Le règne de Henri III (1574-1589)
Henri III est le troisième fils de
Henri II et de
Catherine de Médicis. Elu roi de Pologne, il s'est rendu dance pays au milieu de l'année 1573. Quand son frère
Charles IX meurt le 30 mai 1574, il prend sa succession. Il s'enfuit de Pologne dans des conditions rocambolesques, puis revient lentement vers la France, il est de retour à Paris en septembre 1574. Le roi
Henri III est sacré à Reims le 13 février 1575, le 15, il épouse Louise de Vaudémont, de la famille de Lorraine et une parente des Guise.
Henri III assume lui-même le pouvoir, il s'appuie sur sa mère
Catherine de Médicis, mais ce n'est plus elle qui dirige l'état. Le gouvernement de
Henri III est perturbé par son jeune frère
François d'Alençon, qui prend la tête des
Malcontents et des
Politiques. Ceux-ci se rapprochent des Protestants.
Cinquième guerre de religion (1574-1576) (suite)
Le 26 décembre 1574, le cardinal de Lorraine meurt, c'et un adversaire sans concession des Protestants qui disparait. Au début de 1575
François d'Alençon s'enfuit de la cour, les Malcontents et les
Politiques obtiennent avec lui la caution du premier prince du sang, de nombreux nobles le rejoignent. Les Politiques placent l'intérêt du royaume au dessus des conflits de religion.
Le 10 octobre 1575, le duc Henri de Guise vainc à Dormans une troupe de reitres allemands qui est dirigée par le fils de l'électeur palatin. Guise y reçoit une balafre au visage qui lui fait donner le surnom de
balafré. Ce succés n'empêche pas Henri de Condé de pénetrer en France ave une armée de 30000 hommes qu'il a levé en Allemagne. Au début de 1576, Henri de Bourbon s'enfuit à son tour de la cour, il rejoint la coalition des Protestants et des Malcontents.
Henri III n'a pas les moyens de résister à cette forte opposition, il se résigne à accorder l'
édit de Beaulieu les Loches le 6 mai 1576. C'est un grand succés pour les Protestants puisque leur culte est autorisé presque partout (sauf à Paris), ils obtiennent huit places de sûreté ( dont Aigues-Mortes, Beaucaire, Périgueux) et des chambres mi-parties dans chaque Parlement. Les victimes du
Massacre de la Saint Barthélémy sont réhabilités, le roi s'engage à convoquer les Etats généraux dans les 6 mois. Le
duc d'Alençon accroît son apanage de l'Anjou, de la Touraine et du Berry, il prend le titre de duc d'Anjou. Henri de Condé redevient gouverneur de Picardie, Damville récupère le titre de gouverneur du Languedoc.
Henri de Bourbon devient gouverneur de Guyenne à laquelle s'ajoute l'Angoumois et le Poitou, il retourne au Calvinisme et devient aussi le
Protecteur des réformés du sud-ouest.
Le recul du pouvoir royal est significatif. Les Catholiques intransigeants sont outrés et organisent leur réplique à cet édit.
Constitution de la Ligue (1576-1577)
La Ligue est un mouvement catholique dont le but initial et de s'opposer aux Huguenots, il prend par la suite le caractère d'un soulèvement contre les rois
Henri III et Henri IV. Elle a duré de 1576 à 1598. Paris a été le théâtre d'un mouvement spécifique qui a duré de 1584 à 1594, la Ligue parisienne, qui a eu un caractère extrémiste.
Les toutes premières ligues catholiques sont apparues au début des années 1560. En mai 1576 les catholiques extrémistes sont désappointés par l'édit de
Beaulieu les Loches, qui à leurs yeux avantage trop les Huguenots. Cette situation provoque une nouvelle recrudescence dans la création de ligues urbaines. En novembre 1576, Charles d'Humières refuse de livrer la citadelle de Péronne au gouverneur Protestant de la Picardie, Henri de Condé. C'est le premier mouvement de réaction des Catholiques, il est suivi par bien d'autres. Les Guise étendent leur clientèle en Champagne et en Bourgogne. Un acte d'union générale est signé à partir de la fin 1576 dans toutes les villes importantes du royaume qui sont dominées par les catholiques. Tous se rassemblent dans la
Sainte Ligue, qui est fondée le 12 mai 1577. Le duc Henri de Guise en prend la tête avec ses frères, Charles, cardinal de Lorraine et le duc de Mayenne. Les ligueurs jurent de combattre pour le triomphe de la foi catholique. Le roi Henri III parvient par la suite à en prendre la tête et à la circonvenir.
Les Etats généraux de Blois (décembre 1576-1577)
Les Catholiques zélés récupèrent la main en faisant élire leurs représentants pour les Etats généraux. Ceux-ci s'ouvrent à Blois, le 6 décembre 1576, la majorité de la noblesse, qui est catholique zélée, et le clergé sont partisans de la lutte armée contre les Huguenots,
Henri III est obligé de s'adapter, il accepte la remise en cause de l'édit de
Beaulieu les Loches, c'est le début de la sixième guerre de religion.
Mais, sur un autre plan, le pouvoir du roi est remis en cause et les Etats généraux de Blois illustrent bien l'évolution des esprits vis à vis de la nature de ce pouvoir. Au préalable, il faut revenir sur les théories développées par les Calvinistes de Genève (François Hotman, Théodore de Bèze) sur la monarchie. Ils sont partisans de la souveraineté du peuple et de la limitation du pouvoir royal, on les appelle les
Monarchomaques. Les Calvinistes ne sont pas les seuls à réfléchir sur ce sujet, certains Catholiques sont partisans de la monarchie mixte (ou partagée). Dans leur esprit, le pouvoir du roi doit être limité et porté par le
Conseil privé ou même les Etats généraux. Les plus extrêmes vont même jusqu'à proposer que seuls les Etats généraux puissent établir les lois du royaume. Voilà la nature des débats qui ont lieu à Blois en 1576, ils ne débouchent sur aucun changement concret car le camp des "absolutistes", conduit par Jean Bodin, parvient à maintenir le statu quo. Il n'en reste pas moins que le pouvoir a été sérieusement remis en cause par l'assemblée.
Les Etats généraux sont en faveur d'une religion unique en France: le catholicisme. Ils sont pour mener la guerre contre les Huguenots, mais en même temps ils refusent de la financer. Ceci traduit bien l'ambiguïté de ces Etats. Au fur et à mesure de leur déroulement, le parti de la paix, sous l'impusion de Jean Bodin, fait entendre sa voix. Ils l'emportent sur le parti de la guerre à la fin des Etats généraux, ils refusent au roi
Henri III d'obtenir des ressources financières en aliénant le domaine royal. Les députés se séparent au début de mars 1577.
Sixième guerre de religion (1576-1577)
Poussés par leurs congénères hugenots, mécontents de l'application difficile de l'édit de Beaulieu, et déçus par l'orientation anti-Protestante des Etats généraux,
Henri de Bourbon et Henri de Condé relancent la guerre en Poitou et en Guyenne à partir de décembre 1576. Leur détemination est accentuée par l'annonce du roi qu'il n'accepte plus que la religion catholique dans le royaume.
Henri III a réussi à ramener auprés de lui son frère
François d'Alençon qui prend la tête de l'armée royale. Celle-ci fait le siège de
La Charité sur Loire qui se rend le 2 mai 1577, la ville est pillée. L'armée assiège alors Issoire qui se rend à son tour le 2 juin, elle est également pillée. Le duc de Mayenne est en action dans l'ouest, il s'empare de Brouage. Dans le Languedoc, Damville a pris ses distances vis à vis des Huguenots. En pratique, Malcontents et Politiques ont abandonné le camp des Protestants, qui sont donc trés affaiblis, pour rejoindre celui du roi.
Henri III est en position favorable, mais il n'a plus d'argent et doit donc négocier. Les Protestants sont en position de faiblesse, Henri de Bourbon signe la paix de Bergerac le 14 septembre 1577 qui est formalisée par l'
édit de Poitiers du 8 octobre 1577. Celui-ci est en retrait sur les clauses de l'édit de Beaulieu pour les Protestants, la liberté de culte est limitée aux faubourgs d'une ville par bailliage et aux villes où le culte est pratiqué en 1577 (sauf Paris), le nombre de chambres de justice mixtes est réduit à quatre. La Ligue catholique est officiellement dissoute par
Henri III, ainsi que l'Union calviniste.
Les tentatives de réforme du royaume
Henri III dispose alors d'une période de répit, il tente de réformer le royaume, pour tenter de sortir de l'engrenage des troubles religieux. Il bénéficie du soutien des Malcontents et des Politiques. Ceux-ci influencés par Jean Bodin, se rallient à un pouvoir royal fort. Le roi réforme l'administration centrale en officialisant les
Secrétaires d'Etat (Nicolas de Villeroy, Simon Fizes, Claude Pinart et Pierre Brûlart). Il fait publier plusieurs
Ordonnances (1579, 1581, 1584), mais la situation politique entrave la mise en application de ces textes. Il fait également établir par un membre du Parlement, Barnabé Brisson, un recueil de toutes les ordonnances du royaume, elles sont publiées en 1589. En 1582,
Henri III lance des enquêtes dans les provinces, elles sont étudiées par une assemblée de notables qui se réunit à Saint Germain en Laye de novembre 1583 à février 1584. Les résultats servent à l'élaboration de nouvelles lois appropriées, en particulier dans le domaine financier.
Henri III modifie ses rapports avec la cour royale. Il place auprés de lui des favoris (les
mignons: Joyeuse, Epernon, ...) qui lui sont tout dévoués et l'aident à gouverner au delà des partis. En même temps, il prend de la distance visà vis des courtisans. Ces évolutions mécontentent la noblesse catholique, mais aussi le peuple de Paris qui s'indigne des dépenses de l'entourage royal. Les levées d'impôts réitérées, dont le produit semble surtout utilisé pour faire des cadeaux aux mignons du roi, ses excentricités, réelles ou supposées, son goût du luxe contribuent à diminuer son autorité. Des chansons et des pamphlets l'attaquent régulièrement et sapent la confiance de la population envers lui. Devant la faiblesse du pouvoir royal, certains catholiques craignent que le royaume ne tombe aux mains des Protestants, ce sentiment est habilement exploité par les Guises qui prétendent à jouer un grand rôle dans l'état. Les Catholiques zélés en viennent à ne compter que sur leurs propres forces.
Rôle de Catherine de Médicis
Catherine de Médicis intervient en appui des orientations données par son fils. Elle entreprend un grand voyage à travers la France à partir du mois d'août 1578 jusqu'en novembre 1579 afin d'agir en faveur de la paix. Elle conduit sa fille,
Marguerite de Valois (la Reine Margot), auprés de son mari
Henri de Bourbon, roi de Navarre, qui tient sa cour à Nérac. Les discussions de Catherine avec Henri et les chefs Protestants aboutissent au traité de Nérac en février 1579, qui confirme l'édit de Poitiers. Elle traverse ensuite le Languedoc et se rend en Provence et y installe Henri d'Angoulême, un batard de
Henri II, comme gouverneur. En Dauphiné,
Catherine de Médicis est confrontée à une situation difficile. Un soulèvement populaire menace les nobles et les notables, mais finalement l'armée royale, commandée par Maugiron, écrase les bandes paysannes le 23 mars 1580 à Moirans.
Septième guerre de religion (novembre 1579- novembre 1580)
Les Catholiques s'opposent à l'installation de Henri de Condé comme gouverneur de Picardie, celui-ci passe à l'action et s'empare de La Fère le 29 novembre 1579. Cette nouvelle guerre est surnommée
Guerre des Amoureux par ce que Agrippa d'Aubigné et Sully ont imputé son déclenchement aux intrigues de
Marguerite de Valois, qui est en train de transformer la cour de Nérac. Henri de Navarre se fait remarquer par le siège et la prise de Cahors (fin mai - début juin 1580). Dans les autres régions, les Protestants subissent des échecs: Mayenne s'empare de La Mure en Dauphiné, Matignon reprend La Fère.
François d'Alençon se propose comme médiateur et permet de conclure la
Paix de Fleix, le 26 novembre 1580, le nombre de places de sureté des Protestants passe de 8 à 15 pour une durée de 6 ans.
La mort de François d'Alençon (juin 1584)
A la fin de 1580, le frère du roi
Henri III,
Francois (qui est devenu duc d'Anjou en 1576) quitte la France, à la demande de l'Union d'Utrecht, pour prendre la tête de la lutte contre les Catholiques et les Espagnols aux Pays-Bas. Il y subit un échec retentissant en janvier 1583, à Anvers. Ce départ facilite le gouvernement de
Henri III qui peut accentuer les
réformes engagées pour améliorer le fonctionnement des institutions du royaume.
En 1584, la mort de
François d'Alençon, l'héritier du trône, créée une situation nouvelle. Le nouvel héritier,
Henri de Bourbon-Vendôme, roi de Navarre, est un
Capétien mais éloigné de vingt-deux degrés de parenté par rapport à
Henri III. Il descend du sixième fils de
Saint Louis, Robert de Clermont, tige de la maison de Bourbon et de la branche des
Bourbon-Vendôme. Mais le problème de cette succession vient de ce que Henri de Bourbon est Protestant, ce qui pose le problème de la capacité d'un non-catholique à règner sur la France.
La Sainte Ligue
Dans un premier temps,
Henri III reconnait
Henri de Bourbon comme son héritier à condition qu'il revienne au catholicisme. Le parti catholique, conduit par les Guise, ne l'entend pas ainsi. Ceux-ci voient dans cette nouvelle situation une opportunité pour leur famille. Une
Ligue nobiliaire est créée en septembre1584, Henri, duc de Guise en prend la tête. Le duc de Nevers, le comte de Brissac, de nombreux fidèles de François d'Alençon la rejoignent. Des ligues urbaines apparaissent également, elles s'associent à la ligue nobiliaire et forment la
Sainte Ligue. A Paris, dès 1576, la famille La Bruyère tente de créer une association de défense, mais c'est à la fin de 1584 que se constitue une importante
Ligue parisienne.
Les Guise et le parti des Catholiques extrémistes s'allient au roi Philippe II d'Espagne par le Traité de Joinville, le 31 décembre 1584. En mars 1585, la Ligue rassemble des forces en Champagne et le duc de Guise s'empare de Chalon, Dijon et Mâcon. Le 30 mars, à Péronne, la Sainte Ligue publie une déclaration-programme, au nom de Charles de Bourbon, présenté comme héritier du roi. Charles est l'oncle d'
Henri de Bourbon.
Henri III s'adapte à cette nouvelle situation et fait des concessions à la Ligue. Par l'
Edit de Nemours du 7 juillet 1585, il abolit le culte Protestant et exclut
Henri de Bourbon de la succession au trône. Ce revirement est un coup dur pour les Réformés, les abjurations sont plus nombreuses qu'aprés la
Saint Barthélémy. Un noyau dur de Protestants fait front et se regroupe autour d'Henri de Bourbon dans le sud de la France. En septembre, le pape Sixte-Quint excommunie
Henri de Bourbon et Henri de Condé afin de leur interdire l'accés au trône. Mais cette condamnation heurte les modérés et les Politiques qui dénient au pape tout droit de se mêler des affaires temporelles de la France.
Huitième guerre de religion (1589- 1598)
L'édit de Nemours n'enlève rien à l'opposition entre Henri de Guise et
Henri III. Henri de Guise, qui s'appuie sur la Sainte Ligue, a une démarche de prise de pouvoir, il accule
Henri III dans ses derniers retranchements.
Dans le contexte créé par cet édit, la reprise de la guerre est inévitable. Des provinces et des villes s'éloignent du roi et prennent parti pour la Ligue: Bretagne, Picardie, Normandie, Dijon, Lyon, Orléans, .... En pratique, le Nord, le Centre du royaume, beaucoup de grandes villes sont gagnés à la Ligue. A Paris, le Conseil des Seize fait acheter des armes en secret. Le roi ne se sent plus en sécurité, il se constitue une garde personnelle qui lui est toute dévouée: les
Quarante-Cinq.
Henri de Bourbon et Henri de Condé, conscient du danger de la situation, s'activent. Elizabeth d'Angleterre, le roi du Danemark et de nombreux princes allemands viennent à leur aide. Elizabeth finance la levée de reîtres allemands et suisses. La Rochelle devient le quartier général des Huguenots.
La guerre reprend en
Poitou, pour les Huguenots, Condé remporte une victoire sur Mercoeur à Fontenay le comte, pour les Ligueurs, le Maréchal de Biron reprend quelques villes en 1586. Le duc de Mayenne guerroie pour les ligueurs en Guyenne et le duc Anne de Joyeuse est à la tête d'un armée royale qui opère dans le Massif Central. Son père, Guillaume de Joyeuse, lieutenant général du Languedoc, s'oppose au gouverneur, Montmorency-Damville. Lesdiguères conduit la lutte pour les Réformés dans le Dauphiné.
Une bataille décisive a lieu à Coutras le 20 octobre 1587,
Henri de Bourbon qui est accompagné de Condé et de ses deux frères catholiques: Conti et Soissons, y vainc Anne de Joyeuse qui y laisse la vie. En sens inverse, le duc Henri de Guise remporte deux victoires sur les reîtres allemands et suisses, la bataille de Vimory le 26 octobre puis celle d'Auneau le 24 novembre 1587.
En mars 1588, la mort d'Henri de Condé laisse
Henri de Bourbon seul chef des réformés. Le duc d'Aumale profite de ce décès pour s'emparer de plusieurs villes de Picardie pour le compte de la Ligue.
La fuite du roi hors de Paris
Le roi
Henri III devient de plus en plus impopulaire, ceci est accentué par des années de crise économique. Le duc d'Epernon devient son plus solide soutien. Le roi interdit au duc de Guise de venir à Paris, car bien que la
Ligue parisienne ait un caractère
bourgeois, elle est totalement dévouée au duc de Guise. En même temps elle élabore à sa façon, c'est à dire en considérant que tout émane de Dieu et de l'Eglise Catholique, une théorie du pouvoir qui a des ressemblances avec celle des monarchomaques: souveraineté du peuple et limitation du pouvoir royal.
La Ligue étant très forte à Paris, le duc de Guise s'y rend en dépit de cette interdiction le 9 mai 1588. Inquiet de la présence des troupes royales à proximité et dans la ville, le peuple de Paris se soulève le 12 mai 1588, c'est la
Journée des Barricades à l'issue de laquelle le roi
Henri III s'enfuit de Paris par le
jardin des Tuileries et se rend à
Chartres où il convoque les Etats généraux pour l'automne.
Mais il doit à nouveau plier devant les exigences de la Ligue et il signe à Rouen l'Edit d'Union le 15 juillet 1588. Celui-ci confirme et renforce l'édit de Nemours en faveur du Parti des Catholiques extrèmistes, il amnistie les ligueurs parisiens pour les journées des 12 et 13 mai. Le duc d'Epernon est disgracié et renonce au gouvernement de la Normandie et à sa charge d'amiral. Le 4 août le duc de Guise devient Lieutenant Général du Royaume et
Henri III reconnait le Cardinal Charles de Bourbon comme son héritier présomptif. La pression sur le roi s'allège un peu quand arrive la nouvelle de la défaite de l'
invincible Armada, en août 1588, car elle affaiblit Philippe II d'Espagne, le principal soutien des Guise. Le 8 septembre,
Henri III decide de changer les personnes qui gouvernent avec lui, il renvoie le chancelier Cheverny, Villeroy, Pomponne de Bellièvre, Brûlart et Pinart. La nouvelle équipe est composée d'hommes presque tous neufs: François de Montholon, Martin Ruzé, Louis de Revol et François d'Ô qui devient surintendant des finances.
En savoir plus sur la Ligue Parisienne
Les Etats Généraux de Blois et l'assassinat du duc de Guise
Le 16 octobre s'ouvrent les Etats Généraux de Blois, l'assemblée est en majorité ligueuse, et c'est vrai pour les trois états (clergé, noblesse et tiers-état). Les cardinaux de Bourbon et de Guise sont à la tête du clergé, le maréchal de Brissac à celle de la noblesse. Le tiers-état est présidé par La Chapelle-Marteau, un ligueur parisien qui est le prévôt des marchands des Paris. Dés le début,
Henri III doit à nouveau jurer l'édit d'Union. Les Etats veulent que leurs décisions soient considérées comme des lois du royaume, c'est une atteinte forte à la souveraineté du roi, mais elle n'aboutit pas. Devant les exigences des Ligueurs, toujours grandissantes, et suscitées par les Guise, le roi prend la décision de faire
assassiner le duc de Guise le 23 décembre 1588 et son frère, le Cardinal de Guise, le lendemain. Les exécutions sont conduites par les
Quarante-Cinq, la garde personnelle du roi. Le comte de Brissac, qui préside la noblesse est arrêté, de même que plusieurs députés du tiers-état, dont La Chapelle-Marteau, Compans et Dorléans, des ligueurs parisiens notoires.
C'est dans ces circonstances que
Catherine de Médicis meurt à Blois au début de janvier 1590. Pendant ces évènements, les Huguenots de Henri de Bourbon remontent en Poitou et s'emparent des villes de Niort, Fontenay le comte et
Chatellerault.
Au lendemain de ce
crime d'état, toute une partie des Catholiques, ceux de la
Ligue, se soulèvent contre le roi. La
Ligue de Paris est la plus virulente, elle instaure un gouvernement parrallèle, indépendant du roi et qui s'étend à tout le royaume. Il est dirigé par le
Conseil de l'Union avec comme roi Charles, Cardinal de Bourbon, l'oncle de Henri de Bourbon. Le Conseil des Seize épure le Parlement, celui-ci engage le procès d'Henri III. La
Sorbonne releve les sujets du royaume du serment de fidélité au roi et leur permet de se défendre, avec des armes, contre le tyran.
Henri III est surnommé le
vilain Hérodes, qui est un anagramme de Henri de Valois.
Le 12 février 1589, le duc de Mayenne, frère des Guise assassinés, est élu Lieutenant Général de la Couronne de France par la Ligue, il est accueilli à Paris qui est complètement contrôlée par les Ligueurs. A ce stade, on n'est plus dans un schéma de guerre de religion, mais bien plutôt dans un soulèvement destiné à changer de roi et à remettre en cause la nature du pouvoir royal.
En janvier 1589,
Henri III renvoie les Etats généraux et va s'installer, avec son gouvernement et le Parlement, à Tours.
Henri de Bourbon se rapproche de la ville, ils se rencontrent et s'accordent au chateau de Plessis les Tours le 30 avril 1589 afin de lutter contre la Ligue en allant faire le siège de Paris. Le 18 mai ils gagnent la bataille de
Bonneval, prennent Pontoise le 26 juillet et engagent le siège de Paris. C'est alors, le 1er aout 1589, qu'
Henri III est assassiné par un moine, Jacques Clément. Pour autant le roi a le temps de désigner Henri de Bourbon comme son successeur, ce sera le Roi
Henri IV.
Les débuts du règne de Henri IV (1589-1598)
Henri de Bourbon est né en 1553, il est le fils d'
Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, reine de Navarre. C'est de lui qu'est issue la
famille royale des Bourbons, qui a règné en France juqu'à la Révolution Francaise et au début du XIXème siècle.
Sous l'influence de sa mère, il devient Protestant dans son jeune âge. En dépit de leur différence de religion, il épouse en août 1572
Marguerite de Valois (la Reine Margot), la soeur des Rois
Francois II,
Charles IX et
Henri III. Ceci lui permet d'échapper au Massacre de la
Saint Barthélémy, mais il est retenu prisonnier à la cour du roi. Après son évasion en 1576, il devient le chef du Parti Protestant et engage une longue lutte contre les Guise et la Ligue Catholique. Quand le Roi
Henri III meurt, il le désigne comme son successeur, pour autant Henri de Bourbon doit conquérir le Royaume les armes à la main.
Suite et fin de la huitième guerre de religion (1589- 1598)
A la mort de
Henri III, le pouvoir royal vacille. Le nouveau roi, Henri IV, est Huguenot et contesté de toutes parts, il est excommunié par le Pape. Philippe II d'Espagne avance ses pions en France.
Les Catholiques qui se sont ralliés au roi sont des
Gallicans qui refusent toute ingérence de Rome et du Pape dans les affaires de l'Etat. La plupart des archevêques et evêques sont alors Gallicans. Le
Gallicanisme est formalisé par un juriste,
Pierre Pithou.
Le siège de Paris se délite car les ralliements au nouveau roi sont peu nombreux. La noblesse redoute une évolution du système social en place et c'est ce qui explique les atermoiements de nombreux nobles pour se rallier à Henri IV. Ils ne reconnaissent le nouveau roi que le 4 août 1589, aprés deux jours de négociations. Il doit s'engager à garder le royaume dans la religion catholique, mais il ne peut se convertir au catholicisme car alors il perdrait ses principaux soutiens: les régions du midi et du centre-ouest et les pays étrangers protestants. Henri IV s'interdit toute rénovation sociale et fiscale, il accorde aux seigneurs et gentilshommes le maintien de leur privilèges et droits et la conservation en l'état de la société. Il doit acheter à haut prix les ralliement des grands seigneurs catholiques modérés (les
Politiques) et même ceux de certains Huguenots. Ainsi le maréchal de Biron reçoit le comté de Périgord. Le duc d'Epernon l'abandonne et rejoint son gouvernement de Provence. Un huguenot, La Trémoïlle, duc de
Thouars, fait de même et rejoint son gouvernement du Poitou.
Le roi va alors vers la Normandie à la rencontre de ses alliés Anglais. Il bat les ligueurs à Arques (septembre 1589) puis pendant l'hiver s'installe à Tours siège de son gouvernement. Il reprend la guerre au début de 1590 et se dirige à nouveau vers la Normandie où il s'empare de plusieurs places fortes. Le 14 mars 1590, il remporte sur Mayenne la bataille d'Ivry, près de
Dreux, c'est là qu'il est supposé avoir prononcé la célèbre phrase:
«ralliez-vous à mon panache blanc». En dépit de ces batailles, le roi préfère reconquérir les villes du royaume de manière pragmatique, il préfère racheter leur soumission plutôt que de les forcer militairement. Rosny (futur Sully) négocie ainsi la reddition de la ville de Rouen avec le gouverneur, Villars. Outre une importante somme d'argent, celui-ci obtient la charge d'amiral, Henri IV cède devant ses exigences car la Normandie et ses ressources sont d'une importance primordiale pour lui. Rapidement le Parlement fidèle au roi s'installe à Rouen sous la présidence de Claude Groulart. Il intègre le Parlement ligueur, ce qui élargit son assise. Dans ce nouveau contexte, le roi peut rassembler, à Rouen, un conseil de notables pour consulter l'élite du tiers-état. Le roi y insiste sur la nécéssité de sauver le pays de la ruine et s'engage à écouter leurs conseils.
Henri IV fait alors à nouveau le siège de Paris en 1590, mais l'arrivée d'une armée espagnole conduite par le gouverneur des Pays-Bas, Alexandre Farnèse, l'oblige à lever le siège. Pendant plus d'un an une athmosphère révolutionnaire règne à Paris. Mayenne y met fin en novembre 1591, les
Politiques reprennent le contrôle de la ville.
Le religion de Henri IV reste l'obstacle majeur pour la reconquête du royaume et de sa capitale. En juillet 1591, à Mantes, il confirme sa volonté de maintenir le royaume dans la religion catholique, pour beaucoup ce n'est pas suffisant. Des candidats au trône de France apparaissent, les plus sérieux sont les membres de la famille de
Bourbon-Vendôme qui sont catholiques: d'abord Charles, cardinal de Vendôme (puis de Bourbon quand meurt son oncle en 1590), ensuite Charles, comte de Soissons, fils catholique de
Louis I de Condé. D'autres issus des Valois se manifestent: Charles-Emmanuel, duc de Savoie et Charles III, duc de Lorraine.
Mayenne convoque les Etats généraux de la Ligue pour choisir un roi de France catholique, ils s'ouvrent le 26 janvier 1593. Outre les candidats évoqués ci-dessus, Philippe II d'Espagne pousse sa fille Isabelle, sans succés. Les ligueurs modérés se résignent alors à négocier avec Henri IV, c'est la conférence de Suresnes qui s'ouvre au début de mai 1593 et qui va déboucher sur la conversion du roi.
La capitulation de Paris (23 mars 1594)
Henri IV accepte de se faire enseigner la foi catholique par Renaud de Beaune, archevêque de Bourges. Il se convertit en abjurant le calvinisme à Saint-Denis le 25 juillet 1593. Puis il se fait sacrer à
Chartres le 27 février 1594. Il n'obtient la levée de son excommunication par le Pape qu'en septembre 1595. Devant les ralliements qui se font de plus en plus nombreux, les parisiens modérés réalisent que la situation de la ville devient intenable. Avec la complicité du gouverneur Brissac, que Henri IV paie chèrement, il rentre à Paris le 23 mars 1594. La garnison espagnole quitte la ville le jour-même. Au lendemain de son entrée dans Paris, les habitants se rallient au roi, les curés se taisent et les plus virulents, comme Jean Boucher, s'enfuient. La Sorbonne, qui était à la pointe de la lutte contre Henri IV, s'adapte rapidement et redevient loyaliste. Le roi adopte une attitude de tolérance même vis à vis des ligueurs extrémistes, il résiste aux demandes de certains Huguenots qui réclament le châtiment des coupables.
La fin de la reconquête du royaume (1594-1598)
La guerre n'est pour autant pas terminée, le duc de Mayenne reste un opposant redoutable, les Espagnols ont toujours des troupes en France. Aprés la capitulation de Paris, le roi cherche à recouvrer la Champagne, la Picardie, à affermir son pouvoir en Poitou et à reprendre la Provence.
Il atteint son objectif en soumettant d'abord les villes: Troyes, Sens, Abbeville, Montreuil. Les princes de la famille de Lorraine, bien implantés en Champagne et Picardie, en sont déstabilisés. La place forte ligueuse de Laon est assiègée par une armée royale, sa capitulation entraine celles de Amiens, Beauvais et Noyon. A la fin de 1594, la Picardie est pratiquement sous la tutelle du roi. Le maréchal d'Aumont reprend le contrôle du Poitou, il poursuit vers la Bretagne où il fait face au duc de Mercoeur qui y est puissamment retranché avec l'aide de l'Espagne. Aumont s'empare de Morlaix, Quimper et Saint-Malo, mais cela ne suffit pas, Mercoeur et la Bretagne continuent à résister.
C'est à ce moment que le ralliement de plusieurs princes de la maison de Lorraine amplifie l'oeuvre de reconquête. Il attribue le gouvernement du Poitou et une importante somme d'argent au duc d'Elbeuf. Le gouvernement de la Provence est donné au duc de Guise, à charge de reprendre cette province au duc d'Epernon, qui est en dissidence.
Les progrés réalisés permettent à Henri IV d'engager la seconde étape de sa reconquête: la guerre avec l'Espagne. La France lui déclare la guerre le 17 janvier 1595, l'Espagne entretient toujours des troupes sur le sol français. Les armées de Henri IV se dirigent d'abord vers le Luxembourg et la Franche-Comté où elles s'emparent de Vesoul. L'espagne réplique simultanément sur plusieurs points: en Luxembourg, en Picardie, en Bretagne, dans le Lyonnais, en Bourgogne et en Provence. Le duc de Fuentes et des armées issues des Pays-Bas Espagnols envahissent le nord de la France. Velasco, connétable de Castille et gouverneur du Milanais, attaque le sud-est du royaume avec une armée issue de l'Italie. En outre le duc de Nemours menace le Lyonnais, pour le compte du duc de Savoie. Mais c'est en Bourgogne que le conflit se cristallise, le maréchal de Biron, à la tête d'une armée royale, s'empare de Beaune, Auxonne et Dijon au début de 1595. Son ennemi, le duc de Mayenne parvient à rassembler ses forces avec celles du connétable de Castille, ils menacent la Bourgogne. Henri IV organise sa contre-offensive: le maréchal de Bouillon est chargé de la conduite des opérations en Picardie, le connetable de Montmorency se dirige vers le Lyonnais avec ses troupes issues du Languedoc. Le roi lui-même prend le commandement des troupes qui se sont rassemblées à Troyes, au début de juin, il est à Dijon et se dirige ensuite vers
Fontaine-Française où il rencontre et défait le duc de Mayenne, le 5 juin 1595. Cette victoire lui donne le contrôle de la Bourgogne. Mayenne demande une trêve et s'établit à Chalons, la seule ville qui lui reste.
Au même moment, Villars rassemble la noblesse et les soldats de la Normandie, il se dirige avec cette armée vers la Picardie pour s'opposer à Fuentes. Mais la ville de Doullens est prise par les Espagnols et Villars y est tué.
Henri IV, de son côté, arrive à Lyon, il y active sa négociation avec Mayenne. Celui-ci signe sa soumission le 23 septembre 1595. Le roi reçoit ensuite celles du duc de Joyeuse et du Parlement de Toulouse.
Le roi est de retour à Paris le 30 septembre. La situation est devenue difficile en Picardie, les maréchaux du roi: les ducs de Nevers et de Bouillon sont dépassés. Cambrai tombe aux mains des Espagnols le 9 octobre ainsi que Ham peu aprés. Henri IV obtient alors l'aide de troupes Anglaises et Hollandaises, ce qui lui permet d'aller mettre le siège devant La Fère au début de novembre 1595.
Pendant ce temps, dans les autres parties du royaume, les nouvelles sont variables. La Bretagne reste insoumise aprés la mort du maréchal d'Aumont. En Provence, le duc d'Epernon signe un accord secret avec l'Espagne le 10 novembre 1595. Le nouveau gouverneur, le duc de Guise, aidé par le connétable de Montmorency, parvient néanmoins à prendre le contrôle de la province. La plupart des villes se rallient. Marseille est la dernière, un soulèvement à l'intérieur de la ville oblige la garnison à se rallier au roi.
Sur le front du nord, en avril 1596, les Espagnols s'en prennent à Calais qui tombe le 17 avril. La prise de La Fère, à la mi-mai, atténue l'impact de la perte de Calais. De leur côté, Anglais et Hollandais sont sensibilisés par la prise de Calais par les Espagnols. Ensemble, ils vont attaquer Cadix, en Espagne, c'est la ville clef pour les relations de la métropole avec les colonies d'Amérique du sud car c'est là qu'arrivent les convois d'or et d'argent. L'Espagne est frappée au coeur de ses ressources, cet épisode déclenche la banqueroute de l'Etat espagnol.
Cette situation remet à flot la position de Henri IV, car faute d'argent, Philippe II d'Espagne, ne peut plus agir. Pourtant les Espagnols s'emparent par surprise de la ville d'Amiens le 11 mars 1597. Le coup est dur, Henri IV envoie Biron assièger la ville et fait renforcer les défenses des villes voisines: Aumale, Corbie et Picquigny. La ville est reprise le 25 septembre 1597, mais pendant six mois, le roi a été déstablisé par l'épisode d'Amiens.
Sur le front du sud-est, le duc de Savoie profite des difficultés françaises pour attaquer le Dauphiné. Il y est contré par Lesdiguières qui menace à son tour le duché de Savoie. Mais, aprés la reprise d'Amiens, les derniers pôles de résistance faiblissent. Le 30 septembre 1597, le Parlement de Paris rend un arrêt contre le duc de Mercoeur et les derniers rebelles. Mercoeur est toujours retranché dans une Bretagne profondément catholique. A la fin de l'année 1597, Henri IV se dirige vers la Bretagne à la tête d'une armée, de nombreuses villes s'insurgent alors contre Mercoeur. La chute de Dinan, le 12 février 1598, déclenche un mouvement général de reddition. Mercoeur demande alors à faire sa soumission, celle-ci est signée à Angers et enregistrée par le Parlement de Paris le 20 mars 1598. Il négocie des conditions plutôt favorables, dans les clauses figurent le mariage de la fille unique et héritière de Mercoeur, Françoise, avec le petit
César duc de Vendôme, fils batard de Henri IV et de
Gabrielle d'Estrées.
Finalement, les négociations des paix engagées avec l'Espagne aboutissent à la
Paix de Vervins qui est signée le 2 mai 1598, elle confirme globalement les dispositions du traité de Cateau-Cambrésis de 1559.
Sur le plan intérieur, les discussions se tiennent depuis plusieurs années pour définir le statut du culte Protestant dans le royaume. Elles aboutissent à l'
édit de Nantes qui est signé le 30 avril 1598. Il ménage l'équilibre entre Catholiques et Protestants et va durer un siècle.
Même si le pouvoir royal a été ébranlé à la fin du
règne de Henri III, Henri IV bénéficie d'un retour de balancier classique aprés les périodes de troubles. La population souhaite un pouvoir fort et stable et les théories sur la souveraineté du peuple et la limitation du pouvoir royal ne refont pas surface. Aprés quarante ans d'instabilité, le pouvoir du roi est à nouveau fort et incontesté à l'approche des années 1600. L'expression
une foi, une loi, un roi qui s'appliquait au royaume de France a évolué, deux religions coexistent même si la religion catholique reste la religion principale. En outre, et au moins pour un temps, le pays a acquis une culture de compromis qui va permettre à Henri IV non seulement de rétablir la puissance et la prospérité du royaume mais aussi de le mettre en concurrence avec l'Espagne sur l'échiquier européen.