600 ANS d'HISTOIRE
Avec la Normandie et l'Ile de France, les régions du Val de Loire constituaient la Neustrie aux temps Mérovingiens (années 500-750).
L'
Empire Carolingien a marqué le IX ème siècle. Son affaiblissement après la mort de
Charles le Chauve n'est pas pour autant la fin de l'Histoire Carolingienne. Ses successeurs se maintinrent au pouvoir quelques décennies en Germanie et un siècle en
Francie Occidentale. Mais ils perdent leur pouvoir au profit de grands aristocrates le plus souvent issus de l'environnement des Carolingiens.
Le Xème siècle est la période de montée en puissance de ces grands aristocrates mais aussi de leurs principaux affiliés qui créent des dynasties régionales. Plus tard celles ci tenterent et parfois réussirent à s'élever au plus haut niveau à leur tour.
A l'époque la plus forte des invasions Normandes,
Robert le Fort (fondateur des
Robertiens puis Capétiens) est chargé de la défense de la Neustrie contre les Normands. Il meurt en les repoussant à Brissarthe en 866. A la faveur de la situation difficile créee par les Normands, les Robertiens s'imposent progressivement dans la région entre Seine et Loire ( la Neustrie). Ils constituent là un état structuré qui leur permettra ensuite d'accèder au
Royaume de France. Leur ascension entraine dans leur sillage des Seigneurs régionaux apparentés aux grandes familles Carolingiennes. Les
Comtes de Blois d'abord puis ceux d'
Anjou ensuite deviennent de plus en plus puissants.
A l'approche de l'an mil, alors qu'
Hugues Capet, descendant de Robert le Fort, devient Roi de France, les Comtes de Blois et d'Anjou, dont les possessions sont mélangées, rentrent en lutte frontale. Elle durera plus de 60 ans et se terminera, en Touraine, au bénéfice du Comte d'Anjou qui annexe cette province. Simultanément à ces luttes, la décadence du pouvoir central s'est accentuée facilitant l'émergence de nombreux seigneurs locaux et d'un nouveau type de relation basé sur la dépendance d'homme à homme : c'est la
Féodalité.
A la fin du XIème siècle, la famille de Blois (qui possède aussi la Champagne) ne parvient pas à déstabiliser les Capétiens du trone de France.
Au début du XIIème siecle, l'Angleterre, alors possession des Ducs de Normandie, échoit à Etienne de Blois aux depens du Comte d'Anjou. La lutte se poursuit donc mais essentiellement sur le sol Anglais cette fois. Elle se termine à nouveau au bénéfice du Comte d'Anjou
Henri II qui devient Roi d'Angleterre et fonde la dynastie des
Plantagenets. Un peu auparavant, cette meme famille d'Anjou a obtenu le Royaume de Jérusalem. A la fin du XIIeme siécle Henri II Plantagenet est près de conquérir le Royaume de France et ainsi de règner sur tout l'Ouest de l'Europe. Il séjourne souvent à
Chinon qui fait figure de ville centrale de l'Empire. Des conflits familiaux et l'habileté de
Philippe Auguste, Roi de france, aboutissent à l'effondrement de l'Empire Plantagenet qui se réduit alors à l'Angleterre au milieu du XIIIéme siècle.
Un siècle plus tard la guerre reprend entre Plantagenets et
Capétiens, c'est la
Guerre de Cent Ans qui ne s'achèvera qu'après 1450.
Epoque Carolingienne (VIII et IXèmes siècles)
C'est
Charles Martel qui est le premier Carolingien à marquer l'histoire de la région avec la bataille de Poitiers (Tours) qu'il remporte en 732 contre les Arabes d'Espagne.
En 736 il obtient la soumission d'Hunald qui gouverne alors l'Aquitaine. Dès la mort de Charles en 741 Hunald se révolte contre son fils et successeur,
Pépin le Bref. Hunald recoit meme l'appui du demi frère de Pépin, Griffon, ensemble en 743 ils font des incursions vers le nord jusqu'à Chartres. Pépin conduit des campagnes militaires répétées pour soumettre l'Aquitaine. C'est son fils
Charlemagne qui incorpore vraiment l'Aquitaine à l'état Carolingien en 769.
Du coté de la Bretagne Pépin et Charlemagne sont également obligés d'intervenir fréquemment. Une Marche de Bretagne est constituée dans les années 770, elle est confiée à Roland (le héros de Roncevaux), elle comprend les régions de Vannes, Nantes et Rennes ainsi que l'ouest de l'Anjou et du Maine. Un successeur de Roland est Guy autour de l'an 800, c'est le fondateur de la puissante dynastie des
Lambertides, qui au début du IXème siècle porte le titre de Comte de Nantes et d'Angers, mais est aussi réprésentée en Italie par les Ducs de Spolète (un Guy de Spolète deviendra meme Empereur).
Pépin le Bref et Charlemagne firent de fréquentes visites dans le Val de Loire en particulier à
Tours, c'est d'ailleurs dans cette ville qu mourut Luitgarde sa première femme, son Conseiller Alcuin est Abbé de St Martin de Tours de de
Cormery.
Avec le fils de Charlemagne,
Louis le Pieux, commence la
désintègration de l'Empire Carolingien. Vers 817 Bernard d'Italie se soulève contre Louis, il est déposé et exilé à Angers, il meurt peu après avoir eu les yeux crevés. En 823 , les Comtes
Hugues de Tours et Mainfroi d'Orléans se rallient au soulèvement de
Lothaire, le fils ainé de Louis le Pieux, qui est marié à la fille de Hugues de Tours.
Ils ont pour adversaires les fils de Guillaume de Gellone (lui meme petit fils de Charles Martel), Bernard de Septimanie, Gaucelme Comte de Roussillon et leur parent Bernard de Gothie. Tous soutiennent l'Empereur Louis I le Pieux.
La Loire moyenne est le principal théatre des guerres entre les années 830 et 835. Mainfroi est remplacé à Orléans par Eudes, dont le frère Guillaume est déjà Comte à Blois et Chartres. Ils sont issus de la famille des
Gérold de Bavière. De
cette famille est également issue Hildegarde la femme de Charlemagne, Eudes d'Orléans est marié à Engeltrude, la soeur d'Alard le Sénéchal et leur fille Ermentrude épouse
Charles le Chauve. En outre Eudes et Guillaume sont cousins de Bernard de Septimanie et alliés au clan des Aquitains.
Louis I est déposé une première fois, il est rétabli peu après. Mainfroi, exilé en Bavière, reprend la lutte en 832 en liaison avec Lambert, Comte de Nantes et des Marches de Bretagne. Après la seconde déposition de Louis I en 834, Eudes d'Orléans et Guillaume de Blois soulèvent les contrées
de la Loire en sa faveur et marchent contre Mainfroi et Lambert.
Ces derniers sont vainqueurs quelque part en Touraine en 834, Eudes et Guillaume sont tués ainsi que l'Abbé de Marmoutier et de nombreux fidèles de l'Empereur. Ce dernier lève une nouvelle armée et ses deux fils
Pépin I et
Louis le Germanique se rallient à lui. Lothaire est obligé de signer la paix à Chouzy sur Cisse, près de Blois, il est exilé en Italie avec Hugues le Peureux Mainfroi et Lambert. Hugues y meurt de la peste en 836. Lambert y fonde la dynastie des ducs de Spolète qui plus tard revendiqueront l'Empire.
En 840 le Centre et le Val de Loire font partie du Royaume de Francie Occidentale attribué à
Charles le Chauve, le dernier fils de l'Empereur. Mais Lothaire conteste le partage et une nouvelle guerre embrase l'Empire. Le Val de Loire est touché quand Lothaire et
Pépin II Roi d'Aquitaine dévastent le Maine en 842. En 843 Charles le Chauve part de Tours vers le sud pour soumettre les Aquitains, pendant que Nominoé se revolte et prend le controle de la Bretagne. C'est le 24 juin 843 qu'a lieu le premier sac de Nantes par les Normands qui remontent le cours de la Loire. En novembre 845 Nominoé remporte la victoire de Ballon sur l'armée de Charles le Chauve, il crée l'Archeveché de Dol qui est soustrait à celui de Tours. En 849 il pille l'Abbaye de St Florent, s'empare d'Angers et remonte le Loir, il meurt à
Vendome en 851. Un Lambert, parent de celui exilé à Spolète, se fait attribuer le Comté d'Angers s'empare de la région Craon puis du Mans en 850. Il est finalement vaincu et tué par les fidèles de Gauzbert Comte du Maine. Le Breton Erispoé s'installe dans la partie ouest du Maine. Charles le Chauve fait executer Gauzbert qui s'est soulevé à son tour en 853, cette punition ne fait que réactiver l'agitation et les rebellions.
En juin 853 les Normands ravagent l'Abbaye de St Florent et le 8 novembre ils incendient Tours et les
Abbayes de Saint Martin et
Marmoutier (120 des 140 religieux de cette Abbaye sont tués). En juin 854 les Normands pillent Blois et s'avancent jusqu'à Orléans qui resiste sous l'impulsion de l'Eveque Agius. En décembre 854 Angers est pillée, à l'automne 855 ils font un raid sur Poitiers et enfin le 18 avril 856 pénètrent à Orléans. En 857 ils sont de nouveau à Blois. Ils disparaissent alors pour quelques années, occupés par des expéditions en Méditerrannée.
Pour règler la question Bretonne Charles le Chauve marie son fils
Louis le Bègue à la fille du Roi Breton Erispoé. Louis le Bègue est investi du Maine et de la Neustrie. Mais le Breton Salomon se revolte, tue Erispoé et prend sa place. Il s'allie aux Grands de Neustrie qui sont en rebellion contre le Roi de Francie, et en 858 leur chef
Robert le Fort (Comte de Tours et d'Angers depuis 852) s'empare du Mans d'où Louis le Bègue est obligé de s'enfuir. En 861 la paix est rétablie, Charles le Chauve se réconcilie avec Robert le Fort et lui confie une Marche tampon avec la Bretagne et comprenant meme la Touraine et le Blésois.
Pourtant l'année 862 est terrible, en effet les Normands sont de retour et Louis le Bègue, décu, se révolte contre son père Charles le Chauve. Il s'allie au Roi Salomon de Bretagne, ensemble ils dévastent l'Anjou. C'est à cette époque que les reliques de St Calais sont transportées à Blois, ces déplacements ont lieu également pour de nombreuses autres reliques de Saints. En 863 Charles le Chauve traite à Entrammes avec les Bretons qui conservent toutes les terres à l'ouest de la Mayenne (ils les garderont jusqu'en 900). C'est Robert le Fort qui mène une lutte active contre les Normands. Après le retour de Louis le Bègue au Mans, la ville est à nouveau prise et pillée par les Normands. Robert le Fort redevient le chef de la région mais il meurt à Brissarthe en 866 lors d'une bataille contre le Normand Hasting.
Le Welf
Hugues l'Abbé succède à Robert comme chef de l'ouest de la Francie, il ne peut empecher le sac d'Orléans en 868, mais il reporte des succès sur les Normands et parvient à protèger Tours et Le Mans qui relèvent alors leurs remparts (ceux-ci remontent à la fin de l'époque Gallo-Romaine). Pourtant en 872, les Normands prennent et s'installent pendant plus d'un an à Angers. Charles le Chauve vient en personne avec son armée délivrer la ville. En 875 les Normand échouent dans leur entreprise contre Le Mans. La résistance des Francs est mieux organisée et plus efficace, aussi les Normands préfèrent déplacer leurs raids contre la Bretagne qui est dans une situation anarchique depuis l'assassinat du Roi Salomon en 875.
Le VAL de LOIRE aux X et XI ème Siècles
La carte ci contre permet de positionner les différentes entités qui ont structuré l'Histoire du Centre de la France et du Val de Loire au Moyen Age.
Le
Comté de Blois est étiré en longueur vers le nord (Chartres) et quand les Comtes de Blois acquièrent la Champagne, ils enserrent le domaine Royal.
A l'ouest le
Comté d'Anjou absorbera le Maine et la Touraine puis le Poitou avec les
Plantagenets.
La région du Val de Loire est au X ème siècle le domaine des
Robertiens (ancetres des
Capétiens) et sous leur tutelle se constituent deux familles féodales appelées à un grand destin : les
Comtes de Blois et ceux d'
Anjou (plus tard Plantagenets).
Robert le Fort Duc de France, meurt en 866 en combattant les Normands
à Brissarthe. Le Duché est ensuite administré par un Welf cousin des Carolingiens, Hugues l'Abbé.
En 886, Eudes, le chef des Robertiens, devient Comte d'Anjou, de Blois, Abbé de St Martin de Tours et de Marmoutiers. Il est également Comte de Paris et défend vaillament ville contre les Normands cette meme année 886. Devenu Roi de France, il abandonne ses possessions d'entre Seine et Loire à son frère Robert. Celui ci doit
confier la défense des Comtés et leur administration directe à quelques familles aristocratiques.
A Angers s'implante celles des Foulques apparentée aux Lambertides de Nantes. Foulques I le Roux,
Vicomte d'Angers en 898, épouse Roscille fille de Garnier de Loches de la famille des Lamberts. A la suite de ceux-ci il devient Abbé de St Aubin d'Angers.
Le Maine est sous la tutelle des Rorgonides. Gauzlin est Comte du Maine de 905 à 914, il porte le meme nom que son oncle Eveque de Paris, mort pendant le siège de 886. Apres 914, le Comté est confié à Roger qui a épousé
une fille de Charles le Chauve, Rothilde. Il transmet le Comté à Hugues Ier tandis que la fille de Rothilde épouse le Robertien Hugues le Grand.
A Blois Garnegaud est Vicomte de 878 à 906, son fils Thibaud
l'Ancien se marie avec Richilde, de la famille des Rorgonides. Cette dernière famille tient également Chateaudun. Thibaud le Tricheur, fils de Thibaud l'Ancien, devient Comte de Blois et Vicomte de Tours, il y ajoute Chateaudun et Chartres en 960 puis également le Nord du Berry (Sancerre). Son frère devient Archeveque de Bourges. A la mort de Hugues le Grand, Duc des Francs, il s'émancipe des Robertiens et mène sa propre politique.
Son fils Eudes I est encore plus offensif, il vise à reconstituer à son profit le Duché de France mais outre Hugues Capet il trouve sur sa route deux opposants puissants, les Comtes d'Anjou Geoffroy Grisegonelle et surtout son fils Foulques Nerra.
Enfin la famille des Bouchard a le titre de comte à Vendôme. Elle pratique d'abord une politique d'équilibre entre les rois Carolingiens et les Robertiens. Mais Bouchard le Vénérable, comte de Vendôme doté ensuite des comtés de Paris , de Melun et de Corbeil, sera le plus fidèle soutien d'Hugues Capet, le fondateur de la dynastie Capétienne.
La deuxième partie du XIème siècle voit l'emergence d'un nouvel ordre seigneurial: la féodalité. Les Seigneurs Chatelains (les Sires) accroissent leur puissance aux dépens des Comtes et a fortiori du Roi de France, qui est très lointain. En Val de Loire ce développement est favorisé par la guerre de succession en Anjou après la mort de Geoffroy Martel.
Ce n'est qu'au début du XIIème siècle que, parallèlement à Louis VI le Gros en Ile de France, les Comtes reprendront une tutelle réelle sur leur vassaux.
Histoire et dictionnaire : Les Capétiens 987-1328 -- de Monique Chauvin, Henri Martin, Francois Menant, Bernard Merdrignac -- ; ISBN : 2221056876
Quatorze souverains, de 987 à 1328, ont construit une dynastie maintes fois analysée. Les Capétiens présente tous les avantages d'un instrument de travail polyvalent. L'objectif est atteint en réunissant au sein d'un seul ouvrage deux parties complémentaires. De Hugues Capet à Philippe VI de Valois s'égrène d'abord une histoire politique scandée par les différents règnes, nourrie par des pauses thématiques sur la religion, la culture, la société dans la monarchie française, et complétée par un panorama hors des frontières. Puis l'ouvrage se transforme en un dictionnaire des notions et des personnages fondamentaux.
Les faits connus ou moins connus des Capétiens sont réunis avec bonheur dans ce véritable passeport pour le coeur du Moyen Âge