Résumé des Guerres de Religion en France (1560-1598)
Jusqu'à l'Affaire des Placards, en 1534, le roi
François I est tolérant pour la nouvelle religion. Cette affaire déclenche cependant les premières persécutions contre les Protestants français. Pendant le règne d'
Henri II, jusqu'en 1559, la religion catholique reste bien établie.
La situation se gâte lors du règne de
François II qui est dominé par les
Guise, chefs du parti catholique. La
Conjuration d'Amboise, organisée par un groupe de protestants, est durement réprimée en 1560.
Quand
François II meurt en décembre 1561, son frère
Charles IX lui succède, il est mineur et sa mère
Catherine de Médicis devient régente du royaume. Le massacre de Wassy, en 1562, par les troupes du duc François de Guise, fait dégenérer le conflit entre catholiques et protestants.
Catherine de Médicis et son chancelier
Michel de L'Hospital réussissent néanmoins à établir une certaine entente et tolérance. Un chef protestant, l'
Amiral de Coligny, prend une influence sur le roi
Charles IX.
Catherine de Médicis s'en inquiète et de connivence avec les Guise, elle organise, contre les Huguenots, le
Massacre de la Saint Barthélémy (24 août 1572) à Paris d'abord, puis le mouvement se répand en province. La fracture est désormais irréparable.
Les ambitions des grandes familles princières françaises font surface quand, aprés l'avènement de
Henri III, son frère et héritier, François d'Alençon (devenu duc d'Anjou) meurt en juin 1584. Le nouvel héritier est
Henri de Bourbon-Vendôme, roi de Navarre, qui est protestant. De nombreux catholiques, conduits par la Sainte Ligue et les Guise, ne veulent pas d'un huguenot sur le trône de France. La Ligue est particulièrement forte à Paris, elle chasse le roi
Henri III de la ville lors de la
journée des barricades (12 mai 1588). Peu aprés, ce roi fait
assassiner le duc de Guise à Blois en décembre 1588.
Henri III reconnait
Henri de Bourbon-Vendôme comme son héritier, mais il est à son tour assassiné par Jacques Clément en mars 1589. Le royaume de France est alors dans un état de guerre civile totale.
La religion est toujours le motif officiel de la guerre, mais en fait on est dans la perspective d'un conflit dynastique. Les ligueurs sont alliés au roi Philippe II d'Espagne qui envisage de placer sa fille Isabelle sur le trône de France. La situation se résoud par les armes.
Henri de Bourbon-Vendôme et les protestants remportent les victoires d'Arques et d'Ivry (prés de Dreux) sur les catholiques du duc de Mayenne (le dernier des Guise). Un premier échec pour prendre Paris, en 1590, n'arrête pas
Henri de Bourbon qui recoonquiert le royaume place par place. Il finit par abjurer le protestantisme en juillet 1593, il est sacré roi sous le nom d'
Henri IV, à Chartres au début de 1594. Paris finit alors par lui ouvrir ses portes le 22 mars 1594. Il achève la reconquête du royaume en chassant les espagnols, il signe avec Philippe II la Paix de Vervins (1598). L'Edit de Nantes, en 1598, établit la paix religieuse, les protestants peuvent vivre librement et avec tous les droits dans le royaume, ils ont des places fortes (La Rochelle, Nimes, Montauban, ...) pour garantir leur sécurité.
La guerre civile est pratiquement terminée en France, mais elle a profondément dévasté et marqué le pays pendant prés de quarante ans et elle aura des séquelles importantes dans la première moitié du XVIIème siècle.
La monarchie des Valois au XVIème siècle
En 1515, la monarchie
capétienne est installée sur le trône de France depuis plus de 500 ans (depuis 987). Le roi
François I est issu de la branche des Valois-Angoulême. Il dispose de l'autorité souveraine sur le peuple de France. Le roi est aussi de droit divin, c'est à dire que son pouvoir émane de Dieu, il est total pour le temporel, partagé avec le pape pour le spirituel. Le roi n'est pas propriétaire du royaume, il n'en est que l'usufruitier qui jouit des revenus de celui-ci.
Son pouvoir repose sur les lois fondamentales du royaume qu'il n'a pas la capacité de transgresser. Parmi celles-ci, deux sont particulièrement importantes, la
Loi Salique et la
Loi sur l'inaliènabilité du domaine royal. La loi salique définit la régle de succession qui est celle de la primogéniture mâle. La loi sur l'inaliènabilité du domaine royal empêche le roi de vendre ou cèder le domaine qu'il a recueilli lors de son accesssion au trône. Son pouvoir est également limité par des
Lois Coutumières issues des usages du passé et de la tradition.
Le roi exerce son gouvernement selon une organisation à trois niveaux: central, provincial et local.
Au niveau central, il s'appuie sur la
Maison du roi qui gère les affaires publiques mais aussi les affaires privées du roi. La
Cour est une composante de la maison du roi. Le principal organe de gouvernement est le
Conseil du roi qui se décompose lui-même en plusieurs conseils. Le plus important est le
Conseil Privé, il accueille les princes de sang et les grands feudataires du royaume ainsi que les grans officiers de la maison du roi (chancelier, connétable). Le
Chancelier dirige l'administration royale. C'est dans le conseil privé que se prennent les principales décisions concernant le royaume et c'est là que s'élaborent les lois qui sont publiées sous forme d'
édits et d'
ordonnances. A certains moments, le
Conseil étroit, qui comprend le roi et ses principaux familiers peut également jouer un rôle prédominant, mais c'est alors à titre officieux.
Au niveau régional (ou plûtot provincial), le roi délègue ses pouvoirs à un
Gouverneur, toujours issu d'une des grandes familles de la noblesse française. Ce gouverneur est assisté par un
Lieutenant général. Au niveau local, le relais est assuré par le
Bailli dans les bailliages et le
Sénéchal sans les sénéchaussées. Tous sont chargés de faire appliquer et respecter la loi du roi et à ce titre ils sont chargés de la justice locale et provinciale.
Le royaume dispose également d'institutions représentatives. Au niveau national se trouvent les
Etats Généraux, les derniers ont été réunis en 1484. Au niveau de certaines provinces, on a des
Etats Provinciaux et enfin des assemblées locales pour les bailliages et seigneuries et paroisses.
La religion catholique est la religion de l'état, la situation du royaume est synthétisée par l'expression:
Une foi, une loi, un roi. A partir des années 1530, l'
Eglise Catholique est sécouée par un mouvement de
Réforme qui fait émerger un nouveau courant religieux: le
Protestantisme. Cette situation va déboucher sur un conflit interne majeur de l'
Histoire de France: les
Guerres de Religion, qui vont bousculer la position du roi à la tête du royaume.
La maison de Valois aux XV et XVIèmes siècles :
Charles VII
Louis XI
Charles VIII
Louis XII
Francois I
Henri II
Catherine de Médicis
Francois II
Charles IX
Henri III
François d'Alençon
Marguerite de Valois
Règnes de François I (1515-1547) et Henri II (1547-1559): la Réforme et le début du Protestantisme
François Ier
Les débuts du protestantisme, sous
François I, se font dans une ambiance plutôt bienveillante. Le Roi est influencé par sa soeur Marguerite de Navarre, qui protège le cercle de Meaux. Celui-ci est dirigé par Guillaume Briçonnet (issu d'une grande famille de Tours), il est évêque de Meaux depuis 1516. Un autre membre influent est son vicaire, Lefèvre d'Étaples. Le cercle réforme les abbayes dont Briçonnet a les bénéfices, en dépit de résistances. En 1521, la protection de Marguerite de Navarre permet d'éviter les foudres de la Faculté de théologie de Paris. Pendant la captivité du roi à Madrid, la régente, Louise de Savoie, initialise la répression: le cercle de Meaux se dissout. La
Sorbonne condamne l'œuvre de Lefèvre d'Étaples en 1526, celle d'Érasme en 1527. En 1531, Marguerite de Navarre publie, de manière anonyme, un ouvrage:
le Miroir de l'âme pécheresse, celui-ci est condamné en avril 1533 par la Faculté de théologie de Paris.
Une partie de la noblesse et du haut clergé sont partisans des idées humanistes et souhaitent une réforme du christianisme. Par contre, le Parlement de Paris y est hostile et multiplie les actions et procès notamment pour interdire les traductions de la bible et leur diffusion.
François I s'inquiète pourtant de l'évolution religieuse du pays. Il voit le développement de la guerre religieuse en
Allemagne et constate que l'Empereur Charles Quint n'arrive pas à la contrôler.
François I se convainc progressivement que l'unité religieuse est nécessaire à l'unité nationale qui est un élément important de sa lutte contre Charles-Quint.
Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534, un pamphlet,
Articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la messe papale, exprimant les idées protestantes est affiché à Paris, Blois, Orléans et même à l'intérieur du château d'Amboise où réside le roi
François I. C'est l'
Affaire des Placards, le roi est outré, il commence la répression. Une trentaine de protestants sont brûlés, Clément Marot et Calvin quittent la France. Puis le roi se radoucit vis à vis des hérétiques, d'abord en juillet 1535, avec l'édit de Coucy et en 1536 où il les amnistie. Ce n'est que temporaire car la répression reprend avec l'édit de Fontainebleau en 1540. La Sorbonne reprend son activisme et met à l'index de nombreux livres, l'imprimeur Étienne Dolet est brûlé sur un bucher place Maubert à Paris, en août 1546.
Henri II
Henri II, est un catholique plus intransigeant que
François I, il s'engage directement dans la répression des réformés dès le début de son règne. En 1547, Il institue une
Chambre ardente au Parlement de Paris, elle condamne à mort de nombreux Protestants. Il essaie de s'en prendre à Genève, centre de refuge des Huguenots Français, avec, en juin 1551, l'édit de Chateaubriand. L'affaire de la rue Saint-Jacques, en septembre 1557, où un rassemblement de Réformés est pris à partie par la foule, aboutit à plusieurs exécutions. Mais c'est surtout l'affaire du Pré-au-Clercs à Paris, en mai 1558, qui marque les esprits, une assemblée de plusieurs milliers de personnes est conduite par de grands seigneurs dont
Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, prince du sang, ils sont à nouveau pris à partie par la foule parisienne. A la mort du roi
Henri II, on compte près de deux millions de Protestants.
Quand Henri II meurt en 1559, il a 40 ans et quatre fils de son épouse
Catherine de Médicis. Ils sont tous jeunes, néanmoins la poursuite de la dynastie parait assurée. L'ainé,
François II devient roi, les autres enfants sont
Charles IX,
Henri III et
François d'Alençon.
Les Protestants en France
Le Protestantisme en France s'est développé selon la doctrine de Jean Calvin: le
Calvinisme. Jean Calvin est né à Noyon, il a fait ses études au collège de Montaigu, à l'emplacement de l'actuelle
Bibliothèque Sainte-Geneviève. En 1533, il opte pour la Réforme et devient prédicateur. Après l'affaire des Placards, il s'enfuit à Bâle. En 1541, il s'établit à Genève, où il restera jusqu'à sa mort. Sa doctrine est contenue dans l'Institution de la religion chrétienne qu'il publie en 1536.
La religion calviniste s'implante en France à partir de 1541, surtout dans la noblesse et la bourgeoisie des villes mais elle touche aussi le clergé, elle n'est significative qu'à partir de 1550. Dans le clergé, les évêques de Beauvais, Chartres, Nevers et Pamiers penchent vers la réforme. Dans la noblesse, les effectifs de convertis varient selon les régions et certaines familles, comme les Montmorency, sont divisées (leurs parents, les Chatillon sont Protestants). Les villes sont touchées par la diffusion de la réforme, surtout les commercants et les membres des corps de ville (surtout dans le Midi). Les paysans restent plutôt catholiques. Au plan géographique, un croissant réformé se dessine, allant de La Rochelle au Dauphiné, en parcourant la vallée de la Garonne et le Bas-Languedoc. Les provinces du nord-ouest et du nord de la France sont moins touchées par le mouvement protestant.
L'Eglise Protestante de France est organisée selon les recommandations de Calvin. A la base, l'église est dirigée par un
Pasteur désigné par un
Consistoire. Au dessus se trouve l'
Assemblée des Pasteurs et encore au dessus est le
Synode Provincial qui se réunit 2 fois par an. Enfin le
Synode National, réuni en fonction des besoins. Les Protestants sont également désignés par le nom de
Huguenots. Les Catholiques les appellent les
Hérétiques, en sens inverse les Protestants appellent les Catholiques, les
Papistes.
Significatif de son extension, le synode national qui s'est réuni à Paris le 25 mai 1559. L'église Protestante compte maintenant, surtout par la qualité de ses adhérents, elle est à la recherche d'une reconnaissance officielle. Les Protestants ont l'appui des
Bourbons-Vendôme, princes du sang, il s'agit d'
Antoine de Bourbon duc de Vendôme et roi de Navarre par sa femme Jeanne d'Albret, et surtout de son frère
Louis de Bourbon-Vendôme, prince de Condé.
Le règne de Charles IX
La mère de
Charles IX,
Catherine de Médicis manoeuvre habilement et parvient à se faire nommer régente par le Conseil privé. Les Guise se retrouvent de fait écartés du pouvoir. Le Conseil privé innocente
Condé le 8 mars et
Antoine de Bourbon devient lieutenant général du royaume le 27 mars 1561.
Ce retournement de situation est mal ressenti par les catholiques zélés. A paris, en avril 1561, des étudiants attaquent une groupe de réformés qui se rendent à un prêche au Pré au clercs. Le prévôt de Paris est obligé d'intervenir pour protèger ces derniers.
Les Etats généraux ont été prolongés à Pontoise, ils ne résolvent pas le problème financier du Trésor royal. Pendant tout l'été, le pays est secoué par les violences des
Papistes et par celles des Huguenots. Du 9 septembre au 9 octobre 1561 se réunit le Colloque de Poissy pour trouver un compromis religieux entre les deux confessions. Les grands théologiens s'opposent sur la présence de Dieu dans l'hostie consacrée. Du côté des Catholiques on trouve le cardinal de Lorraine et le général des Jésuites, Lainez. Du côté des Protestants, les représentants sont Théodore de Bèze, Pierre Martyr et l'Amiral Gaspard de Coligny. Les deux confessions n'arrivent pas à s'entendre et le colloque est un échec.
Pourtant
Catherine de Médicis et Michel de L'Hospital poursuivent leur politique de tolérance, ils publient l'édit de Janvier 1562 (appelé aussi édit de Saint Germain) qui outre la liberté de conscience permet la liberté du culte dans les maisons particulières et dans les faubourgs des villes. Tout ceci accentue le ressentiment des catholiques extrémistes.
Le 1er mars 1562, les troupes du duc de Guise massacrent, à Wassy, des Protestants assemblés pour un prêche. Le 27 mars, Guise et ses alliés du Triumvirat (Montmorency, Saint André) obligent le roi et la régente à se réfugier dans Paris "pour leur sécurité". Ces évenements conduisent à l'ouverture de la première guerre de religion.
Première guerre de religion (1561-1563)
Le 8 avril,
Condé déclenche la lutte armée au motif qu'il faut libérer le roi qui est prisonnier des Guise. Orléans est devenu le quartier général des réformés, Coligny et d'Andelot recrutent des reîtres en Allemagne. La première guerre de religion se déroule à deux niveaux, d'abord des combats entre les troupes royales et les troupes réformées, ensuite l'investissement et la prise de contrôle de nombreuses villes par les Protestants. En effet de nombreuses élites urbaines sont devenues calvinistes, certaines villes deviennent des places fortes des Huguenots: Montauban, La Rochelle, Nîmes,
La Charité sur Loire,
Sancerre, ... Le baron des Adrets, un réformé, sévit dans la vallée du Rhône et dans le Dauphiné, à travers la France. Catholiques et Protestants s'opposent violemment dans de nombreuses villes, de nombreuses églises sont endommagées par les Huguenots.
Le pouvoir royal réagit en reprenant le contrôle des villes du Val de Loire: Blois, Bourges, ... L'armée royale atteint Orléans, Rouen est reprise aux Huguenots le 26 octobre,
Antoine de Bourbon, qui s'est rallié aux Catholiques, est mort pendant le siège de cette ville.
L'armée protestante se retrouve prés de Paris puis se dirigent vers la Normandie, elles rencontrent les troupes royales, commandées par le duc de Guise, prés de Dreux. Celui-ci est vainqueur mais le connétable de Montmorency côté catholique et
Condé côté protestant, sont faits prisonniers. Guise se dirige alors vers Orléans dont il engage le siège, c'est là qu'il est assassiné par Poltrot de Méré en février 1563. Cet évènement va conduire à la fin de la première guerre de religion.
Catherine de Médicis négocie la paix avec
Condé qui est toujours prisonnier, elle est matérialisée par l'
Edit d'Amboise du 19 mars 1563 qui diminue les droits des Huguenots. La liberté de conscience est maintenue, par contre la liberté de culte est restreinte, elle n'est autorisée dans les faubourgs d'une seule ville par bailliage et chez les seigneurs
haut-justiciers pour leur famille et leurs sujets. Le culte protestant est interdit à Paris. Cet édit avantage l'aristocratie, ce que de nombreux Protestants reprochent à
Condé. L'édit d'Amboise inquiète la bougeoisie catholique de certaines villes qui commencent alors à constituer des confréries et ligues.
De mars 1563 à septembre, le royaume vit dans un calme relatif. A l'été
Charles IX devient majeur et roi à part entière. De 1564 à 1566, le roi, la famille royale et la cour font un grand tour de France pour restaurer l'image de la monarchie dans les provinces. En pratique, au niveau de la population, les conflits entre catholiques et protestants restent fréquents. Lors du passage à Bayonne, en juin et juillet 1565,
Catherine de Médicis rencontre l'envoyé de Philippe II d'Espagne, le duc d'Albe qui lui propose une alliance contre les hérétiques. Catherine temporise, mais cette réunion inquiète les Protestants. En 1566, Michel de L'Hospital fait publier la Grande Ordonnance de Moulins pour rétablir les prérogatives de l'Etat là où elles ont été usurpées: d'abord dans les villes, mais aussi en limitant les pouvoirs des gouverneurs de province et en restreignant le droit de remontrance des parlements. Pour autant la monarchie n'a pas vraiment les moyens de faire respecter ses décisions.
Deuxième guerre de religion (1567-1568)
Les Huguenots sont mécontents de la situation qui leur est faite,
Condé et Coligny préparent l'armée protestante à reprendre le combat. Des
Déclarations reprochent au roi de défavoriser la noblesse protestante et réclament la tenue d'Etats généraux. Les troupes protestantes sont rassemblées à Rosay en Brie à l'est de Paris, l'objectif est de s'emparer du roi. La cour, qui est à Meaux, rentre rapidement sur Paris d'autant qu'elle est harcelée par des soldats huguenots pendant le voyage. Le roi
Charles IX et
Catherine de Médicis constatent alors l'échec de la politique de tolérance, ils renvoient le chancelier Michel de L'Hospital.
L'armée de
Condé bloque Paris, la ville est dégagée par les troupes du connétable Anne de Montmorency, mais celui-ci trouve la mort dans cet engagement, il décède le 10 novembre 1567. Délogés, les Huguenots vont alors s'emparer de Chartres qui est le principal point d'approvisionnement en blé de Paris.
De nouvelles négociations s'engagent, elles aboutissent au
Traité de Longjumeau, le 23 mars 1568, qui rétablit les conditions de l'édit d'Amboise.
Troisième guerre de religion (1568-1570)
Mais la situation évolue dans le courant de l'année 1568, les Protestants perdent des positions dans le nord de la France tandis qu'ils se consolident dans le sud avec
Jeanne d'Albret, reine de Navarre et veuve d'
Antoine de Bourbon. Jeanne d'Albret se rend à La Rochelle pendant l'été 1568 avec son fils Henri de Bourbon, duc de Vendôme, elle y est rejointe par
Condé et Coligny.
Catherine de Médicis lance un ordre d'arrestation contre les chefs Protestants. Une armée royale, conduite par Henri, duc d'Anjou, (le futur
Henri III) et le Maréchal de Tavannes, rencontre et vainc l'armée des Huguenots à Jarnac le 13 mars 1569,
Condé est fait prisonnier, il est ensuite tué. Coligny rassemble les forces huguenotes, mais il est à nouveau vaincu par l'armée royale à
Moncontour, dans le Poitou, le 3 octobre 1569. Coligny parvient néanmoins à ramener ses troupes à
La Charité sur Loire et à faire peser une menace sur Paris.
Du côté du roi le trésor est vide, il faut donc négocier, avec Coligny, la
Paix de Saint Germain, le 8 août 1570, qui apporte des avantages complémentaires aux Protestants. Outre l'amnistie et l'exercice du culte dans les faubourgs de 24 villes, ils obtiennent en particulier quatre places des sûreté pour deux ans: La Rochelle, Montauban, Cognac et
La Charité sur Loire.
Nombre de Catholiques sont trés désappointés par les concessions faites aux Huguenots, ils s'en prennent à eux dans les villes de Paris, Rouen, Dieppe, Sens, Troyes, Orange, ... A cela se rajoute l'augmentation forte du prix des grains qui créée des troubles sociaux. Pour autant, pendant deux années, le royaume va vivre dans une paix relative.
Le massacre de la Saint Barthélémy (24 août 1572)
A l'automne 1571, Coligny fait son entrée au Conseil Royal mais il est en minorité vis à vis des catholiques de ce conseil qui sont conduits par les Guise. Deux sujets sont au coeur des préoccupations politiques: le premier est une éventuelle intervention de l'armée royale aux
Pays-Bas pour soutenir la révolte contre Philippe II d'Espagne, le second est le mariage de Henri de Bourbon-Vendôme.
En avril 1572, la rebellion des nobles et bourgeois des Pays-Bas contre les Espagnols franchit un nouveau degré, la résistance armée s'organise, elle est dirigée par Guillaume d'Orange. Coligny souhaite l'intervention de l'armée du roi de France pour soutenir les rebelles (ce sont des Calvinistes). Déjà des nobles protestants français participent à la lutte contre les Espagnols.
Mais les Catholiques zélés, en particulier la petite bourgeoisie des villes, voient d'un trés mauvais oeil ces demandes d'intervention. D'autant que les Espagnols viennent de vaincre la flotte turque à Lépante (en 1571) et le prestige de Philippe II est grand dans les milieux catholiques. Ceux-ci se regroupent de plus en plus derrière le jeune duc Henri de Guise, qui est le leader incontesté du parti catholique.
Au plan intérieur,
Charles IX et
Catherine de Médicis veulent réconcilier les Bourbon avec la famille royale et obtenir ainsi une paix durable. Ils négocient avec Jeanne d'Albret le mariage de Marguerite de Valois, soeur du roi, et de Henri de Bourbon, fils de Jeanne. Le mariage a lieu à Paris le 18 août 1572, au milieu de grandes fêtes. De nombreux Protestants sont venus à Paris pour participer à cet évènement et aux fêtes. Le 22 août, Coligny est victime d'une tentative d'assassinat par Maurevert, un partisan des Guise. Les Protestants crient vengeance.
Charles IX et
Catherine de Médicis sont d'abord désemparés, puis ils décident d'exterminer les Protestants qui séjournent à Paris. Ils en attendent un affaiblissement durable du parti Réformé et donc une poursuite de la paix. C'est le
Massacre de la Saint Barthélémy du 24 août 1572, ce jour, fête de la Saint Barthélemy, à 3 heures du matin, le carillon de l'église de
Saint-Germain l'Auxerrois, en face du
Louvre, sonne le tocsin. C'est le signal qui déclenche les massacres.
Coligny est d'abord assassiné dans son hôtel de la rue de Béthisy, puis la tuerie se poursuit au
Louvre même. Le roi et sa mère font appel à la milice parisienne, qui est trés opposée aux Huguenots, son zèle a un effet d'entrainement sur le peuple. Pendant trois jours des massacres affreux (cf gravure ci-contre) sévissent dans la ville, des pillages accompagnent les meurtres. Ce sont ensuite les villes de province qui prennent le relais: Orléans, Bourges, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Angers, Saumur, ... On estime le nombre de victimes de la Saint Barthélémy à plus de 5000 morts dont plus de 2000 à Paris. Seuls Henri de Bourbon et son cousin Henri de Condé sont épargnés, mais ils doivent abjurer le protestantisme et sont retenus prisonniers.
Le 26 août, dans une
Déclaration,
Charles IX reconnait l'initiative du massacre et dénonce un complot ourdi par l'amiral de Coligny. De nombreux Huguenotsse abjurent et reviennent à la foi catholique, certains résidant au nord de la
Loire descendent vers les régions du sud qui leur sont plus favorables, d'autres prennent le chemin de l'étranger, d'abord la Suisse et Genève, mais aussi les Pays-Bas, l'Angleterre, l'Allemagne, ... Les communautés protestantes et le parti huguenot en sortent trés affaiblis, surtout au nord de la
Loire.
Gravure du XVIème siècle décrivant le Massacre de la Saint Barthélémy
Sur la droite, le duc de Guise contemple Coligny qui gît, mort.
En savoir plus sur le massacre de la Saint Barthélémy
Quatrième guerre de religion (1573)
Dans le Centre-Ouest et le Midi, la résistance politique s'organise avec l'Union Protestante qui tient son assemblée à Anduze en février 1573, elle établit les
Provinces Unies du Midi et désigne comme
Protecteur, le prince Henri de Condé, qui s'est rapidement évadé de la Cour. Quand Henri de Bourbon s'évade à son tour en 1576, c'est lui qui devient le
Protecteur.
Sur le plan militaire, la noblesse protestante provinciale constitue des groupes armés qui prennent le contrôle de villes et bourgs dans les Cévennes, le Vivarais et d'autres régions du Midi de la France. La ville de
Sancerre refuse le gouverneur envoyé par le roi à l'automne 1572, elle est assiègée par le maréchal de La Châtre. En dépit de la famine, la ville ne se rend qu'en août 1573 contre la vie sauve et la liberté de culte.
La ville de
La Rochelle a accueilli de nombreux réfugiés, elle devient le point fort des Protestants. La ville refuse le gouverneur envoyé par
Charles IX, le Maréchal de Biron, et elle demande l'aide de Elizabeth I d'Angleterre. Le roi envoie alors un Protestant, François de La Noue, pour rétablir la situation par la négociation, il échoue et quitte La Rochelle. La ville est assiègée en février 1573 par une armée commandée par le duc d'Anjou (futur
Henri III). Les assauts effectués en avril ne viennent pas à bout de la ville qui est épuisée et subit une famine trés dure. Elle est sauvée par l'élection d'
Henri d'Anjou comme roi de Pologne.
Face à cette situation difficile, le gouvernement royal choisit d'accorder, le 11 juillet 1573, l'
édit de Boulogne. Il admet toujours la liberté de conscience mais restreint la liberté de culte à quatre villes: La Rochelle, Sancerre, Nîmes et Montauban, et à la résidence des seigneurs haut-justiciers qui sont toujours protestants. En novembre 1573,
Catherine de Médicis et son quatrième fils,
François d'Alençon, rencontrent Louis de Nassau à Blamont. Il y est question de soutien aux révoltés des Pays-Bas.
Cinquième guerre de religion (1574-1576)
La politique royale reste donc hésitante. Dans le Conseil royal, François, duc de Montmorency appuie
François d'Alençon qui devient, entre autres, commandant des armées royales. Mais les Catholiques du Conseil, conduits par le cardinal de Lorraine, font face, ils obtiennent le départ de François de Montmorency. Ceci provoque de l'inquiètude chez les Catholiques modérés (les
Malcontents) et les Protestants, ils reprennent les actions violentes. François de la Noue, un chef Huguenot, s'empare de plusieurs villes du Poitou, des mouvements analogues ont lieu dans le Languedoc qui est gouverné par Damville( Henri de Montmorency) et dans le Dauphiné avec du Puy-Montbrun et Lesdiguières. En Normandie, l'agitation est le fait de Montgomery, celui qui a tué
Henri II par un coup de lance, il est capturé à Domfront et exécuté en mai 1574.
A la cour, des complots ont pour objectif de faire s'enfuir
François d'Alençon et Henri de Bourbon. Une tentative de La Môle et Coconnas échoue, elle est réprimée durement puisque les deux protagonistes sont exécutés (cet épisode est un des thèmes de l'ouvrage d'Alexandre Dumas: la Reine Margot). Deux maréchaux de France, François de Montmorency et Artus de Cossé, sont arrêtés et emprisonnés le 4 mai 1574.
C'est dans ce contexte que se développent les écrits
monarchomaques qui contestent la monarchie et prônent la souveraineté du peuple. On a vu qu'une partie du sud de la France récuse la suzeraineté du roi, le royaume est de plus en plus désarticulé. Les Malcontents, quant à eux, estiment qu'il y a complot contre les gentilshommes du royaume, ils mettent en cause les italiens de l'entourage royal: le chancelier René de Birague, Albert de Gondi, duc de Retz, Louis de Gonzague, duc de Nevers.
Charles IX est atteint de tuberculose, il meurt le 30 mai 1574. Aprés une période de flottement sur le successeur: Henri d'Anjou, roi de Pologne, ou François d'Alençon ? , leur mère
Catherine de Médicis assure la régence pour le compte d'
Henri III. Le 18 juin, elle destitue Damville de sa fonction de gouverneur du Languedoc, mais cette mesure reste théorique, elle a surtout pour effet de faire se rapprocher Damville et les Protestants de cette province. En juillet 1574, ils l'élisent
Protecteur de la province du Languedoc.
Henri III s'est enfuit de Pologne dans des conditions rocambolesques, il revient lentement vers la France, il est de retour à Paris en septembre 1574.
Règne de Henri III et suite de la cinquième guerre de religion