte Herbert I de Thouars, elle est la fondatrice de l'Abbaye d'Airvault dans les années 970.
Cadelon III a pour épouse Arsende, ils ont plusieurs enfants: Cadelon IV, Raoul, Constantin, Aldéarde. Il fait une donation à l'Abbaye Saint Cyprien de Poitiers autour de l'an 1000. Il est sans doute mort autour de 1009.
Cadelon IV a épousé Ameline, ils ont trois enfants: Guillaume, Adémar et Adélaïde. Cadelon est décédé dans les années 1020.
Guillaume Ier avait pour femme Aldéarde, ils ont deux enfants: Cadelon V et Hilarie. Guillaume apparait comme vicomte autour de 1021, c'est un parent du vicomte de Limoges. Il donne à l'Abbaye Saint Florent de Saumur des possessions dans Pons et sa région. En 1040 Guillaume accompagne le comtesse de Poitiers à la dédicace de l'Abbaye de Vendôme qu'elle avait fondée. En 1049 Guillaume Ier donne l'Abbaye de Saint Palais à l'Abbaye Notre-Dame de Saintes.
Tour de l'ancien château d'Aulnay
Son fils Cadelon V est vicomte d'Aunay dans les années 1060. Ils s'est marié à deux reprises: d'abord à Florence puis à Asseline fille du seigneur de Talmont. Il a plusieurs enfants dont Guillaume II et Cadelon. Cadelon V est mort vers 1083.
Guillaume II a participé à la Première Croisade à partir de 1096. Il a épousé Julienne et ont pour fils Cadelon VI qui lui succède.
Cadelon VI est vicomte de 1130 à 1160, à l'époque de Henri II Plantagenet. Il a pour femme Egidia qui était originaire de la Touraine. Ils ont pour fils Guillaume III et Cadelon.
Guillaume III est vicomte de 1160 à 1190, il fait partie des seigneurs qui se soulèvent contre Henri II Plantagenet en 1173. Il part en Croisade en 1199 puis en 1203. Il épouse Mathilde dont il a plusieurs enfants: Guillaume IV et Jeanne épouse de Geoffroy IV de Rancon.
Guillaume IV est vicomte de 1190 à 1204. Il épouse Eustache d'Argenton dame de Chemillé, il n'ont pas d'enfants. La vicomté d'Aunay passe alors à sa soeur Jeanne et à son époux Geoffroy IV de Rancon. Ils ont une fille qui épouse Ponce de Mortagne en 1226. Ponce de Mortagne est le fils de Guy Rudel seigneur de Mortagne sur Gironde, il était issu de la famille des comtes d'Angoulême.
Pierre Ier de Mortagne est sans doute le fils de Ponce de Mortagne, lui et son fils Pierre II de Mortagne sont vicomtes d'Aunay dans la seconde partie du XIIIème siècle. Pierre II a pour fils Geoffroi et Ponce.
Geoffroi de Mortagne est vicomte à partir de 1280, il épouse Jeanne d'Amboise fille de Pierre Ier d'Amboise et veuve de Gaucher de Thouars-Tiffauges. Geoffroi devient gouverneur du royaume de Navarre de 1317 à 1321 pour le compte du roi de France Philippe V le Long. Il passe à cette époque la vicomté d'Aunay à son frère Ponce II.
Ponce II de Mortagne participe à la campagne de Flandres en 1315. Il épouse en premières noces Claire de Lezay et de Mauprévoir, ils ont une fille Marguerite de Mortagne, vicomtesse d'Aunay, dame de Mortagne et de Chef-Boutonne, de Mirambeau, de Cosnac, etc. En secondes noces, Ponce épouse Marguerite de Pons, fille de Renaud IV de Pons, ils n'ont pas d'enfants. Marguerite de Pons se remarie ensuite à Pierre de Craon.
Marguerite de Mortagne épouse d'abord Jean de Clermont, seigneur de Chantilly et Maréchal de France, il meurt à la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356. Ils ont un fils, Jean II de Clermont qui obtient une partie de la vicomté d'Aunay, Jean II épouse Eléonore du Périgord, leur fille Louise épouse François de Montbron et lui apporte la vicomté. Jean II est mort en 1400, ses descendants portent le titre de vicomtes d'Aunay. François Ier de Montbron est mort en 1470 à 90 ans.
En deuxièmes noces Marguerite de Mortagne épouse Jean de la Personne, seigneur d'Acy, leur fils Guy de la Personne obtient une partie de la vicomté d'Aunay.
Emprise de la vicomté d'Aulnay au début du XVème siècle
François II, fils de François Ier de Montbron, devient vicomte d'Aunay en 1470, il a épousé Jeanne de Vendôme fille de Pierre de Vendôme seigneur de Segré et du Lude (d'une branche cadette des comtes de Vendôme). Ils ont pour enfants Eustache et Jeanne. François II est mort en 1476, Eustache lui succède.
Eustache de Montbron épouse Marguerite de Stuer, leurs fils Christophe et Adrien sont successivement vicomtes d'Aunay.
En 1506 la vicomté d'Aunay est saisie sur la famille de Montbron qui était très endettée, elle est rachetée par Louise de Savoie duchesse d'Angoulême, la mère de François Ier, roi de France.
Source: Notes sur Aulnay et sa région - Dr R Lamy 1941
Château d'Aulnay au début du XVIIème siècle par Claude Chastillon
Les sires de Melle
A partir du VIIème siècle Melle apparait comme une circonscription du Pagus de Brioux (sur Boutonne), mais son existence est sans doute antérieure.
Au début du Xème siècle (925) le Pagus de Brioux est démembré au profit de Melle et Aulnay.
Au début du Xème siècle un vicomte (officier du comte) est installé à Melle où se trouve des mines d'argent et un atelier monétaire.
Ce vicomte dure peu, le siège de la vicomté semble alors être passé à Aulnay, et au milieu du Xème seul subsiste le vicaire de Melle (autre officier du comte de Poitou) qui se nomme Cadelon de père en fils (il est aussi en charge d'Aulnay).
Ancien château-fort de Melle (Gravure du XVIIème siècle de Chastillon)
Vers 1030 le vicaire se nomme Constantin et en partage avec Maingot.
La seigneurie de Melle devient ensuite la possession exclusive des Maingot qui deviennent des seigneurs châtelains même si leur position est contestée dès le début du XIIème siècle.
En 1200 le duc d'Aquitaine Jean sans Terre attribue Melle à Raoul d'Exoudun, fils de Hugues VIII de Lusignan. La fille de Raoul, Marie, épouse Alphonse de Brienne au milieu du XIIème siècle, celui-ci devient seigneur de Melle.
La famille de Brienne conserve la seigneurie jusqu'à Raoul II, connétable de France, il est accusé de trahison et décapité en 1350. Ses biens sont confisqués au profit de la Couronne de France.
Outre le château de Châtellerault, le vicomte contrôle le château de Monthoiron dont le seigneur est un de ses vassaux. Le vicomte compte une quinzaine de vassaux qui constituent l'aristocratie du Châtelleraudais, outre le seigneur de Monthoiron on peut citer celui de Curçay, de Furniols, de Clairvaux, de Baudiment, de Chitré, etc ...
La famille de Lusignan est particulièrement célèbre, elle a donné des rois de Jérusalem et de Chypre et pendant plusieurs siècles elle a donné du fil à retordre aux comtes de Poitiers d'abord, puis aux rois d'Angleterre et de France.
L'ancien château médiéval de Lusignan (extrait des Très Riches Heures du duc de Berry)
Le premier sire identifié est Hugues Ier le Veneur qui vivait autour des années 950. Son fils Hugues II serait l'initiateur de la construction du château de Lusignan, il est mort en 967, il a comme fils Hugues III le Blanc et peut-être aussi Joscelin de Parthenay, tige des sires de Parthenay.
Hugues III est mort vers 1012. Il a épousé vers 967 une femme nommée Arsende.
Son fils et successeur est Hugues IV le Brun (dit aussi le Chiliarque), son épouse est Aldéarde de Chabanais, la fille de Jourdain II de Chabanais. Ils ont pour fils Hugues V.
Hugues IV le Brun est souvent en conflit avec le duc Guillaume V le Grand. Il devient sire de Couhé comme vassal de l'Abbé de Saint-Maixent et il édifie le château de Couhé.
En 1018, il se venge du seigneur de Gençay en s'emparant de son château, il la lui rend un peu plus tard.
Il participe aux luttes pour la Reconquista contre les Arabes et les Maures en Espagne autour de 1020. Il donne des biens fonciers à l'Abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, il est mort autour de 1030.
Son fils Hugues V épouse Almodis de la Marche, fille de Bernard comte de la Marche. Hugues et Almodis ont pour fils Hugues VI et une fille Mélissende épouse de Simon I sire de Parthenay.
Il est co-seigneur de Civray avec les comtes de la Marche.
Vers 1040, il entre en guerre contre Guillaume Taillefer, comte d'Angoulême, pour la possession du comté de la Marche. En 1060 il fait partie des seigneurs aquitains qui complotent contre le duc Guillaume VIII, le château de Lusignan est assiégé et Hugues V meurt en faisant une sortie.
Hugues VI, dit le Diable, épouse vers 1060 Hildegarde de Thouars, la fille du vicomte Aimery IV et d'Ameline.
Il participe à la Reconquista contre les Arabes et les Maures en Espagne vers 1080, il est au siège de Tolède aux côtés du roi Alphonse VI de Castille au début des années 1080. Il devient, à l'issue d'une guerre, comte de la Marche du chef de sa mère, leurs possessions s'étendent jusqu'aux contreforts du Plateau de Millevaches, à Peyrat le Château par exemple.
Plus tard, autour de 1100, il participe à une croisade en Terre Sainte.
Tous ce sires sont dans l'entourage proche des comtes de Poitiers qui leur ont attribués des bénéfices. Ils parviennent à contrôler les chatelains de Vouvant, de Lezay et de Château-Larcher.
Pour certains biens qu'ils détiennent il sont vassaux de l'Abbé de Saint-Maixent, de l'Abbé de Saint Hilaire de Poitiers et de l'évêque de Poitiers (par exemple pour celui-ci la seigneurie de Vivonne).
L'ensemble de leurs possessions est finalement considérable d'autant qu'ils mettent sous pression l'Abbaye de Saint Maixent qui doit leur concéder de nombreux fiefs. En même temps ils font de nombreux dons aux abbayes et monastères.
Le fils d'Hugues VI, Hugues VII le Brun, lui succède. Il épouse Sarrazine de Lezay et ont eu pour enfants: Hugues VIII, Guillaume époux de Denise d'Angles qui lui apporte la seigneurie d'Angles, Simon tiges des seigneurs de Lezay et Aénor épouse de Geoffroy IV de Thouars.
Dans les années 1110, avec son neveu Ebbon sire de Parthenay et le comte d'Anjou Foulques V le Jeune, il est en guerre contre le duc Guillaume IX. Une trêve est établie entre les belligérants.
En 1118 Guillaume IX repart en guerre contre Hugues VII et Simon II de Parthenay, il les vainc et fait prisonnier Simon II de Parthenay.
Hugues VII serait mort autour de 1150, donc à un age très avancé pour l'époque.
Son fils Hugues VIII lui succède. Il épouse vers 1140 Bourgogne de Rancon, ils ont eu de nombreux enfants dont : Hugues mort avant son père en 1169, Geoffroy tige des seigneurs de Vouvant, Guy roi de Jérusalem et de Chypre et auquel succède son frère Amaury tige de ces rois, Raoul d'Exoudun tige des comtes d'Eu et des seigneurs de seigneurs de Melle.
Hugues VIII est allé se battre en Terre Sainte en 1163 puis au début des années 1170.
Le fils de Hugues VIII, lui-même nommé Hugues est co-seigneur de Lusignan pendant les absences de son père. Il participe avec ses frères au soulèvement des seigneurs Aquitains contre Henri II Plantagenet. Hugues épouse Orengarde dont il a un fils: Hugues IX.
Hugues X se sent suffisamment puissant pour refuser l'hommage à Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, désigné duc d'Aquitaine. Il est soutenu par Henri III d'Angleterre, le fils de sa femme Isabelle d'Angoulême. Hugues X fait partie des vaincus de la bataille de Taillebourg en juillet 1242. Il est lourdement sanctionné et doit céder au roi de France de nombreuses forteresses. Les Lusignan rentrent dans le rang sous la tutelle des rois de France.
Hugues X et Isabelle d'Angoulême ont eu pour enfants: Hugues XI, Guy et Geoffroy qui devient vicomte de Châtellerault par suite de son mariage avec Jeanne la fille d'Aimery II de Châtellerault.
Hugues XI est né en 1221, il épouse en 1238 Yolande de Dreux, fille de Pierre Mauclerc, comte de Dreux et duc de Bretagne, et d'Alix de Thouars (fille de Guy de Thouars et de Constance de Bretagne). Ils ont pour enfant Hugues XII et Guy seigneur de Cognac.
Il accompagne Saint Louis à la croisade de 1248. Il est mort sans doute après 1260.
Le château de Lusignan au milieu du XVIème siècle
Hugues XII est mineur au décès de son père, il est sous la tutelle de sa mère. Il épouse Jeanne de Fougères, fille et héritière de Raoul II de Fougères, et d'Isabelle de Craon. Ils ont eu comme enfants: Hugues XIII, Guy qui à la mort de son frère devient comte de la Marche et comte d'Angoulême, et Isabelle épouse de Renaud (Hélie Rudel) sire de Pons et d'autres filles.
En 1270 il en croisade avec Saint Louis et y décède.
Les Sires de Parthenay sont sans doute des parents des sires de Lusignan. Au IXème siècle ce sont des propriétaires fonciers importants qui édifient une forteresse à Parthenay à l'époque des invasions Normandes. Ils possèdent aussi des biens et bénéfices dans le pays d'Herbauge et en Aunis et Saintonge.
C'est en s'appuyant sur le château de Parthenay que les sires prennent progressivement le controle de la Gatine (région autour de Parthenay). Ils ont l'initiative de son défrichement et de sa colonisation.
Le premier sire de Parthenay connu est Joscelin I qui est signalé en 1012. Son fils est Guillaume I (1021-1058), outre ses biens propres, il est aussi vassal de l'Abbaye de Saint Maixent.
Guillaume I participe, aux côtés du comte de Vendôme Geoffroy-Martel, à la guerre victorieuse contre Guillaume VI le Gros, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine. Quand il meurt en 1058, il a pour fils et successeurs Joscelin II (qui devient archevêque de Bordeaux), Simon, Guelduin et Ebbon. Ceux-ci étendent la puissance de la seigneurie qui devient une Baronnie avec des chateaux comme Secondigny puis ceux de Champdeniers, Ternant , Hérisson et La Motte de Verruyes (les seigneurs de Verruyes sont finalement devenus leurs vassaux).
Les sires de Parthenay ont de nombreux vassaux: les seigneurs de Gourgé, du Theil, de la Ferrière, les familles Meschin et Mauclavel, etc...
Les sires de Parthenay jouent un rôle important lors des conflits entre les rois de France et d'Angleterre qui s'étendent de la fin du XIIème siècle au XVème siècle (Guerre de Cent Ans). La seigneurie passe ensuite à Dunois et à ses descendants, les Orléans-Longueville.
Talmont-Saint Hilaire est un village situé dans le département de la Vendée, il est issu de la fusion de celui de Talmont avec celui de Saint Hilaire de Talmont.
Le château est établi sur un éperon de près de 350 mètres de longueur (cf photo ci-dessous). Il a été finalisé par Richard Coeur de Lion à la fin du XIIème siècle et il a été démantelé sur ordre de Richelieu en 1628.
L'ancien château médiéval de Talmont-Saint Hilaire
Du IXème siècle jusqu'au début du XIème siècle, le site de Talmont est un point de base pour des bandes Normandes qui se livrent à des incursions dans l'arrière-pays.
Pour le protèger Guillaume V le Grand fait construire un chateau par le vicaire de Brem et de Talmont, Guillaume le Chauve, celui-ci se marie avec Ameline de Parthenay (qui lui apporte Angles et Fontenay). Ce mariage lui permet de bénéficier de l'appui de cette puissante famille.
Guillaume le Chauve se voit alors attribuer en fief une seigneurie autour de Talmont en 1018. Il prend alors le titre de Prince du château de Talmont. Il reçoit en outre l'Ile d'Yeu en bénéfice des vicomtes de Thouars. La seigneurie est transmise à son fils Guillaume le Jeune qui meurt en allant en pélerinage à Rome. Son frère Pépin lui succède mais il meurt à son tour peu après, leur soeur Asceline peut prétendre à la succession.
Mais le duc Guillaume VII Aigret fait appliquer le droit féodal et récupère alors ce bien et vient même s'y installer en 1058. Par la suite le bien devient indivis entre le duc d'une part, Asceline et son mari d'autre part.
Les sires de Talmont avaient un certain nombre de vassaux: les seigneurs de Brem, de Beaulieu, de La Mothe-Achard, d'Olonne, de Poiroux. En importance dans la hierarchie féodale ils viennent juste derrière les sires de Lusignan et de Parthenay.
Les sires de Chatelaillon
Au début du Xème siècle l'Aunis, qui à cette époque dépend du Poitou, constitue une Vicairie (Viguerie), celle-ci est divisée en trois vers 950: Bessac, Saint Jean d'Angely et Saint Jean (de Chatelaillon). Cette derniere ville est pourvue d'un château qui prend le nom de celui qui l'a bati: Allon, d'où Chatelaillon et c'est alors le nom que prend la vicairie.
Les sires de Chatelaillon sont les seigneurs principaux de l'Aunis (devant les sires de Surgères et de Mauzé) et ils figurent souvent dans l'entourage du comte de Poitiers. Ils possèdent plusieurs chateaux comme ceux de Lisleau, Fouras et Soubise.
Ebles II et son successeur Isembert III engagent une politique d'accroissement de leur domaine aux dépens de l'abbaye de la Trinité de Vendôme, de celle de Saint Maixent et de celle de Saint Jean d'Angely. Ils agissent en se préoccupant peu des récriminations de l'Eglise et du mécontentement du comte de Poitiers. Guillaume VIII finit par lever une armée contre eux, et les vainc de haute lutte, la ville de Chatelaillon est dévastée par ses troupes. Le sires de Chatelaillon rentrent alors dans le rang.
Au Xème siècle, Gencay appartient aux comtes de Poitou qui y font construire un château qui controle le territoire de la vicairie de Brion. Ce château est destiné à protéger le Poitou des actions des comtes de La Marche.
En pratique la possession du château de Gencay devient héréditaire dans la famille de Rancon. Celle-ci devient importante en Poitou, en particulier avec Geoffroi de Rancon, qui au milieu du XIIème siècle, intervenait dans la région pour le compte du roi de France Louis VII.
Les sires de Gencay avait plus de quarante fiefs dans leur mouvance.
Chatelet Château-fort de Gençay Plan du château
Les sires de Chateau-Larcher
Au milieu du IXème siècle Ebbon possède Mesgon (Chateau-Larcher) et son château. Son fils Herbaud (ou Aribaud) a lui-meme pour fils Ebbon II qui est un fidèle du comte de Poitiers Ebles Manzer.
C'est un personnage qui vit au milieu du Xème siècle et qui semble trés riche, il possède des biens dans le pays de Brioux (vicairies de Rom, Vivonne, Blanzay, Brion, Melle, Bouin et Liniers).
Le fils d'Ebbon II, Achard, fait transformer le château qui prend alors son nom, Chateau-Larcher. La fille d'Achard et d'Amélie, également nommée Amélie, épouse Boson I vicomte de Châtellerault , ces vicomtes détiennent un temps la seigneurie de Chateau-Larcher.
Au milieu du XIème siècle le seigneur est Jourdain de Chastel-Achard, il a pour fils Boson auquel ses fils Hugues, Guillaume et Joscelin Ier succèdent. Jourdain II épouse Amélie de Morthemer, ils ont pour enfants Pierre Tallafer, Jourdain III et Boson II. Boson II et sa femme Marguerite ont pour fils: Géraud de Torçay et Geoffroy de Chastel-Achard. Boson III cède sa seigneurie pour financer son départ en Croisade avec Richard Coeur de Lion.
Ils conservent cette seigneurie jusqu'en 1242. Elle est alors confisquée sur Hugues X de Lusignan après la victoire des armées du roi de France Louis IX sur celles de Henri III Plantagenet à Taillebourg.
Après être revenue sous la tutelle des Plantagenets, elle repasse sous celle des rois de France après 1372.
Raoul de Mortemer fait partie du contingent Poitevin emmené par Aimery IV de Thouars pour aider Guillaume le Conquérant à conquérir l'Angleterre, il participe à la bataille d'Hastings en 1066.
Les seigneuries Ecclésiastiques
Les cathédrales et de nombreuses abbayes sont devenues de fait des seigneuries féodales. D'abord elles attribuent (ou le comte leur impose d'attribuer) des fiefs à des fidèles du comte qui deviennent leurs vassaux. Ensuite évêques et abbés sont issus des grandes familles féodales et ces fonctions deviennent parfois quasi-héréditaires (transmission d'oncle à neveu ou parent).
Bien souvent ces seigneuries Ecclésiastiques sont rentrées en conflit avec les autres seigneurs féodaux, leur principale arme de défense est alors l'anathème et l'excommunication qui peut s'avérer redoutable.
Les Evêques de Poitiers
Du milieu du Xème siècle à la fin du XIème siècle l'évêché de Poitiers est entre les mains d'une même famille, celle des Isembert. Ils sont issus d'Isembert et de son épouse Ode qui appartient elle même à une grande famille. Cette famille Isembert possède de nombreux domaines fonciers à Chauvigny, dans le pays de Châtellerault et dans la région de Mirebeau.
Avec l'accord du comte de Poitiers, la transmission de l'évêché s'effectue d'oncle à neveu. Le premier est Pierre de 963 à 975, puis Gilbert de 975 à 1020, Isembert I de 1020 à 1047, Isembert II de 1047 à 1087.
Isembert I apparait comme chatelain de Chauvigny et se comporte comme un seigneur féodal classique. De nombreux autres seigneurs Poitevins lui prètent hommage pour des bénéfices attribués à l'époque Carolingienne et même au delà de l'An Mil, c'est le cas des vicomtes de Chatellerault, des sires de Lusignan et de Parthenay.
Au début du Xème siècle un bourg s'est formé autour de l'Abbaye de Saint Maixent. Il est doté d'une enceinte fortifiée par Eble évêque de Limoges et frère de Guillaume Tête d'Etoupe.
La mouvance féodale de l'Abbaye est considérable, elle s'étend de Vouhé à Montigné et de Sanxay à Ardin, avec des extensions à Marsais, Vouillé, Damvix et Couhé. Globalement ceci représentait plus de deux cent trente fiefs répartis sur 90 paroisses.
Avec un tel domaine l'Abbé se trouve souvent en conflit avec d'autres seigneurs féodaux, il peut compter sur l'appui de l'évêque de Poitiers et surtout sur celui du Pape qui place l'Abbaye sous sa protection. Néanmoins à la fin du XIIème siècle sa puissance se trouve sensiblement diminée suite aux actions des seigneurs et en particulier de celles des sires de Lusignan.
Quand le roi de France Philippe-Auguste acquiert le Poitou en 1204, il prend l'Abbaye de Saint Maixent sous sa protection et la réunit à la Couronne de France, lui assurant ainsi une sécurité bien plus solide.
Les Vassaux des Seigneurs du Poitou
La possession d'un chateau permet au seigneur d'attirer des notables capables de fournir un service militaire (par exemple des tours de garde dans le chateau et la participation à des expéditions guerrières). Ces notables (propriétaires d'alleux) recoivent en contrepartie la protection du seigneur pour eux et leurs biens. C'est ainsi que se constitue la pyramide féodale avec au sommet le comte, puis les vicomtes et les sires, ensuite les simples chatelains et enfin les chevaliers (milites). On a ainsi la construction de l'aristocratie médiévale qui perdurera en fait jusqu'à la Révolution Francaise.
Les vassaux doivent à leur suzerain aide et conseil (auxilium et consilium). L'aide est essentiellement le service militaire, il comprend la garde du château et le service d'ost qui consister à accompagner le suzerain à la guerre et dans ses expéditions militaires. Le conseil oblige les vassaux à venir à la cour du suzerain pour lui donner leur avis sur les affaires qu'il leur soumet. Ainsi les vassaux assistent le seigneur lors des assemblées judiciaires.
Bibliographie
Marcel Garaud, Les Chatelains du Poitou ( Société des Antiquaires de l'Ouest 1964)
Alfred Richard, Histoire des Comtes dePoitou
Michel Dillange, Les Comtes de Poitou ( Geste editions 1985)
Pierre Riché, Les Carolingiens ( Pluriel 1983)