Pendant très longtemps l'axe principal de Tours a été la Grande Rue qui était orientée Est-Ouest parallèlement à la Loire. En effet ce fleuve était la base de l'activité de de l'économie de la ville.
La Rue Colbert était la partie Est de cet axe, prolongé à l'Ouest par la rue du Commerce jusqu'à Châteauneuf (Plumereau) et à l'Abbaye Saint Martin.
La rue Colbert à Tours
La rue Colbert a pour origine une voie Gallo-Romaine, elle devient l'artère principale de l'agglomération au Moyen-Age et même jusqu'au XVIIIème siècle. C'est pourquoi on retrouve dans ce quartier des traces de toutes les époques et certains des monuments significatifs de Tours.
La création du pont et de l'axe Nord-Sud (rue Royale puis Nationale), lors des réaménagements de la ville à la fin du XVIIIème siècle, ont contribué à lui faire perdre de son importance.
Ce quartier se situe à l'est de la rue Colbert, celle-ci commence juste au débouché du château et du cloitre de la Cathédrale.
Le Quartier de la Cité comportait les centres de la puissance politique, militaire et religieuse. Il fait suite au Caesarodunum du Bas Empire Gallo-Romain.
Le Vieux Pont a été construit en 1034 par Eudes II comte de Blois et Tours. Il débouchait sur le château et la rue de la Douve, maintenant rue Lavoisier (cf gravure ci contre).
Jadis le carrefour de cette rue avec la rue Colbert (nommée alors Grande rue) était plus dégagé et s'appelait le Carroi des Arcis, du nom du bourg qui s'y est développé au Moyen-Age. C'est aussi là que se tenait la Foire de la Saint Maurice.
La rue Colbert est une des plus anciennes rues de Tours puisqu'elle était la grande artère à l'Ouest de Caesarodunum dès l'époque Gallo-Romaine. Au Moyen-Age, la rue Colbert fait partie de la Grande rue.
Au Moyen-Age, la partie proche du quartier de la Cité s'appelait le Bourg des Arcis. Ce bourg s'étendait jusqu'à la limite Est du Couvent des Jacobins (rue des Amandiers), il était protégé par une enceinte réalisée au XIIème siècle et reconstruite en partie au XIVème siècle.
La rue Colbert et ses environs conservent plusieurs maisons anciennes intéressantes. Pour autant l'ensemble est bien inférieur à ce qui existe dans le Quartier Plumereau.
Maison Ancienne rue Auber Maison Ancienne rue Jules Moinaux
Le Couvent des Jacobins
Les Jacobins (Ordre des Dominicains) se sont établis à Tours sur un terrain qui leur a été attribué par le roiPhilippe II Auguste au XIIIème siècle. Ce terrain allait de la rue des Amandiers presque jusqu'à la place Foire le Roi. La façade de l'église du Couvent donnait sur l'actuel Passage des Jacobins et un cloitre était établi côté Nord. En 1400, un incendie entraine la reconstruction de l'église en style Gothique. Lors de la Révolution Française, elle est très endommagée, puis elle devient un magasin militaire jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. Elle a été détruite par les bombardements de 1944.
Au Moyen-Age la rue Colbert, qui fait partie de la Grande rue, est le centre de l'activité de la ville. Jusqu'au XVIème siècle, quand les rois venaient à Tours, ils empruntaient le Pont du XIème siècle et parcouraient ensuite la Grande rue qui était décorée pour l'occasion.
En 1801 elle est devenue la rue Colbert, ancien Intendant de la Touraine, car l'Empereur Napoléon I entendait promouvoir à nouveau l'industrie de la soie à Tours à laquelle Colbert s'était intéressé.
Rue du Cygne
Rue du Cygne, dans une cour se trouve une belle maison des XVème et XVIème siècles qui s'appelle le Vieux Logis. Elle n'est pas en très bon état.
Elle était occupée par les Ursulines aux XVIIème siècle. Le porche d'entrée a gardé un pavage d'époque typique.
Au mur une belle sculpture représentant une tête de femme.
Grenier à sel
Près de la rue Colbert, un logis avec des escaliers du XVIème siècle était un des Grenier à sel de Tours jusqu'à la Révolution Française.
Au Moyen-Age, le sel était important pour l'alimentation car il était le seul moyen pour conserver certains aliments.
A partir du roi Saint Louis le sel est taxé. Le roi Philippe IV le Bel institue une taxe spécifique : la Gabelle. Elle devient ensuite permanente et est généralisée à tout le royaume de France. Elle va subsister jusqu'à la Révolution Française.
La Touraine était un pays de Grande Gabelle, c'est à dire que l'achat de sel était obligatoire.
Le Sel est un monopole d'état, il était entreposé dans des Greniers à sel et vendu à la population en prélevant cette taxe. Les douaniers qui surveillaient le trafic du sel s'appelaient les Gabelous et étaient redoutés, en effet la contrebande du sel était une activité importante et lucrative.
Place Foire le Roi
Place Foire le Roi à Tours
Cette place tire son nom du fait qu'elle était l'emplacement des Foires établies par le roi Jean le Bon en 1355. Les taxes perçues sur les marchandises étaient destinées à financer l'enceinte en cours de construction pour protèger Tours y compris le bourg de Châteauneuf.
Ces foires ont été confirmées par les rois Louis XI puis par Francois I en 1547.
Du XIVème au XVIIIème siècles, la Place Foire le Roi était un des points les plus animés de Tours, elle accueillait les marchands et les bateleurs sur la Loire, alors fort nombreux. En effet la Marine de Loire était alors très active.
Maisons à Pans de Bois de la fin du XVème siècle sur la Place Foire le Roi
La fontaine date de 1518, elle recevait son eau par une conduite l'amenant de Saint Avertin, au sud de Tours.
La place servait aussi de lieu pour le supplice du pilori et l'exécution des condamnés.
Au bout de la place Foire le Roi, près de la Loire, de belles maisons à colombages et ardoises datant du XVème siècle (cf photos ci-dessus).
Sur le coté droit (en regardant vers le nord) le Passage des Jacobins rappelle l'existence du Couvent et de l'église des Jacobins fondés par Louis IX en 1250. Ces bâtiments ont été détruits lors des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, en 1944.
Hotel Babou de la Bourdaisière
Hotel Babou de la Bourdaisère, Place Foire le Roi (aussi appelé Hôtel de Jean Galland)
Cet Hôtel a été construit vers 1520, sur la place Foire le Roi, pour Philibert Babou de la Bourdaisière, qui succèda à Jacques de Beaune comme Surintendant des Finances du roi Francois I. Il est de style Renaissance et a été complèté et réaménagé aux XVIIème et XVIIIème siècles. Côté Est, il était adossé au Couvent des Jacobins.
Francois I a eu un temps pour maitresse la femme de Philibert, Marie Gaudin, il est descendu dans cet Hôtel en 1542. Il a également aidé les Babou à construire le Château de la Bourdaisière qui est situé à une dizaine de kilomètres à l'Est de Tours.
Philibert Babou est l'arrière grand père de Gabrielle d'Estrées, la maitresse du roi de France Henri IV.
Cet hôtel est aussi appelé Hôtel de Jean Galland qui était l'orfèvre des rois Louis XI et Charles VIII.
Passage du Coeur-Navré
Passage du Coeur Navré entre la place Foire le Roi et la rue Colbert
Ce passage couvert relie la place Foire le Roi à la rue Colbert. A partir de la place, une ruelle pavée conduit à un grand couloir d'une trentaine de mètres qui rejoint la rue Colbert.
Ce passage montre un aspect de l'habitat et de l'organisation urbaine du quartier au Moyen-Age.
Maisons à Pans de Bois dans la partie Ouest de la rue Colbert
Maisons à pans de bois dans la partie Ouest de la rue Colbert
Maison de la Pucelle Armée
Maison de la Pucelle Armée: Jeanne d'Arc
La Maison de la Pucelle Armée a été construite au XVIème siècle sur l'emplacement de celle où Colas de Montbazon a fabriqué l'armure que Jeanne d'Arc a porté dans ses campagnes militaires et en particulier pendant le siège d'Orléans.
L'Hotel de Beaune-Semblancay
Ruines de l'Hotel de Beaune-Semblancay Fontaine de l'Hotel de Beaune-Semblancay
L' Hôtel de Beaune-Semblancay se situe tout près de l'Abbaye Saint Julien. Il a été construit au début du XVIème siècle pour Jacques de Beaune-Semblancay. L'ensemble réalisé à cette époque était splendide et il s'étendait même au delà de l'actuelle rue Nationale. Des rois et reines de passage à Tours y ont logés.
C'était le plus important hotel de la Renaissance de Tours, il a été construit par l'architecte Guillaume Besnouard de 1507 à 1508. Il était disposé en U et le batiment principal était parallèle à la rue Nationale, les vestiges qui subsistent appartenaient aux ailes.
A coté se trouvait l'Hotel de Beaune, construit à la fin du XVème siècle par Jean de Beaune (père de Jacques). Cet hôtel donnait sur la rue Nationale.
L'Hôtel de Beaune-Semblançay est occupé par les Jésuites en 1634 qui y établissent un collège, ils lui adjoignent une chapelle et effectuent des transformations. Les Jésuites sont expulsés en 1762, les bâtiments sont alors repris par les Oratoriens. Au moment de la Révolution Française, en 1796, l'ensemble est vendu comme Bien National, il est divisé et la fontaine du Carroi de Beaune (cf photo ci-dessus) est transférée sur la Place du Grand Marché en 1826.
Tous ces batiments ont été détruits en majeure partie lors des bombardements de juin 1940. Seule la facade du XVIème siècle a été conservée (cf photo supérieure) et la fontaine a été ramenée après 1945.
Dans la cour subsiste une belle fontaine qui a été construite en 1511 par Martin et Bastien Francois, neveux de Michel Colombe. Le bassin est en pierre de Volvic. Le pilier central est décoré par le blason des Beaune et les armes de France et de Bretagne.
De l'autre coté de la cour se trouve une galerie surmontée d'une chapelle Renaissance (cf photos ci-dessous).
Chapelle Renaissance Beaune-Semblançay
Jacques de Beaune, Baron de semblancay
Il est né à Tours en 1441 et est le fils de Jean de Beaune, Argentier de la régente Anne de Beaujeu puis des rois Louis XI et Charles VIII. La famille des Beaune-Semblançay est une très riche famille bourgeoise de Tours depuis le XIVème siècle, elle était parente des Briçonnet.
Il est d'abord Trésorier des Finances et devient Maire de Tours en 1498. Sa promotion se poursuit sous Louis XII et sous Francois I il devient en 1516 Baron de Semblancay et en 1517 Surintendant Général des Finances du Royaume.
Il est accusé de malversations par la reine-mère Louise de Savoie. Jugé, il est condamné à mort et pendu au gibet de Montfaucon en 1527.
Pendant sa vie il se comporta en mécène de la ville de Tours. Il fit édifier de beaux chateaux à La Carte et Semblancay qui sont aujourd'hui disparus.
Il a été construit de 1757 à 1759 par l'architecte Tourangeau Pierre Meusnier sur l'emplacement d'une ancienne Halle aux Draps. La facade sur la rue a un style simple (photo ci-dessous). La décoration est plus recherchée dans les batiments de la cour (photo ci-contre).
Cet immeuble accueille maintenant la Chambre de Commerce et d'Industrie de Tours.
L'Abbaye Saint Julien
Abbaye St Julien de Tours
L'Abbaye Saint Julien se situe à l'extrémité Ouest de la rue Colbert. L'église actuelle a été édifiée à partir de 1240. Elle n'est pas imposante mais est équilibrée et harmonieuse.
C'est dans la Salle Capitulaire de l'Abbaye que le roi de France Henri III a réuni le Parlement de France le 23 mars 1589, il y siègea pendant six ans.
Et c'est dans la Salle des Manèges qui jouxtait l'église que s'est tenu le Congrès de Tours en 1920. Il a conditionné la vie politique Francaise du XXème siècle.
La rue de la Scellerie est parallèle à la rue Colbert légèrement vers le Sud.
Son origine est également très ancienne, en effet avec son prolongement, la rue des Halles, elle établissait la liaison entre la Cité (son point de départ côté Est est l'Amphithéâtre Gallo-Romain) et l'Abbaye Saint Martin.
Pendant longtemps la rue a accueilli les libraires et imprimeurs de la ville, maintenant la plupart des antiquaires de Tours y sont installés.
Jadis, l’Hôtel de la Chancellerie se trouvait dans cette rue et il est peut-être à l'origine du nom de la rue. Adam Fumée, qui est né à Tours en 1430, a résidé longtemps dans cet hôtel ent tant que garde des Sceaux et médecin des rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII.
Grand Théâtre de Tours
Le Grand Théâtre a été construit de 1869 à 1875 sur le site de l'ancien Couvent des Cordeliers. Des éléments de ce Couvent subsistent sur les mur du théâtre.
Le Couvent des Cordeliers
Les Cordeliers (une branche des Franciscains) se sont établis à Tours en 1224 sur un vaste terrain situé entre la Grande Rue (rue Colbert) et la rue de la Scellerie, la rue des Cordeliers actuelle était la limite Est de leur implantation.
Vestiges du Couvent des Cordeliers
L'église des Cordeliers a été construite au milieu du XIIIème siècle. Elle est vendue au moment de la Révolution Française et devient une salle de spectacle et le clocher est abattu peu après. La Ville rachète l'édifice en 1867 et la détruit pour y construire le Théâtre municipal.
Tout les événements marquants de cette région, décryptés par un spécialiste.
Voici résumée toute l'histoire de la Touraine, de la Préhistoire à nos jours. À travers les personnages emblématiques de la région et les faits historiques incontournables tourangeaux, l'auteur nous explique comment s'est construit le prestige de la Touraine.
De Saint-Martin évangélisant les campagnes au désaccord entre De Gaulle, Pétain et Churchill sur la conduite à tenir face aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par Anne de Bretagne, Gambetta ou Agnès Sorel (première maîtresse officielle d un roi de France), Pierre Audin nous dresse un portrait précis et sans détour de cette belle région.
Tours est une ville qui a eu une grande importance historique pendant tout le Moyen-Age. Capitale d'une Province Gallo-Romaine puis capitale religieuse avec le culte voué à Saint Martin, elle est enfin devenue capitale politique avec Charles VII et surtout Louis XI.
Ce livre est un ouvrage de référence sur l'histoire de la Touraine, il a été réalisé par des Universitaires spécialistes de l'Histoire. Il décrit la vie de la Touraine au travers de toutes les époques: Gallo-Romaine, Moyen Age, Renaissance, XVII et XVIIIèmes siècles, Révolution et Empire, XIX ème siècles, les Guerres Mondiales et enfin la période contemporaine jusqu'aux années 1980. Il possède de très nombreuses illustrations qui viennent appuyer les textes.